Texte intégral
Est-ce raisonnable pour un leader parlementaire de vouloir limiter les débats à l'Assemblée ?
C'est parfaitement raisonnable pour n'importe quel démocrate de ne plus tolérer que le Parlement soit humilié par des manifestations clownesques. Je sais que je prends un risque. Le droit d'expression illimité, c'est populaire, le blocage parlementaire, c'est folklorique... En réalité, c'est pathétique. Je pense d'ailleurs la même chose des "flibustes" organisées par la droite, avant... C'est antidémocratique et liberticide ! Je dis bien liberticide, parce que c'est une atteinte aux libertés que d'empêcher le Parlement de fonctionner.
Mais le blocage, c'est ce qui reste à l'opposition quand le débat est verrouillé par le pouvoir ?
Il n'est verrouillé que par la médiocrité. Si la gauche cessait de choisir la facilité, en déposant des milliers d'amendements, tous aussi ridicules les uns que les autres, la donne changerait. Les socialistes sont beaucoup plus constructifs en commission. Mais publiquement, leur positionnement tactique les empêche d'admettre qu'on peut faire bouger les choses en faveur du Parlement. Je rêverais que les députés socialistes se hissent à un autre niveau. Quand Badinter parle, au Sénat, la droite l'écoute, et en silence. Je rêverais d'un Badinter à l'Assemblée qui nous forcerait à réfléchir et à améliorer nos textes !
Mais en limitant le temps de parole, vous n'allez pas favoriser l'éloquence de l'opposition !
Au contraire. On va forcer tous les parlementaires à prendre leur temps de parole au sérieux. Chaque groupe, UMP compris, devra valoriser les amendements qui ont du sens, et demander à ses orateurs d'être d'autant plus précis et d'autant plus pugnaces que le temps sera compté - et compté généreusement, je m'y engage. Maintenant, si le débat parlementaire n'est qu'une étape de la guérilla, si l'Assemblée n'intéresse mon collègue Jean-Marc Ayrault que pour "alerter l'opinion" comme il dit, qu'il ne s'inquiète pas. Le travail en commission va être valorisé, et ouvert à la presse, et les socialistes pourront en appeler au peuple beaucoup plus tôt, et tout aussi fort !
La gauche et le centre disent que l'étouffement du Parlement est une nouvelle atteinte aux libertés.
La gauche ferait mieux de penser à sa doctrine au lieu de chercher des patchs pseudo-idéologiques pour se refaire une santé. Elle ne sait pas où elle en est, mais c'est tellement plus simple et plus commode d'expliquer que les libertés sont menacées... Personne n'y croit.
Mais il y a des alertes... l'affaire du fichier Edvige, par exemple ?
Elle a été corrigée par Nicolas Sarkozy aussitôt qu'il en a été saisi. C'était un projet administratif que les politiques ont enrayé.
Le chef de l'Etat admet peu la contradiction, il considère qu'il doit réinventer le pays... et il supporte mal que ses réformes traînent.
Soyons francs : tous les politiques pensent que le monde a commencé avec eux. Nicolas Sarkozy est un vrai réformateur. Il est mobilisé par l'urgence de débloquer notre pays. Pour nous, chaque journée compte. Oui, l'impatience existe, mais cette impatience répond à une demande des Français. Nos concitoyens sont consommateurs de politique, ils demandent de l'efficacité. C'est aussi une question de temps. Qu'on ait perdu autant d'énergie sur l'audiovisuel, en pleine crise, alors qu'on doit adopter en urgence d'autres textes sur le logement ou l'hôpital, c'est indigne !
Mais l'impatience du Président le conduit à s'affranchir des règles... Quand il bouscule des commissions de travail en donnant son arbitrage avant qu'elles aient achevé leurs travaux, comme sur la justice ?
Le chef de l'Etat peut donner son avis, quand même ! Quant aux commissions indépendantes, je n'en suis pas un fanatique. Je dis et j'assume que la République doit fonctionner dans le dialogue et la confrontation des deux pouvoirs élus au suffrage universel : le Président et le Parlement. Je préfère que les lois soient préparées par des députés, comme nous l'avons fait dans la commission sur l'audiovisuel.
Laquelle commission a été contournée par le Président, qui vous a imposé la nomination directe du PDG de France Télévisions...
Et je n'ai pas voté cette mesure ! J'ai au contraire fait encadrer juridiquement le droit de révocation. Ce qui montre qu'il n'y a pas de diktat, et qu'on peut travailler.
Que devrait changer le Président pour faire taire les critiques ?
Je pense que lui n'a rien à changer... Mais tous les autres doivent s'adapter à la situation politique, faite d'urgences, de bouleversements et de demandes d'efficacité, quitte à dire les choses franchement. Les députés de droite qui ont réagi sur le travail du dimanche ont eu gain de cause ! Nicolas Sarkozy est toujours prêt à dialoguer, et il peut évoluer, à condition qu'on ait des arguments. La gauche fait un numéro sur la liberté parce qu'elle n'ose pas affronter ce Président sur le fond !
Source http://www.ump.assemblee-nationale.fr, le 15 janvier 2009
C'est parfaitement raisonnable pour n'importe quel démocrate de ne plus tolérer que le Parlement soit humilié par des manifestations clownesques. Je sais que je prends un risque. Le droit d'expression illimité, c'est populaire, le blocage parlementaire, c'est folklorique... En réalité, c'est pathétique. Je pense d'ailleurs la même chose des "flibustes" organisées par la droite, avant... C'est antidémocratique et liberticide ! Je dis bien liberticide, parce que c'est une atteinte aux libertés que d'empêcher le Parlement de fonctionner.
Mais le blocage, c'est ce qui reste à l'opposition quand le débat est verrouillé par le pouvoir ?
Il n'est verrouillé que par la médiocrité. Si la gauche cessait de choisir la facilité, en déposant des milliers d'amendements, tous aussi ridicules les uns que les autres, la donne changerait. Les socialistes sont beaucoup plus constructifs en commission. Mais publiquement, leur positionnement tactique les empêche d'admettre qu'on peut faire bouger les choses en faveur du Parlement. Je rêverais que les députés socialistes se hissent à un autre niveau. Quand Badinter parle, au Sénat, la droite l'écoute, et en silence. Je rêverais d'un Badinter à l'Assemblée qui nous forcerait à réfléchir et à améliorer nos textes !
Mais en limitant le temps de parole, vous n'allez pas favoriser l'éloquence de l'opposition !
Au contraire. On va forcer tous les parlementaires à prendre leur temps de parole au sérieux. Chaque groupe, UMP compris, devra valoriser les amendements qui ont du sens, et demander à ses orateurs d'être d'autant plus précis et d'autant plus pugnaces que le temps sera compté - et compté généreusement, je m'y engage. Maintenant, si le débat parlementaire n'est qu'une étape de la guérilla, si l'Assemblée n'intéresse mon collègue Jean-Marc Ayrault que pour "alerter l'opinion" comme il dit, qu'il ne s'inquiète pas. Le travail en commission va être valorisé, et ouvert à la presse, et les socialistes pourront en appeler au peuple beaucoup plus tôt, et tout aussi fort !
La gauche et le centre disent que l'étouffement du Parlement est une nouvelle atteinte aux libertés.
La gauche ferait mieux de penser à sa doctrine au lieu de chercher des patchs pseudo-idéologiques pour se refaire une santé. Elle ne sait pas où elle en est, mais c'est tellement plus simple et plus commode d'expliquer que les libertés sont menacées... Personne n'y croit.
Mais il y a des alertes... l'affaire du fichier Edvige, par exemple ?
Elle a été corrigée par Nicolas Sarkozy aussitôt qu'il en a été saisi. C'était un projet administratif que les politiques ont enrayé.
Le chef de l'Etat admet peu la contradiction, il considère qu'il doit réinventer le pays... et il supporte mal que ses réformes traînent.
Soyons francs : tous les politiques pensent que le monde a commencé avec eux. Nicolas Sarkozy est un vrai réformateur. Il est mobilisé par l'urgence de débloquer notre pays. Pour nous, chaque journée compte. Oui, l'impatience existe, mais cette impatience répond à une demande des Français. Nos concitoyens sont consommateurs de politique, ils demandent de l'efficacité. C'est aussi une question de temps. Qu'on ait perdu autant d'énergie sur l'audiovisuel, en pleine crise, alors qu'on doit adopter en urgence d'autres textes sur le logement ou l'hôpital, c'est indigne !
Mais l'impatience du Président le conduit à s'affranchir des règles... Quand il bouscule des commissions de travail en donnant son arbitrage avant qu'elles aient achevé leurs travaux, comme sur la justice ?
Le chef de l'Etat peut donner son avis, quand même ! Quant aux commissions indépendantes, je n'en suis pas un fanatique. Je dis et j'assume que la République doit fonctionner dans le dialogue et la confrontation des deux pouvoirs élus au suffrage universel : le Président et le Parlement. Je préfère que les lois soient préparées par des députés, comme nous l'avons fait dans la commission sur l'audiovisuel.
Laquelle commission a été contournée par le Président, qui vous a imposé la nomination directe du PDG de France Télévisions...
Et je n'ai pas voté cette mesure ! J'ai au contraire fait encadrer juridiquement le droit de révocation. Ce qui montre qu'il n'y a pas de diktat, et qu'on peut travailler.
Que devrait changer le Président pour faire taire les critiques ?
Je pense que lui n'a rien à changer... Mais tous les autres doivent s'adapter à la situation politique, faite d'urgences, de bouleversements et de demandes d'efficacité, quitte à dire les choses franchement. Les députés de droite qui ont réagi sur le travail du dimanche ont eu gain de cause ! Nicolas Sarkozy est toujours prêt à dialoguer, et il peut évoluer, à condition qu'on ait des arguments. La gauche fait un numéro sur la liberté parce qu'elle n'ose pas affronter ce Président sur le fond !
Source http://www.ump.assemblee-nationale.fr, le 15 janvier 2009