Déclaration de Mme Elisabeth Guigou, ministre de l'emploi et de la solidarité, sur la mise en œuvre d'un réseau gérontologique entre l'hôpital et le domicile ou l'établissement d'hébergement, Montolivet le 13 avril 2001.

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Circonstance : Visite du Centre départemental gérontologique de Montolivet le 13 avril 2001

Texte intégral

C'est avec beaucoup de plaisir que je viens partager quelques instants avec vous au centre gérontologique départemental (CGD) de Montolivet, dont vous êtes fier de rappeler que c'est le seul établissement public strictement gériatrique sur l'agglomération.
Vous avez là en effet un établissement qui a su, au cours de son histoire, s'adapter à l'évolution des besoins de la population. Depuis 1901, date à laquelle le conseil général des Bouches-du-Rhône a décidé la création d'un asile départemental de la vieillesse, destiné, en particulier, aux invalides et aux incurables, quel chemin parcouru lorsque nous voyons aujourd'hui, la diversité des services offerts : services de médecine, de moyen séjour, d'hospitalisation à domicile, de long séjour, de soins infirmiers à domicile, maison de retraite ; mais aussi partenariat avec le tissu associatif, largement ouvert sur l'extérieur par le développement de coopération avec la médecine de ville et les établissements publics ou privés de santé.
Il illustre parfaitement la notion de réseau qui doit relier les différents professionnels et services entre eux pour assurer une prise en charge de qualité des personnes âgées.
I. L'importance d'une mise en réseau des différents acteurs autour de la personne
Il ne suffit plus en effet aujourd'hui d'avoir un bon service de gériatrie, ou des places de service de soins infirmiers, ou des lits en maison de retraite pour assurer une bonne prise en charge. Ce qui compte tout autant désormais, c'est comment faire travailler ensemble tous les services et apporter la bonne réponse, au bon moment, à chaque personne.
Cette bonne réponse, elle doit d'abord être apportée lorsque les personnes âgées éprouvent des difficultés, ressentent une souffrance, ou vivent isolées.
Les médecins de ville jouent à ce moment là un rôle important, car ils sont les interlocuteurs des personnes âgées. Ces généralistes doivent donc bien connaître les services et les établissements disponibles localement. Ils doivent pouvoir s'appuyer sur les autres partenaires sociaux pour proposer la bonne orientation, diriger les personnes âgées et les familles vers les sources d'information.
C'est là la première raison d'être des centres locaux d'information et de coordination -les CLIC- qui se mettent en place progressivement. Le gouvernement a décidé la création de 25 CLIC dès l'année 2000. 70 nouveaux centres verront le jour en 2001. Il y en a deux dans les Bouches-du-Rhône, et d'autres projets sont en cours. Je crois d'ailleurs que le centre de Montolivet est candidat pour héberger un troisième CLIC, et il me semble disposer de tous les atouts pour que sa candidature soit retenue.
Avec le CLIC, les personnes âgées et leurs familles doivent pouvoir accéder à toutes les informations sur leurs droits, ainsi que sur les possibilités de prise en charge existantes, aussi bien à domicile qu'en établissement. Je dirais que c'est la mission de base des CLIC.
Mais ces structures vont plus loin puisqu'elles peuvent aussi coordonner l'accès aux différents services et aux droits : dossier pour les demandes de prestation, interface et mise en contact avec les services d'aide à domicile, les établissements. Si les circonstances et les moyens locaux le permettent, le CLIC peut aussi coordonner l'intervention même de ces services.
Une bonne réponse doit être aussi apportée lorsque les besoins changent. Ponctuellement, une hospitalisation peut être nécessaire. L'entrée en établissement peut s'imposer, ou au contraire être parfois évitée s'il est fait recours de façon accrue à un service d'aide à domicile, ou à un service de soins infirmiers. Il faut aussi réussir la sortie de l'hôpital si le retour à domicile n'est pas possible.
Bref, la nécessité d'un fonctionnement articulé entre les différents services n'est pas nécessaire seulement lorsque la perte d'autonomie apparaît, mais aussi lorsqu'elle s'aggrave ou qu'elle appelle des réponses différentes ou ponctuelles comme l'hôpital. Il s'agit d'assurer une continuité de la prise en charge, de façon globale, à la fois médicale et sociale.
Combien d'entre nous ont été confrontés à l'angoisse vécue par ces personnes ou leur famille lors de la sortie d'hôpital, sans savoir comment faire désormais pour assurer la prise en charge à domicile, ou sans savoir où et comment trouver une place dans une maison de retraite.
Des progrès importants ont été accomplis. Les CLIC auront, et ont déjà, un rôle important à jouer dans ces circonstances.
Une des évolutions importantes de votre centre a été depuis quelques années son ouverture sur l'extérieur, avec l'adjonction de services d'hospitalisation à domicile et de soins infirmiers à domicile. En 2001, le centre bénéficiera d'ailleurs de financements complémentaires au titre des places de SSIAD, dans le cadre du plan de développement des services de soins infirmiers qu'a décidé le gouvernement, à hauteur de 1,2 MdsF sur cinq ans.
L'évolution du cadre juridique va par ailleurs permettre de renforcer la mise en réseau et la coordination gérontologique. La rénovation de la loi de 1975 sur les institutions sociales et médico-sociales actuellement débattue au Parlement prévoit en effet de généraliser les schémas de planification, sur la base d'une évaluation des besoins.
La rencontre entre les initiatives locales, dont le centre de Montolivet est un bon exemple, et la mise en place au niveau national de nouveaux outils, permettront ainsi d'assurer une bonne articulation avec l'accueil en établissement. L'entrée en établissement, lorsqu'elle est nécessaire, sera ainsi mieux préparée.
II. La vie en établissement
Nous souhaitons tous que nos parents, nos grands-parents, puissent le plus longtemps possible vivre chez eux. Mais nous savons aussi que cela devient parfois très difficile, voire impossible, et que l'entrée dans un établissement est alors nécessaire.
Celle-ci doit se dérouler dans les meilleures conditions. Il faut donc offrir à nos aînés qui y résident un cadre de vie et des services de qualité. A cet égard, je suis très impressionnée par le projet de vie qu'a initié le centre de Montolivet pour mettre l'individu au cur de son organisation.
Un établissement pour personnes âgées, c'est en effet une vraie communauté de vie, et pas seulement un lieu d'hébergement plus ou moins médicalisé. Ils ne peuvent exister sans la valeur professionnelle et humaine de tout le personnel. C'est un métier difficile que de faire vivre cette communauté de vie nécessitant une professionnalisation et une chaleur particulière.
Vos pratiques ici en portent témoignage.
Cela appelle aussi des réalisations immobilières et un environnement, comme l'ameublement, la décoration, qui permettent de recréer sans artifice des conditions aussi proches que possible de la vie à domicile.
Je sais que le centre de Montolivet exprime au plus haut point cette préoccupation. Les récentes réalisations de l'Etoile et de l'Estaque le montrent bien, avec pour objectif de faire de ces lieux un véritable lieu de vie pour les personnes accueillies, et d'offrir des services de proximité différenciés comme un salon de coiffure ou un gymnase. Je serais heureuse de discuter avec vous de cela dans quelques instants.
Les projets pour les prochaines années du centre de Montolivet montrent que ses ambitions sont toujours renouvelées : la mise en place d'une filière psycho-gériatrique centrée sur la maladie d'Alzheimer, la création d'unités spécialisées pour ces malades, d'unités de soins palliatifs, d'un réseau gériatrique étendu au département Il y a là de quoi faire encore progresser la prise en charge globale de la perte d'autonomie.
Vous savez que le gouvernement a décidé des mesures importantes qui permettront de soutenir cette volonté des établissements innovants. La mise en place d'un plan de médicalisation sur cinq ans apportera des moyens supplémentaires, à hauteur de 6 MdsF. Le centre de Montolivet en sera bien entendu bénéficiaire, comme il l'a déjà été l'année dernière.
Pour conclure, je voudrais saluer le travail remarquable accompli auprès des personnes âgées par tous les personnels du centre de Montolivet, et plus généralement par les femmes et les hommes qui sont, en France, au service des plus âgés d'entre nous. Vous jouez un rôle essentiel dans la cohésion sociale de notre pays. C'est aussi grâce à vous que le regard porté par nos concitoyens sur la vieillesse change.
C'est avec vous que nous ferons en sorte que les personnes très âgées ne soient plus vécues dans notre société comme une contrainte.

(source http://www.social.gouv.fr, le 18 avril 2001)