Texte intégral
O. Mazerolle Dimanche prochain, on vote. Premier tour des municipales. Dans cette perspective, L. Jospin, F. Hollande, tiennent des meetings électoraux, ils se déplacent. Les leaders de droite ne le font pas, pourquoi ?
- "Nous faisons campagne aussi. Vous ne vous en apercevez pas mais nous faisons campagne. Je me suis déplacé, M. Alliot-Marie s'est beaucoup déplacée, F. Bayrou se déplace. "
Pourquoi ne nous en apercevons-nous pas ?"
- "Je ne sais pas. Il faut vous poser la question. "
F. Hollande se pose la question lui-même : y a-t-il encore une droite dans ce pays ?
- "Il a tort d'être aussi sûr de lui parce qu'il devrait se souvenir qu'en 1993, il n'avait guère que 50 députés. Nous aussi nous avons cru au Père Noël à ce moment-là et puis on a vu le résultat. C'est vrai que l'on a besoin d'une droite, F. Hollande a raison, parce que jamais nous n'avons eu une gauche aussi sûre d'elle-même. C'est désastreux pour le pays parce qu'elle est extrêmement conservatrice. Nous avons la gauche la plus archaïque d'Europe. Effectivement, on a vraiment besoin d'une opposition, même F. Hollande s'en aperçoit. "
F. Hollande a vu quelqu'un qui faisait campagne quand même pour le compte de la droite, c'est madame Chirac ?
- "Oui. Ca a l'air de déranger mais je trouve bien que madame Chirac défende ses convictions. Elle le fait en plus avec talent. Elle dit " battez-vous ", c'est le meilleur conseil qu'elle peut donner à ceux qui sont tentés par le découragement. "
Est-ce que vous ne manquez pas de prises ? Finalement, tous les sondages publiés jusqu'à présent montrent qu'il y a au moins dans l'opinion publique française le désir de ne pas sanctionner le Gouvernement ?
- "On verra au résultat. Ce n'est pas les élections locales qui sont le meilleur test puisqu'on choisit un gestionnaire. Ce qui pose problème aujourd'hui, c'est Paris et Lyon, parce que pour le reste, les choses vont plutôt bien. Paris et Lyon donnent le sentiment de la division, démobilisent l'électorat de l'opposition alors que dans 92 % des villes nous avons su faire l'union. Cela ne se voit pas à cause de ces deux grandes villes. "
R. Bachelot disait " Paris nous plombe " ?
- "C'est ce que ressentent en tous cas tous les provinciaux. Plus que Paris, c'est en réalité Tiberi qui nous plombe. Le maintien de Tiberi en course, c'est la meilleure chance de M. Delanoë. J'espère que cela va se régler et que les électeurs vont comprendre que le vote utile, c'est le vote pour P. Séguin. Le vote pour Delanoë n'est qu'un vote de résignation. M. Delanoë n'a aucun charisme, ne représente pratiquement aucun projet. Il fait des voix simplement sur la résignation du corps électoral. "
R. Barre fait une analyse plus globale. Il dit " Paris, c'est à la fois la fin d'un système et la fin d'une époque ?
- "Dans quel état politique R. Barre a-t-il laissé Lyon pour pouvoir donner des conseils ?"
Cela vous paraît mal parti à Lyon ?
- "En tous cas, il y a quelques difficultés. Je pense que R. Barre n'est pas indemne des difficultés politiques que nous connaissons à Lyon. Alors ses conseils, je les reçois avec un petit peu d'ironie."
P. Séguin lui-même paraît un peu désabusé. L'autre soir, dans le 5ème arrondissement de Paris, il disait "nous allons résister jusqu'au bout". Cela a l'air d'annoncer déjà la défaite ?
- "En tous cas, c'est ce que font les sondeurs, les journalistes à longueur de temps. Tout le monde nous annonce que nous avons déjà perdu. Pour des gaullistes, ce n'est pas quelque chose qui les désarme. Nous nous battrons effectivement jusqu'au bout. Et il n'est pas dit que nous ayons perdu tant que nous n'avons pas livré la dernière bataille. Je crois que le corps électoral va comprendre qu'il ne faut pas voter Tiberi, parce que c'est la meilleure chance de Delanoë. "
La dernière bataille, c'est celle de la fusion au soir du premier tour ? M. Alliot-Marie va dans ce sens, Jean-louis Debré aussi ?
- "La fusion des listes ? Je crois que le problème ne se posera pas parce que pour être dans cette situation, il faut faire au moins 10 % et je n'imagine pas que des gens raisonnables puissent permettre à J. Tiberi de faire 10 %. "
Vous êtes sûr de vous ?
- "Je suis sûr du corps électoral"
Pourquoi J.-L. Debré propose-t-il de revenir à une entente ?
- "Il n'a pas dit cela, je l'ai entendu hier soir. Bien sûr, il faudra qu'il y ait un désistement républicain, il faudra qu'il y ait un rassemblement de l'électorat de l'opposition quelles qu'en soient les modalités. Mais pour ce qui est de la technique de la fusion, pour ce qui est de faire des listes communes, la loi prévoit un certain nombre de conditions et à mon avis, elles ne seront pas réunies. "
Vous êtes formel sur le plan même du principe, vous n'aimeriez pas la fusion ?
- "Je n'ai pas à me poser cette question puisque l'objectif pour nous est de faire un score suffisamment important au premier tour pour que la question de la fusion ne se pose même pas. "
M. Guaino par exemple, qui représente P. Séguin dans le 5ème arrondissement c'est-à-dire l'arrondissement de J. Tiberi, est beaucoup plus ferme que vous. Il dit "il n'en est pas question. Tout de même la politique, ce n'est pas une branche de la prostitution".
- "Ces paroles n'engagent que lui. Je me contente de vous dire que nous espérons arriver tellement en tête au premier tour que la question de J. Tiberi sera enfin réglée puisque c'est lui qui fait gagner Delanoë. "
Vous craignez le séisme que pourrait occasionner Paris ?
- "Non, mais j'espère qu'on en tirera quelques leçons. "
Lesquelles ?
- "La nécessité pour l'opposition non seulement d'être unie -tout le monde le dit, elle a beaucoup de mal - mais aussi de rénover son discours, d'avoir un discours d'opposition fondé - il y a des choses à dire contre la gauche et finalement nous les disons peu - et de renouveler ses personnels car elle en a besoin."
Vous voyez bien que la droite est relativement absente !
- "La droite a des problèmes, elle en a autant que la gauche. Finalement, quand vous regardez la gauche aujourd'hui, M. Jospin ou ses amis, tous ceux qui l'entourent, sont des gens qui sont au service depuis une trentaine d'années, qui disent des choses parfaitement archaïques, qui sont les seuls en Europe à tenir ce discours. La France est quand même le seul pays en Europe à avoir fait les 35 heures et à avoir organisé le travail d'une manière aussi rigide qu'elle le fait aujourd'hui. Et le contrôle social à la française, c'est-à-dire finalement une restriction des libertés, laisse un bel espace pour une opposition qui voudrait s'en emparer ! "
Les agriculteurs qui sont confrontés à de nombreuses difficultés en ce moment ont dit que c'est le RPR qui les pousse à manifester contre le Premier ministre quand il se rend dans les régions.
- "Non, c'est d'abord leur malheur car ils sont dans une situation très difficile. Ce que fait le Gouvernement apparaît quand même assez léger"
Il faudrait faire plus ? Et les mesures prises pour aider les éleveurs ?
- "Ce n'est pas un milliard et demi malheureusement qui peut résoudre la situation. Je conviens volontiers que la situation est très difficile pour un Gouvernement, quel qu'il soit, mais on peut comprendre les éleveurs. Jean-François Mattéi disait que depuis 1991, on a abandonné la vaccination contre la fièvre aphteuse. Aujourd'hui, cette imprévoyance risque de nous conduire à des catastrophes. "
Vous êtes sûr que le RPR n'est pour rien là-dedans ? Christian Jacob, qui est un ancien responsable du syndicat des jeunes agriculteurs et député RPR, dit dans Le Monde de samedi "C'est ce que j'ai proposé à J. Chirac, mais il a dit non".
- "Vous nous reprochez de faire de l'opposition, vous nous reprochez de soutenir les agriculteurs ? !! "
Vous avez lancé des ufs sur l'opposition
- "Je ne crois pas que ce soit le RPR qui ait lancé des ufs. Ce sont les agriculteurs qui sont très déçus par le comportement du Gouvernement. A Bruxelles aujourd'hui, la France est totalement isolée. L'attitude de M. Glavany quant aux changements de la PAC est illusoire. Ce ne sont pas les CTE, les Contrats Territoriaux d'Exploitation, qui vont transformer les agriculteurs en jardiniers, qui vont sauver l'agriculture française ! Ce n'est pas ce petit ersatz de politique agricole qui va permettre à nos agriculteurs de vivre ! "
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 5 mars 2001)
- "Nous faisons campagne aussi. Vous ne vous en apercevez pas mais nous faisons campagne. Je me suis déplacé, M. Alliot-Marie s'est beaucoup déplacée, F. Bayrou se déplace. "
Pourquoi ne nous en apercevons-nous pas ?"
- "Je ne sais pas. Il faut vous poser la question. "
F. Hollande se pose la question lui-même : y a-t-il encore une droite dans ce pays ?
- "Il a tort d'être aussi sûr de lui parce qu'il devrait se souvenir qu'en 1993, il n'avait guère que 50 députés. Nous aussi nous avons cru au Père Noël à ce moment-là et puis on a vu le résultat. C'est vrai que l'on a besoin d'une droite, F. Hollande a raison, parce que jamais nous n'avons eu une gauche aussi sûre d'elle-même. C'est désastreux pour le pays parce qu'elle est extrêmement conservatrice. Nous avons la gauche la plus archaïque d'Europe. Effectivement, on a vraiment besoin d'une opposition, même F. Hollande s'en aperçoit. "
F. Hollande a vu quelqu'un qui faisait campagne quand même pour le compte de la droite, c'est madame Chirac ?
- "Oui. Ca a l'air de déranger mais je trouve bien que madame Chirac défende ses convictions. Elle le fait en plus avec talent. Elle dit " battez-vous ", c'est le meilleur conseil qu'elle peut donner à ceux qui sont tentés par le découragement. "
Est-ce que vous ne manquez pas de prises ? Finalement, tous les sondages publiés jusqu'à présent montrent qu'il y a au moins dans l'opinion publique française le désir de ne pas sanctionner le Gouvernement ?
- "On verra au résultat. Ce n'est pas les élections locales qui sont le meilleur test puisqu'on choisit un gestionnaire. Ce qui pose problème aujourd'hui, c'est Paris et Lyon, parce que pour le reste, les choses vont plutôt bien. Paris et Lyon donnent le sentiment de la division, démobilisent l'électorat de l'opposition alors que dans 92 % des villes nous avons su faire l'union. Cela ne se voit pas à cause de ces deux grandes villes. "
R. Bachelot disait " Paris nous plombe " ?
- "C'est ce que ressentent en tous cas tous les provinciaux. Plus que Paris, c'est en réalité Tiberi qui nous plombe. Le maintien de Tiberi en course, c'est la meilleure chance de M. Delanoë. J'espère que cela va se régler et que les électeurs vont comprendre que le vote utile, c'est le vote pour P. Séguin. Le vote pour Delanoë n'est qu'un vote de résignation. M. Delanoë n'a aucun charisme, ne représente pratiquement aucun projet. Il fait des voix simplement sur la résignation du corps électoral. "
R. Barre fait une analyse plus globale. Il dit " Paris, c'est à la fois la fin d'un système et la fin d'une époque ?
- "Dans quel état politique R. Barre a-t-il laissé Lyon pour pouvoir donner des conseils ?"
Cela vous paraît mal parti à Lyon ?
- "En tous cas, il y a quelques difficultés. Je pense que R. Barre n'est pas indemne des difficultés politiques que nous connaissons à Lyon. Alors ses conseils, je les reçois avec un petit peu d'ironie."
P. Séguin lui-même paraît un peu désabusé. L'autre soir, dans le 5ème arrondissement de Paris, il disait "nous allons résister jusqu'au bout". Cela a l'air d'annoncer déjà la défaite ?
- "En tous cas, c'est ce que font les sondeurs, les journalistes à longueur de temps. Tout le monde nous annonce que nous avons déjà perdu. Pour des gaullistes, ce n'est pas quelque chose qui les désarme. Nous nous battrons effectivement jusqu'au bout. Et il n'est pas dit que nous ayons perdu tant que nous n'avons pas livré la dernière bataille. Je crois que le corps électoral va comprendre qu'il ne faut pas voter Tiberi, parce que c'est la meilleure chance de Delanoë. "
La dernière bataille, c'est celle de la fusion au soir du premier tour ? M. Alliot-Marie va dans ce sens, Jean-louis Debré aussi ?
- "La fusion des listes ? Je crois que le problème ne se posera pas parce que pour être dans cette situation, il faut faire au moins 10 % et je n'imagine pas que des gens raisonnables puissent permettre à J. Tiberi de faire 10 %. "
Vous êtes sûr de vous ?
- "Je suis sûr du corps électoral"
Pourquoi J.-L. Debré propose-t-il de revenir à une entente ?
- "Il n'a pas dit cela, je l'ai entendu hier soir. Bien sûr, il faudra qu'il y ait un désistement républicain, il faudra qu'il y ait un rassemblement de l'électorat de l'opposition quelles qu'en soient les modalités. Mais pour ce qui est de la technique de la fusion, pour ce qui est de faire des listes communes, la loi prévoit un certain nombre de conditions et à mon avis, elles ne seront pas réunies. "
Vous êtes formel sur le plan même du principe, vous n'aimeriez pas la fusion ?
- "Je n'ai pas à me poser cette question puisque l'objectif pour nous est de faire un score suffisamment important au premier tour pour que la question de la fusion ne se pose même pas. "
M. Guaino par exemple, qui représente P. Séguin dans le 5ème arrondissement c'est-à-dire l'arrondissement de J. Tiberi, est beaucoup plus ferme que vous. Il dit "il n'en est pas question. Tout de même la politique, ce n'est pas une branche de la prostitution".
- "Ces paroles n'engagent que lui. Je me contente de vous dire que nous espérons arriver tellement en tête au premier tour que la question de J. Tiberi sera enfin réglée puisque c'est lui qui fait gagner Delanoë. "
Vous craignez le séisme que pourrait occasionner Paris ?
- "Non, mais j'espère qu'on en tirera quelques leçons. "
Lesquelles ?
- "La nécessité pour l'opposition non seulement d'être unie -tout le monde le dit, elle a beaucoup de mal - mais aussi de rénover son discours, d'avoir un discours d'opposition fondé - il y a des choses à dire contre la gauche et finalement nous les disons peu - et de renouveler ses personnels car elle en a besoin."
Vous voyez bien que la droite est relativement absente !
- "La droite a des problèmes, elle en a autant que la gauche. Finalement, quand vous regardez la gauche aujourd'hui, M. Jospin ou ses amis, tous ceux qui l'entourent, sont des gens qui sont au service depuis une trentaine d'années, qui disent des choses parfaitement archaïques, qui sont les seuls en Europe à tenir ce discours. La France est quand même le seul pays en Europe à avoir fait les 35 heures et à avoir organisé le travail d'une manière aussi rigide qu'elle le fait aujourd'hui. Et le contrôle social à la française, c'est-à-dire finalement une restriction des libertés, laisse un bel espace pour une opposition qui voudrait s'en emparer ! "
Les agriculteurs qui sont confrontés à de nombreuses difficultés en ce moment ont dit que c'est le RPR qui les pousse à manifester contre le Premier ministre quand il se rend dans les régions.
- "Non, c'est d'abord leur malheur car ils sont dans une situation très difficile. Ce que fait le Gouvernement apparaît quand même assez léger"
Il faudrait faire plus ? Et les mesures prises pour aider les éleveurs ?
- "Ce n'est pas un milliard et demi malheureusement qui peut résoudre la situation. Je conviens volontiers que la situation est très difficile pour un Gouvernement, quel qu'il soit, mais on peut comprendre les éleveurs. Jean-François Mattéi disait que depuis 1991, on a abandonné la vaccination contre la fièvre aphteuse. Aujourd'hui, cette imprévoyance risque de nous conduire à des catastrophes. "
Vous êtes sûr que le RPR n'est pour rien là-dedans ? Christian Jacob, qui est un ancien responsable du syndicat des jeunes agriculteurs et député RPR, dit dans Le Monde de samedi "C'est ce que j'ai proposé à J. Chirac, mais il a dit non".
- "Vous nous reprochez de faire de l'opposition, vous nous reprochez de soutenir les agriculteurs ? !! "
Vous avez lancé des ufs sur l'opposition
- "Je ne crois pas que ce soit le RPR qui ait lancé des ufs. Ce sont les agriculteurs qui sont très déçus par le comportement du Gouvernement. A Bruxelles aujourd'hui, la France est totalement isolée. L'attitude de M. Glavany quant aux changements de la PAC est illusoire. Ce ne sont pas les CTE, les Contrats Territoriaux d'Exploitation, qui vont transformer les agriculteurs en jardiniers, qui vont sauver l'agriculture française ! Ce n'est pas ce petit ersatz de politique agricole qui va permettre à nos agriculteurs de vivre ! "
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 5 mars 2001)