Interview de M. Patrick Devedjian, secrétaire général de l'UMP, à France Inter le 16 novembre 2008, sur le congrès du Parti socialiste et l'élection du Premier secrétaire.

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Média : France Inter

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Quel regard portez-vous sur le congrès socialiste de Reims ?
Je suis comme tous les Français, je n'y comprends rien. J'avais cru saisir que les militants avaient voté, que la motion de Ségolène Royal était arrivée en tête, pas de beaucoup, mais enfin qu'elle était en tête. Et il faut tout recommencer. Des motions s'affrontent A, B, C, D, E - étrange façon de nommer des orientations - mais personne ne comprend sur quoi porte le débat. C'est la guerre des chefs
N'est-ce pas la présidentialisation du régime qui conduit à cette évolution ?
La gauche ne fait que récolter ce qu'elle a semé. C'est Lionel Jospin qui a décidé lorsqu'il était premier ministre de faire coïncider l'élection présidentielle avec les élections législatives et de faire en sorte que le second scrutin découle du premier. Et celui qui a tempéré ce présidentialisme, c'est Nicolas Sarkozy. Il a fait une réforme constitutionnelle pour redonner au Parlement beaucoup plus de pouvoirs qu'il n'en avait, et la gauche a choisi de voter contre !
Qui de Mme Royal ou de Mme Aubry préféreriez-vous affronter ?
Il ne m'appartient pas de choisir. Quel que soit notre adversaire, il sera redoutable, parce que les Français sont attachés au principe de l'alternance. Le Parti socialiste a beau de ne pas être en forme, il a remporté les élections municipales. Nous aurions tort de croire que toute cette comédie à laquelle nous assistons dissuadera les Français de voter pour lui.
Si Ségolène Royal est élue, ne craignez-vous pas qu'un front commun se constitue avec François Bayrou contre Nicolas Sarkozy ?
Pour faire ce que dit Ségolène Royal, il faudrait d'abord que le Parti socialiste clarifie sa position par rapport à l'extrême gauche et par rapport à l'économie de marché. Il en est visiblement incapable. Il est le seul de son espèce en Europe à demeurer sous l'influence intellectuelle de l'extrême gauche. Je n'ai pas de conseil à donner à François Bayrou mais je constate une chose ; son idée de faire une alliance avec le Parti socialiste est une vieille idée. En cinquante ans, elle n'a jamais marché.
Peut-être mais Nicolas Sarkozy lui-même n'hésite pas à travailler avec des socialistes !
Parce qu'il reconnaît qu'il y a des talents à gauche et que dans certains domaines l'approche de la gauche peut correspondre davantage aux aspirations des Français.
Jean-Pierre Jouyet va bientôt quitter le gouvernement à sa demande. N'est ce pas le premier échec de l'ouverture ?
Non, car il y aura d'autres ministres d'ouverture. C'est la condition pour que la réforme soit comprise par l'ensemble de l'opinion. En outre, Jean-Pierre Jouyet a été très loyal. il a toujours dit que les fonctions qu'il exerce lui paraissaient utiles pendant la présidence française. Son attitude ne crée pas de réelle surprise.
Il y a du remaniement dans l'air, souhaitez vous entrer au gouvernement ?
Je n'ai pas envie d'être ministre pour être ministre. J'ai envie d'être utile là où je peux être utile. Et je crois que je le suis à l'UMP, je crois y avoir fait un travail peut-être ingrat, pas toujours spectaculaire, mais absolument indispensable. Mon mandat de secrétaire général est à la disposition du président de la République. Il décidera de ce qu'il conviendra de faire. A ce jour, rien n'est prévu.
Propos recueillis par Jean-François Achilli, Michel Dumoret et Françoise Fressoz
source http://www.u-m-p.org, le 21 novembre 2008