Interview de M. Philippe de Villiers, président du Mouvement pour la France, dans "Le Parisien" du 5 septembre 2008, sur la position "euroseptique" du Mouvement pour la France et la critique de la présidence française de l'Union européenne et de l'envoi de troupes françaises en Afghanistan.

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Média : Le Parisien

Texte intégral

Quel sera le thème de votre université d'été ?
Philippe de Villiers. Nous aurons un invité exceptionnel : Declan Ganley, le leader du non au traité de Lisbonne lors du référendum irlandais.
Il est aussi l'architecte du futur réseau européen qui sera présent dans les vingt-sept pays membres de l'UE sous forme de listes aux élections européennes, dont la nôtre. L'idée est de transformer ce scrutin en un grand référendum contre Lisbonne, car ce traité est mort, mais les dirigeants européens refusent de l'admettre. Ce sera aussi une façon de dire non à Bruxelles et à la façon dont l'Europe se construit contre la volonté des peuples. Avec nos listes coordonnées dans toute l'Europe, nous voulons créer un groupe majoritaire au Parlement européen.
Ne craignez-vous pas la concurrence d'autres listes eurosceptiques en France ?
J'appelle tous ceux qui pensent comme nous à nous rejoindre. Je pense en particulier au mouvement de Nicolas Dupont-Aignan et à tous les députés de droite qui ont voté non à la réforme de la Constitution pour protester contre la suppression du référendum sur l'éventuelle entrée de la Turquie. Je serai un artisan de l'unité.
Que pensez-vous de la présidence française de l'UE ?
Sarkozy m'a déçu. J'attendais que le chef de l'Etat fasse respecter le vote des Irlandais. Or il le piétine. J'attendais qu'il tienne sa promesse de ne pas laisser entrer la Turquie : au lieu de ça, il vient d'ouvrir deux nouveaux chapitres d'adhésion ! J'attendais qu'il mette au pas les commissaires de Bruxelles, mais il est sous leur coupe comme les autres. Ce qui l'empêche de résoudre les problèmes de la France.
A-t-il bien fait d'envoyer des troupes supplémentaires en Afghanistan en avril ?
Non. Je ne vois pas très bien ce que l'on fait là-bas. Mais maintenant que nous y sommes, il est hors de question d'en partir. Cependant, il n'est pas souhaitable d'envoyer de nouveaux renforts et de travailler aux ordres des Américains. Cela dit, je suis outré par les photos parues dans « Paris Match » et qui mettent en valeur des talibans avec des fusils et des effets militaires récupérés sur des soldats assassinés. Je comprends la liberté de la presse mais elle ne doit pas être prétexte à la haute trahison. C'est un manque de respect terrible pour les familles.
Propos recueillis par Frédéric Gerschel
source http://www.pourlafrance.fr, le 10 septembre 2008