Texte intégral
C. Barbier.- X. Bertrand, bonjour.
Bonjour C. Barbier.
Le chômage ne baisse plus en France, il est bloqué, un peu audessus des deux millions de chômeurs. Avec le ralentissement dans l'immobilier, le spectre de la récession, ne craignez-vous pas une hausse de demandeurs d'emploi, rapide ?
Eh bien moi, je suis beaucoup plus optimiste que vous, du moins que votre commentaire. Parce que, qu'est-ce que l'on nous avait dit ? Le chômage allait remonter. Or, aujourd'hui le chiffre de l'emploi est un bon chiffre. 7,2 % de taux de chômage, cela veut dire que le retour vers le plein emploi en 2012 est tout à fait à portée de la main. Et c'est dû à quoi ? Ce n'est pas le fait du hasard, c'est dû aux réformes : la réforme du marché du travail, les mesures économiques prises par C. Lagarde, qui vont justement dans le bon sens et n'oublions pas qu'au-delà des statistiques, quand vous avez par exemple depuis la fin de l'année, 200.000 personnes qui ont retrouvé un emploi, ce sont 200.000 personnes qui ont retrouvé un bulletin de paie, et il y en a plus sur un bulletin de paie qu'avec des allocations Assedic. Ces personnes-là aussi vivent mieux et gagnent plus.
Donc, vous désapprouvez L. Wauquiez, qui s'occupe de l'emploi et qui met en garde les constructeurs automobiles qui voudraient délocaliser.
Ce qui est vrai, c'est qu'aujourd'hui quelqu'un qui licencie, doit assumer toutes ses responsabilités : vis-à-vis des partenaires sociaux, vis-à-vis des salariés et vis-à-vis des collectivités. Quand vous avez une entreprise qui part, ce n'est jamais une bonne nouvelle, mais une chose est certaine aujourd'hui, nous devons veiller à ce que la réflexion de ces acteurs économiques ne soit pas seulement à court terme mais aussi à moyen et à long terme.
Puisque l'emploi l'améliore, nous dites-vous, puisque vous allez ouvrir les négociations sur l'assurance chômage, on peut s'attendre à une baisse des cotisations ?
Ce qui est vrai, en ce qui concerne les cotisations chômage, les partenaires sociaux sont dans leurs responsabilités, pleines et entières. Mais ce que nous voulons, nous, également, c'est avoir une convention d'assurance chômage qui nous permette d'aller plus loin vers la flexisécurité à la française, c'est-à-dire d'avoir de la flexibilité souhaitée par les entreprises comme par les salariés, mais aussi d'avoir davantage de sécurisation. Et cette convention d'assurance chômage peut être l'occasion de plus de confiance dans le marché du travail.
Et donc on cotisera plus pour financer cette flexi-sécurité ou on cotisera moins parce que l'emploi va mieux ? Je ne comprends pas.
Ce n'est pas ce que je viens de vous dire. Je viens de vous dire que ce que nous voulons faire, il y a deux choses, parce que je crois que c'est ce que vous avez en tête, alors, parlons-en clairement. Ce que veut faire le Gouvernement, c'est d'augmenter les cotisations vieillesse, comme cela était prévu en 2003. Mais en même temps, ce que nous souhaitons, c'est qu'il puisse y avoir une baisse des cotisations chômage, parce que l'emploi ça va mieux et qu'il n'y ait donc au final aucune augmentation des prélèvements obligatoires qui pèsent sur les entreprises. C'est bien ça que vous aviez en tête ?
J'ai compris, cette fois-ci...
Vous l'aviez bien en tête.
...Les sondages sont clairs : les Français approuvent la création du RSA, du Revenu de solidarité active, mais ils désapprouvent son financement par une taxe sur les revenus de l'épargne. Faut-il modifier ce mode de financement, par exemple à l'occasion de la discussion parlementaire ?
La décision qui a été prise est une décision juste, qui va dans le bon sens, parce que, qu'y a-t-il comme autre choix ? Laisser filer les déficits, augmenter les impôts ? Bien sûr que non.
Alors, plafonnez les niches fiscales, pour récupérer un peu de recettes et les affecter au RSA.
Mais, vous ne trouvez pas, vous, que cette mesure qu'est le RSA est une vraie révolution sociale ?
La mesure est approuvée, c'est son financement.
Eh bien alors, on va en parler, si elle est approuvée, parce qu'on n'en parle plus depuis quelques temps. On est sur le financement et l'on oublie que l'on est au rendez-vous de nos engagements et que le RSA, c'est la solidarité autrement que dans les discours. Qu'est-ce que l'on veut ? Nous voulons justement ramener vers le travail. Le RSA, c'est cela. Moi, en tant qu'élu local, j'ai souvent eu des personnes à ma permanence, qui venaient me dire : « moi, je veux bien reprendre un boulot, mais j'ai fait mes calculs, je vais y perdre ».
Et vous n'avez pas eu des gens des classes moyennes, de Saint Quentin, vous disant : « J'en ai marre de payer des impôts pour...
Je n'ai jamais su leur jeter la pierre à ces personnes, qui en reprenant un boulot allaient y perdre. Là, aujourd'hui, on les sort de l'assistanat. Et les personnes, chez moi, bien sûr qu'elles m'ont demandé pourquoi elles allaient devoir financer avec ce 1,1 %. Et quand vous leur expliquez que c'est mieux que de laisser filer les déficits, parce que ce n'est pas aux enfants de payer, que c'est mieux que de laisser les impôts augmenter, comme on a fait par le passé, eh bien je peux vous dire qu'ils ont bien conscience que cet effort, qui est un effort mesuré, est un effort qui va permettre de ramener vers le travail et en plus d'avoir des économies à la clef. Parce que, quand vous reprenez un boulot, ce sont aussi des cotisations qui vont arriver...
Et de la consommation.
Et de la consommation.
Alors, c'est un effort sauf pour les plus riches qui, grâce au bouclier fiscal, vont échapper à ce 1,1 %. Vous le regrettez ?
Le bouclier fiscal, il ne faut pas s'amuser à vouloir le changer tous les ans, parce qu'il faut de la lisibilité. Qu'est-ce que c'est que le bouclier fiscal ? Ceux qui ont de l'argent, C. Barbier, je préfère qu'ils le dépensent ici, en France, plutôt que cet argent ils le déplacent, là-bas, à l'étranger. Parce que cet argent, quand il est dépensé en France, cela fait de la richesse pour la France et ça fait du bien à l'économie française. Alors, il faut aussi de la lisibilité. Le bouclier fiscal, c'est quand même une mesure qui est simple : vous ne travaillez pas plus d'un jour sur deux pour l'Etat, il faut s'en tenir à ce principe.
Vous allez devoir financer aussi, c'est votre chantier de 2008/2009, la dépendance pour les personnes âgées et handicapées. Promettez-vous, ce matin, sur LCI, de ne pas augmenter les impôts, de ne pas créer de taxes, de trouver les financements ailleurs ?
Oui.
Donc, ça sera sur les économies de l'Etat...
Mais ce n'est pas un scoop, parce que je l'avais déjà indiqué, parce que ça veut dire qu'il faut aussi trouver des solutions nouvelles. Mais le défi de la dépendance est un défi que nous devons relever, tous ensemble, parce que vous avez aujourd'hui un parent qui est victime de la maladie d'Alzheimer ; en dehors des soins, la prise en charge en maison de retraite, ce n'est pas la Sécu qui prend en charge, il n'y a rien pour prendre en charge. Or, ce que nous voulons faire, dans les mois, dans les années qui viennent, avec la dépendance, c'est d'être au rendez-vous. Et je vais vous dire, justement, quel est le public prioritaire, avec ce 5ème risque ? Ce sont ces classes moyennes, parce que quand vous faites partie des plus démunis, la solidarité est toujours là pour prendre en charge la dépendance. Quand vous êtes riche, vous savez vous prendre en charge vous-même, mais quand vous êtes entre les deux, il n'y a rien pour vous, et notre objectif, c'est de diminuer notamment le reste à charge, à charge des familles, quand vous avez quelqu'un placé dans un ??tablissement. Là, cette priorité est essentielle, parce que nous voulons créer plus de places, mais nous voulons diminuer le reste à charge pour ces classes moyennes.
L'UMP tient ce week-end son campus, son université d'été à Royan. Est-il vrai que N. Sarkozy exige une démonstration d'unité pour marquer le contraste avec le PS à La Rochelle la semaine dernière ?
Oh, vous savez, Royan - La Rochelle : 71 km. Vous allez voir que c'est à des années lumière, à des années lumière, parce que nous on va parler des idées et en plus vous avez une nouvelle équipe à la tête des Jeunes populaires, avec notamment B. Lancar, M. Guillemin, A. Bergé. B. Lancar, qui aujourd'hui a vraiment envie de faire des Jeunes populaires une force politique nouvelle. Ça va bouger à Royan, et les Jeunes populaires vont faire bouger l'UMP, et la droite française.
Et, est-ce que ça va bouger chez les seniors ? Pas de remaniement à la direction de l'UMP, affirme P. Devedjian. Confirmez-vous et regrettez-vous cet immobilisme ?
Et vous, vous allez remplacer C. Kelly ?
Ecoutez, Christine on l'aime beaucoup, mais ce n'est pas un parti politique, ici.
Ça n'est pas plus d'actualité. Ça n'est pas plus d'actualité. Le seul changement qu'il y a à l'UMP, c'est le changement au niveau des Jeunes populaires, avec B. Lancar qui va justement insuffler une nouvelle dynamique chez les Jeunes populaires. Et je vais vous dire ce qui va se passer à Royan. Ce qui va se passer à Royan, c'est que les jeunes vont interpeller les ministres. Le campus il n'est pas pour les dirigeants, le campus il est pour les étudiants et pour ces jeunes. Et ils vont justement dire aux ministres : où vous en êtes ? Où est-ce que l'on va, et voilà, nous, ce que nous voulons. Et ce qui va se passer aussi avec ce campus, c'est une nouvelle étape, dans cette nouvelle étape politique, pour l'UMP, qu'attendent les militants, qu'attend aussi notre électorat.
Il y a un autre changement à l'UMP. Vous étiez 370 000 fin 2007, vous êtes 210 000, ça c'est un problème pour le secrétaire général, pour les patrons de l'UMP.
Et on était combien, l'an dernier, au 1er septembre 2007 ?
Alors, ça, il faudrait garder les cartes à jours.
Eh bien on était exactement au même niveau.
Alors, ce n'est pas perdu ?
Eh bien écoutez, je vais vous dire en plus une chose, des rendez-vous très importants. En novembre, le renouvellement de toutes les instances internes, du comité de circonscription au conseil national. Mais on va aller beaucoup plus loin, parce qu'en mars prochain, pour désigner la tête de liste pour les élections régionales, dans les 22 régions, ce sont les militants qui décideront. Ça ne sera plus Paris qui décidera ou qui imposera, ce sont les militants, et ça, je vais vous dire, ça va permettre de montrer à un adhérent de l'UMP, à un militant de l'UMP, que sa carte de l'UMP est un bulletin de vote permanent. La démocratie doit être encore plus présente dans les partis politiques, et nous, nous allons être à la pointe, c'est normal, nous sommes le premier parti politique de France, mais l'UMP est peut-être aussi l'un des plus modernes en Europe.
B. Hortefeux est disponible pour diriger l'UMP, c'est opportun ?
Mais, je viens de vous le dire. La seule question qui compte : est-ce que l'on est dans une logique d'équipe ? Oui. L'UMP, ce n'est pas le Parti socialiste, parce que nous, ce qui nous intéresse, c'est la logique des idées. Brice est conseiller politique, nous sommes plusieurs secrétaires généraux adjoints avec P. Devedjian et nous sommes tous engagés dans ce travail d'équipe. Et je vais vous dire une chose, rendez-vous à Royan. Rendez-vous à Royan, parce que vous allez voir que le vrai débat, chez nous, ce sont les idées.
En un mot : G. Larcher, J.-C. Gaudin, J.-P. Raffarin, votre favori pour le Sénat ?
Je ne suis pas sénateur.
Quand même, vous avez votre mot à dire, à l'UMP.
Je ne suis pas sénateur.
Alors, en un mot, F. Fillon dit aux ministres du G7, les 7 qui sont reçus par Sarkozy : « soyez discrets, pas de publicité ». Vous allez lui obéir ?
Vous dites « pas de publicité », donc on ne va pas en parler.
Donc vous obéissez.
Une chose est certaine, il faut bien voir un chose : vous êtes passionné par les petites phrases, par les interprétations. Je vais vous dire ce qui passionne les Français, ce qu'ils m'ont dit pendant l'été : continuez. Eh bien on va continuer ce travail de réforme et on ne se laissera pas détourner l'attention par quoi que ce soit.
X. Bertrand, merci, bonne journée.
Merci.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 5 septembre 2008