Entretien de M. Hervé Morin, ministre de la défense, dans "La Tribune" du 27 janvier 2009, sur l'industrie d'armement.

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Média : La Tribune

Texte intégral

Q - Etes- vous satisfait du bilan des exportations en 2008 ?
R - Oui, le montant des contrats signés en 2008 atteindra probablement 6,4 milliards d'euros, soit 15 % de plus que l'an passé, ce qui dépasse l'objectif de six milliards que nous nous étions fixé. C'est la meilleure année pour nos exportations défense depuis 2000, année à partir de laquelle notre position mondiale a commencé à se dégrader. Il est trop tôt pour savoir si nos exportations seront affectées par le ralentissement économique. La crise constitue un frein pour les dépenses d'armement mais 2009 devrait être une nouvelle très bonne année compte tenu notamment de la prise en compte de la commande brésilienne des quatre sous- marins et d'autres perspectives positives avec un certain nombre de pays.
Q - 2009 s'annonce donc comme une grande année. Pouvez- vous compter sur la commande grecque de six frégates Fremm et enfin d'un contrat Rafale ?
R - Ce que nous avons semé depuis 2007, c'est-à-dire le soutien politique sans faille aux efforts commerciaux des industriels et des procédures de contrôle plus efficientes, commence à porter ses fruits. Pour les Fremm en Grèce, d'après les récentes déclarations de mon homologue grec, les perspectives sont bonnes. Comme pour certains contrats en Asie ou encore deux contrats avec la Colombie signés en décembre dernier pour un total de plus de 100 millions d'euros. S'agissant du Rafale, nous avons des raisons d'être optimistes.
Q - Vous avez lancé la recomposition de l'industrie de défense. A quoi faut- il s'attendre cette année ?
R - C'est un axe majeur et l'une de mes priorités en 2009. J'ai indiqué aux industriels qu'ils avaient la chance d'être dans un pays qui avait fait de la défense une de ses priorités. Avec, notamment, le plan de relance, les crédits d'équipement ont augmenté de 20 % en 2009. Ils ont des perspectives que la plupart des industriels européens leur envient. Tout cela met les industriels français en position de force pour engager les discussions des regroupement au niveau européen. Sur nombre de sujets, les Européens sont à la limite critique en termes de financement de la R&D six fois inférieur à celui des Etats- Unis. Des regroupements, des alliances, des projets communs s'imposent si l'on veut préserver les compétences. Les industriels français doivent en être les moteurs.
Q - En France, SNPE et Safran doivent rapprocher leurs activités de propulsion solide. Quelle est la feuille de route du nouveau PDG de SNPE ?
R - Il a comme feuille de route d'organiser la restructuration de SNPE et d'engager tous les accords industriels afin de permettre à ce groupe de donner une perspective d'avenir à chaque branche et en particulier un accord dans le domaine stratégique de la propulsion solide qui pourrait se concrétiser avec Safran.
Q - Sur Nexter, avez- vous des idées de regroupement ?
R - J'ai dit tant à DCNS qu'à Nexter qu'il fallait aller voir aussi bien les Britanniques que les Allemands pour étudier des projets communs. Nous avions eu des messages positifs par exemple de TKMS il y a quelques mois. Il appartient au nouveau PDG de DCNS de voir à quoi cela correspond réellement. De même, il appartient à Luc Vigneron dont l'entreprise est à nouveau rentable de voir quels accords il peut passer soit avec les Britanniques, soit avec les Allemands.
Q - Que comptez- vous faire entre Safran et Thalès ?
R - Nous avons décidé de profiter de la recomposition du capital de Thalès pour réexaminer un certain nombre de frontières de compétences entre Thalès et d'autres groupes, dont Safran. Ce travail était d'ailleurs engagé avant la recomposition du capital. Dassault convient que ce chantier doit être engagé. Ces rectifications de frontières à réaliser ont notamment pour but de ne pas doublonner le financement de bureaux d'études par exemple dans le domaine de l'optronique.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 janvier 2009