Point de presse de M. François Fillon, Premier ministre, sur la prochaine présidence française de l'Union européenne, le projet d'Union méditerranéenne et la lutte contre l'immigration clandestine, Malte le 8 mai 2008.

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Circonstance : Voyage à Malte et à Chypre les 8 et 9 mai 2008-point de presse à Malte le 8

Texte intégral

Merci monsieur le Premier ministre. Je voudrais vous remercier de votre accueil et vous dire qu'il est difficile d'imaginer, en venant à Malte, qu'on se rend dans un Etat qui n'est membre de l'Union européenne que depuis 2004, alors même que Malte a été l'un des tout premiers Etats à ratifier à l'unanimité le Traité de Lisbonne, que Malte est entré dans la zone euro le 1er janvier de cette année et que Malte est depuis quelques mois entré dans l'espace de Schengen.
Je suis venu aujourd'hui à Malte avec deux objectifs, monsieur le Premier ministre, d'abord présenter au gouvernement maltais les priorités de la présidence française de l'Union européenne, qui va débuter le 1er juillet prochain, et ensuite dire toute l'importance que le gouvernement français et le président de la République française accorde à la mise en oeuvre de l'Union pour la Méditerranée, dont on peut d'ailleurs dire que cette idée est née ici à Malte et dont les Maltais sont évidemment les premiers à mesurer toute l'importance.
Nous avons donc passé en revue avec monsieur le Premier ministre Gonzi les grandes priorités de la présidence française. Nous voulons aboutir, pendant notre présidence, à un accord sur la question fondamentale de la lutte contre le réchauffement climatique et de la sécurité énergétique de l'Europe. Nous voulons, pendant la présidence française, obtenir un accord sur une approche commune des questions d'immigration. Comment pourrions-nous continuer à être un grand continent avec la libre circulation des personnes, avec la libre circulation des biens, sans frontière et avec des règles en matière de gestion de l'immigration qui ne soient pas les mêmes d'un pays à l'autre. Et puis enfin, nous voulons que la présidence française soit l'occasion d'avancer sur la modernisation de la Politique agricole commune et sur la question de la défense européenne.
J'ai transmis à monsieur le Premier ministre l'invitation du président de la République à venir le 13 juillet à Paris lancer l'Union pour la Méditerranée avec l'ensemble des chefs d'Etat de l'Union européenne et tous les chefs d'Etats et de Gouvernements des rivages de la Méditerranée. Nous avons ensemble convenu que cette initiative était essentielle pour l'avenir de l'Europe comme pour l'avenir de la région méditerranéenne. Il s'agit d'investir massivement dans les pays de la rive sud de la Méditerranée pour permettre leur développement. Il s'agit de donner à ces pays leur autonomie en matière énergétique pour qu'ils puissent construire une économie solide. Il s'agit de travailler à la dépollution de la Méditerranée et il s'agit de le faire en engageant politiquement chacun de nos Etats dans un effort commun pour résoudre les problèmes politiques, les problèmes économiques et les problèmes environnementaux de la région méditerranéenne. Malte est le symbole du développement dans les conditions les plus difficiles qui soient, au milieu de la Méditerranée. Malte, naturellement, doit être complètement engagé dans la mise en oeuvre de ce processus de développement pour redonner à la Méditerranée le rayonnement qui a été si longtemps le sien.
Enfin, nous avons évoqué plusieurs sujets de nos relations bilatérales, qui sont excellentes. Nous avons évoqué la question de la lutte contre l'immigration illégale, en dehors des priorités de la présidence française que j'évoquais à l'instant, pour nous mettre d'accord d'abord sur la reprise des opérations qui ont été déjà conduites avec les marines de nos pays pour lutter contre l'immigration clandestine, donc les opérations Nautilus qui vont de nouveau se mettre en oeuvre, et nous avons évoqué la question, très sensible pour Malte du partage, au fond, des conséquences de ces opérations. J'ai pris l'engagement devant monsieur Gonzi que nous allions faire, dans le cadre de la présidence française des propositions pour que les différents pays européens assument l'ensemble de leurs responsabilités. J'ai évoqué également avec le Premier ministre une affaire qui est très sensible en France et qui est celle de la sécurité maritime, et en particulier la question du "Klein Familie", ce bateau de pêche français qui avait sombré à la suite d'une collision avec un navire qui est, selon toute vraisemblance un chimiquier maltais. Il y a un procès qui est en cours. Naturellement, le gouvernement maltais n'a pas de responsabilité dans la conduite de ce procès. J'ai simplement souhaité qu'il puisse être conduit dans les meilleurs délais afin que toute la vérité soit faite pour que les familles de ces marins puissent savoir ce qui s'est passé.
Enfin, nous avons évoqué l'importance de nos relations économiques. La France est tantôt le premier tantôt le deuxième partenaire commercial de Malte. Les investissements français sont stratégiques - ST Microelectronics, la compagnie CMA-CGM qui est le gestionnaire du port franc de La Valette - et nous avons cherché ensemble comment continuer à augmenter l'importance des échanges entre nos deux pays.
Questions à François Fillon, Premier ministre français
Questions du correspondant de l'AFP au Premier ministre maltais sur l'immigration clandestine et à François Fillon sur la ratification du Traité de Lisbonne par l'Irlande.
Réponse de François Fillon : Sur la question de l'Irlande, je pense qu'il faut d'abord laisser le peuple irlandais se prononcer sereinement et qu'il faut éviter de mettre une pression excessive sur les Irlandais qui serait contreproductive. Chaque nation est libre de se prononcer. Elle doit le faire en son âme et conscience. Ce que nous, les Européens, nous pouvons accomplir, c'est répondre aux questions que se posent les Irlandais et leur apporter les garanties qu'ils sont en droit d'attendre. C'est d'ailleurs dans cet esprit que le ministre français de l'Agriculture se rendra dans quelques jours en Irlande pour dialoguer avec les autorités irlandaises mais aussi, à travers elles, avec l'ensemble du peuple irlandais, sur cette question si importante pour l'Irlande de l'avenir de la Politique agricole commune.
Question sur le "burden sharing" [partenariat] avec Malte sur l'immigration illégale.
Réponse de François Fillon : D'abord, premièrement, la France souhaite avec Malte intensifier les contrôles en Méditerranée, comme la France d'une manière générale souhaite intensifier les contrôles aux frontières de l'Union européenne. C'est essentiel si nous voulons réguler les flux migratoires. La France est un pays d'accueil d'immigration ; la France compte plus de cinq millions de personnes d'origine étrangère. Ce n'est donc pas un pays fermé. Mais c'est un pays qui, comme tous les grands pays, et les petits, doivent réguler les flux migratoires pour qu'ils soient intégrables dans la société française comme dans la société maltaise. Ces contrôles aboutissent naturellement à intercepter des personnes qui sont en situation illégale. Comme Malte, nous pensons que la première des choses qui doit être faite, c'est la reconduction dans le pays d'origine de ces personnes, à chaque fois que c'est possible. Quand c'est impossible, pour des raisons politiques, pour des raisons juridiques, pour des raisons parfois humanitaires, alors il faut trouver, entre les pays européens, une règle du jeu en matière de répartition de ces populations, en matière d'accueil pour que, naturellement, Malte ne soit pas le seul endroit qui soit en mesure d'accueillir en situation irrégulière. Cela veut dire que la France est prête à prendre sa part de cet accueil, à condition naturellement que ce soit équitable et que ce soit compatible avec l'ensemble des flux migratoires que nous devons nous-mêmes maîtriser.
Question au Premier ministre maltais et au Premier ministre français sur les relations entre la presse et leur gouvernement.
François Fillon : Moi, je n'ai pas l'intention d'évoquer ici, à Malte, des débats qui sont des débats français, de politique intérieure. Je veux simplement vous faire remarquer que je réponds directement et aimablement aux questions que vous me posez et je note avec intérêt d'ailleurs, monsieur le Premier ministre, que ce voyage à Malte est certainement un voyage important car je vois ici des journalistes qui ne se déplacent que dans des grandes occasions, ce qui montre tout l'intérêt qu'ils portent à Malte, à votre capitale, à sa culture et à sa place en Méditerranée.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 14 mai 2008