Point de presse de M. François Fillon, Premier ministre, sur la préparation de la présidence française de l'Union européenne, la lutte contre le réchauffement climatique, la sécurité énergétique et sur le prix du pétrole, le 30 mai 2008 en Estonie.

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Circonstance : Visite en Estonie et en Finlande dans le cadre de la préparation de la présidence française de l'Union européenne les 29 et 30 mai 2008

Texte intégral

Je voudrais à nouveau remercier mon homologue pour son accueil et lui redire combien je suis fier d'être le premier chef de Gouvernement français à me rendre en Estonie. Cette visite nous a permis d'évoquer nos relations bilatérales, et de souligner à quel point celles-ci sont intenses dans le domaine économique, avec beaucoup d'entreprises françaises présentes en Estonie, beaucoup de projets qui sont en cours d'élaboration, mais aussi d'insister sur nos relations en matière de sécurité. La France a participé au printemps dernier à l'opération de police du ciel de l'espace aérien balte, et il y a une coopération étroite entre la France et l'Estonie, notamment en Afghanistan, et au Kosovo où nos forces sont présentes.
Cette visite s'inscrivait aussi dans le cadre de la préparation de la présidence française de l'Union européenne. Nous attachons, avec le président de la République française beaucoup d'importance à visiter chaque Etat membre pour présenter les priorités de notre présidence mais surtout pour dialoguer ensemble et voir quels sont les sujets sur lesquels les uns ou les autres souhaitent que l'Union européenne fasse évoluer ses propositions.
Nous avons surtout insisté ce matin sur deux sujets qui sont stratégiques pour l'Estonie et qui sont au coeur des priorités de la présidence française. C'est la lutte contre le réchauffement climatique et c'est la question de la sécurité énergétique. Nous sommes tombés d'accord sur l'idée que les propositions de l'Union européenne en matière de lutte contre le réchauffement climatique devaient être ambitieuses, parce que si l'Europe ne fait pas les propositions les plus ambitieuses dans ce domaine, il n'y a aucune chance pour que nous puissions arriver à Copenhague à un accord satisfaisant par rapport aux menaces qui pèsent sur la planète. Mais nous sommes aussi tombés d'accord sur l'idée que la négociation de Copenhague étant la plus importante, il fallait, à travers la position que va prendre l'Union européenne, se doter de tous les instruments permettant d'arriver à un accord à Copenhague. Et dans cet esprit, l'idée que défendent la France et l'Estonie également, de mécanisme d'ajustement aux frontières permettant de corriger le cas échéant, la situation entre les pays qui prendraient des engagements très importants en matière de réduction d'émissions de CO2 et ceux qui n'en prendraient pas, est une idée essentielle à la fois pour l'équilibre de nos économies mais surtout pour, d'une certaine manière, faire pression sur les autres régions du monde pour arriver à un accord à Copenhague.
Sur le second sujet celui de la sécurité énergétique, nous avons une approche qui est parfaitement identique et qui illustre bien le débat que nous avons déjà eu au sein de l'Union européenne. La concurrence, entre les opérateurs, la séparation des réseaux et de la production en matière d'énergie, c'est certainement très intéressant et très important, mais cela ne l'est pas autant que la question de la production d'énergie en Europe et de la sécurité des approvisionnements énergétiques de l'Europe. Et donc, nous allons beaucoup insisté pendant la présidence française sur la nécessité de doter l'Europe d'un plan d'action en matière de production d'énergie, de diversification des sources d'approvisionnement et en matière d'interconnexion des réseaux pour que tous les Etats et toutes les régions qui constituent l'Union européenne soient traitées d'un pied d'égalité sur cette question si essentielle de l'énergie. On voit bien ici en Estonie, qu'il y a des questions, des sujets particuliers, qui, pour le moment, n'ont pas été traités par l'Union européenne et qui doivent l'être.
Et puis enfin, nous avons évoqué la politique agricole commune, la charte de l'immigration que nous voulons mettre en oeuvre dans le courant de la présidence française. En un mot, et pour conclure : nous avons évoqué des sujets qui sont des sujets stratégiques et qui concernent la vie quotidienne des Européens. Nous n'avons pas évoqué les querelles institutionnelles parce que nous pensons qu'elles sont derrière nous maintenant et que l'Europe doit se consacrer à apporter des réponses aux questions que se posent les Européens pour leur avenir, l'énergie, le réchauffement climatique, la sécurité alimentaire, les flux migratoires, la défense. Voilà des sujets sur lesquels l'Europe est irremplaçable et sur lesquels l'Europe doit maintenant apporter des réponses concrètes.
Question I. Izler (radiodiffusion nationale) : Le président de la République, Nicolas Sarkozy a proposé récemment une mesure de diminution de la TVA sur les produits pétroliers, une diminution provisoire. La Commission européenne a refusé cette proposition. L'Estonie ne soutient pas non plus la proposition de monsieur Sarkozy. Est-ce que pendant la présidence française, la France envisage de proposer d'autres mesures ou prendre d'autres initiatives dans ce domaine ?
R - D'abord, la situation n'est pas exactement celle-là. Nous avons une augmentation très très forte du prix du pétrole, multiplié par deux ou par trois, par deux depuis un an, par trois depuis un peu plus. Cette situation, nous savons que c'est une situation durable, que nous ne sommes pas devant une crise du pétrole, nous sommes devant une situation structurelle qui est liée au décalage entre l'offre et la demande et qui est liée à la perspective d'épuisement des ressources pétrolières. (Traduction en estonien). Donc nous, nous disons, en France, et c'est le même constat qui est fait partout en Europe, que la meilleure réponse ou la seule vraie bonne réponse à cette question structurelle, c'est une réponse structurelle, c'est-à-dire des économies d'énergie considérables qu'il va falloir faire, des investissements dans les énergies renouvelables, le développement de l'énergie nucléaire qui est, pour une longue période, une alternative au pétrole. (Traduction en estonien) Mais en attendant que ces décisions structurelles aient des effets sur la vie quotidienne de nos concitoyens, il y a un certain nombre d'Européens, et en particulier une certain nombre de professions qui sont placées, du fait de la hausse très rapide du prix du pétrole, devant de très graves difficultés. (Traduction en estonien) Et donc, nous pensons que l'Europe doit aussi réfléchir à ces situations, et la proposition qu'a faite le président de la République française, ce n'est pas une proposition de diminution de la TVA, c'est une proposition qui consiste à dire que, à partir d'un certain niveau de prix du pétrole, qui continue d'augmenter, est-il normal que les Etats, une certaine façon, s'enrichissent à travers la TVA sur le pétrole ? Cette question sera discutée dans le cadre du Conseil européen. Il faut aussi que l'Europe accepte l'idée que les propositions qui sont faites par les uns ou par les autres doivent d'abord être discutées avant de recevoir une réponse négative. Si la réponse est négative après que les arguments aient été mis sur la table, naturellement, nous en prendrons acte. Mais nous n'aimons pas beaucoup qu'on nous dise non avant même d'avoir discuté des questions qui sont posées. (Traduction en estonien)Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 3 juin 2008