Texte intégral
Allocution de M. Gérard Larcher
à l'occasion du 45ème anniversaire des relations diplomatiques
entre la France et la Chine
le mercredi 28 janvier 2009
Palais du Luxembourg
Monsieur le président de l'institut de la Politique étrangère, M. Yang,
Monsieur l'ambassadeur de Chine en France, M. Kong Quan,
Monsieur le président du groupe d'amitié France-Chine, M. Jean Besson,
Mesdames et messieurs les sénateurs membres du groupe d'amitié,
Mesdames et messieurs,
Je voudrais d'abord saluer nos hôtes chinois qui, à l'occasion de leur visite à Paris, nous font l'honneur et l'amitié d'être avec nous pour cette inauguration.
Monsieur le président de l'institut de la Politique étrangère, permettez moi de vous souhaiter, à vous-même et à votre délégation, la bienvenue au Sénat. Je suis heureux de votre présence, et je salue en particulier l'ambassadeur Cai, dont je sais qu'il a passé vingt ans dans notre pays, dont huit ans comme ambassadeur. Je vais parler dans un instant de ce 45ème anniversaire de nos relations diplomatiques, sa présence est un beau symbole.
J'ai également plaisir à saluer l'ensemble de votre délégation, une délégation jeune, féminine, qui montre un beau visage de la Chine. Je suis heureux de rencontrer ainsi la nouvelle génération de diplomates chinois spécialistes de notre pays.
Je veux également saluer l'initiative du groupe interparlementaire d'amitié d'avoir organisé cette exposition, à l'occasion du 45ème anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre nos deux pays.
Permettez-moi de revenir un peu en arrière, à ce 27 janvier 1964, lorsqu'un communiqué commun franco-chinois l'annonça en quelques lignes très sobres : « le gouvernement de la République française et le gouvernement de la République populaire de Chine ont décidé, d'un commun accord, d'établir des relations diplomatiques. Ils sont convenus à cet effet de désigner des ambassadeurs dans un délai de trois mois ». Quand ils le veulent, les diplomates savent faire bref !
C'est quelques jours plus tard, lors d'une conférence de presse à l'Élysée, que le général de Gaulle commentera et expliquera sa décision. Voila ce que le général de Gaulle disait, il y a 45 ans, lorsqu'il expliquait pourquoi nos deux pays devaient avoir des relations diplomatiques : « La Chine, un grand peuple, le plus nombreux de la terre ». C'est encore plus vrai aujourd'hui : avec 1,3 milliards d'habitants en Chine, un être humain sur cinq est Chinois. Mais la Chine ne se résume ni à son immensité géographique ni à l'importance de sa population. La principale caractéristique de la Chine, c'est sa culture plusieurs fois millénaire. Le général de Gaulle le savait bien, qui ajoute aussitôt : « une très particulière et très profonde civilisation ; un État plus ancien que l'Histoire ».
Évoquant l'importance de votre grand pays sur la scène internationale, le général de Gaulle aura cette formule : « le poids de l'évidence et de la raison ». Et d'ajouter : « la France doit pouvoir entendre directement la Chine et aussi s'en faire écouter ». C'était vrai il y a 45 ans, cela le reste tout autant et même davantage aujourd'hui.
Quelques mois plus tard, recevant les lettres de créances du premier ambassadeur de la République populaire de Chine accrédité auprès du gouvernement français, votre premier prédécesseur monsieur l'Ambassadeur, le général de Gaulle a fixé la ligne directrice de notre coopération : la recherche de la paix et de la stabilité dans le monde . « Vous et nous, qui voulons la paix, pouvons et devons sans doute nous comprendre et nous entendre. »
Je voudrais aussi rappeler les deux missions préparatoires à cette ouverture de nos relations diplomatiques. Il y eut, en octobre 1963, la visite d'Edgard Faure. Il y eut aussi, dans les dix jours précédant l'annonce officielle, la visite à Pékin d'une délégation parlementaire française, à l'invitation de l'Institut chinois des Affaires extérieures. On voit bien le rôle que peuvent jouer, dans ces moments importants où les canaux diplomatiques officiels ne sont pas pleinement opérationnels, d'autres canaux : les parlementaires, ou des instituts comme celui que vous présidez, M. Yang. Je suis heureux que nous ayons, il y a 45 ans, apporté notre pierre à l'édification des relations entre nos deux pays. Le Sénat a depuis apporté d'autres pierres à la consolidation de notre relation bilatérale, et notamment à travers le thème de cette exposition, la coopération décentralisée. J'y reviendrais dans un instant.
Quelques mots encore sur notre relation bilatérale. En 45 ans, elle a pris une ampleur considérable. En 1997, nos deux pays ont décidé d'avoir un partenariat global. En 2004, à l'occasion du 40ème anniversaire, le président Hu Jintao a effectué une visite d'Etat en France, et un approfondissement de ce partenariat global a été décidé. Nous sommes deux pays membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations-Unies, nous sommes deux puissances nucléaires : nous avons un dialogue stratégique et global.
Nous sommes d'importants partenaires économiques : en ces temps de crise économique, notre partenariat est plus important que jamais pour comprendre ensemble comment corriger les déséquilibres du monde.
Je suis heureux de pouvoir dire que, dans cet essor considérable de nos relations ces 45 dernières années, le Sénat a pris toute sa place. Rien qu'au cours des dix dernières années, nous avons accueilli au moins une délégation chinoise chaque année. Votre président, M. Hu-Jintao, est venu ici à deux reprises, en 2001 (il était vice-président) puis en 2004. Vous avez accueilli à Pékin autant de visites du Sénat français. Notre coopération interparlementaire se développe, le groupe d'amitié du Sénat, qui existe depuis 1971, est dynamique, cette exposition le démontre. Je souhaite que le Sénat conserve la même qualité de relation avec votre pays.
Quelques mots de l'exposition que nous inaugurons. Le thème en est celui de la coopération décentralisée. C'est un thème qui est cher au Sénat, qui représente les territoires. La coopération entre collectivités territoriales, entre des communes, des départements, des régions, est très complémentaire des programmes de coopérations conduits par les États ou les organismes multilatéraux. C'est une coopération à dimension humaine, souvent plus proche des réalités du terrain, à l'impact plus immédiat. C'est aussi une occasion unique de rencontres, de découvertes, d'ouverture aux autres et au monde.
C'est un beau thème pour célébrer 45 ans de relations entre nos deux pays ! Car les relations diplomatiques sont d'abord des relations entre les peuples, la rencontre et la découverte réciproque de deux cultures. Nous sommes deux pays de culture ancienne, la votre d'ailleurs encore plus que la notre.
Et nous sommes deux pays tournés vers l'avenir : cette culture est le socle sur lequel nous bâtissons notre avenir. Nous avons tous en mémoire les images superbes des Jeux Olympiques qui, l'été dernier, ont ébloui le monde. La cérémonie d'ouverture a montré que vous saviez marier votre culture millénaire aux technologies les plus modernes, que votre culture est vivante et inventive.
Alors faisons de même pour notre relation, qui est une relation vivante : soyons inventifs et tournés vers l'avenir ! Construisons chaque jour, dans le dialogue, dans le respect, dans la compréhension mutuelle, une relation à la hauteur de nos deux pays et des enjeux du monde.
C'était avant-hier le nouvel an chinois : nous sommes entrés dans l'année du Buffle. Un grand diner, à l'initiative de la sénatrice Dumas, a réuni dans les salons de la Présidence du Sénat que j'avais mis à sa disposition, des représentants de la communauté chinoise de France. Vous-même y étiez présent, Monsieur l'ambassadeur, ainsi que la délégation chinoise.
Je veux donc vous présenter à tous mes voeux les plus chaleureux pour cette nouvelle année : qu'elle nous permette, ensemble, de consolider et de développer cette relation si forte et si particulière qui nous unit et dont nous fêtons le 45ème anniversaire.
Vive l'amitié franco-chinoise !Source http://www.senat.fr, le 30 janvier 2009
à l'occasion du 45ème anniversaire des relations diplomatiques
entre la France et la Chine
le mercredi 28 janvier 2009
Palais du Luxembourg
Monsieur le président de l'institut de la Politique étrangère, M. Yang,
Monsieur l'ambassadeur de Chine en France, M. Kong Quan,
Monsieur le président du groupe d'amitié France-Chine, M. Jean Besson,
Mesdames et messieurs les sénateurs membres du groupe d'amitié,
Mesdames et messieurs,
Je voudrais d'abord saluer nos hôtes chinois qui, à l'occasion de leur visite à Paris, nous font l'honneur et l'amitié d'être avec nous pour cette inauguration.
Monsieur le président de l'institut de la Politique étrangère, permettez moi de vous souhaiter, à vous-même et à votre délégation, la bienvenue au Sénat. Je suis heureux de votre présence, et je salue en particulier l'ambassadeur Cai, dont je sais qu'il a passé vingt ans dans notre pays, dont huit ans comme ambassadeur. Je vais parler dans un instant de ce 45ème anniversaire de nos relations diplomatiques, sa présence est un beau symbole.
J'ai également plaisir à saluer l'ensemble de votre délégation, une délégation jeune, féminine, qui montre un beau visage de la Chine. Je suis heureux de rencontrer ainsi la nouvelle génération de diplomates chinois spécialistes de notre pays.
Je veux également saluer l'initiative du groupe interparlementaire d'amitié d'avoir organisé cette exposition, à l'occasion du 45ème anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre nos deux pays.
Permettez-moi de revenir un peu en arrière, à ce 27 janvier 1964, lorsqu'un communiqué commun franco-chinois l'annonça en quelques lignes très sobres : « le gouvernement de la République française et le gouvernement de la République populaire de Chine ont décidé, d'un commun accord, d'établir des relations diplomatiques. Ils sont convenus à cet effet de désigner des ambassadeurs dans un délai de trois mois ». Quand ils le veulent, les diplomates savent faire bref !
C'est quelques jours plus tard, lors d'une conférence de presse à l'Élysée, que le général de Gaulle commentera et expliquera sa décision. Voila ce que le général de Gaulle disait, il y a 45 ans, lorsqu'il expliquait pourquoi nos deux pays devaient avoir des relations diplomatiques : « La Chine, un grand peuple, le plus nombreux de la terre ». C'est encore plus vrai aujourd'hui : avec 1,3 milliards d'habitants en Chine, un être humain sur cinq est Chinois. Mais la Chine ne se résume ni à son immensité géographique ni à l'importance de sa population. La principale caractéristique de la Chine, c'est sa culture plusieurs fois millénaire. Le général de Gaulle le savait bien, qui ajoute aussitôt : « une très particulière et très profonde civilisation ; un État plus ancien que l'Histoire ».
Évoquant l'importance de votre grand pays sur la scène internationale, le général de Gaulle aura cette formule : « le poids de l'évidence et de la raison ». Et d'ajouter : « la France doit pouvoir entendre directement la Chine et aussi s'en faire écouter ». C'était vrai il y a 45 ans, cela le reste tout autant et même davantage aujourd'hui.
Quelques mois plus tard, recevant les lettres de créances du premier ambassadeur de la République populaire de Chine accrédité auprès du gouvernement français, votre premier prédécesseur monsieur l'Ambassadeur, le général de Gaulle a fixé la ligne directrice de notre coopération : la recherche de la paix et de la stabilité dans le monde . « Vous et nous, qui voulons la paix, pouvons et devons sans doute nous comprendre et nous entendre. »
Je voudrais aussi rappeler les deux missions préparatoires à cette ouverture de nos relations diplomatiques. Il y eut, en octobre 1963, la visite d'Edgard Faure. Il y eut aussi, dans les dix jours précédant l'annonce officielle, la visite à Pékin d'une délégation parlementaire française, à l'invitation de l'Institut chinois des Affaires extérieures. On voit bien le rôle que peuvent jouer, dans ces moments importants où les canaux diplomatiques officiels ne sont pas pleinement opérationnels, d'autres canaux : les parlementaires, ou des instituts comme celui que vous présidez, M. Yang. Je suis heureux que nous ayons, il y a 45 ans, apporté notre pierre à l'édification des relations entre nos deux pays. Le Sénat a depuis apporté d'autres pierres à la consolidation de notre relation bilatérale, et notamment à travers le thème de cette exposition, la coopération décentralisée. J'y reviendrais dans un instant.
Quelques mots encore sur notre relation bilatérale. En 45 ans, elle a pris une ampleur considérable. En 1997, nos deux pays ont décidé d'avoir un partenariat global. En 2004, à l'occasion du 40ème anniversaire, le président Hu Jintao a effectué une visite d'Etat en France, et un approfondissement de ce partenariat global a été décidé. Nous sommes deux pays membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations-Unies, nous sommes deux puissances nucléaires : nous avons un dialogue stratégique et global.
Nous sommes d'importants partenaires économiques : en ces temps de crise économique, notre partenariat est plus important que jamais pour comprendre ensemble comment corriger les déséquilibres du monde.
Je suis heureux de pouvoir dire que, dans cet essor considérable de nos relations ces 45 dernières années, le Sénat a pris toute sa place. Rien qu'au cours des dix dernières années, nous avons accueilli au moins une délégation chinoise chaque année. Votre président, M. Hu-Jintao, est venu ici à deux reprises, en 2001 (il était vice-président) puis en 2004. Vous avez accueilli à Pékin autant de visites du Sénat français. Notre coopération interparlementaire se développe, le groupe d'amitié du Sénat, qui existe depuis 1971, est dynamique, cette exposition le démontre. Je souhaite que le Sénat conserve la même qualité de relation avec votre pays.
Quelques mots de l'exposition que nous inaugurons. Le thème en est celui de la coopération décentralisée. C'est un thème qui est cher au Sénat, qui représente les territoires. La coopération entre collectivités territoriales, entre des communes, des départements, des régions, est très complémentaire des programmes de coopérations conduits par les États ou les organismes multilatéraux. C'est une coopération à dimension humaine, souvent plus proche des réalités du terrain, à l'impact plus immédiat. C'est aussi une occasion unique de rencontres, de découvertes, d'ouverture aux autres et au monde.
C'est un beau thème pour célébrer 45 ans de relations entre nos deux pays ! Car les relations diplomatiques sont d'abord des relations entre les peuples, la rencontre et la découverte réciproque de deux cultures. Nous sommes deux pays de culture ancienne, la votre d'ailleurs encore plus que la notre.
Et nous sommes deux pays tournés vers l'avenir : cette culture est le socle sur lequel nous bâtissons notre avenir. Nous avons tous en mémoire les images superbes des Jeux Olympiques qui, l'été dernier, ont ébloui le monde. La cérémonie d'ouverture a montré que vous saviez marier votre culture millénaire aux technologies les plus modernes, que votre culture est vivante et inventive.
Alors faisons de même pour notre relation, qui est une relation vivante : soyons inventifs et tournés vers l'avenir ! Construisons chaque jour, dans le dialogue, dans le respect, dans la compréhension mutuelle, une relation à la hauteur de nos deux pays et des enjeux du monde.
C'était avant-hier le nouvel an chinois : nous sommes entrés dans l'année du Buffle. Un grand diner, à l'initiative de la sénatrice Dumas, a réuni dans les salons de la Présidence du Sénat que j'avais mis à sa disposition, des représentants de la communauté chinoise de France. Vous-même y étiez présent, Monsieur l'ambassadeur, ainsi que la délégation chinoise.
Je veux donc vous présenter à tous mes voeux les plus chaleureux pour cette nouvelle année : qu'elle nous permette, ensemble, de consolider et de développer cette relation si forte et si particulière qui nous unit et dont nous fêtons le 45ème anniversaire.
Vive l'amitié franco-chinoise !Source http://www.senat.fr, le 30 janvier 2009