Déclaration de M. François Fillon, Premier ministre, sur les relations franco-canadiennes, les relations de l'Union européenne avec le Canada et sur la libération d'Ingrid Betancourt, Ottawa le 2 juillet 2008.

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Circonstance : Voyage officiel au Canada du 2 au 4 juillet 2008-point de presse avec le Premier ministre du Canada, Stephen Harper le 2

Texte intégral

Merci, Monsieur le Premier ministre. Il n'est pas nécessaire de rappeler les liens d'amitié et les liens historiques, les liens profonds qui unissent la France et le Canada. Ces liens sont d'une densité exceptionnelle ; ce n'est pas une formule convenue que le dire, c'est la réalité. Le 400ème anniversaire de la fondation de la ville de Québec a un très grand retentissement en France, comme l'a montré d'ailleurs la récente visite de la Gouverneure générale, Madame Jean.
Je vous ai rencontré, Monsieur le Premier ministre, à deux reprises cette année, et vous allez présider, avec le Président de la République française, les 17 et 18 octobre prochains, le sommet Union européenne-Canada, puis le sommet de la Francophonie.
Demain, j'aurai l'occasion, à Québec, de célébrer, 400 ans, jour pour jour, l'arrivée en barque de Samuel de Champlain. C'est un peu l'établissement permanent du fait français en Amérique qui sera célébré. Un hommage aux francophones de tout le Canada, un écho à notre attachement commun, au respect et la promotion de la diversité culturelle.
Mais cette visite, n'est pas seulement une visite commémorative, et nous avons voulu ensemble la placer sous le signe de l'innovation scientifique et technologique. Le commerce bilatéral entre la France et le Canada a atteint, en 2007 un niveau record, de 5 milliards d'euros ; les biens industriels qui font l'essentiel de ces échanges commerciaux sont des biens à fort contenu technologique ; les entreprises françaises font aussi le choix de l'investissement. La France est le quatrième investisseur au Canada, et au sein du Canada, le deuxième investisseur au Québec. Un demi-millier de filiales et de succursales françaises emploient aujourd'hui un peu plus de 60.000 personnes au Canada. Et comme vous l'avez rappelé, Monsieur le Premier ministre, des accords très importants viennent d'être signés qui vont permettre d'aller plus loin, dans le financement des projets de recherche, des petites et moyennes entreprises ; dans la coopération universitaire, en particulier dans un champ qui nous est très cher, qui est celui du nucléaire. Et également, dans le domaine de l'évaluation des risques sanitaires.
Nous avons, avec le Premier ministre Harper, abordé aussi les questions internationales. La France et le Canada sont des partenaires diplomatiques majeurs qui partagent des valeurs communes. Et Monsieur Harper, dans 48 heures, rejoindra le Président Sarkozy pour le sommet du G8. Il évoquera à cette occasion la situation en Afghanistan. Nous savons le très lourd tribut payé par le Canada dans ce pays pour sa libération, pour la défense des valeurs qui nous sont communes.
Je veux vous dire que l'Afghanistan est devenu pour la France le principal théâtre d'interventions militaires à l'étranger, même si nous sommes aussi ailleurs, comme au Liban ou en Afrique pour les réfugiés du Darfour. Nous resterons en Afghanistan aussi longtemps que nécessaire. La conférence de soutien qui s'est tenue à Paris le mois dernier, a permis d'annoncer une mobilisation de 20 milliards de dollars sur trois ans de la part de l'ensemble de la communauté internationale pour la reconstruction de ce pays, et pour la formation des forces de sécurité.
Nous avons évidemment évoqué ensemble la Présidence française de l'Union européenne, que nous avons lancée avec le président de la République et la Commission européenne hier. Nous allons, dans le cadre de cette Présidence française, insister sur plusieurs sujets dont deux ont un écho important, ici, au Canada.
Le premier, c'est la consolidation d'une Europe de la défense qui soit complémentaire de l'Alliance atlantique. Nous pensons qu'une Europe plus forte dans une Alliance atlantique cohérente, c'est aussi une Alliance atlantique plus forte.
Et puis le deuxième sujet, c'est la lutte contre le changement climatique. L'Europe va prendre un engagement de réduction de 20 % des émissions de gaz à effet de serre par rapport à la situation qui prévalait en 1990. Mais l'Europe ne peut pas agir seule. Nous avons besoin d'un accord international ambitieux en 2009, à Copenhague, dans les négociations de l'ONU sur le changement climatique. Et pour faire évoluer la position des grands pays émergents, nous savons que les pays industrialisés - le Canada, l'Europe, les Etats-Unis - devront montrer l'exemple.
Monsieur Harper coprésidera avec le président de la République le sommet Union européenne - Canada en octobre prochain. La France veut saisir cette occasion pour donner une impulsion décisive à notre relation économique bilatérale, et en particulier à l'enclenchement de la négociation que souhaite le Canada pour un accord économique entre l'Union européenne et le Canada.
Enfin, je veux vous dire que la France admire aussi le Canada pour sa jeunesse, pour son dynamisme, pour sa capacité à se réformer. Et comme je le disais à l'instant au Premier ministre, nous avons pris exemple sur le Canada pour engager notre propre réforme de notre système administratif. Le Canada est d'ailleurs le seul pays étranger qui est cité dans la lettre de mission que le président de la République et moi-même nous avons envoyée à tous les ministres pour leur demander de réformer leur administration, avec comme objectif d'arriver à l'équilibre budgétaire.
Monsieur le Premier ministre, vous comprendrez aisément qu'à cet instant, mes pensées se tournent aussi vers la Colombie. Ce soir, c'est un immense soulagement, c'est une vraie joie que de savoir qu'Ingrid Betancourt et les autres otages qui étaient retenus avec elle sont enfin libérés. Je pense à la mère d'Ingrid Betancourt, Yolanda, que j'ai rencontrée à maintes reprises et encore cet hiver en Argentine ; je pense à ses enfants, Lorenzo et Mélanie ; à sa soeur Astrid, à toute sa famille qui pendant six ans n'ont jamais perdu l'espoir. Comme nous d'ailleurs, nous n'avons jamais perdu l'espoir, et nous avons eu raison de continuer à nous battre, même aux moments les plus sombres, parce que nous savions qu'il fallait tout essayer et qu'il fallait le faire avec d'autant plus de force, et d'autant plus vite, que l'état de santé d'I. Betancourt se dégradait.
Comme l'a fait il y a quelques minutes le président de la République française, je veux à mon tour remercier le président colombien, Alvaro Uribe, et les autorités colombiennes qui ont permis la libération d'I. Betancourt. Je veux aussi remercier tous les chefs d'Etat qui se sont mobilisés pour sauver I. Betancourt. Et j'attends maintenant, évidemment, avec beaucoup d'impatience, comme toute sa famille, comme tous ses amis, de la retrouver en bonne santé, en France, dès qu'elle pourra s'y rendre.
Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 7 juillet 2008