Déclaration de M. François Fillon, Premier ministre, en réponse à une question sur le "non" irlandais à la ratification du Traité de Lisbonne, à l'Assemblée nationale le 17 juin 2008.

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Texte intégral

Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs les députés,
Monsieur le député,
Les Irlandais ont décidé de voter non à la ratification du Traité de Lisbonne. La première chose que nous devons faire c'est prendre acte de leur décision et leur dire que nous la respectons, d'autant qu'elle intervient deux ans après que la France et les Pays-Bas eux-mêmes aient refusé la ratification du Traité constitutionnel, ce qui, comme vous l'avez indiqué, montre que le décalage est persistant entre, d'un côté, le débat institutionnel qui est nécessaire au bon fonctionnement de l'Europe élargie, et de l'autre côté, les attentes des citoyens européens, qui veulent une Europe qui décide, une Europe qui agit et une Europe qui décide et qui agit pour protéger les habitants du continent européen.
Et c'est la raison pour laquelle la France entend, au début de sa présidence, apporter une première réponse à la décision irlandaise, en proposant à l'ensemble de nos partenaires, d'aller plus loin et plus vite sur les réponses de fond aux questions de fond. C'est-à-dire sur la question de l'immigration et de l'asile, où nous voulons atteindre un accord au tout début de l'automne. Sur la question du réchauffement climatique, où nous voulons que l'Europe soit en tête de toutes les régions du monde dans son engagement. Sur la question de l'énergie, où nous voulons que l'Europe non seulement se penche sur les questions de sécurité énergétique, mais apporte aussi une réponse à la question que la France se pose sur la fiscalité du pétrole, ou encore sur la question de la sécurité alimentaire, au moment même où dans le monde entier, la pénurie de produits alimentaires est posée.
Alors, bien entendu, ça n'apporte pas de réponse à la question institutionnelle, mais c'est notre manière de dire aux Irlandais : vous avez exprimé un doute sur la capacité de l'Europe à répondre à vos attentes, eh bien nous vous avons entendus et nous vous répondons. Simultanément, le processus de ratification va se poursuivre, et nous attendons une décision très importante, demain, de la Grande-Bretagne. Le Conseil européen se réunira jeudi, entendra le Premier ministre irlandais et prendra les décisions qui s'imposent, en particulier sur la manière d'engager un dialogue avec l'Irlande pour sortir de cette crise.
Mais mesdames et messieurs les députés, en tout état de cause, cette nouvelle difficulté dans le processus de réforme des institutions européennes ne saurait remettre en cause une des plus belles et une des plus grandes réussites politiques et économiques de ce siècle, une réussite politique et économique que nous envient bien d'autres régions dans le monde, et que nous allons continuer à mettre en oeuvre.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 18 juin 2008