Interview de M. Dominique Bussereau, secrétaire d'Etat chargé des transports, à La Chaîne Info le 2 octobre 2008, sur la situation de l'indutrie automobile à l'heure de l'ouverture du Mondial de l'automobile.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : La Chaîne Info

Texte intégral

L. Bazin.-  Bonjour, D. Bussereau !  
 
Bonjour, L. Bazin !  
 
Ministre des Transports, notamment. Vous serez avec le Premier   ministre tout à l'heure à l'ouverture du Mondial de l'Auto. On dit   que ce n'est pas une période faste, c'est le moins qu'on puisse dire ;   suppressions de postes chez Renault, suppressions de postes chez   Peugeot, en tout cas pour l'instant chômage technique. Est-ce que   vous aurez le coeur à la fête ?  
 
Ecoutez, ça va être un Mondial qui se situe naturellement dans tout ce   contexte de crise financière, que votre journal rappelait à l'instant. Mais   en même temps, ça va être un beau Mondial parce que les entreprises   françaises ont beaucoup avancé dans le véhicule de l'avenir, les   véhicules hybrides, les véhicules électriques, et qu'on va y voir   beaucoup de choses très intéressantes. Alors des choses autour de la   roue etc. Donc c'est un Mondial qui, je crois, aura beaucoup de   fréquentation et qui va beaucoup intéresser les amateurs d'automobile,   les futurs acheteurs, parce qu'il va montrer un peu ce que sera   l'automobile de demain.  
 
Le commissaire du Mondial, qu'on avait tout à l'heure en duplex,   nous disait : la crise s'arrête aux portes du Mondial ; on ne peut   franchement pas acheter ça, vous êtes d'accord ?  
 
Ecoutez, si j'observe les ventes sur le marché français dans un mois de   septembre difficile, on a eu des chiffres du chômage qui ont montré que   notre économie avait des difficultés...  
 
En hausse de 8,4 %.  
 
Voilà. Donc ça veut dire que les Français s'intéressent à la voiture.   Notre mesure malus bonus, la mesure qu'a mis en place J.-L. Borloo,   fonctionne bien...  
 
Je note que vous dites maintenant malus bonus et non plus bonus   malus, c'est-à-dire qu'on a inversé la perspective.  
 
Oh ! Ecoutez, j'aurais pu dire bonus malus, c'est vraiment une figure de   rhétorique...  
 
C'est donc le premier Mondial bonus malus.  
 
Bah, ça a quand même permis d'augmenter de 50 % les achats de   voitures économes en énergie, de faire baisser de 40 % les achats de   voitures moins économes en énergie, donc c'est une mesure fiscale   intelligente qui a bien fonctionné et qui veut dire qu'aujourd'hui c'est   vrai on achète beaucoup plus de petites voitures, on accorde plus de   place aux transports collectifs, le TGV est en train de gagner des parts   de marché etc.  
 
Donc les prix baissent un peu du côté...  
 
Donc on a une réorganisation de la manière dont nous les Français nous   nous transportons. On choisit plutôt le transport collectif, on a une   petite voiture pour la vie familiale, on utilise le TGV pour des grands   déplacements, on est un peu dans un nouveau mode d'organisation.  
 
Finalement, vous êtes en train de nous dire ce matin "Vive la   crise !"  
 
Non, je ne dis pas "Vive la crise"...  
 
On peut changer des comportements et ils ne changent que sous la   pression  
 
Non, la crise est dure parce qu'elle a des influences sur le crédit et donc   le crédit a des influences sur la vie des entreprises. Donc la crise est   dure. Le président de la République, le Premier ministre l'ont affirmé   avec force, mais ce que je veux dire c'est que l'automobile ce n'est pas   quelque chose qui est en grande difficulté, les industries françaises ont   peut-être aussi souffert d'avoir eu ces derniers temps moins de   nouveaux modèles. Mais aujourd'hui, quand je regarde tout ce qu'elles   préparent dans le domaine du véhicule hybride, dans le domaine du   véhicule électrique, tous les aménagements de sécurité des véhicules,   qui contribuent aussi pour beaucoup à la baisse du nombre de morts et   de blessés sur les routes, je trouve que nous avons une industrie   automobile française et européenne qui tient la route.  
 
Ça vous rassure de lire ce matin dans Les Echos, vous avez le   papier bleu des Echos juste devant vous...  
 
Voilà, de monsieur Ghosn.  
 
L'interview de monsieur Ghosn où il dit il n'y aura pas de   fermetures d'usines en France.  
 
Je crois que c'est ce qu'il a dit au président de la République tout à fait   récemment...  
 
Les ouvriers de Sandouville seront contents de l'entendre !  
 
Voilà. Et puis je crois, si vous voulez, que Renault, Renault comme   Peugeot, comme PSA, ce sont deux belles entreprises, nous avons deux   dirigeants à la tête de ces entreprises, C. Streiff et C. Ghosn, qui sont   reconnus mondialement, ils ont beaucoup de choses à venir, beaucoup   de nouveaux projets, moi je les vois régulièrement, je suis fier de   l'industrie automobile française et je pense qu'il faut garder un peu un   optimiste raisonnable sur l'avenir de cette industrie.  
 
Pas d'optimisme béat, mais pas de catastrophisme non plus, on   l'entend.  
 
Non, pas de catastrophisme.   
 
 Est-ce que si Peugeot et Renault étaient en difficultés, comme   pourraient l'être demain des banques françaises, comme l'a été   Dexia qui est franco-belge, l'Etat mettrait au pot ? Parce que l'Etat   est revenu en ligne de manière très forte, ces derniers jours, c'est   assez clair.  
 
L'Etat joue son rôle de régulateur. Le président de la République a   réaffirmé, dans le discours très important de Toulon la semaine   dernière, quel était le rôle de l'Etat : l'Etat est là pour assurer les règles,   mais quand il y a quelque chose qui peut avoir une influence négative   sur la vie quotidienne des Français, comme il l'a fait avec les Belges et   les Luxembourgeois...  
 
Donc, c'est oui ?  
 
Ecoutez, je ne peux pas vous répondre, le problème ne se pose pas. La   conception que nous avons [au sein] de ce gouvernement du libéralisme   est un libéralisme social, un libéralisme dans lequel l'Etat joue son rôle   de régulateur, ce qui a été fait pour Dexia en liaison avec les   gouvernements des pays qui nous entourent, du Benelux.  
 
C'est du régularisme, de la régularisation qui n'exclut pas la   privatisation, c'est une conception du libéralisme qui est un peu   particulière quand même. 
 
Non, écoutez, c'est une politique intelligence. On a privatisé les   autoroutes, on a ouvert le capital d'Aéroports De Paris, Air France est   une entreprise où il y a maintenant une majorité de capitaux privés.   Donc les choses évoluent. Mais à tout moment, l'Etat qui est   actionnaire, l'Etat qui est acteur, en fonction de la conjoncture   économique, vient pour apporter la bonne réponse par rapport à la   conjoncture économique. Je crois que c'est un rôle intelligent et   moderne de l'Etat.  
 
On retient votre optimisme raisonnable ce matin et on vous garde   sous la main, D. Bussereau, si vous le voulez bien.  
 
Optimiste et raisonnable, si vous le voulez bien !  
 
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 2 octobre 2008