Texte intégral
Q - On vous peu entendu vous exprimer depuis l'élection présidentielle. Pourquoi ce quasi-silence ?
R - Au second tour de l'élection présidentielle, j'ai appelé à faire barrage à la gauche en votant pour Nicolas Sarkozy. J'ai ensuite décidé de prendre du champ, considérant qu'il était naturel de laisser au nouveau président le temps de faire ses preuves. Dix-huit mois plus tard, deux raisons me conduisent à reprendre la parole : l'état de la France, qui s'est profondément dégradé, en dépit de l'activité présidentielle, et l'approche des élections européennes qui, en raison notamment du non irlandais au traité de Lisbonne, constituent une formidable occasion de changer de direction...
Q - Jusqu'alors, les élections européennes n'ont jamais eu d'incidence majeure sur la politique intérieure...
R - Tout va changer cette fois en raison de la nature même de l'Europe actuelle qui, en se construisant délibérément contre les peuples, accélère leur prise de conscience. C'est le sens de la présence de Declan Ganley, le chef de file du non irlandais au traité de Lisbonne, que j'ai invité dimanche à l'Espace Cardin : partout, en Europe, des listes vont se constituer afin de dégager, au Parlement européen, une majorité décidée à respecter la volonté des citoyens.
Q - Une Europe plus proche des peuples, c'est ce que dit aussi Nicolas Sarkozy...
R - Nous avons, de fait, deux présidents en un : un président eurosceptique à Paris et un président eurobéat à Bruxelles. L'ennui c'est que c'est à Bruxelles que sont prises les décisions qui pèsent sur notre vie, à commencer par l'euro fort qui accélère les délocalisations et grippe tous les moteurs de la croissance, ce qui vide les caisses de l'Etat et oblige le président de la République à se renier en augmentant la pression fiscale qu'il avait promis de relâcher... J'ajoute que si Nicolas Sarkozy avait réellement voulu infléchir la politique européenne, il lui était facile de mettre chacun devant ses responsabilités en proposant un autre « traité simplifié ». Or celui qu'il se vante d'avoir fait accepter à nos partenaires est le décalque parfait de la Constitution européenne, refusée par les Français, les Néerlandais et désormais les Irlandais. A mes yeux, la présidence française recèle un triple déni de démocratie : nous faisons comme si le non des Irlandais au traité de Lisbonne n'avait pas existé, puisque nous souhaitons les faire revoter ; alors que Nicolas Sarkozy avait martelé, pendant sa campagne, son refus d'une Turquie européenne, il profite de la présidence française de l'Union pour ouvrir deux nouveaux chapitres dans les pourparlers d'adhésion, non sans avoir fait sauter le verrou référendaire qui était inscrit dans notre Constitution ; enfin, il accélère la construction d'une défense européenne soumise à l'Otan, donc aux Américains, alors que l'Europe a plus que jamais besoin d'avoir les mains libres pour peser dans le monde.
Q - Vous pensez à l'Afghanistan ?
R - Avant d'aller faire la guerre aux talibans chez eux, il aurait été judicieux de s'occuper des talibans qui prêchent le djihad dans nos banlieues et font du prosélytisme dans les prisons françaises. Quant à l'Afghanistan, il est bien évident que, puisque nous y sommes, nous ne pouvons évidemment plus reculer, car ce serait un signal déplorable pour tous les fanatiques. Mais encore faut-il que la France garde, sur place, son autonomie stratégique. Les méthodes américaines sont loin, pour l'instant, de porter leurs fruits.
Q - Quel sera, concrètement, votre thème de campagne pour les européennes ?
R - Je défendrai l'idée que pour remettre la France en marche, il faut remettre l'Europe à l'endroit. Il n'y a plus, d'un côté, la politique intérieure, et de l'autre, la politique européenne. La preuve : Nicolas Sarkozy peut bien déployer toute son énergie, chacun comprend que s'il échoue c'est qu'il n'a plus les manettes. Elles ont été transférées par les traités aux fonctionnaires de Bruxelles, aux juges de Luxembourg et aux banquiers de Francfort. Retrouver les marges de manoeuvre économiques, fiscales, et politiques qui permettront à l'Europe de se battre à armes égales dans la mondialisation, ce n'est pas qu'un enjeu français. C'est une préoccupation commune à une majorité d'Européens. C'est pourquoi je suis optimiste sur notre capacité à renverser la tendance au Parlement de Strasbourg. Rendez-vous en juin 2009 !
source http://www.pourlafrance.fr, le 23 septembre 2008
R - Au second tour de l'élection présidentielle, j'ai appelé à faire barrage à la gauche en votant pour Nicolas Sarkozy. J'ai ensuite décidé de prendre du champ, considérant qu'il était naturel de laisser au nouveau président le temps de faire ses preuves. Dix-huit mois plus tard, deux raisons me conduisent à reprendre la parole : l'état de la France, qui s'est profondément dégradé, en dépit de l'activité présidentielle, et l'approche des élections européennes qui, en raison notamment du non irlandais au traité de Lisbonne, constituent une formidable occasion de changer de direction...
Q - Jusqu'alors, les élections européennes n'ont jamais eu d'incidence majeure sur la politique intérieure...
R - Tout va changer cette fois en raison de la nature même de l'Europe actuelle qui, en se construisant délibérément contre les peuples, accélère leur prise de conscience. C'est le sens de la présence de Declan Ganley, le chef de file du non irlandais au traité de Lisbonne, que j'ai invité dimanche à l'Espace Cardin : partout, en Europe, des listes vont se constituer afin de dégager, au Parlement européen, une majorité décidée à respecter la volonté des citoyens.
Q - Une Europe plus proche des peuples, c'est ce que dit aussi Nicolas Sarkozy...
R - Nous avons, de fait, deux présidents en un : un président eurosceptique à Paris et un président eurobéat à Bruxelles. L'ennui c'est que c'est à Bruxelles que sont prises les décisions qui pèsent sur notre vie, à commencer par l'euro fort qui accélère les délocalisations et grippe tous les moteurs de la croissance, ce qui vide les caisses de l'Etat et oblige le président de la République à se renier en augmentant la pression fiscale qu'il avait promis de relâcher... J'ajoute que si Nicolas Sarkozy avait réellement voulu infléchir la politique européenne, il lui était facile de mettre chacun devant ses responsabilités en proposant un autre « traité simplifié ». Or celui qu'il se vante d'avoir fait accepter à nos partenaires est le décalque parfait de la Constitution européenne, refusée par les Français, les Néerlandais et désormais les Irlandais. A mes yeux, la présidence française recèle un triple déni de démocratie : nous faisons comme si le non des Irlandais au traité de Lisbonne n'avait pas existé, puisque nous souhaitons les faire revoter ; alors que Nicolas Sarkozy avait martelé, pendant sa campagne, son refus d'une Turquie européenne, il profite de la présidence française de l'Union pour ouvrir deux nouveaux chapitres dans les pourparlers d'adhésion, non sans avoir fait sauter le verrou référendaire qui était inscrit dans notre Constitution ; enfin, il accélère la construction d'une défense européenne soumise à l'Otan, donc aux Américains, alors que l'Europe a plus que jamais besoin d'avoir les mains libres pour peser dans le monde.
Q - Vous pensez à l'Afghanistan ?
R - Avant d'aller faire la guerre aux talibans chez eux, il aurait été judicieux de s'occuper des talibans qui prêchent le djihad dans nos banlieues et font du prosélytisme dans les prisons françaises. Quant à l'Afghanistan, il est bien évident que, puisque nous y sommes, nous ne pouvons évidemment plus reculer, car ce serait un signal déplorable pour tous les fanatiques. Mais encore faut-il que la France garde, sur place, son autonomie stratégique. Les méthodes américaines sont loin, pour l'instant, de porter leurs fruits.
Q - Quel sera, concrètement, votre thème de campagne pour les européennes ?
R - Je défendrai l'idée que pour remettre la France en marche, il faut remettre l'Europe à l'endroit. Il n'y a plus, d'un côté, la politique intérieure, et de l'autre, la politique européenne. La preuve : Nicolas Sarkozy peut bien déployer toute son énergie, chacun comprend que s'il échoue c'est qu'il n'a plus les manettes. Elles ont été transférées par les traités aux fonctionnaires de Bruxelles, aux juges de Luxembourg et aux banquiers de Francfort. Retrouver les marges de manoeuvre économiques, fiscales, et politiques qui permettront à l'Europe de se battre à armes égales dans la mondialisation, ce n'est pas qu'un enjeu français. C'est une préoccupation commune à une majorité d'Européens. C'est pourquoi je suis optimiste sur notre capacité à renverser la tendance au Parlement de Strasbourg. Rendez-vous en juin 2009 !
source http://www.pourlafrance.fr, le 23 septembre 2008