Texte intégral
C. Barbier.- Triste premier anniversaire d'accession de N. Sarkozy à l'Elysée hier pour les militants UMP. Le charme est bel et bien rompu entre les Français et le Président ?
Pourquoi vous dites "triste" ? ! J'étais Salle Gaveau, il y avait une bonne ambiance.
Il n'est pas venu.
Il n'est pas venu parce qu'il ne veut pas donner à cet anniversaire un côté festif, on est à 20 % du quinquennat, il y a encore 80 % du temps, donc de l'action, et donc il faut rester mobilisé, on n'est pas là pour fêter la fin d'une action, mais nous sommes en pleine mobilisation. Donc, ça a été une ambiance joyeuse mais il ne s'agissait pas de célébrer un an quand on a cinq ans à assumer.
Est-ce que le chef de l'Etat veut aussi donner le signe qu'il est le Président de tous les Français et pas le Président d'un clan ?
Bien sûr. Il garde un lien affectif avec l'UMP, et comme tous les chefs d'Etat ou chefs de gouvernement de l'Europe entière, il a un lien personnel avec sa famille politique, mais il est le Président de tous les Français. Et en ce jour où il y a un an il était élu, ce n'est pas un anniversaire, il nous a dit lui-même "ça me fait plaisir quand vous parlez "d'anniversaire" parce qu'on peut célébrer un anniversaire sans que j'aie un an de plus". Eh bien, il est clair que, il s'agit d'une étape plus que d'un moment particulièrement à célébrer, nous sommes mobilisés et dans l'action, voilà.
"L'UMP ne fait pas son travail", disait V. Pécresse, ici-même hier, "l'UMP doit être plus offensive", disait P. Devedjian. C'est vrai ?
Je pense que l'UMP doit être plus offensive, elle l'est déjà depuis la réorganisation post-municipale, on voit beaucoup de communiqués, je vois même, ici ou là, que, quelquefois, on trouve qu'il y en a de trop. Et donc, il y a une forte mobilisation de l'UMP, on est assez offensifs, y compris vis-à-vis de la gauche, vis-à-vis de ce Parti socialiste sans idées, qui est aujourd'hui dominé dans un débat politique dont les idées...ce qui articule le débat aujourd'hui, sont d'origine de la droite. Et donc, il est clair que dans notre pays aujourd'hui, l'UMP tient sa place. Il faut faire mieux, toujours en étant plus offensifs, mais aussi plus collégiale, ouverte.
"Mille jours de réformes, simultanéité des réformes, réforme permanente", déclarez-vous dans Le Figaro ce matin. Vous qui prôniez "un ordre précis et de la patience dans les réformes", vous voilà converti à la dispersion, à l'offensive tous azimuts ?
Non, ce n'est pas ça du tout. Je pense qu'il faut profiter des trois ans que nous avons pour vraiment, avant que la prochaine élection se dessine, pour vraiment réformer notre pays. On a mis en place une infrastructure de réformes, maintenant nous avons trois ans. Et donc je pense qu'il faut faire un programme de réformes ambitieux. Cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas hiérarchiser. Le président de la République explique que "toutes les briques de la réformes sont articulées les unes avec les autres", et donc qu'il faut faire tout cela ensemble. Moi, je dis, bien sûr, et je suis d'accord pour que sa démonstration apparaisse comme convaincante, mais enfin, je constate qu'aujourd'hui il y a des priorités. Il y a un gros paquet social, avec, notamment le nouveau contrat de travail, la réforme des retraites, avec, ce qui est très important, ce qui est même historique, la nouvelle représentation des syndicats. Donc, il y a un énorme paquet social qui est devant nous ; on a un dossier européen avec la présidence européenne, et puis on cette réforme institutionnelle, parce que les institutions c'est très important. Pour changer la France, il faut changer la politique, et pour changer la politique, il faut changer les institutions.
Alors, justement, les institutions : cette réforme ne se passera pas sans les socialistes à cause de la majorité des trois cinquièmes au Congrès. En refusant de modifier le mode d'élection au Sénat, vous condamnez cette réforme ?
Cette réforme ne passera pas sans les socialistes, vous avez raison, mais cette réforme ne passera pas non plus sans les sénateurs. Donc il faut discuter tous ensemble, députés et sénateurs. Je trouve que le texte du Gouvernement est équilibré, je pense qu'on peut discuter d'un certain nombre d'amendements pour que le Gouvernement garde vraiment les moyens de l'efficacité de l'action publique...
Sauver le 49-3, par exemple ?
Je pense que c'est un sujet sur lequel il faut discuter. Mais je suis prêt à un arbitrage collectif de l'UMP et une discussion avec le Parti socialiste. Ce que je ne souhaite pas, c'est qu'on prenne des engagements qui soient extérieurs à la loi, sur d'autres lois. Mais sur la loi elle-même, la loi constitutionnelle, trouvons les équilibres nécessaires pour avoir les trois cinquièmes.
Mettons le mode de scrutin, le mode d'élection des sénateurs dans la Constitution...
Ce n'est pas impossible, c'est une autre loi, ce n'est pas...
On peut le faire, certains pays le font...
Non, mais on n'a pas à mettre, à figer un mode électoral dans la Constitution. La Constitution est là pour articuler l'ensemble des responsabilités, elle n'est pas là pour définir des modes électoraux.
Néanmoins, sur le fond, les socialistes...
... Sur le fond, je pense que la question des élections est une affaire importante, il y a la question de la proportionnelle, du redécoupage, on peut discuter de la représentativité des différentes Assemblées, le débat peut être ouvert. Mais il n'est pas dans la loi constitutionnelle, la loi constitutionnelle doit trouver en elle-même son équilibre.
"L'UMP est très divisée, ils n'ont pas de marges de manoeuvre", estime J.-M. Ayrault, président du groupe PS à l'Assemblée. C'est vrai ?
Ce n'est pas vrai. Je pense qu'aujourd'hui le Parti socialiste est beaucoup plus divisé. L'UMP propose une réforme, la commission Balladur a fait un excellent travail ; on a tous plus ou moins des amendements à proposer. Les députés vont discuter, les sénateurs vont discuter, on va arbitrer les différents amendements, et on va avoir un texte ambitieux, réformateur, et on sera loyal sur cet engagement pour qu'on puisse obtenir la majorité au Congrès de Versailles.
Division UMP-Elysée tout de même, l'article 88-5 : faut-il un référendum obligatoire chaque fois qu'un pays adhère à l'Union européenne ou faut-il que le président de la République ait le choix, Congrès ou référendum ?
Ce n'est pas "une division". L'UMP est une force démocratique libre, on discute librement, et avec le Président, et avec le chef du Gouvernement, et avec l'ensemble des différents acteurs. Sur ce sujet, il est clair qu'il y a la question de la Turquie : on ne veut pas d'ambiguïté sur la Turquie. Et il est clair que pour l'UMP, dans son extrême majorité, les militants de l'UMP, les cadres de l'UMP demandent un référendum sur la Turquie. Ce à quoi s'est engagé le Président. Donc il n'y a pas débat entre l'UMP et le Président sur ce sujet.
Pas besoin d'un référendum obligatoire pour tous les pays...
On ne voit pas pourquoi il nous faudrait un référendum pour la Serbie, on ne voit pas pourquoi il nous faudrait un référendum sur un certain nombre de sujets qui sont d'évidence des sujets de nature européenne. Il y a une question sur la Turquie, des engagements ont été pris, on tient à ce que ces engagements sur la Turquie soient tenus.
L'UMP propose de fusionner conseils régionaux et conseils généraux. C'est une reprise modifiée de la commission Attali, on est aux marges des institutions. Vous êtes pour ?
Je pense qu'il faut réfléchir en effet à l'organisation du fait régional en France aujourd'hui. Les régions sont trop petites, par rapport notamment à nos amis Allemands, par rapport à nos amis Espagnols, par rapport à nos amis Italiens, les régions françaises sont beaucoup trop petites. Il y a des départements, aujourd'hui, en France, qui sont plus importants que certaines régions. Donc je pense qu'il faut repenser le fait régional. On peut le repenser en fusionnant des régions, en agrandissant des régions, et à ce moment-là, on peut articuler en effet départements-proximité, régions-stratégie-développement économique avec des régions plus grandes, et on fait une articulation entre le département et la région pour limiter les coûts et faire en sorte que les mêmes personnes puissent siéger en tant que telles aux départements et à la région, de manière à faire des économies. Ce n'est pas idiot.
Parmi toutes les briques de réformes que vous décriviez, il y a "la sortie définitive", le mot est du Premier ministre, des 35 heures, vous êtes pour ?
Je pense que les 35 heures, à condition qu'on ne remette pas en cause la durée légale hebdomadaire de travail, les 35 heures sont aujourd'hui caduques dans notre pays. Mais c'est une référence pour le déclenchement des heures supplémentaires, donc on a besoin de cette référence-là, parce qu'on veut motiver finalement le pays par le travail pour le social. On voit bien aujourd'hui qu'on ne peut financer de nouvelles prestations sociales qu'en augmentant notre richesse, c'est-à-dire en augmentant notre travail. Pour augmenter le travail, il faut des heures supplémentaires, et pour qu'il y ait heures supplémentaires, il faut qu'il y ait une référence, et cette référence c'est la durée hebdomadaire du travail.
Qui restera donc 35 heures.
Qui restera 35 heures.
F. Chérèque, le patron de la CFDT propose que les économies récupérées sur la réforme des niches fiscales, annoncée par C. Lagarde hier, aillent au financement du Revenu de solidarité active pour ne pas toucher à la prime pour l'emploi. Vous êtes d'accord ?
C'est à discuter. Il est clair que si on fait des économies sur les niches fiscales et le Gouvernement est décidé à proposer des économies sur les niches fiscales, que tout ceci doit resservir au redéploiement, parce que ce qu'on aura économisé sur les niches fiscales il faudra l'injecter, et l'injecter dans le social me paraît une bonne orientation.
Toutes ces économies, c'est un peu des bouts de chandelles quand même, quelques dizaines de millions par ci, par là, alors qu'on a besoin de milliards...
Je pense que d'abord, en matière comptable, il ne faut pas négliger les petites économies. Mais je pense qu'en ce qui concerne les niches, vous savez que le total des niches est très lourd et se compte en dizaines de milliards. Mais ce qui est, je crois, le plus important c'est que c'est un ensemble cette volonté de maîtriser notre dette et de maîtriser nos déficits budgétaires. Et dans cet ensemble-là, il y a des réformes qui sont très lourdes, je pense à ce que nous allons faire en matière de défense pour recalibrer, redimensionner notre armée, je pense que là il y a des réformes très importantes, tout ce qui va concerner la carte hospitalière également. Il y a un certain nombre de sujets sur lesquels les économies seront très importantes pour nos équilibres budgétaires.
Plus besoin d'autorisation pour ouvrir un hypermarché jusqu'à 1.000 mètres carrés, c'est une bonne réforme pour faire baisser les prix et augmenter la concurrence ou ça menace le petit commerce ?
Je pense qu'il faut faire attention au petit commerce, et le débat parlementaire va sans doute permettre une certaine protection renforcée du petit commerce, des moyens supermarchés parce qu'à 1.000 mètres carrés, on est quand même dans le supermarché...
C'est trop. Il faudrait 500 ?
Ce que je crains surtout, ce sont surtout les gros hypermarchés. L'inquiétude, le déséquilibre, ce sont les grandes surfaces maintenant qui sont de plus en plus grandes, ce sont des méga-surfaces, des mégahypermarchés, de 5.000 mètres carrées, de 10.000 mètres carrés, 15.000 mètres carrés, et ça je crois que c'est assez destructurant.
Vous aviez demandé la démission de S. Royal, présidente de la région Poitou-Charentes, après sa condamnation dans un conflit avec d'anciennes assistantes. "Petite vengeance de monsieur Raffarin", explique-t-elle ce matin dans Le Parisien. "J'ai diminué le train de vie du Conseil régional et j'ai découvert que vous faisiez payer par la région un appartement à Paris rue de Vaugirard", voilà ce qu'elle déclare. Que lui répondez-vous ?
Je réponds que Mme Royal décidément n'est pas très douée pour la vérité. Il ne s'agit pas d'appartement, il s'agit de bureaux, c'était une durée limitée, tout ça a été expertisé par les experts de la Chambre régionale des comptes, il n'y a aucune difficulté sur ce sujet. C'est un collaborateur de la région qui a travaillé dans ces bureaux-là pendant une durée limitée pendant que la région assumait une responsabilité qui était celle de la présidence de l'Assemblée des régions de France, présidence que j'ai occupée et pour laquelle Mme Royal a été battue. Donc je pense que c'est une vengeance de Mme Royal mais je ne souhaite pas polémiquer avec elle en permanence.
Vous ne l'attaquer pas en justice ?
Je ne pense pas, la Chambre des comptes a réglé tout cela, ce sont des vieilles affaires. Mme Royal a une capacité a jouer avec la vérité parce qu'elle a une capacité à se présenter tout de blanc vêtue alors qu'un certain nombre de ses pratiques et de ses voyages sont sur le plan de l'éthique assez contestables.
Quels voyages ?
Je pense par exemple quand elle va en Inde pour la région Poitou- Charentes, c'est un sujet dont il aurait fallu débattre dans la région préalablement.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 7 mai 2008
Pourquoi vous dites "triste" ? ! J'étais Salle Gaveau, il y avait une bonne ambiance.
Il n'est pas venu.
Il n'est pas venu parce qu'il ne veut pas donner à cet anniversaire un côté festif, on est à 20 % du quinquennat, il y a encore 80 % du temps, donc de l'action, et donc il faut rester mobilisé, on n'est pas là pour fêter la fin d'une action, mais nous sommes en pleine mobilisation. Donc, ça a été une ambiance joyeuse mais il ne s'agissait pas de célébrer un an quand on a cinq ans à assumer.
Est-ce que le chef de l'Etat veut aussi donner le signe qu'il est le Président de tous les Français et pas le Président d'un clan ?
Bien sûr. Il garde un lien affectif avec l'UMP, et comme tous les chefs d'Etat ou chefs de gouvernement de l'Europe entière, il a un lien personnel avec sa famille politique, mais il est le Président de tous les Français. Et en ce jour où il y a un an il était élu, ce n'est pas un anniversaire, il nous a dit lui-même "ça me fait plaisir quand vous parlez "d'anniversaire" parce qu'on peut célébrer un anniversaire sans que j'aie un an de plus". Eh bien, il est clair que, il s'agit d'une étape plus que d'un moment particulièrement à célébrer, nous sommes mobilisés et dans l'action, voilà.
"L'UMP ne fait pas son travail", disait V. Pécresse, ici-même hier, "l'UMP doit être plus offensive", disait P. Devedjian. C'est vrai ?
Je pense que l'UMP doit être plus offensive, elle l'est déjà depuis la réorganisation post-municipale, on voit beaucoup de communiqués, je vois même, ici ou là, que, quelquefois, on trouve qu'il y en a de trop. Et donc, il y a une forte mobilisation de l'UMP, on est assez offensifs, y compris vis-à-vis de la gauche, vis-à-vis de ce Parti socialiste sans idées, qui est aujourd'hui dominé dans un débat politique dont les idées...ce qui articule le débat aujourd'hui, sont d'origine de la droite. Et donc, il est clair que dans notre pays aujourd'hui, l'UMP tient sa place. Il faut faire mieux, toujours en étant plus offensifs, mais aussi plus collégiale, ouverte.
"Mille jours de réformes, simultanéité des réformes, réforme permanente", déclarez-vous dans Le Figaro ce matin. Vous qui prôniez "un ordre précis et de la patience dans les réformes", vous voilà converti à la dispersion, à l'offensive tous azimuts ?
Non, ce n'est pas ça du tout. Je pense qu'il faut profiter des trois ans que nous avons pour vraiment, avant que la prochaine élection se dessine, pour vraiment réformer notre pays. On a mis en place une infrastructure de réformes, maintenant nous avons trois ans. Et donc je pense qu'il faut faire un programme de réformes ambitieux. Cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas hiérarchiser. Le président de la République explique que "toutes les briques de la réformes sont articulées les unes avec les autres", et donc qu'il faut faire tout cela ensemble. Moi, je dis, bien sûr, et je suis d'accord pour que sa démonstration apparaisse comme convaincante, mais enfin, je constate qu'aujourd'hui il y a des priorités. Il y a un gros paquet social, avec, notamment le nouveau contrat de travail, la réforme des retraites, avec, ce qui est très important, ce qui est même historique, la nouvelle représentation des syndicats. Donc, il y a un énorme paquet social qui est devant nous ; on a un dossier européen avec la présidence européenne, et puis on cette réforme institutionnelle, parce que les institutions c'est très important. Pour changer la France, il faut changer la politique, et pour changer la politique, il faut changer les institutions.
Alors, justement, les institutions : cette réforme ne se passera pas sans les socialistes à cause de la majorité des trois cinquièmes au Congrès. En refusant de modifier le mode d'élection au Sénat, vous condamnez cette réforme ?
Cette réforme ne passera pas sans les socialistes, vous avez raison, mais cette réforme ne passera pas non plus sans les sénateurs. Donc il faut discuter tous ensemble, députés et sénateurs. Je trouve que le texte du Gouvernement est équilibré, je pense qu'on peut discuter d'un certain nombre d'amendements pour que le Gouvernement garde vraiment les moyens de l'efficacité de l'action publique...
Sauver le 49-3, par exemple ?
Je pense que c'est un sujet sur lequel il faut discuter. Mais je suis prêt à un arbitrage collectif de l'UMP et une discussion avec le Parti socialiste. Ce que je ne souhaite pas, c'est qu'on prenne des engagements qui soient extérieurs à la loi, sur d'autres lois. Mais sur la loi elle-même, la loi constitutionnelle, trouvons les équilibres nécessaires pour avoir les trois cinquièmes.
Mettons le mode de scrutin, le mode d'élection des sénateurs dans la Constitution...
Ce n'est pas impossible, c'est une autre loi, ce n'est pas...
On peut le faire, certains pays le font...
Non, mais on n'a pas à mettre, à figer un mode électoral dans la Constitution. La Constitution est là pour articuler l'ensemble des responsabilités, elle n'est pas là pour définir des modes électoraux.
Néanmoins, sur le fond, les socialistes...
... Sur le fond, je pense que la question des élections est une affaire importante, il y a la question de la proportionnelle, du redécoupage, on peut discuter de la représentativité des différentes Assemblées, le débat peut être ouvert. Mais il n'est pas dans la loi constitutionnelle, la loi constitutionnelle doit trouver en elle-même son équilibre.
"L'UMP est très divisée, ils n'ont pas de marges de manoeuvre", estime J.-M. Ayrault, président du groupe PS à l'Assemblée. C'est vrai ?
Ce n'est pas vrai. Je pense qu'aujourd'hui le Parti socialiste est beaucoup plus divisé. L'UMP propose une réforme, la commission Balladur a fait un excellent travail ; on a tous plus ou moins des amendements à proposer. Les députés vont discuter, les sénateurs vont discuter, on va arbitrer les différents amendements, et on va avoir un texte ambitieux, réformateur, et on sera loyal sur cet engagement pour qu'on puisse obtenir la majorité au Congrès de Versailles.
Division UMP-Elysée tout de même, l'article 88-5 : faut-il un référendum obligatoire chaque fois qu'un pays adhère à l'Union européenne ou faut-il que le président de la République ait le choix, Congrès ou référendum ?
Ce n'est pas "une division". L'UMP est une force démocratique libre, on discute librement, et avec le Président, et avec le chef du Gouvernement, et avec l'ensemble des différents acteurs. Sur ce sujet, il est clair qu'il y a la question de la Turquie : on ne veut pas d'ambiguïté sur la Turquie. Et il est clair que pour l'UMP, dans son extrême majorité, les militants de l'UMP, les cadres de l'UMP demandent un référendum sur la Turquie. Ce à quoi s'est engagé le Président. Donc il n'y a pas débat entre l'UMP et le Président sur ce sujet.
Pas besoin d'un référendum obligatoire pour tous les pays...
On ne voit pas pourquoi il nous faudrait un référendum pour la Serbie, on ne voit pas pourquoi il nous faudrait un référendum sur un certain nombre de sujets qui sont d'évidence des sujets de nature européenne. Il y a une question sur la Turquie, des engagements ont été pris, on tient à ce que ces engagements sur la Turquie soient tenus.
L'UMP propose de fusionner conseils régionaux et conseils généraux. C'est une reprise modifiée de la commission Attali, on est aux marges des institutions. Vous êtes pour ?
Je pense qu'il faut réfléchir en effet à l'organisation du fait régional en France aujourd'hui. Les régions sont trop petites, par rapport notamment à nos amis Allemands, par rapport à nos amis Espagnols, par rapport à nos amis Italiens, les régions françaises sont beaucoup trop petites. Il y a des départements, aujourd'hui, en France, qui sont plus importants que certaines régions. Donc je pense qu'il faut repenser le fait régional. On peut le repenser en fusionnant des régions, en agrandissant des régions, et à ce moment-là, on peut articuler en effet départements-proximité, régions-stratégie-développement économique avec des régions plus grandes, et on fait une articulation entre le département et la région pour limiter les coûts et faire en sorte que les mêmes personnes puissent siéger en tant que telles aux départements et à la région, de manière à faire des économies. Ce n'est pas idiot.
Parmi toutes les briques de réformes que vous décriviez, il y a "la sortie définitive", le mot est du Premier ministre, des 35 heures, vous êtes pour ?
Je pense que les 35 heures, à condition qu'on ne remette pas en cause la durée légale hebdomadaire de travail, les 35 heures sont aujourd'hui caduques dans notre pays. Mais c'est une référence pour le déclenchement des heures supplémentaires, donc on a besoin de cette référence-là, parce qu'on veut motiver finalement le pays par le travail pour le social. On voit bien aujourd'hui qu'on ne peut financer de nouvelles prestations sociales qu'en augmentant notre richesse, c'est-à-dire en augmentant notre travail. Pour augmenter le travail, il faut des heures supplémentaires, et pour qu'il y ait heures supplémentaires, il faut qu'il y ait une référence, et cette référence c'est la durée hebdomadaire du travail.
Qui restera donc 35 heures.
Qui restera 35 heures.
F. Chérèque, le patron de la CFDT propose que les économies récupérées sur la réforme des niches fiscales, annoncée par C. Lagarde hier, aillent au financement du Revenu de solidarité active pour ne pas toucher à la prime pour l'emploi. Vous êtes d'accord ?
C'est à discuter. Il est clair que si on fait des économies sur les niches fiscales et le Gouvernement est décidé à proposer des économies sur les niches fiscales, que tout ceci doit resservir au redéploiement, parce que ce qu'on aura économisé sur les niches fiscales il faudra l'injecter, et l'injecter dans le social me paraît une bonne orientation.
Toutes ces économies, c'est un peu des bouts de chandelles quand même, quelques dizaines de millions par ci, par là, alors qu'on a besoin de milliards...
Je pense que d'abord, en matière comptable, il ne faut pas négliger les petites économies. Mais je pense qu'en ce qui concerne les niches, vous savez que le total des niches est très lourd et se compte en dizaines de milliards. Mais ce qui est, je crois, le plus important c'est que c'est un ensemble cette volonté de maîtriser notre dette et de maîtriser nos déficits budgétaires. Et dans cet ensemble-là, il y a des réformes qui sont très lourdes, je pense à ce que nous allons faire en matière de défense pour recalibrer, redimensionner notre armée, je pense que là il y a des réformes très importantes, tout ce qui va concerner la carte hospitalière également. Il y a un certain nombre de sujets sur lesquels les économies seront très importantes pour nos équilibres budgétaires.
Plus besoin d'autorisation pour ouvrir un hypermarché jusqu'à 1.000 mètres carrés, c'est une bonne réforme pour faire baisser les prix et augmenter la concurrence ou ça menace le petit commerce ?
Je pense qu'il faut faire attention au petit commerce, et le débat parlementaire va sans doute permettre une certaine protection renforcée du petit commerce, des moyens supermarchés parce qu'à 1.000 mètres carrés, on est quand même dans le supermarché...
C'est trop. Il faudrait 500 ?
Ce que je crains surtout, ce sont surtout les gros hypermarchés. L'inquiétude, le déséquilibre, ce sont les grandes surfaces maintenant qui sont de plus en plus grandes, ce sont des méga-surfaces, des mégahypermarchés, de 5.000 mètres carrées, de 10.000 mètres carrés, 15.000 mètres carrés, et ça je crois que c'est assez destructurant.
Vous aviez demandé la démission de S. Royal, présidente de la région Poitou-Charentes, après sa condamnation dans un conflit avec d'anciennes assistantes. "Petite vengeance de monsieur Raffarin", explique-t-elle ce matin dans Le Parisien. "J'ai diminué le train de vie du Conseil régional et j'ai découvert que vous faisiez payer par la région un appartement à Paris rue de Vaugirard", voilà ce qu'elle déclare. Que lui répondez-vous ?
Je réponds que Mme Royal décidément n'est pas très douée pour la vérité. Il ne s'agit pas d'appartement, il s'agit de bureaux, c'était une durée limitée, tout ça a été expertisé par les experts de la Chambre régionale des comptes, il n'y a aucune difficulté sur ce sujet. C'est un collaborateur de la région qui a travaillé dans ces bureaux-là pendant une durée limitée pendant que la région assumait une responsabilité qui était celle de la présidence de l'Assemblée des régions de France, présidence que j'ai occupée et pour laquelle Mme Royal a été battue. Donc je pense que c'est une vengeance de Mme Royal mais je ne souhaite pas polémiquer avec elle en permanence.
Vous ne l'attaquer pas en justice ?
Je ne pense pas, la Chambre des comptes a réglé tout cela, ce sont des vieilles affaires. Mme Royal a une capacité a jouer avec la vérité parce qu'elle a une capacité à se présenter tout de blanc vêtue alors qu'un certain nombre de ses pratiques et de ses voyages sont sur le plan de l'éthique assez contestables.
Quels voyages ?
Je pense par exemple quand elle va en Inde pour la région Poitou- Charentes, c'est un sujet dont il aurait fallu débattre dans la région préalablement.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 7 mai 2008