Déclaration de M. Alain Juppé, Premier ministre, sur les relations entre la France et le Cambodge, notamment la coopération économique et sociale, Paris le 23 avril 1996.

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Circonstance : Visite officielle en France du roi du Cambodge Norodom Sihanouk du 22 au 26 avril 1993-réception à Matignon le 23

Texte intégral

Sire, Madame,
Permettez-moi d'exprimer le plaisir et l'honneur que nous ressentons, mon épouse et moi-même, en recevant vos Majestés. Leur présence symbolise les liens d'amitié tissés entre le Cambodge et la France au long d'une histoire qui a uni leurs destinées, les a parfois séparées, donnant encore plus d'intensité à leurs retrouvailles.
Sire,
Le Cambodge renaît peu à peu, après les terribles épreuves qu'il a connues.
L'engagement de la France dans la Conférence de Paris, il y a 5 ans, a permis un règlement global du conflit cambodgien. Permettez, Sire, qu'en faisant référence à cet événement historique, je salue la contribution inestimable que vous avez apportée à ce processus de paix.
Le Cambodge et la France ont changé pendant les années de séparation imposées par l'Histoire. Ils apprennent à nouveau à se connaître pour éviter malentendus ou déceptions. Nous devons ensemble travailler à renforcer la confiance entre nos pays.
L'effort de coopération sans précédent, mené par la France au Cambodge et qui en fait le second donateur, a exigé de notre part une forte et rapide mobilisation des ressources, dans un contexte marqué alors par l'urgence.
La France entend privilégier une coopération qui contribue de manière effective à un développement économique et social durable du Cambodge. Les actions actuellement menées traduisent ce choix, qu'il s'agisse de contribuer au renforcement de l'État de droit ou de former des hommes, éléments essentiels pour la pérennité d'un État moderne et stable. Nous visons aussi le transfert progressif à la partie cambodgienne des projets pour lesquels notre soutien a été important, comme le complexe hospitalo-universitaire Calmette ou l'institut de technologie. Le travail de longue haleine entrepris dans les universités de Pnom Penh viendra étayer ce processus.
L'évolution de la coopération économique est également encourageante. La rénovation de l'aéroport de Pnom-Penh, par exemple, constitue un signe positif pour les entreprises françaises qui regardent vers le Cambodge. La rénovation des infrastructures de votre capitale, le développement du secteur énergétique, la relance de l'industrie du caoutchouc sont autant de grands chantiers pour lesquels les entreprises françaises sont disponibles.
Sire, la relation forte et ancienne entre nos deux pays s'insère dans un espace plus large, régional et mondial, où le Cambodge doit occuper la place qui lui revient. La France se félicite de l'adhésion prochaine du Royaume du Cambodge à l'ASEAN. Grâce à celle-ci, le Cambodge pourra participer pleinement au prochain Sommet de l'ASEM et au nouveau dialogue qui s'instaure entre l'Asie et l'Europe.
Soyez assuré, Sire, que la France aura à cur d'entretenir la relation historique privilégiée qui s'est développée entre nos deux peuples. Notre appartenance commune à la famille francophone constitue un atout qu'il convient de cultiver dans tous les domaines - culturel, scientifique, économique et juridique-.
L'histoire de l'Europe montre qu'une forte détermination permet de dépasser les rivalités les plus anciennes, sans renoncement à ses valeurs propres.
Puisse le Cambodge, grâce à votre sage autorité, en renouant avec la paix et en s'acheminant vers le développement, apporter sa contribution à la stabilité dans la région, sans renoncer à ce qui fonde son identité et son histoire.
Sire,
Madame,
Je souhaiterais porter un toast à la santé de vos Majestés et à l'avenir des relations franco-cambodgiennes.