Déclaration de M. Gérard Larcher, président du Sénat, sur les relations entre le Sénat et les ambassadeurs accrédités auprès de la République française, Paris le 10 décembre 2008.

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Circonstance : Réception organisée en l'honneur du corps diplomatique au Sénat le 10 décembre 2008

Texte intégral

Mesdames, Messieurs les Ambassadeurs, Excellences,
Monsieur le Président de la commission des affaires étrangères,
Monsieur le Président de la Commission des affaires européennes,
Mesdames et Messieurs les Vice-présidents des Commissions du Sénat,
Mesdames et Messieurs les Présidents des groupes d'amitié,
Mes chers collègues,
Mesdames et Messieurs,
Je souhaiterais en premier lieu remercier les membres du Corps diplomatique accrédités auprès de la République française de s'être rendus ce soir à l'invitation du Sénat de la République.
Élu depuis un peu plus de deux mois à la Présidence du Sénat, il m'est apparu comme une nécessité de vous recevoir. Certes de par mes fonctions précédentes j'ai été conduit à connaître un certain nombre d'entre vous. Dans mes nouvelles fonctions j'ai aussi déjà rencontré certains d'entre vous. Mais vous recevoir tous ensemble m'est apparu nécessaire pour illustrer l'importance majeure que les Sénatrices, les Sénateurs et moi-même accordons à vos missions.
Vous recevoir ensemble est un grand honneur pour le Sénat de la République française
C'est d'abord un honneur de circonstances puisque cette rencontre est une première. C'est, en effet, je crois, la première fois que tous les ambassadeurs en poste à Paris se trouvent -informellement et de manière conviviale- réunis dans l'enceinte de l'une des Chambres du Parlement.
C'est un honneur, ensuite -et plus fondamentalement- en raison de ce que vous représentez.
Vous représentez la diversité et la richesse du monde. Cela est sans prix pour notre pays et pour notre Assemblée.
La France n'est devenue ce qu'elle est qu'au contact et à l'écoute de ce que -dans les diversités des Nations que vous représentez- vous êtes. Ceci est à la fois, pour moi, une évidence et une conviction.
Le Sénat de la République concourt comme entité parlementaire au rayonnement politique, économique et culturel de la France dans le monde. Par sa commission des Affaires étrangères, celle des Affaires européennes et les diverses missions qu'organisent les autres commissions, par l'existence de ses groupes d'amitié, le Sénat -s'il ne définit pas la politique étrangère de la France- y concourt je dirais à la fois quotidiennement mais aussi par ses missions et ses rapports.
Vous-mêmes par les relations constantes que vous avez établies avec le Parlement vous en êtes les témoins et les acteurs.
La place qu'occupe le Sénat dans le rôle international de la France est ancienne. Elle remonte au début de la IIIème République et depuis n'a cessé de se développer. Cette ancienneté lui permet aujourd'hui d'aborder la mondialisation avec sérénité et expertise.
Il n'est pas un aspect de la vie internationale dont le Sénat ne s'occuperait pas : problèmes économiques, questions culturelles, questions stratégiques, interventions humanitaires, le Sénat est présent dans toutes les instances et les activités de la société internationale.
Notre Assemblée est aussi présente par les représentations institutionnelles qu'elle entretient auprès d'organisations comme la délégation pour l'Union Europe occidentale, celle de l'Assemblée du Conseil de l'Europe, celle de l'Assemblée parlementaire de l'OSCE, ainsi que la délégation à l'Assemblée parlementaire de l'OTAN, ou encore la section française de l'Assemblée parlementaire de la Francophonie et le groupe français pour l'Union Interparlementaire.
Cette présence au monde du Sénat français est grandement facilitée par vous, Excellences, et les rapports que vous entretenez avec les membres de la Haute Assemblée et ses services. À cet égard, je tiens à vous exprimer ma gratitude pour l'accueil que vous réservez aux Sénateurs et l'aide que vous leur apportez dans les missions qu'ils sont amenés à effectuer hors de France.
Ces coopérations permettent aux Sénateurs et à leur Président d'être bien informés sur la situation du monde actuel et par là d'éclairer les choix politiques que les parlementaires se doivent d'élaborer.
Il est inutile de vous dire que non seulement je souhaite maintenir ce que j'appellerais cette tradition, mais que je souhaite aller plus loin dans cette synergie entre le corps diplomatique et le Sénat, cela non seulement au service de la France, de l'Europe, mais tout simplement au service de la paix dans le monde, du progrès de la démocratie, de la lutte contre la misère et pour le développement durable.
Si M. le Président de la République conduit la politique étrangère de la France, le Sénat pour sa part oeuvre au rayonnement de cette politique et, dans cette mission, les membres du corps diplomatique constituent son interlocuteur central.
C'est pour cela que je souhaite vous remercier de l'aide que vous m'apportez et de l'écoute aussi qui est toujours la vôtre. Sachez que je serai un Président attentif à toutes les réalités internationales ainsi qu'à chacun des pays que vous représentez ici.
La rencontre exclusive de ce soir, je souhaite qu'elle soit comprise comme l'expression d'une étape des rapports entre les Ambassadeurs et le Sénat.
Chaque membre du Sénat connaît un ou plusieurs Ambassadeurs avec lesquels il est amené à travailler régulièrement. Cela tisse un réseau au sein duquel circule la parole de la France et, en retour, la parole des pays étrangers qui sont représentés auprès de notre pays. L'intense circulation des échanges, des informations, des analyses et des projets et de leur réalisation forme un ensemble. C'est dire combien je suis, et je serai, attentif à l'épanouissement de cet ensemble qui n'est pas seulement un ensemble technique, mais qui est aussi un ensemble affectif.
Le réseau diplomatique présent en France est ancien à l'instar du Sénat. Il s'est, ces dernières décennies, développé considérablement en raison de la création de nouveaux États. Cette multiplication d'États souverains m'apparaît comme un facteur d'enrichissement car il favorise une démultiplication de la sphère internationale.
Ainsi, la multiplication des ambassades installées en France a permis de porter encore plus haut la volonté de coopération de la France sur tous les plans. Je m'en félicite.
Le contexte international de cette fin d'année ajoute un caractère symbolique à notre rencontre.
La crise qui frappe nos économies et nos sociétés, si elle a eu une origine géographique identifiée, elle est la crise d'un système mondial qui a oublié la nécessité d'une régulation.
Cette crise comporte des risques majeurs pour la paix et le développement dans le monde. Elle est un défi international majeur.
Mais cette crise pourrait aussi être le moteur d'un « nouvel ordre mondial ». Ainsi que l'ont souligné le Secrétaire général de l'ONU et le Président de l'Union européenne, Nicolas Sarkozy, Président de la République, la globalité de la crise exige une solution globale.
Dans l'émergence de ce « nouvel ordre mondial », la diplomatie parlementaire peut jouer un rôle d'accompagnement des réflexions et des actions.
En tous cas, le Sénat, et je pense l'ensemble du Parlement français y sont prêts. L'initiative que Bernard Accoyer et moi-même avons prise en créant un groupe de travail commun sur « La crise financière internationale » le démontre bien.
Quand le protectionnisme et le repliement sur soi peuvent menacer, il incombe aux Parlements et aux diplomates de maintenir le dialogue qui permet l'ouverture à autrui.
Mais j'arrête là mes propos, car je crois que vous avez parfaitement compris quelle était mon intention en vous réunissant ce soir. De nouveau, je tiens à vous remercier d'être venus. Votre présence nombreuse me vaut encouragement dans ma mission dont un des aspects demeure la fidélité à l'écoute de vos propositions, analyses et échanges de toute nature.
De tout cela, soyez remerciés.
A toutes et à tous, je souhaite une heureuse fin d'année.
Source http://www.senat.fr, le 16 décembre 2008