Déclaration de M. Xavier Bertrand, secrétaire général de l'UMP, sur le programme politique de l'UMP, les valeurs de travail, de mérite et de justice sociale, sur son ouverture aux autres formations de la majorité et sur la préparation des élections régionales et européenne, Paris le 24 janvier 2009.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Conseil national de l'UMP à Paris le 24 janvier 2009

Texte intégral

Mes amis,
Je viens d'être élu secrétaire général de notre mouvement, et au moment où je prends la parole, pour la première fois devant vous en tant que secrétaire général, l'émotion est bien plus forte que je ne le pensais.
Et, à ce moment précis, je repense à mon premier conseil national.
À l'époque, ce n'était pas un conseil national de l'UMP. À l'époque, c'était un conseil national du RPR.
À l'époque, on ne se réunissait pas à la Mutualité, on se réunissait plutôt au Palais des Congrès.
À l'époque, je n'étais pas sur scène. À l'époque, j'étais là-haut, j'étais tout là-haut, et je m'en souviens bien. J'étais, comme vous, là-haut. Et jamais je n'aurais imaginé qu'un jour que je serais derrière ce pupitre pour représenter ma famille politique.
Est-ce que les choses étaient écrites ? Certainement pas, pour moi qui n'ai fait aucune grande école, qui n'ai jamais travaillé dans un cabinet ministériel et qui, comme vous, vient de province.
On me posait la question « Est-ce que les choses sont allées si vite que ça pour moi ? » Je n'en suis pas sûr car, en fin de compte, cela fait plus de vingt-cinq ans que je milite au sein de ma famille politique.
Est-ce que j'ai eu de la chance ? Ah oui, bien sûr ! Ou plutôt : on m'a donné ma chance, à différentes reprises : le président de la République, bien évidemment, Nicolas Sarkozy ; d'autres aussi, il y a quelques années : Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin ; et puis, pendant toutes ces années, tous mes militants de l'Aisne auxquels je pense à ce moment précis.
Tous vous m'avez permis de vivre ma passion. Tous vous m'avez permis de progresser et vous me confiez aujourd'hui la responsabilité d'animer notre famille politique, de faire vivre et de faire grandir le mouvement populaire qu'est l'UMP.
Cette chance que j'ai, cette chance que l'on m'a donnée, sachez-le, mes amis, elle est pour moi une exigence.
Cela fait des années maintenant que je vous rencontre au cours de déplacements dans les départements, et nous avons beaucoup parlé de l'UMP.
Nous avons beaucoup parlé de ce que pouvait être notre mouvement populaire, de ce que devait être notre famille politique.
Et je me suis rendu compte que deux questions reviennent toujours : comment retrouver la dynamique et l'enthousiasme qui nous ont fait gagner ? Comment construire un parti différent des autres, un grand mouvement ouvert sur la société, un mouvement qui bouscule les habitudes, qui fait vivre le débat et qui surtout fait naître de nouvelles idées ?
À chaque fois, j'ai eu le sentiment que la réponse à ces deux questions tenait en un mot : la rupture.
Avec Nicolas Sarkozy, la rupture est à l'Élysée.
Avec François Fillon et ses ministres, la rupture est au gouvernement.
La rupture, cher Jean-François, cher Henri, avec les parlementaires de la majorité, elle est au Parlement.
Aujourd'hui il est temps d'engager la rupture pour faire de l'UMP le grand mouvement populaire que les Français attendent.
On entend trop souvent dire « un parti politique, ça ne sert à rien ». Nous allons faire la preuve du contraire. Notre mouvement populaire doit être à 100 % utile à tous les Français.
Un mouvement populaire moderne, c'est un mouvement qui prend en compte les préoccupations quotidiennes des Français.
Un exemple : je pense au service minimum dans les transports. Quand nous avons fait voter ce texte, nous n'avons pas remis en cause le droit de grève - il est constitutionnel. Nous avons voulu améliorer le quotidien des Français et les premiers résultats sont là. Nous avons obtenu qu'avant de faire grève on soit obligé de s'asseoir à la table des négociations. Et surtout on a mis dans la loi un principe est simple : si on fait grève, on ne travaille pas ; si on ne travaille pas, on n'est pas payé. Voilà ce qui figure aujourd'hui dans la loi de la République !
Mais certains ont essayé de contourner le service minimum en faisant grève, et vous le savez parfaitement, juste cinquante-neuf minutes, parce que moins d'une heure, bien évidemment, on ne leur retient pas une journée complète. Ceci est, pour nous, inacceptable ! Brice a proposé d'aller plus loin sur ce sujet et je l'en remercie, parce que le service public est bien au service du public et il ne doit pas être l'otage de quelques-uns qui ne le respectent pas. Voilà aussi le rôle d'une formation politique comme la nôtre !
Sur tous les sujets, nous devons avoir des idées d'avance et même des idées en avance. Nous devons être force de proposition : sur les conséquences de la crise ; sur le nouveau rôle de l'État ; sur la protection sociale et son financement ; sur la garantie des libertés.
Être utile, c'est aussi soutenir et expliquer avec pédagogie l'action de réforme du président de la République et de son gouvernement. Notre rôle est d'être à la fois aux côtés du gouvernement mais, le plus souvent, notre rôle, c'est d'être devant le gouvernement.
Voilà ce que je vous propose aussi pour l'UMP !
Et pour cela, jamais le mouvement populaire ne sera le parti du conservatisme et de l'immobilisme, jamais le mouvement populaire ne sera le parti du statu quo, jamais le mouvement populaire ne sera un parti qui freine les réformes.
Car aujourd'hui, nous le voyons bien, le débat n'est plus entre la droite et la gauche. Le débat est entre les acteurs du changement que nous sommes et les tenants du conservatisme - vous avez bien compris de qui je veux parler.
N'oublions pas un précédent conseil national, le 12 janvier 2008, où Tony Blair nous disait la chose suivante : « Dans un monde qui change, malheur à celui qui stagne. »
Ça tombe bien, le mouvement populaire n'a pas l'intention de stagner. Nous aussi, nous allons changer dans ce monde qui change !
Nous sommes un mouvement populaire qui fait bouger les lignes politiques et qui sait rester fidèle à ses valeurs : le travail, le mérite et la justice sociale.
Si nous, nous ne portons pas cette ambition de justice sociale, personne ne le fera à notre place.
Le mouvement populaire refuse l'indifférence vis-à-vis des Français qui ont des difficultés. Nous avons voulu agir pour les retraités les plus modestes. Nous devons aussi nous préoccuper des familles les plus fragiles, des familles monoparentales, et nous devons aussi agir pour les enfants pauvres.
Nous devons aussi être sensibles à l'inquiétude, à l'exaspération des classes moyennes, qui ont le sentiment d'être les éternelles oubliées.
Un mouvement populaire valorise aussi l'entreprise et avec elle ses salariés, qui la font réussir. Si l'actionnaire est important, le salarié doit être plus respecté et avoir sa juste part des richesses qu'il a contribué à créer. Voilà aussi un objectif permanent pour le mouvement populaire !
Dans le même temps, nous sommes toujours fidèles à nos valeurs quand nous disons que celui qui réussit doit être valorisé, car nous préférons que celui qui réussit crée de la richesse en France, plutôt qu'il la crée ailleurs.
On a trop souvent reproché aux partis politiques d'être tournés sur eux-mêmes, d'être coupés des réalités des Français, fermés aux idées nouvelles. Notre mouvement populaire doit être ouvert à toutes les bonnes idées, d'où qu'elles viennent, et refléter la diversité de la société française.
Bien sûr que les avis peuvent être différents. Mais je préfère le débat au sein du mouvement avec tous, plutôt que le débat entre quelques-uns par médias interposés.
Nous avons une ligne de conduite : aucun sujet tabou. Et nous avons un impératif : dégager des idées neuves pour préparer les réformes de demain.
Nous allons donc ensemble construire un mouvement populaire qui doit refléter toute la société, qui prend en compte toute sa diversité et toutes ses sensibilités.
Un mouvement ouvert aux autres formations de la majorité aussi.
Et si nous pouvons être ouverts, c'est parce que nous sommes sûrs de nos convictions, sûrs de nos valeurs et que nous n'avons pas peur de la confrontation d'idées.
D'ailleurs, l'uniformité irait à l'encontre de l'histoire de notre mouvement populaire.
Nous savons dépasser tous les clivages et nous savons aussi nous ouvrir aux nouveaux talents, car c'est avec eux aussi que nous ferons émerger les idées de demain en cassant les vieux dogmes.
Individuellement ces nouveaux talents apportent du neuf ; collectivement ils nous rendent beaucoup plus forts.
D'ailleurs, dans une famille politique, comme dans chaque famille, il y a des personnalités, des tempéraments et des caractères différents. Eh bien, mes amis, c'est un atout ! Ce qui est important, c'est que nous sachions nous retrouver pour gagner. Voilà la véritable clé du succès.
Et l'équipe nationale qui m'entoure en est le reflet, en est le symbole.
Et je voudrais dire aussi à Patrick Devedjian que je veux le remercier pour l'action qui a été la sienne à la tête de notre mouvement.
Et je veux dire à l'ensemble de l'équipe nationale - qui vous a été présentée par un Jeune talentueux qu'est Benjamin Lancart - que nous allons faire du bon travail ensemble, l'ensemble des secrétaires généraux adjoints avec justement l'ensemble des acteurs de cette équipe et, bien sûr, les vice-présidents, toi, Jean-Louis, toi, Michel.
Mais je voudrais dire aussi dire, avec beaucoup de respect, à Jean-Pierre Raffarin que je suis heureux de poursuivre notre collaboration ensemble de cette façon.
Et je voudrais te dire, Brice, que depuis maintenant plusieurs mois nous travaillons de façon beaucoup plus proche, toi et moi, et je vois qu'en définitive nous sommes vraiment complémentaires, nous avons, toi et moi, la même vocation : nous sommes tous ensemble pour faire gagner le Président, nous sommes ensemble pour faire gagner notre famille politique !
En fait, entendons-nous bien, nous ne demandons à personne de se ressembler. Nous demandons à tous de savoir se rassembler. Voilà la vocation du mouvement populaire !
Trop de militants ont encore le sentiment de n'avoir qu'un seul rôle au sein de leur parti : payer une cotisation. Notre mouvement populaire doit donner davantage de droits à ses militants :
- un vrai droit à l'accueil, simple et chaleureux partout, dans vos circonscriptions comme au siège national, qui doit être un lieu de vie et d'échanges pour tous. Et d'ailleurs, pour moi, un mouvement plus ouvert, c'est aussi un nouveau siège, un lieu plus moderne et plus populaire que la rue La Boétie, un lieu où nous pourrons aussi travailler mieux ensemble. Changer de siège ne sera pas notre seul projet, je peux vous le garantir, mais ce sera un symbole particulièrement fort ;
- il nous faut aussi un vrai droit à la formation pour que chacun de nos élus, de nos cadres et nos membres qui le souhaitent puissent mieux se préparer aux responsabilités et recevoir des réponses aux questions que se posent nos concitoyens ;
- il faut aussi un vrai droit à l'information et à l'expression. Chaque militant, chacun d'entre nous doit pouvoir être informé en permanence de l'actualité de sa famille politique. Au XXIe siècle, il nous faut savoir consulter chacun de nos membres sur tous les sujets. Que chacun soit acteur et non spectateur. Si vous êtes à l'UMP, c'est parce que vous voulez être acteurs de la vie politique, et en aucun cas spectateurs de la vie politique. Dans le même esprit, plus aucune réunion publique ne doit se tenir sans échanges entre nous.
Et pour cela, nous allons nous doter, dès cette année 2009, de l'outil Internet le plus moderne de tous les partis politiques européens. Notre mouvement populaire va devenir une grande communauté, où des hommes et des femmes qui partagent les mêmes valeurs vont pouvoir se retrouver, se rassembler : des communautés pour débattre, pour s'engager, pour fédérer et pour faire adhérer toutes celles et ceux qui sont aujourd'hui éloignés de la politique.
Fixons-nous un objectif ambitieux : nous avons aujourd'hui 270 000 adhérents ; mes amis, nous pouvons, ensemble, faire en sorte qu'en 2012 nous sachions rassembler 500 000 personnes qui partagent nos valeurs, qui partagent les valeurs du mouvement populaire.
Trop de Français ont le sentiment que les partis politiques dépensent leur énergie à autre chose qu'à répondre à leurs préoccupations. Dans cette nouvelle époque notre mouvement populaire doit donner une autre image de la politique.
Cette crise que nous traversons n'est pas seulement économique, c'est aussi une crise des valeurs qui nous oblige à nous remettre en question, à être davantage cohérents et à avoir encore plus le sens des responsabilités et de l'exemplarité.
Cette période doit être l'occasion de réhabiliter totalement la politique et de nous éloigner définitivement de la petite politique et des petites polémiques.
Pour la politique à l'ancienne, franchement, laissons faire les socialistes. Pour la politique à l'ancienne, ils ont un immense savoir-faire et ils nous donnent l'exemple type de ce qu'il ne faut pas faire.
Et je regrette pour ma part que le Parti socialiste soit davantage à l'écoute de ses divisions, alors que nous, nous devons être à l'écoute des Français comme jamais.
Et je vais peut-être vous surprendre, mais je crois sincèrement que nous avons besoin aujourd'hui d'un Parti socialiste plus crédible dans le débat politique. Dans une démocratie apaisée, il nous faut une opposition responsable. Aujourd'hui, nous n'avons pas cette opposition responsable en face de nous.
Donner une nouvelle image de la politique, c'est jouer encore plus collectif et respecter des règles essentielles. Pas pour nous, mais par respect des militants.
À tous ceux qui ont du talent - et notre famille compte de nombreux talents -, je le dis : utilisez votre talent pour proposer ; c'est ce que demandent nos militants. À ceux qui ont le tempérament plus offensif que d'autres, je leur dis : réservez vos flèches à nos adversaires politiques et jamais à votre famille politique. Voilà aussi le message que j'ai entendu, partout dans les fédérations.
Mes amis,
Plus jamais on ne doit se poser la question « mais que pense l'UMP ? ».
Plus jamais on ne doit se poser la question « mais qu'attend l'UMP pour réagir ? ».
Le mouvement populaire doit être en permanence le coeur de la vie politique française et, pour cela, tous ceux qui exercent des responsabilités doivent s'engager à fond dans la vie du mouvement. Si nous sommes aujourd'hui aux responsabilités, c'est grâce à notre famille politique. Elle nous a donné beaucoup, nous devons maintenant lui donner le maximum de nous-mêmes.
Alors quelle est notre première, notre toute première feuille de route ?
Dès demain matin, nous allons débattre de la réforme des collectivités locales pour préparer la position du mouvement - et je vous garantis que nous ne proposerons pas un statu quo. Nous allons, dès le mois de février, parler de la bioéthique et des révisions de la loi bioéthique - en lien avec le gouvernement. Mais nous allons aussi parler de la moralisation du capitalisme et de notre système économique. Et, plus largement, nous allons aussi contribuer à redonner du sens à la société.
Dès demain, ce sont aussi les adhérents qui choisiront par leur vote les chefs de file pour les élections régionales. Partout, dans toute la France, vous m'avez dit que c'étaient les militants qui devaient choisir et que ce n'était plus à quelques-uns de choisir à votre place,. Eh bien, vous le savez, au mois de mars, vous choisirez les chefs de file pour les élections régionales.
Dès demain aussi, nous allons nous engager totalement dans la campagne des européennes, qui sera lancée cet après-midi. Pour la première fois, grâce à l'action de Nicolas Sarkozy pendant la présidence française de l'Union européenne, nous avons pris conscience que l'Europe était en train de changer et qu'elle pouvait nous protéger.
Continuer à faire changer l'Europe, à faire bouger l'Europe, renouer avec l'idéal européen, voilà les enjeux de cette belle campagne européenne.
Alors, je ne vous surprendrai pas, mais j'ai bien l'intention d'être un secrétaire général disponible et sur le terrain.
Parce qu'on apprend plus sur le terrain que derrière son bureau. Et, avec notre équipe nationale, je ferai plusieurs déplacements par semaine, pour être connecté en permanence aux vraies attentes des Français.
Et je voudrais vous livrer un exemple de ce que l'on n'apprend pas derrière un bureau, au ministère. Je me souviens - à Vesoul, Alain - de cette dame qui me disait : « Je ne comprends pas, Monsieur le Ministre, le paiement des loyers, c'est le 2 du mois, alors que le versement de ma retraite, c'est le 10. Et comment je fais entre ces deux dates ? » Ce problème, jamais on n'en avait parlé au ministère et quand moi, j'en ai parlé, on m'a dit que c'était impossible à régler. Eh bien, je vous le dis franchement, et je pense que nous partageons la même conviction : nous ne faisons pas de la politique pour entendre dire que c'est impossible. Voilà aussi la vocation du mouvement populaire.
Je serai un secrétaire général totalement au service de notre mouvement. C'est la raison pour laquelle je n'ai pas hésité une seconde à quitter les responsabilités d'un ministère passionnant pour m'impliquer totalement au service de notre famille politique, de ma famille politique.
Notre grand mouvement populaire, nous le voulons ouvert à tous. Nous le voulons utile à tous les Français et peut-être même surtout aux plus modestes, aux plus exposés et aux plus fragiles d'entre nous. En ces temps difficiles et incertains, nous le voulons responsable et exemplaire devant tous les Français.
Mes amis,
Cet après-midi, vous allez retourner dans vos départements. Je vous demande de dire à vos militants, à toutes celles et tous ceux qui vous ont élu au conseil national, dites-leur que nous avons plus que jamais besoin d'eux, dites-leur que les choses vont vraiment changer, dites-leur que l'imagination est au pouvoir à l'UMP, qu'ensemble nous allons continuer à redonner de la fierté, du sens et de la grandeur à l'engagement politique. Dites-leur que nous allons renouer avec la dynamique et l'enthousiasme qui nous ont menés à la victoire et à la victoire de Nicolas. Nous allons redonner l'envie de la politique. Et nous serons en même temps la voix de cette majorité silencieuse qui sait que les réformes sont indispensables et qui attend de nous que nous changions la France. Une nouvelle époque est en train de naître sous nos yeux.
Mes amis,
Je vous le demande du fond du coeur, et je m'y impliquerai totalement, il nous appartient de construire ensemble une nouvelle UMP, il nous appartient de construire ensemble le grand mouvement populaire au service des Français.Source http://www.u-m-p.org, le 26 janvier 2009