Déclaration de M. François Fillon, Premier ministre, en réponse à une question sur le conflit au Proche-Orient et sur les démarches entreprises pour favoriser un retour à la paix, au Sénat le 8 janvier 2009.

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Texte intégral

Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs les sénateurs,
Vous me permettrez, avant de répondre au président Mercier, de formuler des voeux personnels pour chacun des membres de votre assemblée.
Monsieur Mercier, la situation humanitaire à Gaza est intolérable. Et si la France a condamné dès le début les tirs de roquettes effectués à partir de Gaza sur le territoire israélien, comme elle condamne aujourd'hui les tirs de roquettes qui ont été effectués à partir du territoire libanais, nous pensons aussi que rien ne justifie les souffrances qui sont aujourd'hui imposées aux populations civiles qui vivent enfermées dans la bande de Gaza. C'est la raison pour laquelle le Gouvernement français ne ménage aucun de ses efforts pour essayer d'aider à la recherche d'une solution pacifique.
Nous avons d'abord, avec l'ensemble des acteurs de la région, fait pression sur Israël pour que soit acceptée - et c'est vraiment le minimum - une trêve quotidienne, pour permettre l'évacuation des blessés, l'entrée des secours et nous attendons maintenant l'ouverture d'un corridor humanitaire qui permette l'accès en continu des secours au territoire de Gaza.
Nous avons ensuite appuyé tous les efforts de l'Egypte pour obtenir un dialogue politique, et en particulier ce dialogue qui va s'engager dans quelques instants au Caire, avec une délégation israélienne. Je voudrais faire mesurer à chacun le courage qu'il faut au gouvernement égyptien, pour accepter dans les circonstances actuelles, l'engagement en Egypte d'un dialogue avec le gouvernement israélien sur les conditions de sécurisation de la frontière entre Gaza et l'Egypte, parce qu'au fond, ce que nous voulons, ce que nous demandons, c'est que les points de passage soient ouverts, que les marchandises circulent, que les hommes et les femmes puissent circuler et que la contrebande d'armes soit interdite, puisque c'est à travers cette mesure que l'on pourra obtenir un accord de cessez-le-feu.
Au-delà de ces efforts, le Gouvernement français, qui préside en ce moment le Conseil de Sécurité des Nations unies, tente d'obtenir un accord de l'ensemble des membres du Conseil de sécurité, vous savez combien c'est difficile puisqu'il faut l'unanimité pour mettre un terme à ces combats.
Nous avons indiqué à l'ensemble des parties prenantes à ce conflit, que nous étions disposés à mettre en place des moyens techniques, à envoyer des forces si cela était nécessaire, pour assurer les conditions de réalisation d'un cessez-le-feu. Au-delà, nous soutenons les efforts de l'Egypte qui a engagé un processus de réconciliation entre les Palestiniens, car naturellement rien ne sera possible tant qu'il n'y aura pas réconciliation entre les Palestiniens. La France soutient les efforts du Président Abbas, la France soutient les efforts du Président Moubarak, pour obtenir le retour du dialogue. Et c'est dans cet esprit que le Président Sarkozy est allé à Damas. Parce que la seule façon de parler avec le Hamas, compte tenu de ce qu'est le Hamas et de son passé, c'est de parler avec ceux qui ont des contacts avec lui, c'est-à-dire avec la Syrie, ce qui justifie une nouvelle fois les efforts que nous avons faits pour reprendre contact avec ce pays.
Au-delà, nous avons indiqué que nous étions prêts, la France et les Européens, à fournir les forces nécessaires le jour où un accord sera obtenu, pour assurer la sécurité du territoire palestinien. Puisque, chacun le voit bien, il n'y a aucune autre solution que la mise en oeuvre des accords et du processus qui avait été décidé il y a déjà près d'une dizaine d'années, et qui doit aboutir à la constitution d'un Etat palestinien libre, indépendant et démocratique. Il n'y a pas lieu de réfléchir bien plus longtemps et d'engager des négociations complexes, la solution est sur la table, il faut maintenant la mettre en oeuvre. Il faut d'abord pour cela que les combats cessent. Lorsque les combats auront cessé, si le dialogue s'engage, nous sommes disposés à mettre en place les forces nécessaires pour assurer la sécurité des territoires palestiniens.
Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 9 janvier 2009