Texte intégral
Mes chers amis,
J'ai compris que votre matinée avait été longue. Je vais vous rassurer, la mienne aussi, puisque je descends tout juste de l'avion qui me ramenait de la Belle province du Québec. J'ai participé, je dois le dire, avec beaucoup d'émotion, au 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec. Une ville fondée par un poitevin, qui aurait pu être Jean-Pierre Raffarin, tant il est estimé et respecté sur les bords du Saint-Laurent. Je voudrais lui rendre hommage parce qu'il a présidé pour la France l'organisation de ces fêtes du 400e anniversaire. Il l'a fait avec beaucoup de chaleur et d'efficacité. Il l'a fait pour défendre notre pays, notre culture et notre langue. Merci Jean-Pierre.
Au Québec, comme dans toute l'Amérique du Nord, on regarde la France avec étonnement. La belle endormie serait-elle en train de se réveiller ? Il n'y a rien de tel que le regard des autres pour voir clairement au fond de soi-même. La France, pays conservateur, immobile, pays du « toujours plus », disait-on. Chacun voit à l'extérieur que cette France-là n'est plus la France d'aujourd'hui.
En une année - j'aurais envie d'ajouter : seulement - des pans entiers de la société se sont métamorphosés. Cela, sous le regard médusé de l'opposition, qui aurait tellement voulu gagner par la rue ce qu'elle n'a pas su gagner par les urnes. L'opposition a beau se joindre à tous les cortèges, elle a beau dire non à tout ce que nous disons, à tout ce que nous faisons, vous le voyez bien, cela ne prend pas. Parce que la France change, elle a déjà changé et vous, militants de l'UMP, pouvez dès à présent en tirer quelque orgueil.
Souvenez-vous simplement de la situation qui était la nôtre, il y a encore quelques années.
Hier, la question de l'emploi dans notre pays se résumait au partage du travail et à ce mot de « RTT » que nous avons inventé mais jamais réussi à exporter... Aujourd'hui, de quoi parle-t-on s'agissant d'emploi dans notre pays ? De qui fera des heures supplémentaires.
Hier, la question de la solidarité se résumait en France a un peu plus ou moins d'assistanat. Aujourd'hui, de quoi débattons-nous dans la majorité au Parlement ? Du Revenu de Solidarité Active dont la philosophie nous est chère parce que c'est celle de la dignité par le travail.
Hier, les droits légitimes des chômeurs n'étaient pas équilibrés par des devoirs. Aujourd'hui, nul ne pourra renoncer à deux offres d'emploi raisonnables.
Hier sur la délinquance et la violence, le coupable était une victime malgré elle. Désormais, le sens de la responsabilité sanctionne la culture de l'impunité.
Hier, les usagers des transports publics et ceux de l'école devaient faire avec les grèves. Et d'ailleurs nul n'osait s'en offusquer, si ce n'est les Français eux-mêmes qui en subissaient les conséquences. Maintenant, avec le service minimum, c'est le service public qui doit se mettre au service des usagers et non le contraire.
Hier, sur la question de l'immigration, nous n'avions le choix qu'entre l'immigration zéro du Front national et la fausse générosité d'une gauche qui fermait les yeux sur les drames humains de l'immigration clandestine. Nous y avons mis un terme avec l'immigration choisie qui entre dans les faits. Désormais, la France est en mesure de dire qui elle veut accueillir sur son sol et dans quelles conditions. Et dans quelques semaines, nous allons faire adopter à l'unanimité des 27 pays européens un pacte sur l'immigration et l'intégration, montrant à quel point les critiques de l'opposition et de la gauche sont malvenues, ringardes et déplacées.
Hier, la question des régimes spéciaux de retraite faisait trembler tous les gouvernements. Ils sont désormais réformés et le principe d'équité s'est imposé.
Hier, l'écologie était enfermée dans un ghetto. Voici aujourd'hui la nécessité du développement durable qui imprime notre comportement et nos actes.
Hier enfin, les syndicats ne voyaient pas d'autre méthode, d'autre finalité que de s'opposer et de harceler le pouvoir en place. Les voici à présent poussés à prendre leurs responsabilités.
Mes chers amis,
Si vous faites la somme de toutes ces évolutions, chacune aurait provoqué, il y a quelques années, le refus, le tollé, la mobilisation et, sans doute, finalement, le recul du gouvernement. Que trouve-t-on derrière chacune d'entre elles, que voit-on ? Une transformation de fond.
La France n'a pas seulement changé ses lois. La France a changé de cap, de culture, de valeurs et de politique. C'est une inflexion historique et idéologique qui est à l'oeuvre et qui récompense notre stratégie politique.
Cette stratégie est d'abord fondée sur le respect scrupuleux de nos engagements. On peut nous reprocher beaucoup de choses, mais pas de nous écarter de notre projet. Ce que le Président a dit, ce sur quoi il a été élu, nous sommes en train de le faire. Cette fidélité donnée à la parole est le gage de notre crédibilité, c'est la clé du rétablissement de la confiance entre les Français et la politique.
La crise que nous avons connue pendant vingt ans, qui a culminé avec le 1er tour de l'élection présidentielle de 2002, était due au fait qu'il n'y avait plus cette confiance entre la politique et les Français. La seule façon de rétablir cette confiance est d'aller devant les électeurs avec un projet politique et si les électeurs le choisissent, de le mettre en oeuvre imperturbablement, intégralement, sans faiblir et sans jamais reculer devant les résistances, d'où qu'elle viennent.
Cette stratégie repose aussi sur une vertu, celle de l'autorité politique. Au cours des dernières décennies, à force de céder à la première manifestation, à force de remiser ses convictions au premier cri hostile, les Français en ont conclu que les gouvernements n'étaient ni réellement investis d'une mission, ni réellement décidés à l'accomplir.
Il était temps de redresser l'autorité de l'Etat. Quand on croit à ce que l'on fait, on fait ce que l'on croit. Depuis un an, nous avons tracé notre chemin sans fléchir, sans céder. Nous l'avons fait aussi sans arrogance et sans brutalité, mais avec la conviction intime que la modernisation de notre pays n'était plus négociable.
Nous poursuivons trois objectifs centraux, vitaux et rien ne doit nous écarter de notre devoir. Le premier de ces objectifs, c'est le plein emploi. Il est, en réalité, au coeur de tous les enjeux. Au coeur de la compétitivité de notre pays, du pouvoir d'achat, du maintien de notre système social et même de notre unité républicaine.
Après avoir fusionné l'ANPE et l'UNEDIC pour faire un grand service public de l'emploi plus efficace ; après avoir réformé le contrat de travail, pour la première fois depuis les années 60 avec le soutien des organisations syndicales ; après avoir réformé l'assurance chômage ; nous nous apprêtons, en ce moment-même au Parlement, à nous libérer des 35 heures en replaçant la négociation du temps de travail au sein-même des entreprises.
Le second objectif consiste à placer la France dans les premiers Etats européens en matière de croissance. C'est un combat que naturellement la conjoncture économique internationale rend difficile, mais qui, en même temps, le rend plus actuel que jamais.
La croissance ne se décrète pas, il faut aller la chercher avec des réformes. Si notre pays a connu, depuis si longtemps, moins de croissance que les autres pays développés européens, c'est pour une seule raison : parce que nous avions plus de réglementations que les autres.
Alors, nous avons mis le paquet sur l'université en lui donnant l'autonomie, sur la recherche et sur l'innovation. Nous allons le mettre sur la participation et sur l'intéressement afin de mettre le capital au service de la mobilisation du travail. Et, enfin, nous sommes en train de débattre au Parlement d'une Loi de modernisation de l'économie qui met l'accent sur deux leviers incontournables : les PME, qui vont enfin pouvoir se développer, et la concurrence qui, elle aussi, va pouvoir se déployer plus librement.
Mes chers amis, il est inutile de dire notre admiration pour les pays qui ont mieux réussi que nous en Europe en matière de croissance et, en même temps, refuser d'employer les méthodes qui font leur succès. Ces méthodes sont simples, elles ont deux noms : liberté et concurrence.
Le troisième objectif, c'est la maîtrise de nos finances publiques et de nos comptes sociaux. Cela fait tellement longtemps que nos budgets sont votés en déficit : 34 ans. Tous les Français de moins de 34 ans pensent que cela marche ainsi. Et tous les Français qui ont plus de 34 ans se disent que, si cela a duré 34 ans, cela va durer encore quelques années.
Je veux vous dire aujourd'hui, solennellement, que je ne serai pas le Premier ministre qui laissera à nos enfants la facture de nos imprévoyances et de notre lâcheté. Ce n'est pas en multipliant nos déficits et notre endettement que nous créerons les conditions d'une croissance saine et durable.
Le budget de l'Etat sur les trois prochaines années sera donc strictement maintenu en volume, il n'y aura pas d'augmentation des dépenses, la règle de non remplacement d'un départ sur deux de fonctionnaires partant à la retraite sera strictement respectée et la réforme de l'Etat va se poursuivre. Après la réforme de la carte judiciaire, il y aura la réforme de l'organisation de nos armées et celle de notre système de santé.
Quant à nos comptes sociaux, l'objectif d'équilibre du régime général en 2011 nous oblige à des efforts partagés. Une sécurité sociale en déficit, c'est une génération qui s'endette au détriment d'une autre. C'est injuste, c'est même immoral et nous n'avons pas le droit de prendre une telle responsabilité.
Ces trois principaux objectifs s'inscrivent dans un environnement international particulièrement difficile, avec le fléchissement de la croissance et le renchérissement des matières premières, principalement du pétrole. Cette situation n'exige pas de la démagogie et ne nous impose pas d'adopter un langage populiste, elle exige un discours de vérité.
Il faut d'abord dire la vérité sur les efforts que nous allons devoir fournir pour aller chercher chaque point de croissance.
Il faut ensuite dire la vérité sur les efforts que nous devons collectivement entreprendre pour maîtriser la transition énergétique parce que c'est la réalité ; nous sommes en train de passer de l'ère du tout pétrole à une nouvelle ère où il faudra remplacer ce pétrole par d'autres énergies.
Il faut également dire les efforts partagés que nous devons assumer pour redresser nos finances publiques et sécuriser notre modèle social.
Il faut enfin, et vous l'avez fait avec quel éclat ce matin, dire la vérité sur l'avenir de l'Europe qui, à force d'être maltraitée, risque un jour de s'échouer. Il faut avoir le courage de le dire : si l'Europe est mal aimée, c'est parce qu'elle est devenue le bouc émissaire de tous nos maux, dont certains ont d'ailleurs bien peu de choses à voir avec l'Union.
Mais il faut également avoir le courage de le dire, comme l'a fait Nicolas Sarkozy ce matin, si l'Europe est mal comprise, c'est parce que l'Union n'a pas toujours su trouver les mots et les actes pour susciter une adhésion plus puissante que la somme de toutes les contestations.
Avec Nicolas Sarkozy, nous entamons la présidence de l'Union européenne avec beaucoup de gravité et de responsabilité. L'Europe a besoin de retrouver un dessein politique, elle a besoin d'être portée par des projets concrets et, au-delà des questions institutionnelles, de démontrer à nos concitoyens qu'elle est là pour nous protéger, pour mobiliser et pour nous grandir.
Mes chers amis,
Vous le savez bien, on ne transforme pas un vieux pays comme la France en quelques mois. Nous avons besoin de la durée, de la ténacité et de la continuité. Les réformes que nous conduisons exigent que la réalisation et la concrétisation soient suivies chaque jour par le gouvernement, par la majorité, par l'UMP. Ces réformes exigent aussi une nouvelle pratique de la démocratie et c'est ce que nous sommes en train de faire au Parlement en proposant une réforme de notre constitution.
Cette réforme s'inscrit complètement dans l'esprit de la Ve République. Elle ne remet pas en cause les équilibres de notre République qui nous ont donné cette stabilité que beaucoup nous envient. Elle vise simplement à adapter le rôle du Parlement à celui de la société française.
Nous ne pouvons pas être le pays le moins démocratique de tous les pays européens. Nous ne pouvons pas être le pays où le Parlement a le moins de pouvoir. Parce que lorsque le Parlement n'a pas de pouvoir, d'autres le prennent à sa place : la rue, les populistes, ceux qui commentent l'actualité et non plus ceux élus par les Français pour les représenter.
Si l'opposition refuse cette réforme constitutionnelle, il faudra qu'elle s'explique. Cela fait 20 ans qu'on entend la gauche nous dire, à chaque instant, de donner plus de pouvoir au Parlement. Et voilà que nous le faisons et voilà qu'elle s'apprête, en tout cas c'est ce qu'elle nous dit, à nous le refuser, pour une seule raison : parce que c'est Nicolas Sarkozy qui la lui propose...
Alors, je compte sur l'UMP pour ne pas laisser à la gauche le pouvoir de dire n'importe quoi. Le Parti socialiste prépare son congrès dans la plus grande confusion idéologique et la seule chose qui le rassemble, ce sont les attaques contre le président de la République.
Moi, j'invite l'opposition à se regarder elle-même. Je l'invite à se poser les bonnes questions sur elle-même. Que le Parti socialiste soit encore à se demander s'il faut ou non accepter le libéralisme économique est consternant. Que ce parti s'interroge encore sur les exigences de la mondialisation est effarant.
À force d'esquiver les réalités, de ne pas avoir modernisé le socialisme, une partie des électeurs de gauche en a conclu qu'il valait mieux l'original à la copie. Et l'original, c'est l'extrême gauche, dont la popularité du leader n'est pas un bon signe pour la démocratie. À l'époque, nous avons lutté bec et ongles contre le Front national et ses thèses. Je le dis à l'opposition et au Parti socialiste, il est grand temps que la gauche en fasse de même avec ses extrêmes.
À vrai dire, qu'importe ce qui se dit dans l'opposition. Avec Nicolas Sarkozy, nous avons un cap et nous le suivons avec une seule idée. Nous voulons être jugés par l'Histoire, pas par les procureurs d'un jour. Personnellement, je ne redoute pas le jugement de l'Histoire. Je le redoute d'autant moins que je ressens comme vous une grande fierté devant le retour en force de la France dans le monde.
Il existe un message universel de la France. Ce message est le fruit de notre Histoire et de notre culture véhiculé par notre langue. C'est ainsi, la France a besoin de parler au monde. Ce n'est pas de l'arrogance ou de l'ignorance face aux changements du monde, mais la France porte des valeurs qui lui sont spécifiques. Une mondialisation plus éthique, le respect des droits de l'Homme et surtout, mes chers amis, la passion de la liberté.
C'est cette passion de la liberté que nous avons ressentie en écoutant le discours du président de la République à Jérusalem devant le Parlement israélien, puis le lendemain à Bethléem, devant les responsables de la Palestine.
C'est cette passion de la liberté que nous allons ressentir le 13 juillet prochain, quand nous verrons à Paris, autour de la même table, tous les chefs d'Etat de l'Union européenne et du bassin méditerranéen rassemblés pour porter sur les fonts baptismaux l'Union pour la Méditerranée.
Parce que, mes chers amis, on ne résout pas les crises en empêchant les gens de se parler. On résout les crises en les forçant à dialoguer et la meilleure façon de les y forcer, c'est de leur proposer un projet concret.
Nous-mêmes, Européens, n'avons pas de leçon à donner. Pendant des siècles, nous nous sommes entretués et la violence a certainement atteint son paroxysme au XXe siècle, sur notre continent. Comment sommes-nous sortis de cette situation, à laquelle nous semblions condamnés pour l'éternité ? Avec l'Europe. Parce que nous avons décidé, parce que des hommes courageux et clairvoyants ont décidé de nous rassembler autour de projets communs. C'est exactement la même chose que Nicolas Sarkozy a proposé aux pays du bassin méditerranéen.
Enfin, mes chers amis, cette passion de la liberté nous a transportée lorsque nous avons vu, il y a quelques heures, le visage d'Ingrid Betancourt libre, au Palais de l'Elysée, en compagnie du président de la République.
J'étais au Canada et je peux vous dire que toute l'actualité québécoise et canadienne était envahie par cette image et ce message. J'ai alors ressenti une grande fierté d'avoir sonné, avec le président de la République, depuis un an, la mobilisation générale pour la liberté d'Ingrid Betancourt. J'ai ressenti une grande fierté de l'avoir aidée à éviter de tomber dans l'oubli dans lequel elle menaçait de s'engloutir.
La libération d'Ingrid Betancourt, le discours du président de la République devant la Knesset ou l'Union de la Méditerranée sont le symbole du retour de la France dans le monde.
Ce retour de la France dans le monde, nous le devons à Nicolas Sarkozy, au gouvernement que je suis fier de conduire, à l'UMP, à la majorité présidentielle et nous le devons aux Français qui nous soutiennent. Mais, nous le devons également à cette France éternelle qui ne renoncera jamais à conduire tous les combats pour la liberté.
Source http://www.u-m-p.org, le 7 juillet 2008
J'ai compris que votre matinée avait été longue. Je vais vous rassurer, la mienne aussi, puisque je descends tout juste de l'avion qui me ramenait de la Belle province du Québec. J'ai participé, je dois le dire, avec beaucoup d'émotion, au 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec. Une ville fondée par un poitevin, qui aurait pu être Jean-Pierre Raffarin, tant il est estimé et respecté sur les bords du Saint-Laurent. Je voudrais lui rendre hommage parce qu'il a présidé pour la France l'organisation de ces fêtes du 400e anniversaire. Il l'a fait avec beaucoup de chaleur et d'efficacité. Il l'a fait pour défendre notre pays, notre culture et notre langue. Merci Jean-Pierre.
Au Québec, comme dans toute l'Amérique du Nord, on regarde la France avec étonnement. La belle endormie serait-elle en train de se réveiller ? Il n'y a rien de tel que le regard des autres pour voir clairement au fond de soi-même. La France, pays conservateur, immobile, pays du « toujours plus », disait-on. Chacun voit à l'extérieur que cette France-là n'est plus la France d'aujourd'hui.
En une année - j'aurais envie d'ajouter : seulement - des pans entiers de la société se sont métamorphosés. Cela, sous le regard médusé de l'opposition, qui aurait tellement voulu gagner par la rue ce qu'elle n'a pas su gagner par les urnes. L'opposition a beau se joindre à tous les cortèges, elle a beau dire non à tout ce que nous disons, à tout ce que nous faisons, vous le voyez bien, cela ne prend pas. Parce que la France change, elle a déjà changé et vous, militants de l'UMP, pouvez dès à présent en tirer quelque orgueil.
Souvenez-vous simplement de la situation qui était la nôtre, il y a encore quelques années.
Hier, la question de l'emploi dans notre pays se résumait au partage du travail et à ce mot de « RTT » que nous avons inventé mais jamais réussi à exporter... Aujourd'hui, de quoi parle-t-on s'agissant d'emploi dans notre pays ? De qui fera des heures supplémentaires.
Hier, la question de la solidarité se résumait en France a un peu plus ou moins d'assistanat. Aujourd'hui, de quoi débattons-nous dans la majorité au Parlement ? Du Revenu de Solidarité Active dont la philosophie nous est chère parce que c'est celle de la dignité par le travail.
Hier, les droits légitimes des chômeurs n'étaient pas équilibrés par des devoirs. Aujourd'hui, nul ne pourra renoncer à deux offres d'emploi raisonnables.
Hier sur la délinquance et la violence, le coupable était une victime malgré elle. Désormais, le sens de la responsabilité sanctionne la culture de l'impunité.
Hier, les usagers des transports publics et ceux de l'école devaient faire avec les grèves. Et d'ailleurs nul n'osait s'en offusquer, si ce n'est les Français eux-mêmes qui en subissaient les conséquences. Maintenant, avec le service minimum, c'est le service public qui doit se mettre au service des usagers et non le contraire.
Hier, sur la question de l'immigration, nous n'avions le choix qu'entre l'immigration zéro du Front national et la fausse générosité d'une gauche qui fermait les yeux sur les drames humains de l'immigration clandestine. Nous y avons mis un terme avec l'immigration choisie qui entre dans les faits. Désormais, la France est en mesure de dire qui elle veut accueillir sur son sol et dans quelles conditions. Et dans quelques semaines, nous allons faire adopter à l'unanimité des 27 pays européens un pacte sur l'immigration et l'intégration, montrant à quel point les critiques de l'opposition et de la gauche sont malvenues, ringardes et déplacées.
Hier, la question des régimes spéciaux de retraite faisait trembler tous les gouvernements. Ils sont désormais réformés et le principe d'équité s'est imposé.
Hier, l'écologie était enfermée dans un ghetto. Voici aujourd'hui la nécessité du développement durable qui imprime notre comportement et nos actes.
Hier enfin, les syndicats ne voyaient pas d'autre méthode, d'autre finalité que de s'opposer et de harceler le pouvoir en place. Les voici à présent poussés à prendre leurs responsabilités.
Mes chers amis,
Si vous faites la somme de toutes ces évolutions, chacune aurait provoqué, il y a quelques années, le refus, le tollé, la mobilisation et, sans doute, finalement, le recul du gouvernement. Que trouve-t-on derrière chacune d'entre elles, que voit-on ? Une transformation de fond.
La France n'a pas seulement changé ses lois. La France a changé de cap, de culture, de valeurs et de politique. C'est une inflexion historique et idéologique qui est à l'oeuvre et qui récompense notre stratégie politique.
Cette stratégie est d'abord fondée sur le respect scrupuleux de nos engagements. On peut nous reprocher beaucoup de choses, mais pas de nous écarter de notre projet. Ce que le Président a dit, ce sur quoi il a été élu, nous sommes en train de le faire. Cette fidélité donnée à la parole est le gage de notre crédibilité, c'est la clé du rétablissement de la confiance entre les Français et la politique.
La crise que nous avons connue pendant vingt ans, qui a culminé avec le 1er tour de l'élection présidentielle de 2002, était due au fait qu'il n'y avait plus cette confiance entre la politique et les Français. La seule façon de rétablir cette confiance est d'aller devant les électeurs avec un projet politique et si les électeurs le choisissent, de le mettre en oeuvre imperturbablement, intégralement, sans faiblir et sans jamais reculer devant les résistances, d'où qu'elle viennent.
Cette stratégie repose aussi sur une vertu, celle de l'autorité politique. Au cours des dernières décennies, à force de céder à la première manifestation, à force de remiser ses convictions au premier cri hostile, les Français en ont conclu que les gouvernements n'étaient ni réellement investis d'une mission, ni réellement décidés à l'accomplir.
Il était temps de redresser l'autorité de l'Etat. Quand on croit à ce que l'on fait, on fait ce que l'on croit. Depuis un an, nous avons tracé notre chemin sans fléchir, sans céder. Nous l'avons fait aussi sans arrogance et sans brutalité, mais avec la conviction intime que la modernisation de notre pays n'était plus négociable.
Nous poursuivons trois objectifs centraux, vitaux et rien ne doit nous écarter de notre devoir. Le premier de ces objectifs, c'est le plein emploi. Il est, en réalité, au coeur de tous les enjeux. Au coeur de la compétitivité de notre pays, du pouvoir d'achat, du maintien de notre système social et même de notre unité républicaine.
Après avoir fusionné l'ANPE et l'UNEDIC pour faire un grand service public de l'emploi plus efficace ; après avoir réformé le contrat de travail, pour la première fois depuis les années 60 avec le soutien des organisations syndicales ; après avoir réformé l'assurance chômage ; nous nous apprêtons, en ce moment-même au Parlement, à nous libérer des 35 heures en replaçant la négociation du temps de travail au sein-même des entreprises.
Le second objectif consiste à placer la France dans les premiers Etats européens en matière de croissance. C'est un combat que naturellement la conjoncture économique internationale rend difficile, mais qui, en même temps, le rend plus actuel que jamais.
La croissance ne se décrète pas, il faut aller la chercher avec des réformes. Si notre pays a connu, depuis si longtemps, moins de croissance que les autres pays développés européens, c'est pour une seule raison : parce que nous avions plus de réglementations que les autres.
Alors, nous avons mis le paquet sur l'université en lui donnant l'autonomie, sur la recherche et sur l'innovation. Nous allons le mettre sur la participation et sur l'intéressement afin de mettre le capital au service de la mobilisation du travail. Et, enfin, nous sommes en train de débattre au Parlement d'une Loi de modernisation de l'économie qui met l'accent sur deux leviers incontournables : les PME, qui vont enfin pouvoir se développer, et la concurrence qui, elle aussi, va pouvoir se déployer plus librement.
Mes chers amis, il est inutile de dire notre admiration pour les pays qui ont mieux réussi que nous en Europe en matière de croissance et, en même temps, refuser d'employer les méthodes qui font leur succès. Ces méthodes sont simples, elles ont deux noms : liberté et concurrence.
Le troisième objectif, c'est la maîtrise de nos finances publiques et de nos comptes sociaux. Cela fait tellement longtemps que nos budgets sont votés en déficit : 34 ans. Tous les Français de moins de 34 ans pensent que cela marche ainsi. Et tous les Français qui ont plus de 34 ans se disent que, si cela a duré 34 ans, cela va durer encore quelques années.
Je veux vous dire aujourd'hui, solennellement, que je ne serai pas le Premier ministre qui laissera à nos enfants la facture de nos imprévoyances et de notre lâcheté. Ce n'est pas en multipliant nos déficits et notre endettement que nous créerons les conditions d'une croissance saine et durable.
Le budget de l'Etat sur les trois prochaines années sera donc strictement maintenu en volume, il n'y aura pas d'augmentation des dépenses, la règle de non remplacement d'un départ sur deux de fonctionnaires partant à la retraite sera strictement respectée et la réforme de l'Etat va se poursuivre. Après la réforme de la carte judiciaire, il y aura la réforme de l'organisation de nos armées et celle de notre système de santé.
Quant à nos comptes sociaux, l'objectif d'équilibre du régime général en 2011 nous oblige à des efforts partagés. Une sécurité sociale en déficit, c'est une génération qui s'endette au détriment d'une autre. C'est injuste, c'est même immoral et nous n'avons pas le droit de prendre une telle responsabilité.
Ces trois principaux objectifs s'inscrivent dans un environnement international particulièrement difficile, avec le fléchissement de la croissance et le renchérissement des matières premières, principalement du pétrole. Cette situation n'exige pas de la démagogie et ne nous impose pas d'adopter un langage populiste, elle exige un discours de vérité.
Il faut d'abord dire la vérité sur les efforts que nous allons devoir fournir pour aller chercher chaque point de croissance.
Il faut ensuite dire la vérité sur les efforts que nous devons collectivement entreprendre pour maîtriser la transition énergétique parce que c'est la réalité ; nous sommes en train de passer de l'ère du tout pétrole à une nouvelle ère où il faudra remplacer ce pétrole par d'autres énergies.
Il faut également dire les efforts partagés que nous devons assumer pour redresser nos finances publiques et sécuriser notre modèle social.
Il faut enfin, et vous l'avez fait avec quel éclat ce matin, dire la vérité sur l'avenir de l'Europe qui, à force d'être maltraitée, risque un jour de s'échouer. Il faut avoir le courage de le dire : si l'Europe est mal aimée, c'est parce qu'elle est devenue le bouc émissaire de tous nos maux, dont certains ont d'ailleurs bien peu de choses à voir avec l'Union.
Mais il faut également avoir le courage de le dire, comme l'a fait Nicolas Sarkozy ce matin, si l'Europe est mal comprise, c'est parce que l'Union n'a pas toujours su trouver les mots et les actes pour susciter une adhésion plus puissante que la somme de toutes les contestations.
Avec Nicolas Sarkozy, nous entamons la présidence de l'Union européenne avec beaucoup de gravité et de responsabilité. L'Europe a besoin de retrouver un dessein politique, elle a besoin d'être portée par des projets concrets et, au-delà des questions institutionnelles, de démontrer à nos concitoyens qu'elle est là pour nous protéger, pour mobiliser et pour nous grandir.
Mes chers amis,
Vous le savez bien, on ne transforme pas un vieux pays comme la France en quelques mois. Nous avons besoin de la durée, de la ténacité et de la continuité. Les réformes que nous conduisons exigent que la réalisation et la concrétisation soient suivies chaque jour par le gouvernement, par la majorité, par l'UMP. Ces réformes exigent aussi une nouvelle pratique de la démocratie et c'est ce que nous sommes en train de faire au Parlement en proposant une réforme de notre constitution.
Cette réforme s'inscrit complètement dans l'esprit de la Ve République. Elle ne remet pas en cause les équilibres de notre République qui nous ont donné cette stabilité que beaucoup nous envient. Elle vise simplement à adapter le rôle du Parlement à celui de la société française.
Nous ne pouvons pas être le pays le moins démocratique de tous les pays européens. Nous ne pouvons pas être le pays où le Parlement a le moins de pouvoir. Parce que lorsque le Parlement n'a pas de pouvoir, d'autres le prennent à sa place : la rue, les populistes, ceux qui commentent l'actualité et non plus ceux élus par les Français pour les représenter.
Si l'opposition refuse cette réforme constitutionnelle, il faudra qu'elle s'explique. Cela fait 20 ans qu'on entend la gauche nous dire, à chaque instant, de donner plus de pouvoir au Parlement. Et voilà que nous le faisons et voilà qu'elle s'apprête, en tout cas c'est ce qu'elle nous dit, à nous le refuser, pour une seule raison : parce que c'est Nicolas Sarkozy qui la lui propose...
Alors, je compte sur l'UMP pour ne pas laisser à la gauche le pouvoir de dire n'importe quoi. Le Parti socialiste prépare son congrès dans la plus grande confusion idéologique et la seule chose qui le rassemble, ce sont les attaques contre le président de la République.
Moi, j'invite l'opposition à se regarder elle-même. Je l'invite à se poser les bonnes questions sur elle-même. Que le Parti socialiste soit encore à se demander s'il faut ou non accepter le libéralisme économique est consternant. Que ce parti s'interroge encore sur les exigences de la mondialisation est effarant.
À force d'esquiver les réalités, de ne pas avoir modernisé le socialisme, une partie des électeurs de gauche en a conclu qu'il valait mieux l'original à la copie. Et l'original, c'est l'extrême gauche, dont la popularité du leader n'est pas un bon signe pour la démocratie. À l'époque, nous avons lutté bec et ongles contre le Front national et ses thèses. Je le dis à l'opposition et au Parti socialiste, il est grand temps que la gauche en fasse de même avec ses extrêmes.
À vrai dire, qu'importe ce qui se dit dans l'opposition. Avec Nicolas Sarkozy, nous avons un cap et nous le suivons avec une seule idée. Nous voulons être jugés par l'Histoire, pas par les procureurs d'un jour. Personnellement, je ne redoute pas le jugement de l'Histoire. Je le redoute d'autant moins que je ressens comme vous une grande fierté devant le retour en force de la France dans le monde.
Il existe un message universel de la France. Ce message est le fruit de notre Histoire et de notre culture véhiculé par notre langue. C'est ainsi, la France a besoin de parler au monde. Ce n'est pas de l'arrogance ou de l'ignorance face aux changements du monde, mais la France porte des valeurs qui lui sont spécifiques. Une mondialisation plus éthique, le respect des droits de l'Homme et surtout, mes chers amis, la passion de la liberté.
C'est cette passion de la liberté que nous avons ressentie en écoutant le discours du président de la République à Jérusalem devant le Parlement israélien, puis le lendemain à Bethléem, devant les responsables de la Palestine.
C'est cette passion de la liberté que nous allons ressentir le 13 juillet prochain, quand nous verrons à Paris, autour de la même table, tous les chefs d'Etat de l'Union européenne et du bassin méditerranéen rassemblés pour porter sur les fonts baptismaux l'Union pour la Méditerranée.
Parce que, mes chers amis, on ne résout pas les crises en empêchant les gens de se parler. On résout les crises en les forçant à dialoguer et la meilleure façon de les y forcer, c'est de leur proposer un projet concret.
Nous-mêmes, Européens, n'avons pas de leçon à donner. Pendant des siècles, nous nous sommes entretués et la violence a certainement atteint son paroxysme au XXe siècle, sur notre continent. Comment sommes-nous sortis de cette situation, à laquelle nous semblions condamnés pour l'éternité ? Avec l'Europe. Parce que nous avons décidé, parce que des hommes courageux et clairvoyants ont décidé de nous rassembler autour de projets communs. C'est exactement la même chose que Nicolas Sarkozy a proposé aux pays du bassin méditerranéen.
Enfin, mes chers amis, cette passion de la liberté nous a transportée lorsque nous avons vu, il y a quelques heures, le visage d'Ingrid Betancourt libre, au Palais de l'Elysée, en compagnie du président de la République.
J'étais au Canada et je peux vous dire que toute l'actualité québécoise et canadienne était envahie par cette image et ce message. J'ai alors ressenti une grande fierté d'avoir sonné, avec le président de la République, depuis un an, la mobilisation générale pour la liberté d'Ingrid Betancourt. J'ai ressenti une grande fierté de l'avoir aidée à éviter de tomber dans l'oubli dans lequel elle menaçait de s'engloutir.
La libération d'Ingrid Betancourt, le discours du président de la République devant la Knesset ou l'Union de la Méditerranée sont le symbole du retour de la France dans le monde.
Ce retour de la France dans le monde, nous le devons à Nicolas Sarkozy, au gouvernement que je suis fier de conduire, à l'UMP, à la majorité présidentielle et nous le devons aux Français qui nous soutiennent. Mais, nous le devons également à cette France éternelle qui ne renoncera jamais à conduire tous les combats pour la liberté.
Source http://www.u-m-p.org, le 7 juillet 2008