Texte intégral
Monsieur le Maire, mon cher Marc,
Mesdames et Messieurs les parlementaires, mes chers amis,
Il fallait que je devienne Premier ministre pour que je reçoive la médaille d'honneur de la ville d'Avrillé, car comme l'a dit tout à l'heure Marc, dans le passé nous étions plutôt en compétition et en concurrence, et, je doute qu'il m'ait remis a médaille d'honneur de la ville. Lorsque j'essayais d'attirer une entreprise à Sablé, si je gagnais, naturellement, il était mécontent ; et si c'était lui qui gagnait, c'est moi qui était mécontent. Mais enfin, ceci pour dire que dans cette région des Pays de la Loire, on s'est beaucoup battu pour le développement économique, et des villes comme Avrillé, comme Sablé, toutes ces petites villes qui font le tissu économique des Pays de la Loire ont été des moteurs de notre développement.
Merci, mon cher Marc, de ton accueil. Il est le symbole de notre volonté commune de donner à notre jeunesse, puisque c'est le sujet de ma visite aujourd'hui à Avrillé, avec le ministre de l'Education nationale, Xavier Darcos, le pouvoir de réussir et de grandir dans un pays entreprenant, dans un pays créatif et dans un pays solidaire.
Nous avons voulu, à quelques jours de la rentrée scolaire, venir à la rencontre des élèves et des enseignants, dans une école primaire d'Avrillé. Et je voudrais remercier la directrice qui nous a accueillis à l'instant, pour mettre l'accent, mettre les projecteurs, sur une expérience que nous conduisons dans le cadre de la réforme de l'école que Xavier Darcos a engagée, et qui vise à apporter un soutien scolaire individualisé, aux élèves à la fois volontaires et qui en ont besoin.
Avec vous, avec Xavier Darcos, nous partageons la même conviction, la prospérité de notre pays, sa cohésion nationale, le sens de la fraternité, se dessinent d'abord au sein de l'institution scolaire. Nous venons d'assister aux Jeux Olympiques, et nous avons tous été impressionnés par la puissance, par la capacité d'organisation, par l'intelligence des Chinois qui accueillaient cette grande rencontre sportive internationale. Mais qu'est ce qui fait que la Chine, tout d'un coup, a fait irruption parmi les grands pays qui disputent aux pays développés leur suprématie en matière économique ? C'est bien entendu leur population - près d'un milliard et demi d'habitants -, mais ce n'est pas nouveau que la Chine soit un pays peuplé. Ce qui a fait la différence, c'est une organisation économique qui fait un peu plus de place à la concurrence, et surtout, un immense effort de formation des personnes. La Chine a misé sur l'Education. La Chine forme aujourd'hui plus d'ingénieurs que n'en forment les Etats-Unis et l'Europe réunis. C'est bien l'éducation qui sera l'arme principale de la compétition internationale dans laquelle notre pays est engagé. Nous devons miser à fond sur l'intelligence, nous devons miser à fond sur la formation.
Et dans ce monde chahuté et parfois violent - et on a vu cet été combien il l'était -, qui est le nôtre, la République doit plus que jamais affirmer son dessein.
La République, c'est une façon d'apprendre à vivre ensemble, c'est une façon de respecter nos différences, c'est une façon de juger sur les seuls mérites, c'est une façon de se reconnaître autour de valeurs communes. Et tout cela se forge dès le plus jeune âge, à l'école.
Ces valeurs qui nous sont si chères - elles qui ont pour noms l'égalité, la tolérance, la justice, la liberté - ces valeurs ont une résonance universelle. Mais elles ont aussi, et vous le savez bien, leurs adversaires.
Il y a quelques jours, la Nation a honoré, avec gravité et avec tristesse, ses soldats morts en Afghanistan. Pourquoi combattaient-ils en Afghanistan ? Pourquoi nos soldats se battent-ils si loin de notre pays ? Et bien, ils se battent en particulier pour que les jeunes filles en Afghanistan puissent aller à l'école.
Depuis 2001, depuis que les forces de la Coalition sont arrivées en Afghanistan, les effectifs des écoles sont passés de 900.000 élèves à 7 millions. Les lumières du savoir sont une façon de combattre la haine. Les enfants où qu'ils naissent ont droit à l'éducation.
Ils doivent pouvoir grandir avec le goût des livres plutôt qu'avec celui des armes. Et quand j'entend dire que ce combat que nous conduisons est un combat inutile... non, ce n'est pas un combat inutile, c'est un combat pour la liberté, c'est un combat en particulier pour la liberté de l'éducation, et ce n'est qu'à travers cette liberté, ce n'est qu'à travers le développement de l'éducation que ce pays pourra progressivement connaître la stabilité qui est nécessaire à son développement.
Je suis, Mesdames et Messieurs, venu à Avrillé pour marquer l'engagement du gouvernement vis-à-vis de notre système éducatif. C'est un engagement total, mais c'est un engagement lucide, c'est engagement exigeant, et, ce faisant, c'est un engagement qui ne se complaît pas dans le statu quo, dans l'immobilisme, dans la poursuite des méthodes qui ont conduit notre pays, en matière d'éducation, à des résultats qui ne sont pas à la hauteur de ce que nous sommes en droit d'attendre.
En 2008, nous avons consacré 59 milliards d'euros au budget de l'enseignement scolaire. Nous sommes parmi les deux ou trois pays au monde qui consacrons le plus de moyens à l'enseignement scolaire. A la rentrée, ce sont 12 millions d'élèves qui vont être pris en main par 870.000 enseignants. Nulle part, l'avenir du pays ne se joue de manière plus décidée, plus collective, plus solidaire.
Mais cet engagement massif ne peut pas aller sans lucidité et sans exigence. Vous savez bien que, malgré les moyens qui ont été engagés depuis des décennies, malgré le dévouement de la communauté éducative, nous n'avons pas les résultats que nous méritons. Nous connaissons des déceptions, nous enregistrons des reculs, des échecs. Beaucoup d'enquêtes, et particulier les enquêtes internationales, attestent des performances moyennes de notre système éducatif.
Eh bien, cette situation n'est nullement irrémédiable.
Nous devons et nous pouvons améliorer la performance du système éducatif français en réformant ses structures, ses méthodes, ses contenus pédagogiques.
La réussite de nos enfants commence dans les écoles primaires, et c'est donc ici, que le renouveau éducatif doit d'abord être engagé.
Chaque élève doit faire l'objet d'une attention particulière parce que c'est là, à l'école primaire, à ce stade, que se libère leur potentiel et que l'on décèle les lacunes scolaires qui peuvent être parfois définitives.
C'est dans cet esprit qu'avec Xavier Darcos, nous sommes venus constater l'intérêt du "stage de remise à niveau".
Ce dispositif concerne les CM1 et les CM2. C'est un travail en petits groupes, comme on l'a vu ce matin, 2 groupes de 4 élèves, basé sur le volontariat, qui permet, au cas par cas, de consolider les connaissances des élèves avant la reprise des cours.
Dans ce stage, il y a trois logiques simples, dont la réforme du primaire va progressivement étendre le bénéfice à tous les élèves.
La première de ces logiques, c'est celle de l'allégement des horaires.
Mesdames et Messieurs, un enseignement trop chargé n'est pas un enseignement fécond. L'élève doit avoir le temps d'intégrer ses connaissances nouvelles ; il doit avoir le temps de les compléter par une vie personnelle, par une vie familiale plus riche, et plus construite.
Avec la réforme du primaire, c'est toute l'année scolaire qui retrouvera cette respiration, en passant de 26 à 24 heures par semaine, réparties sur quatre jours ou sur quatre jours et demi.
Nous savons depuis des années, notre pays est celui parmi les pays développés dont les horaires de cours sont les plus élevés. S'agissant du lycée - je parle sous le contrôle du ministre de l'Education nationale -, la moyenne des horaires d'un lycéen européen doit être autour de 900 heures, quand la moyenne d'un lycéen français est autour de 1.100, voire même un peu plus de 1.100 heures. Si les résultats étaient à la hauteur de cette différence, nous n'aurions pas à nous en plaindre, mais ce n'est pas le cas. La vérité, c'est que, depuis des années, on a augmenté les matières, augmenté les responsabilités, les tâches demandées à l'école, sans tenir compte du rythme des enfants, de leur capacité d'appréhender l'ensemble des connaissances qui leur sont proposées.
A chaque fois qu'une difficulté s'est posée dans la société française, on a toujours demandé à l'école de participer à sa réponse. On a des difficultés en matière de Sécurité routière, on demande à l'école de faire la formation en matière de Sécurité routière. On demande à l'école de faire face aux problèmes de violence qui sont des problèmes inhérents à la société, on demande à l'école de résoudre toutes les difficultés de la société, alors qu'elle n'est pas faite pour ça.
Elle est d'abord faite pour transmettre les savoirs fondamentaux. Et quand la transmission des savoirs fondamentaux ne se fait pas, parce que l'école, parce qu'on le lui a demandé, se disperse sur d'autres objectifs, alors on a des enfants qui abordent l'existence en n'ayant pas les bases minimum pour réussir dans un pays de compétition, dans un pays développé, comme le nôtre.
Cet allégement des horaires, nous en parlions depuis des années ! Il était tabou, comme si l'ensemble de la société française considérait que réduire les horaires, c'était faire marche arrière, c'était reculer en matière d'exigence de formation. Eh bien, c'est exactement le contraire. Réduire les horaires, c'est donner plus de place à d'autres activités, et en particulier, au soutien scolaire.
De multiples rapports dénonçant la lourdeur des horaires dans nos écoles par rapport à la plupart de nos voisins européens se sont accumulés depuis des années. Le diagnostic était connu, mais personne n'osait agir. Eh bien voilà, c'est désormais fait.
La deuxième logique, c'est celle du ciblage des programmes.
Là encore, c'est un vieux sujet sur lequel on a beaucoup disserté et pas beaucoup avancé. Il y a un juste milieu à trouver entre la richesse des contenus et leur éclatement, et leur éparpillement.
Le stage de remise à niveau se centre sur les bases fonctionnelles, dans les matières les plus importantes, le français ou les mathématiques. Ce n'est pas de l'utilitarisme, c'est du bon sens ! Il faut maîtriser les fondamentaux afin de pouvoir, ensuite, élargir ses connaissances et ses compétences.
La refonte des programmes du primaire qu'a conduite Xavier Darcos, répond à cette saine et évidente préoccupation. Son objectif est clair : il faut s'assurer qu'aucun élève ne quitte un niveau sans disposer des outils nécessaires pour affronter le suivant. Cet objectif était d'ailleurs inscrit dans la loi d'avril 2005 sur la maîtrise du socle commun des connaissances. Au fond, tous les élèves ont droit à la même formation, mais tous ne sont pas en mesure de l'assimiler dans le même temps. Tous n'ont pas la même rapidité d'assimilation, et il faut tenir compte de chacun de ces élèves, et ne pas considérer comme anormal qu'un élève ait besoin de plus de temps pour acquérir les mêmes connaissances qu'un autre.
La troisième logique, c'est celle de la personnalisation. Le gouvernement est décidé à répondre à un double défi : il faut assurer un enseignement pour tous, tout en garantissant un soutien individuel pour chacun, et notamment pour ceux qui décrochent. Cette demande exige naturellement de l'attention, du dévouement de la part des enseignants, du professionnalisme, et je voudrais d'ailleurs saluer madame Charbonneau et madame Pouplain qui assurent ici le soutien scolaire dans l'école que nous avons visitée ce matin, de même que je voudrais féliciter la commune d'Avrillé qui a été volontaire pour conduire cette expérimentation ; il y a des communes qui ne l'on pas accepté, c'est le droit des élus, de même que c'est le droit des familles de souhaiter ou de ne pas souhaiter que les enfants participent à cette opération de soutien scolaire. Je pense simplement qu'il faut réfléchir à la question de l'égalité des chances. Ici, à Avrillé, tout enfant, quels que soient les revenus de sa famille, peut trouver un soutien scolaire, grâce à l'opération qui a été mise en oeuvre.
Dans d'autres communes, ce sont les enfants des familles les plus riches qui ont un soutien scolaire privé, grâce à ces sociétés qui explosent leur chiffre d'affaires depuis quelques années, pour mettre en oeuvre ce soutien scolaire que l'Education nationale ne pouvait pas offrir. Et donc, je ne me choque pas que des communes n'aient pas été volontaires pour démarrer cette expérimentation, mais je demande simplement qu'une fois que l'évaluation de l'expérimentation sera faite, eh bien chacun regarde quel est l'intérêt général des populations qu'il représente et ne se laisse pas aveugler par des discours syndicaux, par des discours idéologiques, par des discours qui, en réalité, consistent à défendre le statu quo à tout prix, comme si tout changement dans l'Education nationale était forcément une régression, alors que ce que nous proposons aujourd'hui est un vrai progrès.
Nous allons refondre les évaluations nationales pour que les enseignants et les familles disposent d'un diagnostic précis sur les progrès de l'élève. Notre politique est simple : nous ne voulons laisser aucun enfant su le bord du chemin.
C'est une politique résolue, c'est une politique concrète. C'est une politique qui répond aux engagements qui ont été pris par le président de la République devant les Français.
Depuis Pâques, c'est près de 200.000 élèves de CM1 et de CM2 qui se sont inscrits dans les stages de remise à niveau, qui sont assurés par 38.000 enseignants volontaires, rémunérés en heures supplémentaires défiscalisées. A titre expérimental, 200 lycées ont déjà ouvert des stages de remise à niveau à 6.000 lycéens, durant la seconde quinzaine du mois d'août.
En réalité, notre Education nationale est en train de se lancer dans une formidable mutation, qui est centrée sur l'accompagnement éducatif. Dès la rentrée, les opérations d'accompagnement éducatif après la classe vont être étendues à tous les collèges et toutes les écoles de l'éducation prioritaire.
Dans le cadre du plan Espoir-Banlieues, 30 sites d'excellence vont être créés autour de lycées qui pratiquent l'accompagnement individualisé. 70.000 places seront offertes à des élèves, pour une expérimentation du bac professionnel en 3 ans ; 250 Unités Pédagogiques d'Intégration nouvelles seront ouvertes aux élèves handicapés. Et 1.000 écoles seront équipées en visioconférence pour l'apprentissage des langues étrangères. De la même façon, 5.000 classes du primaire et du collège seront jumelées avec des établissements européens, grâce à la plateforme "e-Twinning"qui est mise en place.
Enfin, l'assouplissement de la carte scolaire sera poursuivi. A l'heure actuelle, c'est plus de 86.000 dérogations qui ont été accordées, avec un taux de satisfaction qui frôle les 90 %.
Voilà Mesdames et Messieurs, mon cher Marc, mesdames et messieurs les parlementaires, nous voulions en venant à Avrillé, dans une commune de taille moyenne - les communes sont de taille modeste lorsqu'elles demandent des subventions, pas lorsqu'elles se vendent à l'extérieur -, on a voulu venir au fond dans une école qui est très symbolique, du territoire national, et puis qui est très symbolique de cette volonté conjointe des élus, et de l'Etat de faire changer notre système éducatif ensemble. Il n'y a pas d'un côté l'Education nationale avec ses règles, son fonctionnement dans lequel la société civile ne pourrait pas pénétrer, il n'y pas d'un côté des communes simplement vigilantes de leur capacité de financement, il y a une communauté nationale, il y a un Etat qui est l'addition de l'ensemble de ces forces. Et, ici à Avrillé on voit bien que quand ces forces se joignent pour construire, on obtient des résultats. En tout cas c'est ce que je souhaite pour les enfants de la commune d'Avrillé.
Il y a une vraie ambition éducative ici, cette ambition éducative, c'est celle que Xavier Darcos défend avec beaucoup de talent, à travers les réformes difficiles qu'il met en oeuvre. Notre ambition, elle mérite d'être partagée par tous ceux qui servent et qui aiment l'école de la République.
Et c'est une ambition qui doit être portée par tous ceux qui ont conscience que l'avenir de nos enfants dépend étroitement d'une institution qui doit être modernisée et qui doit être respectée.
Et c'est ce que nous voulons faire. Nous voulons que l'école soit moderne et nous voulons que l'école soit respectée. C'est notre tâche, c'est notre travail, et nous ne faillirons pas pour la mettre en oeuvre.
Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 27 août 2008
Mesdames et Messieurs les parlementaires, mes chers amis,
Il fallait que je devienne Premier ministre pour que je reçoive la médaille d'honneur de la ville d'Avrillé, car comme l'a dit tout à l'heure Marc, dans le passé nous étions plutôt en compétition et en concurrence, et, je doute qu'il m'ait remis a médaille d'honneur de la ville. Lorsque j'essayais d'attirer une entreprise à Sablé, si je gagnais, naturellement, il était mécontent ; et si c'était lui qui gagnait, c'est moi qui était mécontent. Mais enfin, ceci pour dire que dans cette région des Pays de la Loire, on s'est beaucoup battu pour le développement économique, et des villes comme Avrillé, comme Sablé, toutes ces petites villes qui font le tissu économique des Pays de la Loire ont été des moteurs de notre développement.
Merci, mon cher Marc, de ton accueil. Il est le symbole de notre volonté commune de donner à notre jeunesse, puisque c'est le sujet de ma visite aujourd'hui à Avrillé, avec le ministre de l'Education nationale, Xavier Darcos, le pouvoir de réussir et de grandir dans un pays entreprenant, dans un pays créatif et dans un pays solidaire.
Nous avons voulu, à quelques jours de la rentrée scolaire, venir à la rencontre des élèves et des enseignants, dans une école primaire d'Avrillé. Et je voudrais remercier la directrice qui nous a accueillis à l'instant, pour mettre l'accent, mettre les projecteurs, sur une expérience que nous conduisons dans le cadre de la réforme de l'école que Xavier Darcos a engagée, et qui vise à apporter un soutien scolaire individualisé, aux élèves à la fois volontaires et qui en ont besoin.
Avec vous, avec Xavier Darcos, nous partageons la même conviction, la prospérité de notre pays, sa cohésion nationale, le sens de la fraternité, se dessinent d'abord au sein de l'institution scolaire. Nous venons d'assister aux Jeux Olympiques, et nous avons tous été impressionnés par la puissance, par la capacité d'organisation, par l'intelligence des Chinois qui accueillaient cette grande rencontre sportive internationale. Mais qu'est ce qui fait que la Chine, tout d'un coup, a fait irruption parmi les grands pays qui disputent aux pays développés leur suprématie en matière économique ? C'est bien entendu leur population - près d'un milliard et demi d'habitants -, mais ce n'est pas nouveau que la Chine soit un pays peuplé. Ce qui a fait la différence, c'est une organisation économique qui fait un peu plus de place à la concurrence, et surtout, un immense effort de formation des personnes. La Chine a misé sur l'Education. La Chine forme aujourd'hui plus d'ingénieurs que n'en forment les Etats-Unis et l'Europe réunis. C'est bien l'éducation qui sera l'arme principale de la compétition internationale dans laquelle notre pays est engagé. Nous devons miser à fond sur l'intelligence, nous devons miser à fond sur la formation.
Et dans ce monde chahuté et parfois violent - et on a vu cet été combien il l'était -, qui est le nôtre, la République doit plus que jamais affirmer son dessein.
La République, c'est une façon d'apprendre à vivre ensemble, c'est une façon de respecter nos différences, c'est une façon de juger sur les seuls mérites, c'est une façon de se reconnaître autour de valeurs communes. Et tout cela se forge dès le plus jeune âge, à l'école.
Ces valeurs qui nous sont si chères - elles qui ont pour noms l'égalité, la tolérance, la justice, la liberté - ces valeurs ont une résonance universelle. Mais elles ont aussi, et vous le savez bien, leurs adversaires.
Il y a quelques jours, la Nation a honoré, avec gravité et avec tristesse, ses soldats morts en Afghanistan. Pourquoi combattaient-ils en Afghanistan ? Pourquoi nos soldats se battent-ils si loin de notre pays ? Et bien, ils se battent en particulier pour que les jeunes filles en Afghanistan puissent aller à l'école.
Depuis 2001, depuis que les forces de la Coalition sont arrivées en Afghanistan, les effectifs des écoles sont passés de 900.000 élèves à 7 millions. Les lumières du savoir sont une façon de combattre la haine. Les enfants où qu'ils naissent ont droit à l'éducation.
Ils doivent pouvoir grandir avec le goût des livres plutôt qu'avec celui des armes. Et quand j'entend dire que ce combat que nous conduisons est un combat inutile... non, ce n'est pas un combat inutile, c'est un combat pour la liberté, c'est un combat en particulier pour la liberté de l'éducation, et ce n'est qu'à travers cette liberté, ce n'est qu'à travers le développement de l'éducation que ce pays pourra progressivement connaître la stabilité qui est nécessaire à son développement.
Je suis, Mesdames et Messieurs, venu à Avrillé pour marquer l'engagement du gouvernement vis-à-vis de notre système éducatif. C'est un engagement total, mais c'est un engagement lucide, c'est engagement exigeant, et, ce faisant, c'est un engagement qui ne se complaît pas dans le statu quo, dans l'immobilisme, dans la poursuite des méthodes qui ont conduit notre pays, en matière d'éducation, à des résultats qui ne sont pas à la hauteur de ce que nous sommes en droit d'attendre.
En 2008, nous avons consacré 59 milliards d'euros au budget de l'enseignement scolaire. Nous sommes parmi les deux ou trois pays au monde qui consacrons le plus de moyens à l'enseignement scolaire. A la rentrée, ce sont 12 millions d'élèves qui vont être pris en main par 870.000 enseignants. Nulle part, l'avenir du pays ne se joue de manière plus décidée, plus collective, plus solidaire.
Mais cet engagement massif ne peut pas aller sans lucidité et sans exigence. Vous savez bien que, malgré les moyens qui ont été engagés depuis des décennies, malgré le dévouement de la communauté éducative, nous n'avons pas les résultats que nous méritons. Nous connaissons des déceptions, nous enregistrons des reculs, des échecs. Beaucoup d'enquêtes, et particulier les enquêtes internationales, attestent des performances moyennes de notre système éducatif.
Eh bien, cette situation n'est nullement irrémédiable.
Nous devons et nous pouvons améliorer la performance du système éducatif français en réformant ses structures, ses méthodes, ses contenus pédagogiques.
La réussite de nos enfants commence dans les écoles primaires, et c'est donc ici, que le renouveau éducatif doit d'abord être engagé.
Chaque élève doit faire l'objet d'une attention particulière parce que c'est là, à l'école primaire, à ce stade, que se libère leur potentiel et que l'on décèle les lacunes scolaires qui peuvent être parfois définitives.
C'est dans cet esprit qu'avec Xavier Darcos, nous sommes venus constater l'intérêt du "stage de remise à niveau".
Ce dispositif concerne les CM1 et les CM2. C'est un travail en petits groupes, comme on l'a vu ce matin, 2 groupes de 4 élèves, basé sur le volontariat, qui permet, au cas par cas, de consolider les connaissances des élèves avant la reprise des cours.
Dans ce stage, il y a trois logiques simples, dont la réforme du primaire va progressivement étendre le bénéfice à tous les élèves.
La première de ces logiques, c'est celle de l'allégement des horaires.
Mesdames et Messieurs, un enseignement trop chargé n'est pas un enseignement fécond. L'élève doit avoir le temps d'intégrer ses connaissances nouvelles ; il doit avoir le temps de les compléter par une vie personnelle, par une vie familiale plus riche, et plus construite.
Avec la réforme du primaire, c'est toute l'année scolaire qui retrouvera cette respiration, en passant de 26 à 24 heures par semaine, réparties sur quatre jours ou sur quatre jours et demi.
Nous savons depuis des années, notre pays est celui parmi les pays développés dont les horaires de cours sont les plus élevés. S'agissant du lycée - je parle sous le contrôle du ministre de l'Education nationale -, la moyenne des horaires d'un lycéen européen doit être autour de 900 heures, quand la moyenne d'un lycéen français est autour de 1.100, voire même un peu plus de 1.100 heures. Si les résultats étaient à la hauteur de cette différence, nous n'aurions pas à nous en plaindre, mais ce n'est pas le cas. La vérité, c'est que, depuis des années, on a augmenté les matières, augmenté les responsabilités, les tâches demandées à l'école, sans tenir compte du rythme des enfants, de leur capacité d'appréhender l'ensemble des connaissances qui leur sont proposées.
A chaque fois qu'une difficulté s'est posée dans la société française, on a toujours demandé à l'école de participer à sa réponse. On a des difficultés en matière de Sécurité routière, on demande à l'école de faire la formation en matière de Sécurité routière. On demande à l'école de faire face aux problèmes de violence qui sont des problèmes inhérents à la société, on demande à l'école de résoudre toutes les difficultés de la société, alors qu'elle n'est pas faite pour ça.
Elle est d'abord faite pour transmettre les savoirs fondamentaux. Et quand la transmission des savoirs fondamentaux ne se fait pas, parce que l'école, parce qu'on le lui a demandé, se disperse sur d'autres objectifs, alors on a des enfants qui abordent l'existence en n'ayant pas les bases minimum pour réussir dans un pays de compétition, dans un pays développé, comme le nôtre.
Cet allégement des horaires, nous en parlions depuis des années ! Il était tabou, comme si l'ensemble de la société française considérait que réduire les horaires, c'était faire marche arrière, c'était reculer en matière d'exigence de formation. Eh bien, c'est exactement le contraire. Réduire les horaires, c'est donner plus de place à d'autres activités, et en particulier, au soutien scolaire.
De multiples rapports dénonçant la lourdeur des horaires dans nos écoles par rapport à la plupart de nos voisins européens se sont accumulés depuis des années. Le diagnostic était connu, mais personne n'osait agir. Eh bien voilà, c'est désormais fait.
La deuxième logique, c'est celle du ciblage des programmes.
Là encore, c'est un vieux sujet sur lequel on a beaucoup disserté et pas beaucoup avancé. Il y a un juste milieu à trouver entre la richesse des contenus et leur éclatement, et leur éparpillement.
Le stage de remise à niveau se centre sur les bases fonctionnelles, dans les matières les plus importantes, le français ou les mathématiques. Ce n'est pas de l'utilitarisme, c'est du bon sens ! Il faut maîtriser les fondamentaux afin de pouvoir, ensuite, élargir ses connaissances et ses compétences.
La refonte des programmes du primaire qu'a conduite Xavier Darcos, répond à cette saine et évidente préoccupation. Son objectif est clair : il faut s'assurer qu'aucun élève ne quitte un niveau sans disposer des outils nécessaires pour affronter le suivant. Cet objectif était d'ailleurs inscrit dans la loi d'avril 2005 sur la maîtrise du socle commun des connaissances. Au fond, tous les élèves ont droit à la même formation, mais tous ne sont pas en mesure de l'assimiler dans le même temps. Tous n'ont pas la même rapidité d'assimilation, et il faut tenir compte de chacun de ces élèves, et ne pas considérer comme anormal qu'un élève ait besoin de plus de temps pour acquérir les mêmes connaissances qu'un autre.
La troisième logique, c'est celle de la personnalisation. Le gouvernement est décidé à répondre à un double défi : il faut assurer un enseignement pour tous, tout en garantissant un soutien individuel pour chacun, et notamment pour ceux qui décrochent. Cette demande exige naturellement de l'attention, du dévouement de la part des enseignants, du professionnalisme, et je voudrais d'ailleurs saluer madame Charbonneau et madame Pouplain qui assurent ici le soutien scolaire dans l'école que nous avons visitée ce matin, de même que je voudrais féliciter la commune d'Avrillé qui a été volontaire pour conduire cette expérimentation ; il y a des communes qui ne l'on pas accepté, c'est le droit des élus, de même que c'est le droit des familles de souhaiter ou de ne pas souhaiter que les enfants participent à cette opération de soutien scolaire. Je pense simplement qu'il faut réfléchir à la question de l'égalité des chances. Ici, à Avrillé, tout enfant, quels que soient les revenus de sa famille, peut trouver un soutien scolaire, grâce à l'opération qui a été mise en oeuvre.
Dans d'autres communes, ce sont les enfants des familles les plus riches qui ont un soutien scolaire privé, grâce à ces sociétés qui explosent leur chiffre d'affaires depuis quelques années, pour mettre en oeuvre ce soutien scolaire que l'Education nationale ne pouvait pas offrir. Et donc, je ne me choque pas que des communes n'aient pas été volontaires pour démarrer cette expérimentation, mais je demande simplement qu'une fois que l'évaluation de l'expérimentation sera faite, eh bien chacun regarde quel est l'intérêt général des populations qu'il représente et ne se laisse pas aveugler par des discours syndicaux, par des discours idéologiques, par des discours qui, en réalité, consistent à défendre le statu quo à tout prix, comme si tout changement dans l'Education nationale était forcément une régression, alors que ce que nous proposons aujourd'hui est un vrai progrès.
Nous allons refondre les évaluations nationales pour que les enseignants et les familles disposent d'un diagnostic précis sur les progrès de l'élève. Notre politique est simple : nous ne voulons laisser aucun enfant su le bord du chemin.
C'est une politique résolue, c'est une politique concrète. C'est une politique qui répond aux engagements qui ont été pris par le président de la République devant les Français.
Depuis Pâques, c'est près de 200.000 élèves de CM1 et de CM2 qui se sont inscrits dans les stages de remise à niveau, qui sont assurés par 38.000 enseignants volontaires, rémunérés en heures supplémentaires défiscalisées. A titre expérimental, 200 lycées ont déjà ouvert des stages de remise à niveau à 6.000 lycéens, durant la seconde quinzaine du mois d'août.
En réalité, notre Education nationale est en train de se lancer dans une formidable mutation, qui est centrée sur l'accompagnement éducatif. Dès la rentrée, les opérations d'accompagnement éducatif après la classe vont être étendues à tous les collèges et toutes les écoles de l'éducation prioritaire.
Dans le cadre du plan Espoir-Banlieues, 30 sites d'excellence vont être créés autour de lycées qui pratiquent l'accompagnement individualisé. 70.000 places seront offertes à des élèves, pour une expérimentation du bac professionnel en 3 ans ; 250 Unités Pédagogiques d'Intégration nouvelles seront ouvertes aux élèves handicapés. Et 1.000 écoles seront équipées en visioconférence pour l'apprentissage des langues étrangères. De la même façon, 5.000 classes du primaire et du collège seront jumelées avec des établissements européens, grâce à la plateforme "e-Twinning"qui est mise en place.
Enfin, l'assouplissement de la carte scolaire sera poursuivi. A l'heure actuelle, c'est plus de 86.000 dérogations qui ont été accordées, avec un taux de satisfaction qui frôle les 90 %.
Voilà Mesdames et Messieurs, mon cher Marc, mesdames et messieurs les parlementaires, nous voulions en venant à Avrillé, dans une commune de taille moyenne - les communes sont de taille modeste lorsqu'elles demandent des subventions, pas lorsqu'elles se vendent à l'extérieur -, on a voulu venir au fond dans une école qui est très symbolique, du territoire national, et puis qui est très symbolique de cette volonté conjointe des élus, et de l'Etat de faire changer notre système éducatif ensemble. Il n'y a pas d'un côté l'Education nationale avec ses règles, son fonctionnement dans lequel la société civile ne pourrait pas pénétrer, il n'y pas d'un côté des communes simplement vigilantes de leur capacité de financement, il y a une communauté nationale, il y a un Etat qui est l'addition de l'ensemble de ces forces. Et, ici à Avrillé on voit bien que quand ces forces se joignent pour construire, on obtient des résultats. En tout cas c'est ce que je souhaite pour les enfants de la commune d'Avrillé.
Il y a une vraie ambition éducative ici, cette ambition éducative, c'est celle que Xavier Darcos défend avec beaucoup de talent, à travers les réformes difficiles qu'il met en oeuvre. Notre ambition, elle mérite d'être partagée par tous ceux qui servent et qui aiment l'école de la République.
Et c'est une ambition qui doit être portée par tous ceux qui ont conscience que l'avenir de nos enfants dépend étroitement d'une institution qui doit être modernisée et qui doit être respectée.
Et c'est ce que nous voulons faire. Nous voulons que l'école soit moderne et nous voulons que l'école soit respectée. C'est notre tâche, c'est notre travail, et nous ne faillirons pas pour la mettre en oeuvre.
Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 27 août 2008