Interview de M. Jean-François Copé, président du groupe parlementaire UMP à l'Assemblée nationale, dans "Le Parisien" du 4 juin 2008, sur ses relations avec le Président de la République.

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Média : Le Parisien

Texte intégral

Q - Une grosse colère après l'incident sur les OGM, une claque publique sur la redevance TV : entre vous et Nicolas Sarkozy, c'est la guerre ?
R - Non ! D'abord, ce ne sont pas les mêmes sujets. C'est beaucoup plus complexe. Sur la redevance, il n'y a pas beaucoup de différence entre nous et j'ai toujours dit que j'étais contre son augmentation. Les OGM, ça a été un problème, c'est vrai. Mais « guerre », c'est un mot affreux. Je le récuse. Je ne suis pas du tout dans cet état d'esprit. Jamais je n'entrerai dans cette logique qui consisterait à imaginer que le groupe UMP à l'Assemblée serait un contre-pouvoir. C'est un pouvoir qui doit faire l'objet d'une véritable écoute car il a vocation à soutenir à 100% le président. Il faut donc qu'il puisse y avoir 100 % de liberté de débat.
Quelles sont vos relations avec le président ?
Ça fait dix-huit ans qu'on se connaît et on s'est toujours parlé très franchement. On a des relations très directes, avec des moments de grande complicité et des moments où il y en a un peu moins. Mais vous savez, j'ai beaucoup d'admiration pour Nicolas Sarkozy.
Quels ont été les moments de complicité ?
Oh, il y a des moments où on a été très proches. Entre 1997 et 2003, on se voyait énormément, on s'est retrouvés en vacances ensemble. Il était moins entouré qu'aujourd'hui. Les temps ont changé, les fonctions ont changé. Et en ce qui me concerne, je suis dans une démarche claire, très lisible. Je crois beaucoup à la logique des fonctions. Or je suis chargé du groupe et le groupe, c'est 318 personnalités, qui sont là pour soutenir la réforme, mais qui ne veulent plus simplement appuyer sur le bouton automatique. Ils veulent participer, être associés, être entendus. Mon rôle, c'est aussi d'être le garant de cela. Notre relation est adossée à la logique de nos fonctions.
Quand Sarkozy dit ou fait dire que vous faites mine d'éteindre des incendies que vous avez vous-même contribué à allumer...
Je regrette que l'on dise cela car c'est profondément injuste. Quand on n'a jamais été président de groupe, on ne mesure pas à quel point c'est une mission délicate. Il faut essayer de trouver sur chaque sujet difficile un équilibre entre les attentes des députés, les textes qui arrivent, les contradictions des uns ou des autres. J'essaie au contraire de déminer en permanence.
Mais vous encouragez aussi les députés à s'exprimer ?
Bien sûr, mais si j'agissais autrement, ils iraient prendre leur liberté ailleurs ! C'est l'essence même de ma fonction de président de groupe.
On dit souvent que vous êtes un deuxième Sarkozy...
On dit cela à cause de l'ambition assumée sans doute... Une autre chose qui nous rapproche, c'est qu'on est tous les deux très directs. J'aime beaucoup l'authenticité dans la relation avec les autres, qu'on dise ce qu'on pense. Même si c'est un peu chaud, c'est important.
Les différences entre vous et Sarkozy, où se situent-elles ?
Aucun parcours politique ne ressemble à un autre ! Je suis maire de Meaux, une banlieue difficile. J'ai connu la défaite en 1997, aux législatives, et j'ai ramé cinq ans pour revenir. Je suis issu de la fonction publique. Mais il y a aussi des points communs.
Vous vouliez être ministre ?
Bien sûr ! Pour autant, une fois que j'ai compris que je ne serais plus ministre, j'ai tourné la page. Cinq années au gouvernement, ça forme. Mais je ne suis plus dans ça. Ça me fait d'ailleurs toujours sourire lorsqu'on me dit « Sarkozy ne veut plus de vous », car les gens oublient que c'est lui qui m'a encouragé à me faire élire président de groupe.

Source http://www.ump.assemblee-nationale.fr, le 11 juin 2008