Texte intégral
DOMINIQUE MARTINAUD
Bonjour je reçois aujourd'hui Xavier BERTRAND, ex ministre du Travail. Bonjour ministre le ministre, monsieur BERTRAND.
Voilà donc vous revenez ici dans cette maison que vous connaissez bien, que vous aimez bien et vous êtes le premier ex ministre à bénéficier finalement de la réforme constitutionnelle puisque vous reprenez votre siège sans avoir à passer par une élection, une élection partielle.
XAVIER BERTRAND
C'est quand même plus logique. Quand je me suis présenté en 2007 avec Pascale GRUNY qui était ma suppléante, j'ai été élu pour cinq années et donc j'ai quitté mes fonctions ministérielles. Et donc je reprends ce siège et pour les électeurs de ma circonscription, je l'ai constaté ce week end il n'y a rien de plus logique.
DOMINIQUE MARTINAUD
Quel rôle allez-vous jouer monsieur le député ?
XAVIER BERTRAND
Celui d'un député actif qui a adoré être député de 2002 à 2004. J'avais notamment été rapporteur du texte sur les retraites, j'avais été à l'initiative du fameux amendement qui étendait l'amendement COLUCHE voté à l'unanimité, entre autres sujets. Je sais que j'ai adoré cette maison et c'est pour moi aussi un honneur et c'est avec une certaine émotion que je vais me rasseoir pour la première fois dans les bancs des parlementaires. Je sais que ce n'est pas très habituel parce que c'est la deuxième fois que je quitte des fonctions ministérielles volontairement. La première fois c'était au moment de la présidentielle pour suivre Nicolas SARKOZY, pour être son porte parole.
DOMINIQUE MARTINAUD
Toujours volontairement ?
XAVIER BERTRAND
Oui, c'est une chance de pouvoir quitter ses fonctions dans ses conditions.
DOMINIQUE MARTINAUD
Nicolas SARKOZY ne vous a pas un peu poussé parce qu'on disait que vous auriez bien été secrétaire général de l'UMP en gardant un pied dans un ministère.
XAVIER BERTRAND
Franchement bien faire les deux choses en même temps aujourd'hui, vu la charge de travail qu'il y a dans un ministère et vu la charge de travail qu'il y a à l'UMP ce n'est pas possible. Et comme je n'aime pas faire les choses à moitié, je veux m'y engager complètement et je mesure bien aujourd'hui, j'ai gardé les mêmes habitudes de travail qu'au ministère, les journées ne font que 24 heures.
DOMINIQUE MARTINAUD
Alors c'est rigolo parce qu'on vous a sous titré Xavier BERTRAND, député et non inscrit. Alors c'est un scoop ou c'est normal ?
XAVIER BERTRAND
Juste une question de retranscription. Je me suis bien inscrit aujourd'hui au groupe de l'UMP, c'est-à-dire le mouvement populaire que j'ai l'honneur d'animer en tant que secrétaire général.
DOMINIQUE MARTINAUD
Alors justement vous êtes le nouveau secrétaire général de l'UMP et avant, on entendait plutôt le mot union dans UMP te là maintenant on entend le mot plutôt populaire. Alors c'est un parti qui a perdu des voix, il faut que vous les récupériez chez les classes moyennes, chez les ouvriers. Parce que c'est eux qui ont quand même fait élire Nicolas SARKOZY.
XAVIER BERTRAND
Déjà la première chose c'est que je préfère les mots que les sigles. L'union, nous la symbolisons aujourd'hui avec un mouvement qui est totalement rassemblé et d'ailleurs on sait accueillir toutes les personnalités avec notamment Eric BESSON qui a trouvé très vite sa place au sein du mouvement populaire. Mais il faut renouer avec le mouvement, le mouvement qui a su nous faire gagner avec Nicolas SARKOZY en 2007. Et puis l'aspect populaire, c'est parce que nous avons vocation à rassembler tous les Français et à traiter de tous les thèmes sans exception. Maintenant une chose est certaine, il faut penser aujourd'hui à ceux qui réussissent parce que je préfère que ceux qui réussissent, réussissent en France et plus à l'étranger. Nous avons besoin aussi que les Français les plus exposés face à la crise se sentent aidés, soutenus, accompagnés et puis il y a les classes moyennes. Ceux dont on ne parlait jamais, ceux vous savez qui sont toujours trop riches, parait t-il, même de 20 euros pour avoir droit à des aides.
DOMINIQUE MARTINAUD
Pourtant pendant la campagne électorale, on en a beaucoup parlé. Alors une fois la campagne électorale finie, on oublie les jeunes, on oublie les classes moyennes ?
XAVIER BERTRAND
On n'oublie personne mais je crois qu'il est important de bien remettre les pendules à l'heure, on agit pour tout le monde mais eux, il faut faire davantage parce qu'aujourd'hui ils symbolisent la valeur travail mais seulement ils ont du mal à s'en sortir avec cette crise. Et le président de la République a mis sur la table des pistes très solides, très précises, soit la suppression de la première tranche d'impôts, soit le deuxième tiers, soit les allocations familiales. Il faut penser à eux, c'est vrai, il faut leur parler mais il faut aussi leur proposer du concret.
DOMINIQUE MARTINAUD
Alors ces classes moyennes vous ont aussi un peu tourné le dos puisqu'ils allaient vers le PS ou vers d'autres partis.
XAVIER BERTRAND
Oh je n'ai pas vu beaucoup aller vers le Parti socialiste.
DOMINIQUE MARTINAUD
En tous cas ils n'allaient plus vers vous et vous dites aujourd'hui, il faut qu'on récupère des adhérents. On en a plus que 250 000 en gros et j'en voudrais 500 000. Alors d'abord un, est-ce que ce n'est pas une ambition un peu démesurée et deuxièmement est-ce que ça signifie parce que vous n'avez pas répondu à cette question, est-ce que ça signifie que vous avez pris un parti en perte de vitesse ?
XAVIER BERTRAND
On a eu différentes étapes pour l'UMP. En 2002 la création. Ce n'était pas une mince affaire parce qu'on a réuni toutes les familles politiques qui, auparavant, n'étaient pas toujours d'accord. Ensuite il y a eu la conquête, la victoire avec Nicolas SARKOZY et Patrick DEVEDJIAN a su consolider la place de l'UMP comme premier parti de France. Nous sommes à 277 000 adhérents. Je connais beaucoup de formations politiques qui seraient très heureuses avec un tel chiffre. Pas moi.
DOMINIQUE MARTINAUD
C'est vraiment 277 000 ?
XAVIER BERTRAND
Oui c'est 277 000, c'est très facile de vérifier, je tiens tout à votre disposition. Mais moi j'en veux plus. J'en veux plus parce que je pense que le mouvement populaire peut être un mouvement totalement moderne qui explique encore mieux ce que fait le gouvernement, qui est davantage aux côtés du président mais qui aussi sait prendre en compte les idées, les aspirations des Français, de ses membres bien sûr mais de tous ceux qui voudront débattre avec nous. Et vous me dites ambition démesurée...
DOMINIQUE MARTINAUD
Non c'est une question que je pose.
XAVIER BERTRAND
Mais je vais vous dire une chose. La dernière fois que j'ai entendu ambition démesurée ou mission impossible c'est quand j'ai voulu interdire de fumer dans les lieux publics ou quand nous avons engagé la réforme des régimes spéciaux de retraite.
DOMINIQUE MARTINAUD
Et vous y êtes arrivé.
XAVIER BERTRAND
Quand on me dit ça, ça me stimule. Et je vais vous dire une chose, j'ai pris ce rendez vous qui est très précis en 2012. On verra mais je pense même qu'on peut être plus que raisonnablement optimiste.
DOMINIQUE MARTINAUD
Xavier BERTRAND, un peu le Zorro des défis.
XAVIER BERTRAND
J'aime les défis mais vous savez je n'ai pas quitté mes fonctions ministérielles pour me consacrer à fond à cette mission passionnante, être à la tête du parti du président, pour proposer l'augmentation de 5% par an des adhérents. Non, il faut qu'on voit les choses en grand et je pense qu'aujourd'hui il y a une très forte attente dans la société française pour un mouvement politique totalement moderne.
DOMINIQUE MARTINAUD
Alors vous arrivez ici au Parlement, tout le monde sait que le patron des députés c'est Jean François COPE, que vous avez...
XAVIER BERTRAND
Le président des députés, c'est Bernard ACCOYER. Le patron des députés UMP c'est Jean François COPE.
DOMINIQUE MARTINAUD
Le patron du groupe des UMP, c'est Jean François COPE. Merci de cette rectification.
XAVIER BERTRAND
J'ai une longue amitié pour Bernard ACCOYER qui m'a accompagné dans mes tous débuts dans cette maison.
DOMINIQUE MARTINAUD
Et pour Jean François COPE ?
XAVIER BERTRAND
Aussi. Nous sommes complémentaires avec Jean-François. On n'a pas la même histoire que j'aie avec Bernard ACCOYER parce que je vais vous faire une confidence, c'est Bernard ACCOYER qui m'a poussé à être député en 2002. Je n'étais pas dans cette logique-la, j'étais plutôt avec le profil d'un élu local et c'est Bernard ACCOYER qui s'occupait des élections dans une autre formation politique qui était le RPR, qui m'a poussé à me présenter à ces élections.
DOMINIQUE MARTINAUD
Alors certains députés craignent justement une lutte d'influence entre Jean François COPE et vous-même. Est-ce que ça va être la guerre ?
XAVIER BERTRAND
Non. Ecoutez aucune crainte à avoir et certainement pas la guerre.
DOMINIQUE MARTINAUD
Vous représentez un peu l'Elysée, vous êtes le chouchou du président, on voit bien que ces députés ne sont pas toujours très contents dans cette majorité. Il y a une certaine grogne. Vous êtes venu aussi pour mettre un peu de discipline dans tout ça ?
XAVIER BERTRAND
Nous tenons tous notre légitimité de l'élection de Nicolas SARKOZY et moi vous savez, je suis élu de la deuxième circonscription de l'Aisne, si Nicolas SARKOZY n'avait pas été élu, est-ce que moi j'aurais été élu ? Je n'en suis pas sûr. Quel que soit le travail que l'on fournit sur place, n'oublions pas que notre légitimité c'est celle du président de la République. Maintenant une chose est certaine, c'est que je viens ici pour travailler en complémentarité. Je ne fais jamais les choses à moitié. Je viens pour être un député présent, un député actif. Mais ça va être pour travailler avec l'ensemble des parlementaires. Et mon travail en tant que secrétaire général du mouvement populaire, ce sera le même avec l'Assemblée qu'avec le Sénat. Il y a deux groupes parlementaires et l'idée, c'est que nous puissions sortir du débat d'idée des propositions et que le gouvernement ou les parlementaires puissent les reprendre dans des amendements, dans des textes de loi et puis aussi que l'UMP puisse faire naître des réformes. Et ça, vous savez, pour les députés par exemple, ce sera beaucoup plus facile de défendre des positions si ils en ont débattu largement avec tous nos militants, avec les Français.
DOMINIQUE MARTINAUD
C'est là déjà où vous avez un différend avec Jean François COPE parce que...
XAVIER BERTRAND
Aucun différend.
DOMINIQUE MARTINAUD
Parce que Jean-François COPE dit, « les députés c'est effectivement pour les propositions, pour l'adoption des réformes et le parti c'est pour l'élection ». Donc il vous met bien là où il ne veut pas que vous soyez en tous cas.
XAVIER BERTRAND
Entre deux élections, il n'est pas question de prendre des vacances. Vous savez aujourd'hui nos militants et les élus d'ailleurs, un député est membre militant du mouvement populaire qu'est l'UMP, ils veulent aujourd'hui être acteurs, ils ne veulent plus être spectateurs de la vie politique. Et être acteur, ça veut dire davantage expliquer ce que fait le gouvernement, ce que veut le président mais c'est aussi davantage faire remonter des idées, faire remonter du bon sens.
DOMINIQUE MARTINAUD
Votre premier test, ça va être les élections européennes ?
XAVIER BERTRAND
Bien sûr. Moi vous savez, je ne serai pas candidat aux européennes mais je ne suis pas du genre à me cacher derrière les candidats. Je ne serai pas derrière mes candidats, je serai devant eux dans ce débat sur les européennes. L'Europe est en train de changer, il faut qu'elle continue à changer pour qu'elle puisse protéger davantage et ce combat des élections européennes j'ai bien l'intention de le mener avec notamment Michel BARNIER qui est notre chef de file pour l'Ile de France mais qui est aussi notre animateur national.
DOMINIQUE MARTINAUD
Alors on va quitter un instant le Parlement pour arriver sur l'actualité nationale. On a bien compris donc, un vrai tandem avec Bernard ACCOYER qui vous a poussé en politique et une paix armée, en tous cas, avec Jean-François COPE.
XAVIER BERTRAND
Non vous savez, je sais que ces termes-là passionnent les commentateurs. Avec Jean-François COPE, certains voudraient nous voir face à face. Je vais vous dire une chose, quand on est en réuni de groupe nous sommes côte à côte, l'un à côté de l'autre. Et c'est ça aujourd'hui qui est important. Vous savez en plus avec le contexte de crise que nous connaissons, il n'y a pas de place pour les bisbilles personnelles ou autres. Moi je ne suis pas le champion du monde de la petite phrase et je ne le deviendrais pas.
DOMINIQUE MARTINAUD
Donc vous regardez tous les deux dans le même sens comme a dit SAINT EXUPERY. On va parler de la Guadeloupe. Comment on peut sortir de cette situation ? Et on peut s'étonner aussi du silence du président. Pourquoi a-t-il mis tant de temps à réagir ?
XAVIER BERTRAND
On peut faire confiance à la fois au bon sens, au courage et à l'engagement d'Yves JEGO. N'oublions pas les choses. Il y avait 132 propositions qui étaient sur la table, 131 ont fait l'objet d'un accord. Il a mouillé la chemise, il a...
DOMINIQUE MARTINAUD
Non mais aujourd'hui c'est l'explosion. Donc aujourd'hui, on l'a encore vu cette nuit.
XAVIER BERTRAND
Il ne faut pas passer sous silence ces solutions qui ont permis de diminuer aussi le coût de la vie.
DOMINIQUE MARTINAUD
Mais que fait t-on Xavier BERTRAND aujourd'hui face à un conflit tel qu'on le voit aujourd'hui ? Et le président, pourquoi a-t-il mis tant de temps finalement à réagir ?
XAVIER BERTRAND
Déjà la première des choses, il faut que les socialistes arrêtent de mettre de l'huile sur le feu. L'attitude de délégués nationaux du Parti socialiste qui sont allés sur place et quand on voit justement ce qui se passe alors qu'ils n'ont jamais fait la moindre proposition avant, ça ce n'est pas de la responsabilité politique. Et d'ailleurs on l'a bien vu que certains responsables politiques à la Guadeloupe ont demandé...
DOMINIQUE MARTINAUD
Vous ne voulez pas répondre à ma question sur le président ?
XAVIER BERTRAND
Je vais y venir. Je ne suis pas du genre à passer à côté des questions et des réponses. Ca c'est la première chose. Le président de la République n'est pas resté muet sur ce sujet. Pendant la campagne, on a fait des propositions pour justement l'Outre Mer. Ces propositions viendront ici quand ? Au mois de mars, dans un grand texte qui peut encore être enrichi pour pouvoir répondre à la situation. Le président a proposé non seulement la création d'un comité inter ministériel...
DOMINIQUE MARTINAUD
Comment on arrête le conflit aujourd'hui ?
XAVIER BERTRAND
Et prend aussi ses représentables en recevant l'ensemble des acteurs ultra marins et quand ? Dès cette semaine. Donc vous le voyez, on est au rendez vous de nos responsabilités à chaque fois. Si c'était simple, ça se saurait. Mais depuis trente ans, la vie est chère en Outre Mer. C'est à nous aujourd'hui de régler ces problèmes, j'en ai bien conscience.
DOMINIQUE MARTINAUD
On n'a pas eu le temps de parler du sommet social de demain, pourtant je pense que le ministre du Travail que vous avez été avait beaucoup de choses à dire.
Source http://www.u-m-p.org, le 18 février 2009
Bonjour je reçois aujourd'hui Xavier BERTRAND, ex ministre du Travail. Bonjour ministre le ministre, monsieur BERTRAND.
Voilà donc vous revenez ici dans cette maison que vous connaissez bien, que vous aimez bien et vous êtes le premier ex ministre à bénéficier finalement de la réforme constitutionnelle puisque vous reprenez votre siège sans avoir à passer par une élection, une élection partielle.
XAVIER BERTRAND
C'est quand même plus logique. Quand je me suis présenté en 2007 avec Pascale GRUNY qui était ma suppléante, j'ai été élu pour cinq années et donc j'ai quitté mes fonctions ministérielles. Et donc je reprends ce siège et pour les électeurs de ma circonscription, je l'ai constaté ce week end il n'y a rien de plus logique.
DOMINIQUE MARTINAUD
Quel rôle allez-vous jouer monsieur le député ?
XAVIER BERTRAND
Celui d'un député actif qui a adoré être député de 2002 à 2004. J'avais notamment été rapporteur du texte sur les retraites, j'avais été à l'initiative du fameux amendement qui étendait l'amendement COLUCHE voté à l'unanimité, entre autres sujets. Je sais que j'ai adoré cette maison et c'est pour moi aussi un honneur et c'est avec une certaine émotion que je vais me rasseoir pour la première fois dans les bancs des parlementaires. Je sais que ce n'est pas très habituel parce que c'est la deuxième fois que je quitte des fonctions ministérielles volontairement. La première fois c'était au moment de la présidentielle pour suivre Nicolas SARKOZY, pour être son porte parole.
DOMINIQUE MARTINAUD
Toujours volontairement ?
XAVIER BERTRAND
Oui, c'est une chance de pouvoir quitter ses fonctions dans ses conditions.
DOMINIQUE MARTINAUD
Nicolas SARKOZY ne vous a pas un peu poussé parce qu'on disait que vous auriez bien été secrétaire général de l'UMP en gardant un pied dans un ministère.
XAVIER BERTRAND
Franchement bien faire les deux choses en même temps aujourd'hui, vu la charge de travail qu'il y a dans un ministère et vu la charge de travail qu'il y a à l'UMP ce n'est pas possible. Et comme je n'aime pas faire les choses à moitié, je veux m'y engager complètement et je mesure bien aujourd'hui, j'ai gardé les mêmes habitudes de travail qu'au ministère, les journées ne font que 24 heures.
DOMINIQUE MARTINAUD
Alors c'est rigolo parce qu'on vous a sous titré Xavier BERTRAND, député et non inscrit. Alors c'est un scoop ou c'est normal ?
XAVIER BERTRAND
Juste une question de retranscription. Je me suis bien inscrit aujourd'hui au groupe de l'UMP, c'est-à-dire le mouvement populaire que j'ai l'honneur d'animer en tant que secrétaire général.
DOMINIQUE MARTINAUD
Alors justement vous êtes le nouveau secrétaire général de l'UMP et avant, on entendait plutôt le mot union dans UMP te là maintenant on entend le mot plutôt populaire. Alors c'est un parti qui a perdu des voix, il faut que vous les récupériez chez les classes moyennes, chez les ouvriers. Parce que c'est eux qui ont quand même fait élire Nicolas SARKOZY.
XAVIER BERTRAND
Déjà la première chose c'est que je préfère les mots que les sigles. L'union, nous la symbolisons aujourd'hui avec un mouvement qui est totalement rassemblé et d'ailleurs on sait accueillir toutes les personnalités avec notamment Eric BESSON qui a trouvé très vite sa place au sein du mouvement populaire. Mais il faut renouer avec le mouvement, le mouvement qui a su nous faire gagner avec Nicolas SARKOZY en 2007. Et puis l'aspect populaire, c'est parce que nous avons vocation à rassembler tous les Français et à traiter de tous les thèmes sans exception. Maintenant une chose est certaine, il faut penser aujourd'hui à ceux qui réussissent parce que je préfère que ceux qui réussissent, réussissent en France et plus à l'étranger. Nous avons besoin aussi que les Français les plus exposés face à la crise se sentent aidés, soutenus, accompagnés et puis il y a les classes moyennes. Ceux dont on ne parlait jamais, ceux vous savez qui sont toujours trop riches, parait t-il, même de 20 euros pour avoir droit à des aides.
DOMINIQUE MARTINAUD
Pourtant pendant la campagne électorale, on en a beaucoup parlé. Alors une fois la campagne électorale finie, on oublie les jeunes, on oublie les classes moyennes ?
XAVIER BERTRAND
On n'oublie personne mais je crois qu'il est important de bien remettre les pendules à l'heure, on agit pour tout le monde mais eux, il faut faire davantage parce qu'aujourd'hui ils symbolisent la valeur travail mais seulement ils ont du mal à s'en sortir avec cette crise. Et le président de la République a mis sur la table des pistes très solides, très précises, soit la suppression de la première tranche d'impôts, soit le deuxième tiers, soit les allocations familiales. Il faut penser à eux, c'est vrai, il faut leur parler mais il faut aussi leur proposer du concret.
DOMINIQUE MARTINAUD
Alors ces classes moyennes vous ont aussi un peu tourné le dos puisqu'ils allaient vers le PS ou vers d'autres partis.
XAVIER BERTRAND
Oh je n'ai pas vu beaucoup aller vers le Parti socialiste.
DOMINIQUE MARTINAUD
En tous cas ils n'allaient plus vers vous et vous dites aujourd'hui, il faut qu'on récupère des adhérents. On en a plus que 250 000 en gros et j'en voudrais 500 000. Alors d'abord un, est-ce que ce n'est pas une ambition un peu démesurée et deuxièmement est-ce que ça signifie parce que vous n'avez pas répondu à cette question, est-ce que ça signifie que vous avez pris un parti en perte de vitesse ?
XAVIER BERTRAND
On a eu différentes étapes pour l'UMP. En 2002 la création. Ce n'était pas une mince affaire parce qu'on a réuni toutes les familles politiques qui, auparavant, n'étaient pas toujours d'accord. Ensuite il y a eu la conquête, la victoire avec Nicolas SARKOZY et Patrick DEVEDJIAN a su consolider la place de l'UMP comme premier parti de France. Nous sommes à 277 000 adhérents. Je connais beaucoup de formations politiques qui seraient très heureuses avec un tel chiffre. Pas moi.
DOMINIQUE MARTINAUD
C'est vraiment 277 000 ?
XAVIER BERTRAND
Oui c'est 277 000, c'est très facile de vérifier, je tiens tout à votre disposition. Mais moi j'en veux plus. J'en veux plus parce que je pense que le mouvement populaire peut être un mouvement totalement moderne qui explique encore mieux ce que fait le gouvernement, qui est davantage aux côtés du président mais qui aussi sait prendre en compte les idées, les aspirations des Français, de ses membres bien sûr mais de tous ceux qui voudront débattre avec nous. Et vous me dites ambition démesurée...
DOMINIQUE MARTINAUD
Non c'est une question que je pose.
XAVIER BERTRAND
Mais je vais vous dire une chose. La dernière fois que j'ai entendu ambition démesurée ou mission impossible c'est quand j'ai voulu interdire de fumer dans les lieux publics ou quand nous avons engagé la réforme des régimes spéciaux de retraite.
DOMINIQUE MARTINAUD
Et vous y êtes arrivé.
XAVIER BERTRAND
Quand on me dit ça, ça me stimule. Et je vais vous dire une chose, j'ai pris ce rendez vous qui est très précis en 2012. On verra mais je pense même qu'on peut être plus que raisonnablement optimiste.
DOMINIQUE MARTINAUD
Xavier BERTRAND, un peu le Zorro des défis.
XAVIER BERTRAND
J'aime les défis mais vous savez je n'ai pas quitté mes fonctions ministérielles pour me consacrer à fond à cette mission passionnante, être à la tête du parti du président, pour proposer l'augmentation de 5% par an des adhérents. Non, il faut qu'on voit les choses en grand et je pense qu'aujourd'hui il y a une très forte attente dans la société française pour un mouvement politique totalement moderne.
DOMINIQUE MARTINAUD
Alors vous arrivez ici au Parlement, tout le monde sait que le patron des députés c'est Jean François COPE, que vous avez...
XAVIER BERTRAND
Le président des députés, c'est Bernard ACCOYER. Le patron des députés UMP c'est Jean François COPE.
DOMINIQUE MARTINAUD
Le patron du groupe des UMP, c'est Jean François COPE. Merci de cette rectification.
XAVIER BERTRAND
J'ai une longue amitié pour Bernard ACCOYER qui m'a accompagné dans mes tous débuts dans cette maison.
DOMINIQUE MARTINAUD
Et pour Jean François COPE ?
XAVIER BERTRAND
Aussi. Nous sommes complémentaires avec Jean-François. On n'a pas la même histoire que j'aie avec Bernard ACCOYER parce que je vais vous faire une confidence, c'est Bernard ACCOYER qui m'a poussé à être député en 2002. Je n'étais pas dans cette logique-la, j'étais plutôt avec le profil d'un élu local et c'est Bernard ACCOYER qui s'occupait des élections dans une autre formation politique qui était le RPR, qui m'a poussé à me présenter à ces élections.
DOMINIQUE MARTINAUD
Alors certains députés craignent justement une lutte d'influence entre Jean François COPE et vous-même. Est-ce que ça va être la guerre ?
XAVIER BERTRAND
Non. Ecoutez aucune crainte à avoir et certainement pas la guerre.
DOMINIQUE MARTINAUD
Vous représentez un peu l'Elysée, vous êtes le chouchou du président, on voit bien que ces députés ne sont pas toujours très contents dans cette majorité. Il y a une certaine grogne. Vous êtes venu aussi pour mettre un peu de discipline dans tout ça ?
XAVIER BERTRAND
Nous tenons tous notre légitimité de l'élection de Nicolas SARKOZY et moi vous savez, je suis élu de la deuxième circonscription de l'Aisne, si Nicolas SARKOZY n'avait pas été élu, est-ce que moi j'aurais été élu ? Je n'en suis pas sûr. Quel que soit le travail que l'on fournit sur place, n'oublions pas que notre légitimité c'est celle du président de la République. Maintenant une chose est certaine, c'est que je viens ici pour travailler en complémentarité. Je ne fais jamais les choses à moitié. Je viens pour être un député présent, un député actif. Mais ça va être pour travailler avec l'ensemble des parlementaires. Et mon travail en tant que secrétaire général du mouvement populaire, ce sera le même avec l'Assemblée qu'avec le Sénat. Il y a deux groupes parlementaires et l'idée, c'est que nous puissions sortir du débat d'idée des propositions et que le gouvernement ou les parlementaires puissent les reprendre dans des amendements, dans des textes de loi et puis aussi que l'UMP puisse faire naître des réformes. Et ça, vous savez, pour les députés par exemple, ce sera beaucoup plus facile de défendre des positions si ils en ont débattu largement avec tous nos militants, avec les Français.
DOMINIQUE MARTINAUD
C'est là déjà où vous avez un différend avec Jean François COPE parce que...
XAVIER BERTRAND
Aucun différend.
DOMINIQUE MARTINAUD
Parce que Jean-François COPE dit, « les députés c'est effectivement pour les propositions, pour l'adoption des réformes et le parti c'est pour l'élection ». Donc il vous met bien là où il ne veut pas que vous soyez en tous cas.
XAVIER BERTRAND
Entre deux élections, il n'est pas question de prendre des vacances. Vous savez aujourd'hui nos militants et les élus d'ailleurs, un député est membre militant du mouvement populaire qu'est l'UMP, ils veulent aujourd'hui être acteurs, ils ne veulent plus être spectateurs de la vie politique. Et être acteur, ça veut dire davantage expliquer ce que fait le gouvernement, ce que veut le président mais c'est aussi davantage faire remonter des idées, faire remonter du bon sens.
DOMINIQUE MARTINAUD
Votre premier test, ça va être les élections européennes ?
XAVIER BERTRAND
Bien sûr. Moi vous savez, je ne serai pas candidat aux européennes mais je ne suis pas du genre à me cacher derrière les candidats. Je ne serai pas derrière mes candidats, je serai devant eux dans ce débat sur les européennes. L'Europe est en train de changer, il faut qu'elle continue à changer pour qu'elle puisse protéger davantage et ce combat des élections européennes j'ai bien l'intention de le mener avec notamment Michel BARNIER qui est notre chef de file pour l'Ile de France mais qui est aussi notre animateur national.
DOMINIQUE MARTINAUD
Alors on va quitter un instant le Parlement pour arriver sur l'actualité nationale. On a bien compris donc, un vrai tandem avec Bernard ACCOYER qui vous a poussé en politique et une paix armée, en tous cas, avec Jean-François COPE.
XAVIER BERTRAND
Non vous savez, je sais que ces termes-là passionnent les commentateurs. Avec Jean-François COPE, certains voudraient nous voir face à face. Je vais vous dire une chose, quand on est en réuni de groupe nous sommes côte à côte, l'un à côté de l'autre. Et c'est ça aujourd'hui qui est important. Vous savez en plus avec le contexte de crise que nous connaissons, il n'y a pas de place pour les bisbilles personnelles ou autres. Moi je ne suis pas le champion du monde de la petite phrase et je ne le deviendrais pas.
DOMINIQUE MARTINAUD
Donc vous regardez tous les deux dans le même sens comme a dit SAINT EXUPERY. On va parler de la Guadeloupe. Comment on peut sortir de cette situation ? Et on peut s'étonner aussi du silence du président. Pourquoi a-t-il mis tant de temps à réagir ?
XAVIER BERTRAND
On peut faire confiance à la fois au bon sens, au courage et à l'engagement d'Yves JEGO. N'oublions pas les choses. Il y avait 132 propositions qui étaient sur la table, 131 ont fait l'objet d'un accord. Il a mouillé la chemise, il a...
DOMINIQUE MARTINAUD
Non mais aujourd'hui c'est l'explosion. Donc aujourd'hui, on l'a encore vu cette nuit.
XAVIER BERTRAND
Il ne faut pas passer sous silence ces solutions qui ont permis de diminuer aussi le coût de la vie.
DOMINIQUE MARTINAUD
Mais que fait t-on Xavier BERTRAND aujourd'hui face à un conflit tel qu'on le voit aujourd'hui ? Et le président, pourquoi a-t-il mis tant de temps finalement à réagir ?
XAVIER BERTRAND
Déjà la première des choses, il faut que les socialistes arrêtent de mettre de l'huile sur le feu. L'attitude de délégués nationaux du Parti socialiste qui sont allés sur place et quand on voit justement ce qui se passe alors qu'ils n'ont jamais fait la moindre proposition avant, ça ce n'est pas de la responsabilité politique. Et d'ailleurs on l'a bien vu que certains responsables politiques à la Guadeloupe ont demandé...
DOMINIQUE MARTINAUD
Vous ne voulez pas répondre à ma question sur le président ?
XAVIER BERTRAND
Je vais y venir. Je ne suis pas du genre à passer à côté des questions et des réponses. Ca c'est la première chose. Le président de la République n'est pas resté muet sur ce sujet. Pendant la campagne, on a fait des propositions pour justement l'Outre Mer. Ces propositions viendront ici quand ? Au mois de mars, dans un grand texte qui peut encore être enrichi pour pouvoir répondre à la situation. Le président a proposé non seulement la création d'un comité inter ministériel...
DOMINIQUE MARTINAUD
Comment on arrête le conflit aujourd'hui ?
XAVIER BERTRAND
Et prend aussi ses représentables en recevant l'ensemble des acteurs ultra marins et quand ? Dès cette semaine. Donc vous le voyez, on est au rendez vous de nos responsabilités à chaque fois. Si c'était simple, ça se saurait. Mais depuis trente ans, la vie est chère en Outre Mer. C'est à nous aujourd'hui de régler ces problèmes, j'en ai bien conscience.
DOMINIQUE MARTINAUD
On n'a pas eu le temps de parler du sommet social de demain, pourtant je pense que le ministre du Travail que vous avez été avait beaucoup de choses à dire.
Source http://www.u-m-p.org, le 18 février 2009