Déclaration de M. François Fillon, Premier ministre, sur les relations politiques et la coopération franco-marocaines, les relations du Maroc avec l'Union européenne et le projet d'union méditerranéenne, Rabat le 17 avril 2008.

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Circonstance : 9ème séminaire intergouvernemental franco-marocain à Rabat (Maroc), les 17 et 18 avril 2008

Texte intégral

Monsieur le Premier ministre,
Mesdames et messieurs les ministres, Mesdames et Messieurs,
Si vous me le permettez, chers amis,
Les relations les plus profondes sont celles qui se renouent constamment. Les relations les plus profondes sont celles qui trouvent de nouveaux interprètes aux sympathies les plus anciennes.
Présider ce séminaire gouvernemental franco-marocain est une expérience inédite pour vous, Monsieur le Premier ministre, comme pour moi-même.
Il y a quelques mois, c'était le président Nicolas Sarkozy qui se faisait pour la première fois l'interprète de la République auprès de Sa Majesté le roi Mohammed VI.
La densité remarquable de la relation franco-marocaine n'est pas nouvelle.
La France a des voisins plus proches que le Maroc, mais je crois qu'il est peu d'Etats avec lesquels elle entretienne une relation aussi cordiale, et d'une qualité aussi fraternelle.
Au XVIIe siècle, l'admiration de Moulay Ismaïl pour la France de Louis XIV faisait naître les splendides bâtiments de Meknès.
Déjà, nos échanges s'établissaient sur le terrain primordial : le terrain des hommes et le terrain de la culture.
Aujourd'hui, la France accueille une communauté marocaine nombreuse, jeune et vivante.
30 000 étudiants marocains forment sur son sol le principal contingent d'étudiants étrangers.
Depuis quelques années - et ce phénomène doit nous conduire à réévaluer ensemble intelligemment notre politique des flux de personnes - le Maroc devient à son tour un pays de résidence pour une plus en plus forte communauté française.
Certains Français sont prêts à quitter la France pour le Maroc !
C'est de leur part un témoignage de confiance exceptionnel.
Ces Français, Monsieur le Premier ministre, ne se contentent pas d'apprécier le raffinement de votre pays : ils se retrouvent en lui ; ils saluent ses choix de développement ; ils embrassent une nation francophone, chaleureuse et tolérante, qui a scellé, avec la Moudawana son entrée dans la modernité sociale.
Le choix de la modernité, mesdames et messieurs, multiplie les promesses du Maroc.
Par leur croissance, nos échanges économiques soulignent le rythme de ses avancées.
La France est à la fois le premier partenaire commercial et le premier investisseur du Maroc.
Ce rang oblige nos entreprises, dont beaucoup de dirigeants m'accompagnent aujourd'hui, à rester très attentives aux besoins de votre marché.
Quant à nos échanges politiques, ils témoignent, Monsieur le Premier ministre, déjà d'une très grande convergence de vue, et je dirais même d'une sensibilité comparable aux vents et aux courants de l'histoire.
Notre proximité d'analyse n'est pas contrainte.
Elle se vérifie tous les jours sur le thème de la sécurité, sur celui du développement, sur celui du terrorisme, ou encore celui de la géopolitique régionale. Et je veux souligner à quel point la France soutient les initiatives du Maroc pour régler la douloureuse question du Sahara. Et à quel point la France se fait l'interprète de l'initiative marocaine auprès des Nations unies. Comme la France, comme vous l'avez rappelé Monsieur le Premier ministre cherche par tous les moyens à trouver une solution juste, équilibrée au problème de la Palestine en défendant une nation palestinienne indépendante, qui puisse co-exister avec un Etat d'Israël bénéficiant de toutes les garanties de la sécurité. Cette proximité d'analyse débouche sur le soutien mutuel que nous apportons à nos initiatives.
Sous la présidence française de l'Union européenne, nous ferons tous les efforts pour que le Maroc puisse progresser vers ce statut avancé avec l'Union européenne auquel il aspire et auquel, naturellement, il a droit. L'Union pour la Méditerranée, cette vision magnifique lancée par le président de la République française depuis la terre marocaine, doit continuer de recevoir le soutien que votre pays lui a accordé dès le premier jour, par la voix du roi Mohammed VI.
Nous voulons, avec le président de la République que la coopération entre les Etats européens et les Etats méditerranéens soit plus forte et qu'elle soit conduite au plus haut niveau par les chefs d'Etat, que ce ne soit pas seulement l'affaire des techniciens qui conduisent la politique européenne, parce que l'avenir de l'Europe se joue pour une très, très large part dans le bassin méditerranéen. Et c'est de la prospérité de la Méditerranée, de la paix dans la Méditerranée, du développement de la région que dépendent pour une très large part le développement, la force et la puissance de l'Union européenne.
Monsieur le Premier ministre,
La France veut continuer à dialoguer avec un Maroc ambitieux.
Un Maroc qui soutient sa croissance, qui réduit sa dette publique et qui maîtrise son inflation. C'est au service de ce Maroc qu'elle place les ressources de ses coopérations.
La France soutient sans réserve votre lutte contre les écarts sociaux, pour le désenclavement géographique, pour l'éducation, la santé et le développement durable.
Elle se fait un honneur de cultiver, avec votre pays, une relation déjà intense, variée et profonde.
Mesdames et Messieurs,
Entre nos deux pays, rapprochés par l'histoire, liés par la sympathie et soudés plus encore par les défis du temps présent, il n'y a de place que pour des objectifs élevés, et pour des ambitions hautes. A notre séminaire de les faire vivre !
Je veux à mon tour lever mon verre à votre santé, à celle de votre famille, de votre gouvernement, monsieur le Premier ministre. Je veux lever mon verre à la santé de tout le peuple marocain.
Vive l'amitié franco-marocaine !
Vive la France !
Vive le Maroc !Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 23 avril 2008