Texte intégral
C. Barbier.- R. Karoutchi, bonjour. N. Sarkozy convoque donc un sommet européen extraordinaire sur la Géorgie, la semaine prochaine. Ne s'agit-il pas plus d'éviter la division des 27 que de vraiment peser sur la Russie ?
Non, ce n'est pas du tout le sujet. Je crois que le premier succès enregistré par N. Sarkozy, par la France et par l'Union européenne, cela a été évidemment le cessez-le-feu. Arrêter les combats, c'était quand même déjà l'élément essentiel, humainement et militairement. Deuxième élément, on sent bien qu'il y a des difficultés politiques, des difficultés de reconnaissance. En tant que président de l'Union européenne, il est tout à fait normal que l'ensemble des Etats européens discute sous l'égide de la France, sous l'égide de N. Sarkozy pour savoir comment on va plus avant.
Parmi les difficultés politiques, il y a le jeu des Russes, le poker menteur des Russes - on se retire, on ne se retire pas. Est-ce que le président de la République française n'est pas le jouet des Russes ?
Pas du tout. Au contraire, là-dessus et sur cette affaire, chacun le sait, il est en contact régulier avec les responsables russes, avec le Président Medvedev, avec le Premier ministre Poutine. C'est lui qui a obtenu le cessez-le-feu. C'est lui qui a dit aux Russes : "attention il ne faut dépasser certaines limites pas rapport à la Géorgie, par rapport aux anciens Etats de l'Union soviétique". Et c'est donc lui qui au contraire va imprimer la marque, au sens de l'Union européenne, sur ce que cela doit devenir.
Alors qu'est-ce qui peut sortir de ce sommet ? Est-ce qu'il y a une nouvelle initiative diplomatique à prendre ?
Ça, je ne suis pas devin. En tout cas, ce qui est sûr, c'est que le président de la République est très attentif à la fois à l'identité, à l'indépendance des Etats, la Géorgie en l'occurrence, mais aussi au fait qu'il ne faut pas rentrer dans un nouveau processus de Guerre froide, qui serait catastrophique pour tout le monde. Tout le monde l'a dit récemment mais c'est une évidence. Il faut faire en sorte de respecter les gens, de respecter les identités. L'identité russe aussi, ce n'est pas le sujet. Mais de faire en sorte que naturellement, les choses se passent bien.
L'autre dossier dramatique c'est l'Afghanistan. "On a péché par excès de confiance", reconnaît ce matin le général Stollsteiner, qui commande les forces alliées à Kaboul, pour expliquer les dix tués français de lundi dernier. Faut-il sanctionner les militaires de terrain ?
Le président de la République a dit deux choses très claires. La première chose, c'est évidemment, au travers de l'hommage national, le respect, l'hommage, le soutien de l'ensemble de la France à nos troupes en Afghanistan qui conduisent un vrai combat contre la barbarie et le terrorisme, combat qu'il faut naturellement poursuivre et gagner. Et le deuxième élément, ce qu'a dit d'ailleurs le président de la République aux familles, c'est que naturellement nous allions tirer toutes les leçons. C'est un peu tôt, laissons les éléments militaires, laissons l'ensemble voir un petit peu ce qui s'est passé. On verra ensuite.
C'est un peu tôt mais dès demain B. Kouchner et H. Morin sont entendus à l'Assemblée.
Ça, c'est autre chose. B. Kouchner et H. Morin sont demain devant les commissions de la Défense et des Affaires étrangères réunies, pour à la fois expliquer ce que font nos troupes en Afghanistan, les enjeux politiques, les enjeux militaires d'une situation très complexe. Et nous aurons à en débattre le 22 septembre.
Les commissions demain vont-elles chercher à savoir aussi les responsabilités dans cette malheureuse affaire ?
Il y aura forcement des questions là-dessus. Les ministres auront à en répondre, mais très naturellement je pense qu'il faut attendre les conclusions de l'ensemble des études et enquêtes menées.
D. de Villepin disait hier au grand jury RTL-LCI : "il faut penser à un calendrier de retrait des troupes françaises". Est-ce que c'est la bonne stratégie ?
Le problème ne se pose pas comme cela. Nous savons qu'est en cours ce qu'on appelle "l'afghanisation" du conflit, c'est-à-dire le fait de transmettre progressivement aux troupes afghanes la responsabilité des secteurs, des régions mais personne ne comprendrait que la France retire ses troupes. Il y a 25 pays européens présents, 40 Etats européens présents dans le combat. Pourquoi ? Parce que qui peut croire qu'on peut accepter le retour des talibans au pouvoir, la fin des droits de l'homme, la fin des droits de la femme, le retour à la barbarie. Personne. Et sincèrement, si cela se produisait, que personne n'imagine que la France loin du territoire afghan serait épargnée. Il y aurait aussi chez nous ou à proximité une recrudescence d'attentats. Et par conséquent, c'est un vrai combat de l'ensemble des pays sur la lutte contre le terrorisme et la barbarie.
Le 22 septembre, l'Assemblée nationale et le Sénat débattront et voteront sur la présence française. C'est une sorte d'application anticipée de la nouvelle Constitution...
Exactement.
...votée début juillet. Et si le Parlement demandait le retrait des troupes. Si le Parlement refusait de voter cette présence continue.
Ça, c'est un droit du Parlement. Je ne le crois sincèrement pas. Je pense que la grande majorité et je l'espère, à gauche comme à droite, parce que je rappelle que cet engagement pris en 2001 avait été pris au moment où L. Jospin était Premier ministre, J. Chirac président de la République. Donc, ce n'est pas une question de clivage politique, c'est une question de responsabilité. Est-ce qu'on peut laisser l'Afghanistan et toute cette partie du monde retomber sous le contrôle de terroristes qui ensuite exporteraient le terrorisme dans le reste du monde. Je ne crois pas que ce soit possible et je pense que l'ensemble de nos responsables dira non.
Pourtant, on entend des voix même à droite comme celles de P. Lellouche pour critiquer cette présence et la stratégie menée sur place ?
La démocratie, c'est aussi que chacun puisse s'exprimer.
Vous craignez la division de la majorité ?
Non pas du tout, non pas du tout. Je pense que la majorité sera très largement unie et j'espère qu'une partie non négligeable de la gauche nous rejoindra sur cette analyse.
Un dossier de cette ampleur ne mérite pas, en application aussi de la nouvelle Constitution, que le Président vienne à terme s'adresser au Parlement pour parler de cela ?
C'est quand même très étonnant. Je pense que là-dessus vous avez raison. Ce serait bien, à terme, que la Président puisse s'exprimer sur des sujets de ce genre, de sujets lourds qui engagent la nation avec les conséquences que l'on sait. Pour le moment, nous rentrons, de manière préventive si je puis dire, dans l'application d'une révision de la Constitution contre laquelle la gauche a voté tout en demandant immédiatement un débat au Parlement. C'est-à-dire qu'après avoir voté contre le fait qu'il puisse y avoir des débats et des votes, ils en ont demandé un et un vote. C'est assez cocasse, mais c'est comme cela. Cela ne me gène pas. Je crois que le président de la République a beaucoup tenu à ce rééquilibrage. C'est vrai que le Parlement va avoir un vrai débat le 22 septembre à l'Assemblée nationale. Et c'est vrai que le jour où le président de la République pourra s'exprimer devant le Congrès, viendra s'exprimer devant le Congrès, ce sont des sujets de ce type qu'il faudra aborder.
La rentrée parlementaire est anticipée avec une session extraordinaire. Quelles sont vos priorités ? Quels textes vont passer en premier ?
La priorité des priorités, pour le président de la République, c'est le pouvoir d'achat et la lutte contre l'exclusion.
L'argent ne va pas tomber comme ça !
Non, il n'est pas question de faire tomber de l'argent comme cela. Si on en avait comme il en pleuvait, ça se saurait. Mais la vérité, c'est qu'il y a de vrais enjeux. Les Français se battent, les Français ont des difficultés, les Français veulent qu'on bouge. Et c'est pour cela que le président de la République a tenu à ce qu'il y a une session extraordinaire. D'où le fait que la session extraordinaire n'est que sur deux textes essentiels : le premier texte sur l'intéressement et la participation, pour distribuer plus de pouvoir d'achat aux salariés dans les entreprises, et le deuxième texte sur le RSA de M. Hirsch, c'est-àdire le revenu de substitution pour pouvoir rentrer dans l'emploi.
Et la prime "transport" ? Le Premier ministre dit vouloir aller vite.
La prime "transport", nous avons dit à l'ensemble des forces syndicales et patronales qu'elles avaient jusqu'au 15 septembre pour se mettre d'accord. C'était l'accord initial si je puis dire. Donc, attendons le 15 septembre. Le Premier ministre a clairement dit que s'il n'y avait pas d'accord sur cette question de prime de transport, eh bien l'Etat, le Parlement serait amené à légiférer.
Dans la loi de finances, cela pourrait passer ?
Probablement dès le budget qui sera voté là. Oui, bien entendu.
Qui va payer cette prime "transport" ? Les employeurs uniquement ? L'Etat ?
Pour le moment, vous allez trop vite. Si on laisse jusqu'au 15 septembre aux partenaires sociaux pour en parler, on ne va pas leur dire déjà comment elle se fait. L'idée qui avait été lancée, c'est ce qui existe déjà en Ile-de-France, c'est le remboursement à moitié de l'engagement en transports publics ou bien - pourquoi pas ? - sur ceux qui ne peuvent pas prendre des transports publics, parce qu'il n'y en a pas dans le secteur où ils sont, bien entendu une prime qui serait versée sur les automobilistes. Mais laissons jusqu'au 15 septembre ; s'il n'y a pas, à ce moment là, d'accord entre les partenaires, eh bien le Gouvernement légiférera.
"Il y a un ras-le-bol des salariés. Il ne faut pas grand-chose pour qu'un mouvement se déclenche" : c'est ce que dit J.-C. Mailly, le secrétaire général de FO, ce matin dans le Parisien. Craignez-vous une rentrée sociale chaude ?
Non. Je crois que tout le monde est parfaitement conscient que dans un environnement international extrêmement difficile, le président de la République et le Gouvernement bougent, prennent des mesures, ont pris beaucoup de réformes de structure qui, à terme, vont avoir des effets bénéfiques sur l'emploi et sur l'économie et qu'aujourd'hui, ils sont dans le réactif. Personne n'est parti en vacance au Gouvernement. Personne n'a laissé quoi que se soit se faire. Tout le monde est dans la réaction, parce qu'on sait bien que les difficultés méritent qu'on bouge.
V. Pécresse votre collègue de l'enseignement supérieur est peu partie en vacance, puisqu'elle s'est déclarée candidate à la région Ile-de-France pour 2010, comme vous. Elle est jeune, elle est femme, c'est une candidate d'avenir ?
La concurrence ne m'inquiète pas. Sincèrement. C'est normal, s'il y a une primaire, c'est normal qu'il y a plusieurs candidats, sinon ce n'est pas une primaire. La seule chose que je demande c'est que cela se passe sur des propositions, des projets, sur des idées et pas de manière déloyale.
C'était déloyal de se déclarer ?
On va dire simplement que je souhaite qu'il y ait une primaire ouverte, sur des projets et des propositions et pas d'attaque.
Vous disiez fin juillet ici même être prêt à la prendre à votre côté pour mener la bataille en 2010. L'offre demeure ?
L'offre demeure. Mais de toute façon, il n'y a pas de conflit, il n'y a pas de crise...On va en reparler. On va en parler avec Valérie, avec les autres. Ce que je souhaite, c'est rassembler tout le monde, parce que je sais bien que ce n'est pas à droite que cela se joue, c'est contre la gauche en 2010. Et il faut gagner en 2010.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 25 août 2008
Non, ce n'est pas du tout le sujet. Je crois que le premier succès enregistré par N. Sarkozy, par la France et par l'Union européenne, cela a été évidemment le cessez-le-feu. Arrêter les combats, c'était quand même déjà l'élément essentiel, humainement et militairement. Deuxième élément, on sent bien qu'il y a des difficultés politiques, des difficultés de reconnaissance. En tant que président de l'Union européenne, il est tout à fait normal que l'ensemble des Etats européens discute sous l'égide de la France, sous l'égide de N. Sarkozy pour savoir comment on va plus avant.
Parmi les difficultés politiques, il y a le jeu des Russes, le poker menteur des Russes - on se retire, on ne se retire pas. Est-ce que le président de la République française n'est pas le jouet des Russes ?
Pas du tout. Au contraire, là-dessus et sur cette affaire, chacun le sait, il est en contact régulier avec les responsables russes, avec le Président Medvedev, avec le Premier ministre Poutine. C'est lui qui a obtenu le cessez-le-feu. C'est lui qui a dit aux Russes : "attention il ne faut dépasser certaines limites pas rapport à la Géorgie, par rapport aux anciens Etats de l'Union soviétique". Et c'est donc lui qui au contraire va imprimer la marque, au sens de l'Union européenne, sur ce que cela doit devenir.
Alors qu'est-ce qui peut sortir de ce sommet ? Est-ce qu'il y a une nouvelle initiative diplomatique à prendre ?
Ça, je ne suis pas devin. En tout cas, ce qui est sûr, c'est que le président de la République est très attentif à la fois à l'identité, à l'indépendance des Etats, la Géorgie en l'occurrence, mais aussi au fait qu'il ne faut pas rentrer dans un nouveau processus de Guerre froide, qui serait catastrophique pour tout le monde. Tout le monde l'a dit récemment mais c'est une évidence. Il faut faire en sorte de respecter les gens, de respecter les identités. L'identité russe aussi, ce n'est pas le sujet. Mais de faire en sorte que naturellement, les choses se passent bien.
L'autre dossier dramatique c'est l'Afghanistan. "On a péché par excès de confiance", reconnaît ce matin le général Stollsteiner, qui commande les forces alliées à Kaboul, pour expliquer les dix tués français de lundi dernier. Faut-il sanctionner les militaires de terrain ?
Le président de la République a dit deux choses très claires. La première chose, c'est évidemment, au travers de l'hommage national, le respect, l'hommage, le soutien de l'ensemble de la France à nos troupes en Afghanistan qui conduisent un vrai combat contre la barbarie et le terrorisme, combat qu'il faut naturellement poursuivre et gagner. Et le deuxième élément, ce qu'a dit d'ailleurs le président de la République aux familles, c'est que naturellement nous allions tirer toutes les leçons. C'est un peu tôt, laissons les éléments militaires, laissons l'ensemble voir un petit peu ce qui s'est passé. On verra ensuite.
C'est un peu tôt mais dès demain B. Kouchner et H. Morin sont entendus à l'Assemblée.
Ça, c'est autre chose. B. Kouchner et H. Morin sont demain devant les commissions de la Défense et des Affaires étrangères réunies, pour à la fois expliquer ce que font nos troupes en Afghanistan, les enjeux politiques, les enjeux militaires d'une situation très complexe. Et nous aurons à en débattre le 22 septembre.
Les commissions demain vont-elles chercher à savoir aussi les responsabilités dans cette malheureuse affaire ?
Il y aura forcement des questions là-dessus. Les ministres auront à en répondre, mais très naturellement je pense qu'il faut attendre les conclusions de l'ensemble des études et enquêtes menées.
D. de Villepin disait hier au grand jury RTL-LCI : "il faut penser à un calendrier de retrait des troupes françaises". Est-ce que c'est la bonne stratégie ?
Le problème ne se pose pas comme cela. Nous savons qu'est en cours ce qu'on appelle "l'afghanisation" du conflit, c'est-à-dire le fait de transmettre progressivement aux troupes afghanes la responsabilité des secteurs, des régions mais personne ne comprendrait que la France retire ses troupes. Il y a 25 pays européens présents, 40 Etats européens présents dans le combat. Pourquoi ? Parce que qui peut croire qu'on peut accepter le retour des talibans au pouvoir, la fin des droits de l'homme, la fin des droits de la femme, le retour à la barbarie. Personne. Et sincèrement, si cela se produisait, que personne n'imagine que la France loin du territoire afghan serait épargnée. Il y aurait aussi chez nous ou à proximité une recrudescence d'attentats. Et par conséquent, c'est un vrai combat de l'ensemble des pays sur la lutte contre le terrorisme et la barbarie.
Le 22 septembre, l'Assemblée nationale et le Sénat débattront et voteront sur la présence française. C'est une sorte d'application anticipée de la nouvelle Constitution...
Exactement.
...votée début juillet. Et si le Parlement demandait le retrait des troupes. Si le Parlement refusait de voter cette présence continue.
Ça, c'est un droit du Parlement. Je ne le crois sincèrement pas. Je pense que la grande majorité et je l'espère, à gauche comme à droite, parce que je rappelle que cet engagement pris en 2001 avait été pris au moment où L. Jospin était Premier ministre, J. Chirac président de la République. Donc, ce n'est pas une question de clivage politique, c'est une question de responsabilité. Est-ce qu'on peut laisser l'Afghanistan et toute cette partie du monde retomber sous le contrôle de terroristes qui ensuite exporteraient le terrorisme dans le reste du monde. Je ne crois pas que ce soit possible et je pense que l'ensemble de nos responsables dira non.
Pourtant, on entend des voix même à droite comme celles de P. Lellouche pour critiquer cette présence et la stratégie menée sur place ?
La démocratie, c'est aussi que chacun puisse s'exprimer.
Vous craignez la division de la majorité ?
Non pas du tout, non pas du tout. Je pense que la majorité sera très largement unie et j'espère qu'une partie non négligeable de la gauche nous rejoindra sur cette analyse.
Un dossier de cette ampleur ne mérite pas, en application aussi de la nouvelle Constitution, que le Président vienne à terme s'adresser au Parlement pour parler de cela ?
C'est quand même très étonnant. Je pense que là-dessus vous avez raison. Ce serait bien, à terme, que la Président puisse s'exprimer sur des sujets de ce genre, de sujets lourds qui engagent la nation avec les conséquences que l'on sait. Pour le moment, nous rentrons, de manière préventive si je puis dire, dans l'application d'une révision de la Constitution contre laquelle la gauche a voté tout en demandant immédiatement un débat au Parlement. C'est-à-dire qu'après avoir voté contre le fait qu'il puisse y avoir des débats et des votes, ils en ont demandé un et un vote. C'est assez cocasse, mais c'est comme cela. Cela ne me gène pas. Je crois que le président de la République a beaucoup tenu à ce rééquilibrage. C'est vrai que le Parlement va avoir un vrai débat le 22 septembre à l'Assemblée nationale. Et c'est vrai que le jour où le président de la République pourra s'exprimer devant le Congrès, viendra s'exprimer devant le Congrès, ce sont des sujets de ce type qu'il faudra aborder.
La rentrée parlementaire est anticipée avec une session extraordinaire. Quelles sont vos priorités ? Quels textes vont passer en premier ?
La priorité des priorités, pour le président de la République, c'est le pouvoir d'achat et la lutte contre l'exclusion.
L'argent ne va pas tomber comme ça !
Non, il n'est pas question de faire tomber de l'argent comme cela. Si on en avait comme il en pleuvait, ça se saurait. Mais la vérité, c'est qu'il y a de vrais enjeux. Les Français se battent, les Français ont des difficultés, les Français veulent qu'on bouge. Et c'est pour cela que le président de la République a tenu à ce qu'il y a une session extraordinaire. D'où le fait que la session extraordinaire n'est que sur deux textes essentiels : le premier texte sur l'intéressement et la participation, pour distribuer plus de pouvoir d'achat aux salariés dans les entreprises, et le deuxième texte sur le RSA de M. Hirsch, c'est-àdire le revenu de substitution pour pouvoir rentrer dans l'emploi.
Et la prime "transport" ? Le Premier ministre dit vouloir aller vite.
La prime "transport", nous avons dit à l'ensemble des forces syndicales et patronales qu'elles avaient jusqu'au 15 septembre pour se mettre d'accord. C'était l'accord initial si je puis dire. Donc, attendons le 15 septembre. Le Premier ministre a clairement dit que s'il n'y avait pas d'accord sur cette question de prime de transport, eh bien l'Etat, le Parlement serait amené à légiférer.
Dans la loi de finances, cela pourrait passer ?
Probablement dès le budget qui sera voté là. Oui, bien entendu.
Qui va payer cette prime "transport" ? Les employeurs uniquement ? L'Etat ?
Pour le moment, vous allez trop vite. Si on laisse jusqu'au 15 septembre aux partenaires sociaux pour en parler, on ne va pas leur dire déjà comment elle se fait. L'idée qui avait été lancée, c'est ce qui existe déjà en Ile-de-France, c'est le remboursement à moitié de l'engagement en transports publics ou bien - pourquoi pas ? - sur ceux qui ne peuvent pas prendre des transports publics, parce qu'il n'y en a pas dans le secteur où ils sont, bien entendu une prime qui serait versée sur les automobilistes. Mais laissons jusqu'au 15 septembre ; s'il n'y a pas, à ce moment là, d'accord entre les partenaires, eh bien le Gouvernement légiférera.
"Il y a un ras-le-bol des salariés. Il ne faut pas grand-chose pour qu'un mouvement se déclenche" : c'est ce que dit J.-C. Mailly, le secrétaire général de FO, ce matin dans le Parisien. Craignez-vous une rentrée sociale chaude ?
Non. Je crois que tout le monde est parfaitement conscient que dans un environnement international extrêmement difficile, le président de la République et le Gouvernement bougent, prennent des mesures, ont pris beaucoup de réformes de structure qui, à terme, vont avoir des effets bénéfiques sur l'emploi et sur l'économie et qu'aujourd'hui, ils sont dans le réactif. Personne n'est parti en vacance au Gouvernement. Personne n'a laissé quoi que se soit se faire. Tout le monde est dans la réaction, parce qu'on sait bien que les difficultés méritent qu'on bouge.
V. Pécresse votre collègue de l'enseignement supérieur est peu partie en vacance, puisqu'elle s'est déclarée candidate à la région Ile-de-France pour 2010, comme vous. Elle est jeune, elle est femme, c'est une candidate d'avenir ?
La concurrence ne m'inquiète pas. Sincèrement. C'est normal, s'il y a une primaire, c'est normal qu'il y a plusieurs candidats, sinon ce n'est pas une primaire. La seule chose que je demande c'est que cela se passe sur des propositions, des projets, sur des idées et pas de manière déloyale.
C'était déloyal de se déclarer ?
On va dire simplement que je souhaite qu'il y ait une primaire ouverte, sur des projets et des propositions et pas d'attaque.
Vous disiez fin juillet ici même être prêt à la prendre à votre côté pour mener la bataille en 2010. L'offre demeure ?
L'offre demeure. Mais de toute façon, il n'y a pas de conflit, il n'y a pas de crise...On va en reparler. On va en parler avec Valérie, avec les autres. Ce que je souhaite, c'est rassembler tout le monde, parce que je sais bien que ce n'est pas à droite que cela se joue, c'est contre la gauche en 2010. Et il faut gagner en 2010.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 25 août 2008