Texte intégral
B. Duquesne.- J.-F. Copé, bonjour !
Bonjour !
Merci d'être là ce matin. Comment ça va d'ailleurs après un grand pont comme ça ; comment ça va du côté du groupe parlementaire UMP, comment ça va du côté du moral des députés, qui avaient été un petit peu troublés, secoués par l'entrevue qu'ils avaient eu avec le chef de l'Etat le 7 mai lors d'un déjeuner ?
Non, non, pas spécialement secoués, moi je trouve que c'était très bien cette réunion avec le Président. Moi j'y tenais d'ailleurs beaucoup parce que je trouvais très important que le Président ait un contact direct avec l'ensemble d'entre nous, les 321 députés de la majorité UMP, donc...
Il y en a eu qui s'étaient dits ragaillardis par le déjeuner et puis d'autres qui avaient dit... qui avaient été un peu choqués par ce qu'il avait dit notamment sur ses prédécesseurs et sur J. Chirac.
Non, vous savez, moi je vais vous dire une chose, l'intérêt de ces réunions c'est qu'on se parle franchement. Donc il a dit les choses et nous les lui avons dites aussi. Vous savez, quel est l'intérêt, quel est l'objectif pour nous qui sommes les députés de la majorité ? C'est d'être loyal à 100 % avec le Président. Mais qu'est-ce qu'elle commande cette loyauté ? Qu'on ait à la fois une totale liberté de débat, sinon ce n'est pas la peine, et puis une totale liberté de propositions. Moi ce que je souhaite c'est que nous les députés UMP on soit aussi réformateurs et aussi courageux que le président de la République.
Vous trouvez que ces rencontres sont trop rares avec le chef de l'Etat ?
Ah bah je pense que c'était une première et je souhaite qu'on puisse en avoir régulièrement. D'ailleurs, N. Sarkozy lui-même a dit qu'il était d'accord et pour moi c'est extrêmement important. Vous savez, moi je crois que c'est très important qu'on puisse débattre, sinon ce n'est pas la peine, qu'on puisse faire des propositions. On est à un moment où on va renforcer les pouvoirs du Parlement, ce n'est donc pas pour se stresser à chaque fois qu'il y a des députés qui disent qu'ils sont nuancés ou qu'ils sont pour ou qu'ils sont contre, c'est ça l'intérêt.
La réforme, on va en parler, mais d'abord, deux petits mots encore sur ce déjeuner, donc ce qu'il a dit sur J. Chirac. C'était nécessaire de s'en prendre comme ça à son prédécesseur ?
Oui, bon, il s'est... Non, mais d'abord ça ne s'est pas passé comme ça, moi j'ai lu évidemment un certain nombre de commentaires derrière, c'était beaucoup...
Ce n'est pas des commentaires, c'est des gens qui y étaient, qui ont dit, qui ont rapporté les propos qu'il a tenus sur le chef de l'Etat.
Oui, enfin c'était aussi...
Enfin sur son prédécesseur.
Mais c'était de ces commentaires-là dont je voulais parler. D'abord, c'était quand même beaucoup moins précis et pardon ce n'était pas agressif, comme j'ai pu le lire parfois, deuxièmement eh bien écoutez il a fait ces commentaires, nous on a fait les nôtres, chacun a discuté. Là encore, je crois que c'est important que chacun vive ces réunions comme il les entend. Moi ce qui me paraissait important, c'est qu'elles aient lieu, qu'on se dise les choses et puis en avant !
Autres propos c'est la presse. Il s'en ait pris à la presse, qui ne rapportait pas suffisamment à ses yeux tout ce qui se passait dans le monde et notamment des problèmes juridiques que connaissait S. Royal. Vous pensez que la presse effectivement est trop partisane ?
Bon, on sait que c'est un débat éternel. Je ne pense pas qu'elle soit partisane, je pense qu'en fonction des circonstances, des moments et des périodes, il y a des choses sur lesquelles on en fait des tonnes et d'autres sur lesquelles on est, je trouve, un peu en dessous de ce qu'on pourrait dire, voilà. Mais enfin c'est la loi du genre. Je ne suis pas sûr d'ailleurs que ça recouvre un clivage droite/gauche de manière systématique, mais c'est vrai qu'il y a parfois le sentiment de deux poids, deux mesures. Mais enfin cela dit, ça n'empêche pas de faire les choses, ça n'empêche pas de vivre notre métier et de faire les choses avec le plus de passion possible en ayant toujours ça en tête.
Alors il y avait différents journaux qui étaient cités ; il y avait l'AFP qui était citée aussi comme ne relayant pas suffisamment les communiqués du Gouvernement ou de l'UMP. Vous trouvez que l'AFP ne fait pas son boulot aussi, l'Agence France Presse ne fait pas son boulot ?
Moi, je ne vais pas rentrer là-dedans, pour une raison simple c'est que je ne suis pas là pour distribuer des bulletins de notes, la vie est assez compliquée, chacun essaie de faire son métier le mieux possible. La seule chose que je veux dire c'est que pour essayer d'être le plus au point dans ce qu'on fait, il faut toujours se poser les bonnes questions et se remettre en question, voilà. Et je pense que dans tous ces domaines, ça concerne tout le monde et que c'est ce travail qu'on doit faire ensemble, point barre.
Juste un tout petit commentaire sur ce que propose madame Albanel justement. A ce propos, à propos de l'AFP, elle dit : « Il serait peut-être envisageable que l'AFP mette à disposition de ses abonnés l'ensemble des communiqués de presse des partis ». C'est ça le boulot de l'AFP ?
Non, mais l'idée a priori comme ça est séduisante, en même temps matériellement je ne vois pas comment c'est possible parce que ça veut dire des centaines et des centaines de communiqués à diffuser tous les jours, je ne sais pas comment ça serait possible, donc tout ça me paraît être une idée parmi d'autres, mais voilà.
Bon, alors parlons de ce 13 mai 2008...
Oui !
Qui renvoie à un 13 mai 58, parce que 13 mai 58 c'était les évènements et le coup de force des généraux d'Alger, qui allaient amener au retour au pouvoir du général de Gaulle et à la Constitution de 58, pour faire court. Alors aujourd'hui, on parle de réviser, on va réviser cette Constitution. D'abord est-ce que c'est vraiment nécessaire, est-ce que c'est indispensable, est-ce que ça préoccupe les Français, eux qui...
Justement, permettez-moi de vous dire une chose, c'est qu'on passe tout le mois de mai à faire mai 68, je trouve assez sympathique qu'on consacre quand même un bout de journée à faire mai 58, c'est-à-dire en gros la Vème République. Donc voilà, je ne dis pas deux poids deux mesures sur ce coup-là, mais quand même reconnaissez que moi qui suis un enfant de mai 68, pour ne pas l'avoir vécu mais en avoir subi les conséquences, je me dis que quand même la Vème République elle a elle beaucoup de bon quand même.
Si vous avez lu les hebdos cette semaine, vous avez bien vu que c'était largement consacré à de Gaulle et à la Constitution de 58...
Mais distancé par le cohn-benditisme quand même !
Bon, d'accord ! Alors sur cette histoire de révision de la Constitution...
...Dont on parle beaucoup plus que du gaullisme.
Est-ce que pour les gens qui ne parlent que de leur pouvoir d'achat c'est fondamental de réformer les règles du jeu ?
Non, mais je vais vous dire une chose, si on raisonne comme ça, on ne changera jamais cette Constitution. Or il y a des choses qui doivent être améliorées. Il est évident, évident, que dans un Parlement moderne, dans une République moderne, on doit renforcer les pouvoirs du Parlement. Et c'est tout l'objet de cette révision. D'ailleurs on a fait campagne sur ce point auprès des Français il y a un an, donc c'est assez cohérent. D'ailleurs l'idée qui est derrière c'est de faire en sorte que les députés puissent mieux faire leur travail et c'est pour ça que dans ce texte, on va à la fois avoir un ordre du jour partagé entre le Gouvernement et les députés, aujourd'hui il n'y a que le Gouvernement qui décide. Et puis, le deuxième élément, le Parlement va enfin évaluer et contrôler l'action gouvernementale, ça se fait dans les autres pays, sauf dans le nôtre, c'est un choix important.
Il était question que ça échoit plutôt à la Cour des comptes, mais non ça va revenir au Parlement ça ?
J'ai jugé utile de rappeler que c'était au Parlement de le faire, comme d'ailleurs ça se passe dans toutes les grandes démocraties.
C'est ce que vous avez dit avec cette phrase : le texte ne peut pas être adopté en l'état, c'était assez ferme.
Non, mais à partir du moment où on intègre cette disposition et quelques autres, à ce moment-là on est effectivement dans cette démarche.
On va voir le détail parce que vous avez parlé avec J.-M. Ayrault aussi, votre homologue du côté du PS, puisqu'il faut effectivement que le texte, enfin on a besoin des voix du Parti socialiste pour adopter ce texte pour l'UMP.
Oui, j'ai pensé que c'était très important pour moi en tant que président du groupe majoritaire d'avoir une main tendue avec les responsables des autres groupes, naturellement socialistes d'abord, J.-M. Ayrault, mais j'ai vu aussi mon ami F. Sauvadet, du Nouveau Centre et puis J.- C. Sandrier, le communiste. Je crois que c'est important qu'il y ait aussi une discussion pour montrer qu'il y a des points de consensus entre la droite et la gauche. C'est très important, ça permettra aussi de dire au Parti socialiste : attendez ! C'est bien gentil de rajouter tous les jours des nouvelles conditions, qui n'ont parfois pas toujours de lien direct d'ailleurs avec le texte puisque maintenant on en est à me proposer quelque chose sur le temps de parole au CSA pour le président de la République, pourquoi pas ? Ce n'est pas le texte de la Constitution.
Ça vous dites ce n'est pas la Constitution, donc ce n'est pas... c'est hors de propos.
Et donc je crois que la vraie question, c'est que le Parti socialiste va-t-il ou non dire oui à un texte qui renforce les pouvoirs du Parlement. Moi, c'est ce que j'ai dit à J.-M. Ayrault.
Et vous pensez qu'aujourd'hui il est en mesure de dire oui ?
Bah, je pense que ce serait bien qu'il le fasse parce que sur ces sujets, il y a des points de consensus identifiés, nous les avons vu ensemble.
Il y a des petits points de blocage effectivement sur le contrôle de pouvoir de nomination du chef de l'Etat, par exemple, est-ce que là-dessus on va...
On va discuter, on va ajuster bien sûr...
On va mettre un droit de veto, quelque chose ?
Non, mais c'est un point dont on va discuter, mais le fait que le Parlement soit associé aux nominations c'est super bien, enfin c'est très moderne.
Ce qui coince au sein même de l'UMP, si on reliste un petit peu rapidement les questions, il y avait la fameuse question de l'intervention du chef de l'Etat à l'Assemblée nationale, donc là c'est à peu près tranché, ça pourrait se faire de façon solennelle à Versailles, c'est ça ?
On irait plutôt au congrès à Versailles, voilà. Les deux Assemblées. Enfin là aussi c'est en débat.
C'est en débat, mais voilà le chemin...
Moi, je trouve que c'est une bonne formule, oui, oui. Tout à fait, oui, oui.
Et ce sera un petit peu comme le... à la mode américaine, on va dire.
Oui.
Une intervention de ce type-là. Sur les restrictions de l'usage du 49.3, qui permet d'imposer un vote sans qu'il y ait débat...
C'est un pouvoir supplémentaire pour le Parlement, de le restreindre. Après tout, pourquoi pas. Il y avait sur ce point du débat dans notre groupe, mais bon je crois qu'a priori ça devient plutôt consensuel. D'ailleurs de manière générale, sur ce texte, le groupe UMP devient plutôt consensuel parce qu'on est plutôt dans une logique de dire "oui on y va, parce que c'est plus de pouvoir pour le Parlement moyennant quelques amendements". Mais, vous savez, pardon si je peux me permettre juste un mot, moi on me dit souvent, j'entends dire : ah mais il faut que le groupe UMP devienne un contrepouvoir de l'Assemblée nationale. Surtout pas ! La vocation de notre groupe c'est d'être un pouvoir, pas un contrepouvoir. Donc d'avoir une vraie liberté de débat sans que personne ne s'en offusque et une vraie liberté de propositions dans tous les domaines : sur la Constitution comme sur la modernisation de l'économie la semaine prochaine.
Mais sans rivalité forcément ?
Ça c'est la vie, c'est la nature, c'est autre chose !
Sur le référendum obligatoire pour tout élargissement de l'Union, c'est J. Chirac qui avait mis cette disposition pour rassurer les Français sur le sort de la Turquie ou sur l'entrée éventuelle de la Turquie dans l'Union. Il est question de le supprimer, on va l'amender, on va faire...
Alors on va essayer de trouver une formule, par exemple, en tenant compte de la proportion de la population, de telle sorte que lorsqu'il s'agit de faire entrer en Europe un petit pays, par exemple, qui soit dans la région des Balkans ça ne soit pas un blocage par le seul fait de passer par le référendum, donc on puisse réserver la possibilité du référendum pour des très grands pays.
On va le faire à géométrie variable, mais pour les très grands pays, effectivement, là, on maintiendrait le référendum obligatoire.
C'est une des hypothèses sur lesquelles on travaille en ce moment.
C'est ce que dit aussi R. Karoutchi dans La Croix.
Vous voyez, on dit pareil !
Mais tout ça, il y a dans votre camp aussi des gens qui disent mais tout ça a donné plus de pouvoir c'est gentil, le 49.3 c'est gentil, mais la Constitution de 58 se caractérisait justement par le fait qu'elle voulait casser un petit peu les torts et les difficultés qui étaient celles de la IVe, c'est-à-dire ce pouvoir parlementaire énorme, en donnant plus de pouvoir à l'exécutif, là on va revenir en arrière, on revient à la IVe ?
Non, c'est ça hors de question. D'ailleurs la commission présidée par monsieur Balladur, qui a fait un travail absolument passionnant, E. Balladur est venu nous expliquer les choses la semaine dernière, c'est vrai que c'est remarquablement fait, c'est justement pour éviter ce qu'on appelle le régime d'assemblée qui bloquait tout, mais à la fois en même temps pour vivre avec notre temps. Notre temps, 2008, c'est aussi plus de pouvoir pour le Parlement sans pour autant que ce soit le Parlement qui fasse les choses à lui tout seul. Le fait, par exemple, que désormais le texte dont on discute dans l'Hémicycle, il vienne de la commission parlementaire et pas du Gouvernement, ça veut dire qu'on donne plus de responsabilités aux députés. Dès lors qu'ils sont plus responsables, ils sont plus mobilisés, ils sont plus présents et par rapport à tout ça, c'est une nouvelle manière de réorganiser la démocratie, donc c'est très bien.
Donc quand M. Debré, le père de la Constitution, disait : cette Constitution forme un tout, toute modification sous prétexte de toilettage ne peut que préoccuper ceux qui souhaiteraient que la France soit gouvernée, il n'a pas à s'inquiéter.
Ce n'est pas qu'il n'a pas à s'inquiéter, c'est que je pense que l'esprit de nos institutions demeure, avec simplement un renforcement des pouvoirs du Parlement parce que les temps ont un peu changé depuis 1958.
Alors avec cette « rentrée parlementaire », il a un autre texte à venir : c'est la fameuse loi de modernisation économique. N. Sarkozy va en parler dans l'Isère tout à l'heure. Là aussi, elle inquiète à l'UMP, elle inquiète les élus locaux que vous êtes, notamment sur les questions du rapport entre les grandes surfaces et les producteurs et puis les conditions dans lesquelles les grandes surfaces vont pouvoir s'implanter, au détriment peut-être du petit commerce. Alors sur la négociabilité totale que prévoit cette loi, est-ce que là vous allez mettre des garde-fous pour éviter que dans ce face-à-face, les producteurs, les petits producteurs soient vulnérables ?
Vous savez, notre idée elle est simple : tout ce qui permet d'améliorer le pouvoir d'achat des Français doit être regardé de très près. Il y a dans ce texte des mesures qui le permettent, notamment à travers la négociabilité, mais aussi à travers la question des règles d'établissement des grandes surfaces. On est en train d'y travailler, le texte ne passe que la semaine prochaine, mais l'objectif pour moi est de faire en sorte que nous ayons trouvé un accord avant que le texte n'arrive dans l'Hémicycle...
Avec des protections, avec des garde-fous ?
Enfin en tout cas, avec un dispositif qui privilégie le pouvoir d'achat des Français, c'est ça l'objectif du président de la République et c'est le nôtre. Donc on va y travailler...
Donc il faut faire baisser les prix, mais il ne faut pas tuer le petit commerce.
Oui, enfin, vous savez malheureusement le petit commerce il est aujourd'hui - moi, je suis maire de Meaux, je peux en témoigner - très, très, très en difficultés malgré toutes les protections. Donc on voit bien qu'il y a peut-être une nouvelle formule à mettre en place, nous allons y travailler cette semaine. D'ailleurs, vous savez, c'est en ça aussi qu'on est une boîte à idées, le rapport Attali nous y avons travaillé, nous sommes une centaine de députés à avoir travaillé sur ce sujet et à faire des propositions très iconoclastes...
Et vous réintégrez la discussion du rapport Attali dans cette loi de modernisation économique ?
Bien entendu. Et c'est ce que j'ai appelé la coproduction législative, comme je fais beaucoup de télé, je prends les mots de la télé...
Ça vous est cher.
L'idée c'est que désormais nous, la majorité, on n'attend pas que le texte arrive tout ficelé à l'Assemblée. Et la loi de modernisation de l'économie, ça fait trois mois que nous y travaillons nous avec C. Lagarde et c'est la démonstration qu'on peut faire les choses avec le Gouvernement, enfin Gouvernement et députés, et que les choses avancent.
Et je parlais de garde-fous pour en terminer avec cette fameuse loi...
En évitant les psychodrames, parce que c'est vrai que ça ce n'est jamais bon pour la clarté du débat.
Sur l'implantation des supermarchés autour des villes, on parle maintenant de 1.000 m² en de ça desquels il ne faudra plus d'autorisation au lieu des 300 m² avant ; est-ce que cette dimension vous paraît raisonnable ou est-ce qu'il faut passer à 600 m² ...
On va voir, on en discute cette semaine, on va essayer de trouver le meilleur équilibre possible, mais enfin l'idée...
Vous allez mesurer les mètres carrés pour savoir...
Ah bah, de toute façon, c'est comme ça que ça marche pour les grandes surfaces, mais enfin l'idée, j'insiste là-dessus, c'est quand même la priorité au pouvoir d'achat des Français.
Alors on a presque terminé, je voudrais revenir aussi sur la télé...
Et que quand c'est trop concentré, eh bien forcément ça pèse à la hausse sur les prix.
Un mot sur la télé parce que J.-F. Copé a beaucoup de casquettes ! Je ne sais pas comment vous faites pour avoir autant de casquettes d'ailleurs !
J'ai des journées chargées, mais je m'organise !
Alors vous vous occupez aussi de la commission sur l'audiovisuel public et chaque fois vous mettez le feu en annonçant des nouvelles dispositions...
Non !
Là, c'était qu'il faudrait mettre une mutualisation des moyens et des rédactions au service public, là ça provoque...
L'idée c'est des synergies tout en respectant l'identité de chacun, mais enfin reconnaissez avec moi qu'heureusement que ce n'est pas ça qui met le feu, parce que si ça, ça met le feu, eh bien on n'a pas fini...
Bah, regardez les grèves à la 3.
Oui, d'accord, mais enfin en même temps moi je respecte tout, mais enfin on a quand même le droit de réfléchir à l'avenir de la télé publique, c'est la télé de tous les Français et derrière ça c'est un modèle très ambitieux qu'on veut pour l'avenir, parce que je crois qu'il faut préserver cette télé publique et que l'idée de proposer par rapport à ça un média global alors que les Français ont complètement changé leur mode pour regarder la télé, personne ne la regarde plus seulement sur le grand écran, on la regarde sur Internet, on arrive à la regarder sur le téléphone mobile, les ados ils reconstituent leurs programmes sur leurs ordinateurs, donc ça vaut peut-être la peine que la télé publique s'adapte à ce qui est en train de se passer.
Avec une seule grande rédaction pour l'ensemble du service public ?
Oh non quand même pas, chacun doit avoir son identité, mais enfin en même temps, mettre en commun quelques moyens ce n'est pas non plus idiot, on n'est pas obligé d'avoir des caméras incompatibles d'une chaîne à l'autre, d'avoir des systèmes informatiques qui ne sont pas non plus compatibles, bah tout ça ça se regarde quand même, c'est aussi l'argent du contribuable.
Dernière toute petite chose, vous êtes le monsieur démineur du Gouvernement ? Vous qui n'êtes pas au Gouvernement, vous savez que c'est votre façon...
Oui, j'allais vous dire moi je ne suis pas au Gouvernement.
Non, non, mais ça a été votre façon de vous réinviter dans le débat ?
Vous savez, quand vous êtes en charge du groupe de la majorité, comme je le disais à l'instant, je crois que ce qui est très important c'est de ne pas se tromper de démarche. On n'est pas là, en aucun cas, comme le souhaitent certains, pour être un contre pouvoir mais pour être un pouvoir. C'est-à-dire pour incarner, au nom de la loyauté au président de la République, une vraie liberté de débat, une vraie liberté de proposition et mon rôle, c'est d'essayer de trouver le juste équilibre entre tout ça. Et c'est vrai quand il y a des problèmes lourds je suis là pour les assumer, mais en même temps pour dire les choses aux uns et aux autres, c'est ma responsabilité. Qu'est-ce que vous voulez, la vie avance et c'est normal que chacun puisse dire les choses comme il les pense.
Merci, J.-F. Copé, merci beaucoup.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 13 mai 2008
Bonjour !
Merci d'être là ce matin. Comment ça va d'ailleurs après un grand pont comme ça ; comment ça va du côté du groupe parlementaire UMP, comment ça va du côté du moral des députés, qui avaient été un petit peu troublés, secoués par l'entrevue qu'ils avaient eu avec le chef de l'Etat le 7 mai lors d'un déjeuner ?
Non, non, pas spécialement secoués, moi je trouve que c'était très bien cette réunion avec le Président. Moi j'y tenais d'ailleurs beaucoup parce que je trouvais très important que le Président ait un contact direct avec l'ensemble d'entre nous, les 321 députés de la majorité UMP, donc...
Il y en a eu qui s'étaient dits ragaillardis par le déjeuner et puis d'autres qui avaient dit... qui avaient été un peu choqués par ce qu'il avait dit notamment sur ses prédécesseurs et sur J. Chirac.
Non, vous savez, moi je vais vous dire une chose, l'intérêt de ces réunions c'est qu'on se parle franchement. Donc il a dit les choses et nous les lui avons dites aussi. Vous savez, quel est l'intérêt, quel est l'objectif pour nous qui sommes les députés de la majorité ? C'est d'être loyal à 100 % avec le Président. Mais qu'est-ce qu'elle commande cette loyauté ? Qu'on ait à la fois une totale liberté de débat, sinon ce n'est pas la peine, et puis une totale liberté de propositions. Moi ce que je souhaite c'est que nous les députés UMP on soit aussi réformateurs et aussi courageux que le président de la République.
Vous trouvez que ces rencontres sont trop rares avec le chef de l'Etat ?
Ah bah je pense que c'était une première et je souhaite qu'on puisse en avoir régulièrement. D'ailleurs, N. Sarkozy lui-même a dit qu'il était d'accord et pour moi c'est extrêmement important. Vous savez, moi je crois que c'est très important qu'on puisse débattre, sinon ce n'est pas la peine, qu'on puisse faire des propositions. On est à un moment où on va renforcer les pouvoirs du Parlement, ce n'est donc pas pour se stresser à chaque fois qu'il y a des députés qui disent qu'ils sont nuancés ou qu'ils sont pour ou qu'ils sont contre, c'est ça l'intérêt.
La réforme, on va en parler, mais d'abord, deux petits mots encore sur ce déjeuner, donc ce qu'il a dit sur J. Chirac. C'était nécessaire de s'en prendre comme ça à son prédécesseur ?
Oui, bon, il s'est... Non, mais d'abord ça ne s'est pas passé comme ça, moi j'ai lu évidemment un certain nombre de commentaires derrière, c'était beaucoup...
Ce n'est pas des commentaires, c'est des gens qui y étaient, qui ont dit, qui ont rapporté les propos qu'il a tenus sur le chef de l'Etat.
Oui, enfin c'était aussi...
Enfin sur son prédécesseur.
Mais c'était de ces commentaires-là dont je voulais parler. D'abord, c'était quand même beaucoup moins précis et pardon ce n'était pas agressif, comme j'ai pu le lire parfois, deuxièmement eh bien écoutez il a fait ces commentaires, nous on a fait les nôtres, chacun a discuté. Là encore, je crois que c'est important que chacun vive ces réunions comme il les entend. Moi ce qui me paraissait important, c'est qu'elles aient lieu, qu'on se dise les choses et puis en avant !
Autres propos c'est la presse. Il s'en ait pris à la presse, qui ne rapportait pas suffisamment à ses yeux tout ce qui se passait dans le monde et notamment des problèmes juridiques que connaissait S. Royal. Vous pensez que la presse effectivement est trop partisane ?
Bon, on sait que c'est un débat éternel. Je ne pense pas qu'elle soit partisane, je pense qu'en fonction des circonstances, des moments et des périodes, il y a des choses sur lesquelles on en fait des tonnes et d'autres sur lesquelles on est, je trouve, un peu en dessous de ce qu'on pourrait dire, voilà. Mais enfin c'est la loi du genre. Je ne suis pas sûr d'ailleurs que ça recouvre un clivage droite/gauche de manière systématique, mais c'est vrai qu'il y a parfois le sentiment de deux poids, deux mesures. Mais enfin cela dit, ça n'empêche pas de faire les choses, ça n'empêche pas de vivre notre métier et de faire les choses avec le plus de passion possible en ayant toujours ça en tête.
Alors il y avait différents journaux qui étaient cités ; il y avait l'AFP qui était citée aussi comme ne relayant pas suffisamment les communiqués du Gouvernement ou de l'UMP. Vous trouvez que l'AFP ne fait pas son boulot aussi, l'Agence France Presse ne fait pas son boulot ?
Moi, je ne vais pas rentrer là-dedans, pour une raison simple c'est que je ne suis pas là pour distribuer des bulletins de notes, la vie est assez compliquée, chacun essaie de faire son métier le mieux possible. La seule chose que je veux dire c'est que pour essayer d'être le plus au point dans ce qu'on fait, il faut toujours se poser les bonnes questions et se remettre en question, voilà. Et je pense que dans tous ces domaines, ça concerne tout le monde et que c'est ce travail qu'on doit faire ensemble, point barre.
Juste un tout petit commentaire sur ce que propose madame Albanel justement. A ce propos, à propos de l'AFP, elle dit : « Il serait peut-être envisageable que l'AFP mette à disposition de ses abonnés l'ensemble des communiqués de presse des partis ». C'est ça le boulot de l'AFP ?
Non, mais l'idée a priori comme ça est séduisante, en même temps matériellement je ne vois pas comment c'est possible parce que ça veut dire des centaines et des centaines de communiqués à diffuser tous les jours, je ne sais pas comment ça serait possible, donc tout ça me paraît être une idée parmi d'autres, mais voilà.
Bon, alors parlons de ce 13 mai 2008...
Oui !
Qui renvoie à un 13 mai 58, parce que 13 mai 58 c'était les évènements et le coup de force des généraux d'Alger, qui allaient amener au retour au pouvoir du général de Gaulle et à la Constitution de 58, pour faire court. Alors aujourd'hui, on parle de réviser, on va réviser cette Constitution. D'abord est-ce que c'est vraiment nécessaire, est-ce que c'est indispensable, est-ce que ça préoccupe les Français, eux qui...
Justement, permettez-moi de vous dire une chose, c'est qu'on passe tout le mois de mai à faire mai 68, je trouve assez sympathique qu'on consacre quand même un bout de journée à faire mai 58, c'est-à-dire en gros la Vème République. Donc voilà, je ne dis pas deux poids deux mesures sur ce coup-là, mais quand même reconnaissez que moi qui suis un enfant de mai 68, pour ne pas l'avoir vécu mais en avoir subi les conséquences, je me dis que quand même la Vème République elle a elle beaucoup de bon quand même.
Si vous avez lu les hebdos cette semaine, vous avez bien vu que c'était largement consacré à de Gaulle et à la Constitution de 58...
Mais distancé par le cohn-benditisme quand même !
Bon, d'accord ! Alors sur cette histoire de révision de la Constitution...
...Dont on parle beaucoup plus que du gaullisme.
Est-ce que pour les gens qui ne parlent que de leur pouvoir d'achat c'est fondamental de réformer les règles du jeu ?
Non, mais je vais vous dire une chose, si on raisonne comme ça, on ne changera jamais cette Constitution. Or il y a des choses qui doivent être améliorées. Il est évident, évident, que dans un Parlement moderne, dans une République moderne, on doit renforcer les pouvoirs du Parlement. Et c'est tout l'objet de cette révision. D'ailleurs on a fait campagne sur ce point auprès des Français il y a un an, donc c'est assez cohérent. D'ailleurs l'idée qui est derrière c'est de faire en sorte que les députés puissent mieux faire leur travail et c'est pour ça que dans ce texte, on va à la fois avoir un ordre du jour partagé entre le Gouvernement et les députés, aujourd'hui il n'y a que le Gouvernement qui décide. Et puis, le deuxième élément, le Parlement va enfin évaluer et contrôler l'action gouvernementale, ça se fait dans les autres pays, sauf dans le nôtre, c'est un choix important.
Il était question que ça échoit plutôt à la Cour des comptes, mais non ça va revenir au Parlement ça ?
J'ai jugé utile de rappeler que c'était au Parlement de le faire, comme d'ailleurs ça se passe dans toutes les grandes démocraties.
C'est ce que vous avez dit avec cette phrase : le texte ne peut pas être adopté en l'état, c'était assez ferme.
Non, mais à partir du moment où on intègre cette disposition et quelques autres, à ce moment-là on est effectivement dans cette démarche.
On va voir le détail parce que vous avez parlé avec J.-M. Ayrault aussi, votre homologue du côté du PS, puisqu'il faut effectivement que le texte, enfin on a besoin des voix du Parti socialiste pour adopter ce texte pour l'UMP.
Oui, j'ai pensé que c'était très important pour moi en tant que président du groupe majoritaire d'avoir une main tendue avec les responsables des autres groupes, naturellement socialistes d'abord, J.-M. Ayrault, mais j'ai vu aussi mon ami F. Sauvadet, du Nouveau Centre et puis J.- C. Sandrier, le communiste. Je crois que c'est important qu'il y ait aussi une discussion pour montrer qu'il y a des points de consensus entre la droite et la gauche. C'est très important, ça permettra aussi de dire au Parti socialiste : attendez ! C'est bien gentil de rajouter tous les jours des nouvelles conditions, qui n'ont parfois pas toujours de lien direct d'ailleurs avec le texte puisque maintenant on en est à me proposer quelque chose sur le temps de parole au CSA pour le président de la République, pourquoi pas ? Ce n'est pas le texte de la Constitution.
Ça vous dites ce n'est pas la Constitution, donc ce n'est pas... c'est hors de propos.
Et donc je crois que la vraie question, c'est que le Parti socialiste va-t-il ou non dire oui à un texte qui renforce les pouvoirs du Parlement. Moi, c'est ce que j'ai dit à J.-M. Ayrault.
Et vous pensez qu'aujourd'hui il est en mesure de dire oui ?
Bah, je pense que ce serait bien qu'il le fasse parce que sur ces sujets, il y a des points de consensus identifiés, nous les avons vu ensemble.
Il y a des petits points de blocage effectivement sur le contrôle de pouvoir de nomination du chef de l'Etat, par exemple, est-ce que là-dessus on va...
On va discuter, on va ajuster bien sûr...
On va mettre un droit de veto, quelque chose ?
Non, mais c'est un point dont on va discuter, mais le fait que le Parlement soit associé aux nominations c'est super bien, enfin c'est très moderne.
Ce qui coince au sein même de l'UMP, si on reliste un petit peu rapidement les questions, il y avait la fameuse question de l'intervention du chef de l'Etat à l'Assemblée nationale, donc là c'est à peu près tranché, ça pourrait se faire de façon solennelle à Versailles, c'est ça ?
On irait plutôt au congrès à Versailles, voilà. Les deux Assemblées. Enfin là aussi c'est en débat.
C'est en débat, mais voilà le chemin...
Moi, je trouve que c'est une bonne formule, oui, oui. Tout à fait, oui, oui.
Et ce sera un petit peu comme le... à la mode américaine, on va dire.
Oui.
Une intervention de ce type-là. Sur les restrictions de l'usage du 49.3, qui permet d'imposer un vote sans qu'il y ait débat...
C'est un pouvoir supplémentaire pour le Parlement, de le restreindre. Après tout, pourquoi pas. Il y avait sur ce point du débat dans notre groupe, mais bon je crois qu'a priori ça devient plutôt consensuel. D'ailleurs de manière générale, sur ce texte, le groupe UMP devient plutôt consensuel parce qu'on est plutôt dans une logique de dire "oui on y va, parce que c'est plus de pouvoir pour le Parlement moyennant quelques amendements". Mais, vous savez, pardon si je peux me permettre juste un mot, moi on me dit souvent, j'entends dire : ah mais il faut que le groupe UMP devienne un contrepouvoir de l'Assemblée nationale. Surtout pas ! La vocation de notre groupe c'est d'être un pouvoir, pas un contrepouvoir. Donc d'avoir une vraie liberté de débat sans que personne ne s'en offusque et une vraie liberté de propositions dans tous les domaines : sur la Constitution comme sur la modernisation de l'économie la semaine prochaine.
Mais sans rivalité forcément ?
Ça c'est la vie, c'est la nature, c'est autre chose !
Sur le référendum obligatoire pour tout élargissement de l'Union, c'est J. Chirac qui avait mis cette disposition pour rassurer les Français sur le sort de la Turquie ou sur l'entrée éventuelle de la Turquie dans l'Union. Il est question de le supprimer, on va l'amender, on va faire...
Alors on va essayer de trouver une formule, par exemple, en tenant compte de la proportion de la population, de telle sorte que lorsqu'il s'agit de faire entrer en Europe un petit pays, par exemple, qui soit dans la région des Balkans ça ne soit pas un blocage par le seul fait de passer par le référendum, donc on puisse réserver la possibilité du référendum pour des très grands pays.
On va le faire à géométrie variable, mais pour les très grands pays, effectivement, là, on maintiendrait le référendum obligatoire.
C'est une des hypothèses sur lesquelles on travaille en ce moment.
C'est ce que dit aussi R. Karoutchi dans La Croix.
Vous voyez, on dit pareil !
Mais tout ça, il y a dans votre camp aussi des gens qui disent mais tout ça a donné plus de pouvoir c'est gentil, le 49.3 c'est gentil, mais la Constitution de 58 se caractérisait justement par le fait qu'elle voulait casser un petit peu les torts et les difficultés qui étaient celles de la IVe, c'est-à-dire ce pouvoir parlementaire énorme, en donnant plus de pouvoir à l'exécutif, là on va revenir en arrière, on revient à la IVe ?
Non, c'est ça hors de question. D'ailleurs la commission présidée par monsieur Balladur, qui a fait un travail absolument passionnant, E. Balladur est venu nous expliquer les choses la semaine dernière, c'est vrai que c'est remarquablement fait, c'est justement pour éviter ce qu'on appelle le régime d'assemblée qui bloquait tout, mais à la fois en même temps pour vivre avec notre temps. Notre temps, 2008, c'est aussi plus de pouvoir pour le Parlement sans pour autant que ce soit le Parlement qui fasse les choses à lui tout seul. Le fait, par exemple, que désormais le texte dont on discute dans l'Hémicycle, il vienne de la commission parlementaire et pas du Gouvernement, ça veut dire qu'on donne plus de responsabilités aux députés. Dès lors qu'ils sont plus responsables, ils sont plus mobilisés, ils sont plus présents et par rapport à tout ça, c'est une nouvelle manière de réorganiser la démocratie, donc c'est très bien.
Donc quand M. Debré, le père de la Constitution, disait : cette Constitution forme un tout, toute modification sous prétexte de toilettage ne peut que préoccuper ceux qui souhaiteraient que la France soit gouvernée, il n'a pas à s'inquiéter.
Ce n'est pas qu'il n'a pas à s'inquiéter, c'est que je pense que l'esprit de nos institutions demeure, avec simplement un renforcement des pouvoirs du Parlement parce que les temps ont un peu changé depuis 1958.
Alors avec cette « rentrée parlementaire », il a un autre texte à venir : c'est la fameuse loi de modernisation économique. N. Sarkozy va en parler dans l'Isère tout à l'heure. Là aussi, elle inquiète à l'UMP, elle inquiète les élus locaux que vous êtes, notamment sur les questions du rapport entre les grandes surfaces et les producteurs et puis les conditions dans lesquelles les grandes surfaces vont pouvoir s'implanter, au détriment peut-être du petit commerce. Alors sur la négociabilité totale que prévoit cette loi, est-ce que là vous allez mettre des garde-fous pour éviter que dans ce face-à-face, les producteurs, les petits producteurs soient vulnérables ?
Vous savez, notre idée elle est simple : tout ce qui permet d'améliorer le pouvoir d'achat des Français doit être regardé de très près. Il y a dans ce texte des mesures qui le permettent, notamment à travers la négociabilité, mais aussi à travers la question des règles d'établissement des grandes surfaces. On est en train d'y travailler, le texte ne passe que la semaine prochaine, mais l'objectif pour moi est de faire en sorte que nous ayons trouvé un accord avant que le texte n'arrive dans l'Hémicycle...
Avec des protections, avec des garde-fous ?
Enfin en tout cas, avec un dispositif qui privilégie le pouvoir d'achat des Français, c'est ça l'objectif du président de la République et c'est le nôtre. Donc on va y travailler...
Donc il faut faire baisser les prix, mais il ne faut pas tuer le petit commerce.
Oui, enfin, vous savez malheureusement le petit commerce il est aujourd'hui - moi, je suis maire de Meaux, je peux en témoigner - très, très, très en difficultés malgré toutes les protections. Donc on voit bien qu'il y a peut-être une nouvelle formule à mettre en place, nous allons y travailler cette semaine. D'ailleurs, vous savez, c'est en ça aussi qu'on est une boîte à idées, le rapport Attali nous y avons travaillé, nous sommes une centaine de députés à avoir travaillé sur ce sujet et à faire des propositions très iconoclastes...
Et vous réintégrez la discussion du rapport Attali dans cette loi de modernisation économique ?
Bien entendu. Et c'est ce que j'ai appelé la coproduction législative, comme je fais beaucoup de télé, je prends les mots de la télé...
Ça vous est cher.
L'idée c'est que désormais nous, la majorité, on n'attend pas que le texte arrive tout ficelé à l'Assemblée. Et la loi de modernisation de l'économie, ça fait trois mois que nous y travaillons nous avec C. Lagarde et c'est la démonstration qu'on peut faire les choses avec le Gouvernement, enfin Gouvernement et députés, et que les choses avancent.
Et je parlais de garde-fous pour en terminer avec cette fameuse loi...
En évitant les psychodrames, parce que c'est vrai que ça ce n'est jamais bon pour la clarté du débat.
Sur l'implantation des supermarchés autour des villes, on parle maintenant de 1.000 m² en de ça desquels il ne faudra plus d'autorisation au lieu des 300 m² avant ; est-ce que cette dimension vous paraît raisonnable ou est-ce qu'il faut passer à 600 m² ...
On va voir, on en discute cette semaine, on va essayer de trouver le meilleur équilibre possible, mais enfin l'idée...
Vous allez mesurer les mètres carrés pour savoir...
Ah bah, de toute façon, c'est comme ça que ça marche pour les grandes surfaces, mais enfin l'idée, j'insiste là-dessus, c'est quand même la priorité au pouvoir d'achat des Français.
Alors on a presque terminé, je voudrais revenir aussi sur la télé...
Et que quand c'est trop concentré, eh bien forcément ça pèse à la hausse sur les prix.
Un mot sur la télé parce que J.-F. Copé a beaucoup de casquettes ! Je ne sais pas comment vous faites pour avoir autant de casquettes d'ailleurs !
J'ai des journées chargées, mais je m'organise !
Alors vous vous occupez aussi de la commission sur l'audiovisuel public et chaque fois vous mettez le feu en annonçant des nouvelles dispositions...
Non !
Là, c'était qu'il faudrait mettre une mutualisation des moyens et des rédactions au service public, là ça provoque...
L'idée c'est des synergies tout en respectant l'identité de chacun, mais enfin reconnaissez avec moi qu'heureusement que ce n'est pas ça qui met le feu, parce que si ça, ça met le feu, eh bien on n'a pas fini...
Bah, regardez les grèves à la 3.
Oui, d'accord, mais enfin en même temps moi je respecte tout, mais enfin on a quand même le droit de réfléchir à l'avenir de la télé publique, c'est la télé de tous les Français et derrière ça c'est un modèle très ambitieux qu'on veut pour l'avenir, parce que je crois qu'il faut préserver cette télé publique et que l'idée de proposer par rapport à ça un média global alors que les Français ont complètement changé leur mode pour regarder la télé, personne ne la regarde plus seulement sur le grand écran, on la regarde sur Internet, on arrive à la regarder sur le téléphone mobile, les ados ils reconstituent leurs programmes sur leurs ordinateurs, donc ça vaut peut-être la peine que la télé publique s'adapte à ce qui est en train de se passer.
Avec une seule grande rédaction pour l'ensemble du service public ?
Oh non quand même pas, chacun doit avoir son identité, mais enfin en même temps, mettre en commun quelques moyens ce n'est pas non plus idiot, on n'est pas obligé d'avoir des caméras incompatibles d'une chaîne à l'autre, d'avoir des systèmes informatiques qui ne sont pas non plus compatibles, bah tout ça ça se regarde quand même, c'est aussi l'argent du contribuable.
Dernière toute petite chose, vous êtes le monsieur démineur du Gouvernement ? Vous qui n'êtes pas au Gouvernement, vous savez que c'est votre façon...
Oui, j'allais vous dire moi je ne suis pas au Gouvernement.
Non, non, mais ça a été votre façon de vous réinviter dans le débat ?
Vous savez, quand vous êtes en charge du groupe de la majorité, comme je le disais à l'instant, je crois que ce qui est très important c'est de ne pas se tromper de démarche. On n'est pas là, en aucun cas, comme le souhaitent certains, pour être un contre pouvoir mais pour être un pouvoir. C'est-à-dire pour incarner, au nom de la loyauté au président de la République, une vraie liberté de débat, une vraie liberté de proposition et mon rôle, c'est d'essayer de trouver le juste équilibre entre tout ça. Et c'est vrai quand il y a des problèmes lourds je suis là pour les assumer, mais en même temps pour dire les choses aux uns et aux autres, c'est ma responsabilité. Qu'est-ce que vous voulez, la vie avance et c'est normal que chacun puisse dire les choses comme il les pense.
Merci, J.-F. Copé, merci beaucoup.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 13 mai 2008