Déclaration de M. François Fillon, Premier ministre, en réponse à une question sur la politique de la France à l'égard de la Chine et du Tibet, au Sénat le 5 février 2009.

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Madame la présidente, Mesdames et Messieurs les sénateurs,
Je voudrais d'abord remercier le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin qui me donne l'occasion de préciser la politique qui est celle de la France à l'égard de la Chine et de le remercier pour le rôle si important qu'il joue depuis déjà longtemps, dans l'amélioration et dans l'approfondissement des relations franco-chinoises. La politique française à l'égard de la Chine, elle est claire et elle s'inscrit, comme Monsieur Raffarin vient de le rappeler, dans la durée.
Quand, il y a quarante cinq ans, le Général de Gaulle a fait en sorte que la France soit pratiquement le premier pays occidental à reconnaître la Chine, il avait estimé qu'un pays qui avait cette dimension économique, cette dimension démographique et cette histoire, ne pouvait pas être ignoré et qu'il fallait entretenir avec lui des relations qui permettent d'abord de mieux gérer les affaires du monde, mais qui permettent aussi d'entraîner son ouverture. Je pense qu'on peut dire aujourd'hui que ce choix est plus actuel que jamais.
La Chine, par son économie, par sa démographie, par sa culture, pèse aujourd'hui dans les affaires du monde. Et nous avons besoin de la Chine, le monde a besoin de la Chine. Le monde a besoin de la Chine pour sortir de la récession dans laquelle il se trouve ; comment imaginer que nous puissions sortir de cette récession si la Chine ne conduit pas les politiques de réforme, les politiques de relance qu'elle doit conduire pour aider le monde à sortir de cette crise ? Le monde a besoin de la Chine pour résoudre les grandes questions sécuritaires. Et le monde a besoin de la Chine, ô combien, pour lutter contre le réchauffement climatique. Qui peut imaginer que les décisions que nous avons prises à 27 et celles que, j'espère, nous prendrons à la fin de cette année avec l'ensemble de la communauté internationale, auraient un sens et une utilité si elles n'étaient pas respectées, suivies par un grand pays comme la Chine ?
Notre position, monsieur le Premier ministre, à l'égard du Tibet, est tout aussi claire. En 1964, nous avons reconnu la Chine, la République populaire de Chine dans ses frontières. Et nous avons toujours estimé que le Tibet faisait partie intégrante de la Chine. Il n'empêche qu'il y a au Tibet un chef religieux, le représentant au Tibet de la religion bouddhiste, que nous avons le droit de recevoir et avec lequel nous avons le droit de parler, comme le font d'ailleurs tous les chefs d'Etat occidentaux.
La Chine a mal réagi à la rencontre entre le président de la République et le Dalaï Lama, comme d'ailleurs il était assez prévisible qu'elle le fasse. Je veux dire que pour nous, cet incident ne nous détourne en rien de notre volonté de poursuivre le renforcement du partenariat stratégique avec la Chine. Et d'ailleurs, ce partenariat stratégique s'exprime tous les jours. Il s'exprime par exemple en ce moment même dans le Golfe d'Aden, où nous participons à une opération commune de lutte contre la piraterie. Il s'exprime dans le front uni que nous avons construit face à la question, ô combien dangereuse pour le monde, posée par la volonté de l'Iran de se doter d'une arme nucléaire. Il s'exprime à travers des partenariats scientifiques, médicaux, ou encore en matière d'énergie.
Alors, monsieur le Premier ministre, la France continuera, comme elle le fait depuis 45 ans, à renforcer ce partenariat stratégique. Et, dans cet esprit, je réjouis que vous ayez l'occasion de conduire une délégation à l'occasion de la célébration du 45ème anniversaire du rétablissement de nos relations diplomatiques et que vous puissiez, à l'occasion de cette visite, porter un message du Gouvernement français.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 6 février 2009