Texte intégral
J.-J. Bourdin.- Notre invité ce matin, J.-L. Borloo. Bonjour... Où étiez-vous ?
C'est-à-dire ?
Je ne sais pas, mais on ne vous voyait plus à la radio, à la télévision. Discret ?
J'avais vu un qualitatif un jour qui disait, un truc que des gens avaient fait, Médiascopie... qui disait : « Le Borloo doit travailler parce qu'on ne le voit pas à la télé ». J'ai trouvé que c'était plutôt mignon, voilà la réponse.
Voilà la réponse ! B. Obama, on l'a beaucoup vu, lui ! On l'a beaucoup vu, et il est en Turquie. Il demande à l'Union européenne de favoriser l'adhésion de la Turquie. On sait que pour des raisons stratégiques, il a besoin de la Turquie ; il a besoin de la Turquie dans l'OTAN, il a besoin de la Turquie pour toute sa politique au Moyen-Orient. Faut-il le suivre ?
Nous avons tous besoin de la Turquie.
Oui ! Oui !
La Turquie est un grand pays, un beau pays, un pays qui est à la jointure des continents, des cultures, du mode de gouvernement, laïcité en même temps, bon. Donc, c'est un très, très grand pays. Donc, c'est un sujet central la Turquie. Il faut absolument qu'on trouve un mode de relation avec la Turquie qui n'est pas forcément l'adhésion à l'Europe.
Vous n'êtes pas favorable ?
Non, je pense qu'il faut qu'on trouve en revanche un mode opératoire avec nos amis Turcs qui soit spécifique.
Et quel pourrait être ce mode opératoire, parce qu'on est très content de les avoir dans l'OTAN, mais on ne veut pas du tout les avoir dans l'Union Européenne ?
Non, ce n'est pas tellement ça, c'est qu'objectivement, considérez que moi qui aime les Turcs, vraiment, c'est un pays...
C'est pour ça que je vous pose la question, je sais, je sais.
C'est un pays que j'aime bien. Pour moi, le Bosphore, par exemple, c'est un des plus beaux endroits.
Oui, c'est merveilleux !
Et en plus, non mais tout ce qui a été fait au 20ème siècle en Turquie, je trouve que... enfin, la deuxième partie du 20ème siècle, assez extraordinaire. Néanmoins, on n'est pas forcément obligé d'étendre le processus européen à l'extrême parce qu'il n'y a aucune espèce de raison de pas aller au-delà. Je crois que l'entité géographique européenne reste une réalité. Cela dit, il faut trouver un mode de rapport très privilégié entre l'Europe et la Turquie, me semble-t-il.
C'est-à-dire, on associerait la Turquie aux décisions prises par l'Union européenne ?
La question elle n'est pas...d'abord, ça se décide...
Comment faire, parce que comment faire ? On entre, on n'entre pas, non ?
Ah non, non ! Il peut y avoir des partenariats privilégiés très importants.
Partenariats privilégiés, oui.
Parce que on ne peut pas... rien ne serait pire qu'un sentiment de désintérêt ou de désamour à l'égard de nos amis Turcs. Je crois vraiment que c'est impossible, même impensable...
Est-ce qu'on en a peur parce que ce sont des musulmans ?
Non, je ne crois pas, je pense que l'élargissement, d'une manière générale vous avez vu qu'à pas trop rapides a créé de grandes difficultés, désillusions, incompréhensions. Vous savez, moi, j'ai dans mon rôle, enfin sur mes sujets, présidé l'Union pendant six mois à 27, c'est extrêmement difficile, extrêmement compliqué, donc, voilà. Il y a avec ce pays majeur qu'il faut aimer, un partenaire privilégié à mettre en place.
Bien. Actualité encore, on parle chômage. On va évidemment développer longuement le sujet Développement durable, dans un instant, J.-L. Borloo, mais l'emploi des seniors. La loi prévoyait une lourde pénalité en 2010 pour les entreprises qui ne mettraient pas en place un plan en faveur de l'emploi des seniors. Et la mesure aujourd'hui paraît peu opportune avec la crise ? Pourquoi est-ce que le Gouvernement a renoncé à faire paraître les décrets d'application ?
Ecoutez, je ne suis plus le dossier "seniors" depuis quelques temps, mais je l'ai beaucoup suivi, avec G. Larcher, à l'époque...
Je sais, c'est pour ça que je vous pose la question.
Si vous voulez, nous avons absolument besoin de cette expertise-là ; c'est complètement absurde de considérer que dans toutes les situations il vaut mieux faire partir un expérimenté qu'un non expérimenté. Donc, on avait lancé un Plan "seniors" à l'époque qui prévoyait d'ailleurs, en accord avec les
Tout à fait !
Avec dans le cas où ça ne se produirait pas des sanctions en 2010.
Exactement !
Donc, je pense que c'est toujours en cours.
C'est toujours en cours. Pour l'instant, les décrets d'applications ne sont pas parus, J.-L. Borloo.
Je l'apprends.
Vous le regrettez, j'imagine.
Je l'apprends.
Bon, très bien, parce que vous êtes à l'origine, à l'origine, encore une fois, de ce plan. Un mot sur un circuit de Formule 1 en région parisienne, à Flins. C'est quoi, c'est vrai ou pas ça ?
Ah oui, j'avais vu ce mistigri, si j'ose dire, sortir ; ça avait été évoqué par certains dans le cadre du Plan de relance, il y avait même eu un amendement qui avait été voté dans une des deux chambres.
Oui, exact.
Je me suis battu contre, bien entendu. Ce circuit de Formule 1, à Flins, puisque c'est de ça dont il s'agit précisément...
...oui, à Flins.
... n'est plus dans le Plan, il a été retiré. Il était sur des champs de captage, de captage d'eau.
Donc, c'est fini ça ?
Donc, pour moi, ce problème est réglé. De surcroît, ce sont des espaces qui sont réservés aux SDRIF, au Schéma Directeur d'Ile-de-France, pour l'eau et pour une agriculture de proximité, une agriculture biologique. Alors, j'ai vu que des gens continuaient, dans un grand quotidien du soir, il y a deux, trois jours, à dire qu'ils étaient contre, mais le problème est en l'état réglé.
Bien. Le bonus/malus, où on est-on ? Nous sommes début avril, où on est on, bonus/malus sur les voitures, bien sûr ?
On vient d'avoir les chiffres, vous voyez c'est...
Donnez-nous les chiffres en exclusivité, ce matin.
Donc, ça c'est une exclusivité RMC.
RMC et BFM TV, oui.
Le bonus/malus, c'est-à-dire aider les voitures peu émettrices de CO² et le financer par les voitures qui émettent beaucoup, parce que c'est bien ça dont il s'agit, eh bien les résultats continuent à être extrêmement élevés et spectaculaires, je peux vous donner les chiffres extrêmement précis.
Allez !
Les voitures émettant moins de 100 g ont été multipliées par cinq.
Des ventes, oui.
Moins de 100 g de CO². 55 % du marché aujourd'hui bénéficient du bonus, c'est-à-dire qu'on a transféré près de la moitié du marché vers les voitures peu émettrices. Au total, en un an, cela fait 11 g de CO² d'économisés sur le marché automobile français. Alors, les chiffres précis je les ai, nous avons eu 220.000... 286 voitures (sic) au premier trimestre qui ont bénéficié du bonus.
286 000 ?
Absolument !
Voitures au premier trimestre qui ont bénéficié du bonus. 286.000, c'est beaucoup.
Plus d'une voiture sur deux.
Oui, mais dites-moi, ça coûte cher à l'Etat ça.
Ecoutez, c'est une mesure qui coûte pas très très cher parce que...
E. Woerth, est-ce qu'il vous appelle tous les jours : « dis, Jean- Louis, arrête parce que tu me coûte cher » ?
Non, parce qu'il ne vous a pas échappé qu'il y avait beaucoup de voitures françaises qui bénéficiaient du bonus.
Oui, c'est vrai !
Beaucoup plus que de grosses voitures importées, je ne dirais pas lesquelles.
Oui, d'Allemagne.
Et donc, ça a plutôt soutenu l'activité française. Vous observerez d'ailleurs que le marché français, le marché français au plan européen est celui qui a le mieux tenu entre le bonus/malus augmenté par une prime à la casse dont sont exclues les voitures très émettrices de CO² - nous sommes les seuls à avoir une prime à la casse de cette nature-là ; en gros, le marché français a été stabilisé alors qu'il s'est effondré dans les autres pays européens.
Alors, on continue ?
On continue, bien entendu.
Elle sera pérenne cette mesure ?
Ah, je ne vois pas... j'imagine pas qu'elle ne le soit pas. Il est même prévu que dans le temps, sur une décennie, on déplace légèrement le curseur, plus les progrès technologiques se font, pour que le bonus aille vers des voitures de plus en plus propres.
Bon, alors, j'ai une question, pourquoi est-ce que les taux de CO² n'apparaissent pas sur les publicités pour les voitures ? C'est une question.
C'est une bonne question, mais plus généralement les publicités, vous savez qu'on avait constaté il y a un an et demi, dans le cadre du Grenelle, qu'il y avait près de 40 % des publicités dites propres, dites vertes, qui étaient pour le moins tendancieuses, ce qu'on appelle le "green washing", c'est-à-dire des gens qui vous disent... on trouvait une phrase, alors vous aviez une énorme voiture sur une banquise et puis on utilisait la banquise pour faire croire que la voiture était propre. Il y en avait...bon. Donc, on a fait une réforme de ça, c'était de l'autorégulation par la profession de BVP, on l'a supprimé, on a modifié ça avec des ONG dedans, avec un système un peu plus... Aujourd'hui, on a 87 % des publicités qu'on considère comme parfaitement correctes. Il nous en reste encore 30 % que nous contestons, et il est clair qu'il faut que dans l'année ces publicités soient parfaites, à défaut de quoi, comme nous l'avions dit, nous saisirions le Parlement.
Ah ! Parce qu'une directive européenne nous impose...
Absolument !
Nous impose, impose à la France, cette publicité sur le CO².
Absolument !
Bien, J.-L. Borloo est notre invité ce matin. Il est 08 h 42, vous êtes sur RMC et sur BFM TV. A tout de suite, dans deux minutes.
[8h42 - Fin 1ère partie]
J.-L. Borloo, continuons avec les voitures, ensuite nous parlerons TGV, tramways, enfin tout l'environnement durable parce que j'ai plein de questions concrètes à vous poser. Comment se fait-il qu'on ait en France un bonus quand on achète une voiture diesel sans filtre à particules, alors que c'est le contraire en Allemagne ? Alors, là, moi, je... il faudrait que vous m'expliquiez en Europe comment vous faites.
Non, il n'y a pas de bonus en Allemagne sur le diesel, où sur l'essence...
Si, si, il y a des aides...
...sur la prime, prime à la casse.
Il y a des aides qui sont calculées par rapport aux émissions de gaz polluants.
Non, il y avait un choix, un choix qui a été fait, qui était celui du CO². Alors, on peut... à chaque fois que vous prenez une mesure en matière environnementale, vous ne prenez jamais 100 % du problème, vous prenez 80 %, 86 % du problème.
Mais c'est aussi parce qu'on favorise les petites voitures diesel françaises.
Oui, d'une part, et puis parce que de toute façon les filtres à particules seront en tout état de cause obligatoires.
C'est nous qui les avons inventés, en plus, les filtres à particules en France.
Mais vous savez, c'est toujours la même histoire, nous avons à une époque refusé des normes - souvenez-vous, Calvet, à l'époque - en disant : « mais les normes, nos industriels, ça va renchérir le prix de la voiture, etc. ». Et puis, finalement, du coup, les autres ont mis les normes et puis ils ont renforcé leurs moyens technologiques. C'est pour ça que je voudrais dire aux Français, le développement durable c'est pas une contrainte. Quand on met des nouvelles normes, par exemple pour le bâtiment, 50 kWh/m², alors qu'ici on doit être à 150 ou à 180, ça force l'adaptation et les technologies. A chaque fois que vous avez une norme, dès lors qu'elle soit supportable, à chaque fois vous faites plus de dépôts de brevets, plus de croissance, et plus d'emplois, et non pas l'inverse. Et c'est pour ça que je veux dire aux Français, la croissance verte, la croissance verte c'est notre solution. La question n'est pas de savoir si la croissance verte va nous permettre de sortir de la crise, la question... parce que la réponse est évidemment oui, la seule question c'est la vitesse à laquelle nous mettons en place cette croissance verte pour sortir le plus vite de la crise.
Justement, dans le Plan de relance, beaucoup ont dit : dans le Plan de relance, il manque le volent Environnement, le volet...
... dans le plan du G20, vous voulez dire.
Non, Plan du G20, ça c'est certain, vous l'avez remarqué.
A vrai dire, il n'y a pas de financement d'une mesure spécifique.
Non, c'est vrai, c'est vrai.
C'est globalement...
Oui, c'est globalement.
Mais ce qui est très important dans le G20 c'est le dernier paragraphe. Le dernier paragraphe c'est : les Etats signataires s'engagent à avoir un accord à Copenhague en décembre. Vous savez que Copenhague c'est l'après Kyoto, c'est la réunion de tous les chefs d'Etat et de Gouvernement dans le cadre de l'ONU, pour réduire les émissions de CO² dans le monde. Ca, c'est absolument crucial. C'est la négociation la plus importante de l'histoire de l'humanité. Alors, l'Europe s'est mise en état de marche : moins 20 ou moins 30 % par rapport aux émissions de 90. On attend des Etats-Unis, vraiment, vraiment, qu'ils fassent un effort très significatif.
Et de la Chine, et de l'Inde.
De tout le monde, mais sauf que les Etats-Unis sont par habitant, excusez-moi, un chiffre, à plus de 20 tonnes par habitant et par an, là où les Français sont à 6,8 ; les Européens à 12, les Chinois à 3, et les Indiens à moins de un. Donc, c'est vraiment aux Etats-Unis d'assurer le leadership. Et l'idée qu'on entend qu'il s'agirait simplement de revenir aux émissions de 1990, c'est clairement insuffisant.
Alors, justement, la grande majorité des fleurs - vous achetez des fleurs - hein, J.-L. Borloo, vous offrez des fleurs ? Lorsque vous offrez des fleurs, d'où viennent-elles ? Vous ne savez pas.
Non. Vous ne savez pas si les fleurs viennent d'Afrique du Sud, du Chili, de Hollande, ou de Nice, vous ne savez pas, et on ne sait pas, nous, consommateurs.
Non, ce qu'on sait quand même c'est quelles sont les fleurs de saison.
Pourquoi ne pas obliger les fleuristes à afficher l'origine des fleurs ?
Attendez ! D'une manière générale les fleurs, les fruits et les légumes...
... les fruits, les légumes, oui.
... c'est un sujet absolument majeur. Dans ce domaine-là, c'est le consommateur qui est le patron. Et je vois d'ailleurs, j'étais dans une grande surface de ville, lundi, pour le lancement de la Semaine de développement durable. Le directeur de l'établissement me disait : « ils sont à -4 % depuis le 1er janvier, mais à +27 % dans tous les produits ou de proximité ou éco labellisés. », c'est-à-dire qu'il y a un déplacement, c'est le consommateur, les légumes de saison, les fruits de saison...
... mais alors, il faut l'aider le consommateur.
...et les fleurs de saison, c'était quand même assez clair. Moi, je ne suis pas un spécialiste...
... mais pourquoi est-ce que les grandes surfaces n'affichent pas par exemple un tableau des fruits de saison, ça serait bien, non ?
Dans le cadre du Grenelle, on a décidé de mettre l'étiquetage écologique sur tous les produits, on commence par les 300 premiers, parce que le problème c'est d'avoir des normes, d'avoir une banque de données. Il ne s'agit pas d'induire en erreur le consommateur. Donc, mode de production, sous serre, pas sous serre, transports, enfin l'ensemble du cycle de production. Donc, les 300 premiers sont testés depuis neuf mois, et l'idée c'est de généraliser ça sur l'ensemble des produits et donc évidemment les fleurs un jour.
Donc, un jour, nous saurons d'où viennent les fleurs que nous achetons, que nous offrons.
Oui, et d'une manière générale un jour, et très bientôt ce jour...
...très bientôt. Quand ? Avant la fin de l'année, là ?
...On saura quelle est l'émission de CO2 du produit qui vous est proposé. Des produits...
Oui, donc, quand on verra beaucoup d'émissions, on imaginera que ce produit vient de loin.
Oui, ou qu'il est sous serre alors qu'il n'était pas sous serre. Ou que la brique, ou le parpaing, il a été construit dans des conditions extrêmement désagréables, ou qu'il n'est pas performant.
Parce que le public ne sait pas !
Donc, c'est non seulement les émissions pour le produire, mais c'est aussi sa performance écologique qui est importante.
Oui, parce que le public ne sait pas qu'on ne mange pas de tomates en hiver, le public ne le sait pas.
Oh non, je pense que...
Quoique, oui, ça a changé !
Franchement, là, les Français sont très perspicaces.
Bon, bon ! TGV, tramway. Alors, TGV, qu'est-ce qui va se passer ?
Sur les TGV, les lignes à grande vitesse, le Grenelle a prévu, en gros, qu'on puisse quadriller la France, je le dis simplement. Il y en a pour 80 milliards sur les huit ans qui viennent. On a signé la Bretagne il y a quelques semaines, quelques mois. J'espère qu'on va signer le sud-ouest, Bordeaux - Toulouse - Espagne.
Ca y est, dans quelques jours ?
Là, on est en train de finaliser, il nous reste...
Dans quelques jours, il y aura un TGV donc Bordeaux - Toulouse...
... non, pas dans quelques jours, il y aura le TGV, mais il y aura le financement et l'appel d'offres.
Oui, le financement d'un TGV à grande vitesse ?
Oui, oui, absolument, à grande vitesse !
Ligne à grande vitesse entre Bordeaux et Toulouse ?
Bordeaux, Toulouse et l'Espagne.
Et l'Espagne, Bordeaux - Toulouse - Perpignan ?
Absolument ! Le TGV, la ligne à grande vitesse PACA, on va l'appeler comme ça, donc la transversale qui rallie Nice, il faut bien comprendre que notre problème principal c'est Espagne - Italie. Bien sûr que ça peut être le Paris - Nice, mais en réalité, le vrai boyau, toute la côte...
C'est Gênes - Barcelone.
Ça c'est absolument effrayant. Alors, on vient de finir de percer le tunnel sous les Pyrénées - grande première ! Et l'idée c'est de faire ça. Alors, on doit sur le tracé précis - la décision est prise, hein, la décision est prise - le tracé précis, notamment sur la partie Bouches-du-Rhône sera arrêtée fin juin, début juillet, avec l'ensemble des partenaires, à la fois la région...
... vous n'avez pas là de tracé nord, tracé sud ?
Non, et puis c'est toujours difficile...
Ouh ! La, la !
Vous savez, le problème du développement durable, c'est « oui, il faut en faire, mais pas chez moi », c'est un vieux principe. Mais enfin, je pense qu'on trouvera la meilleure des solutions. Il ne faut pas abîmer les paysages, il faut respecter la nature, la biodiversité...
Enfin, l'autoroute Bordeaux - Pau bousille une partie des Landes, non ?
Non mais, il n'y a pas... bien sûr, mais tous les problèmes de biodiversité sont absolument majeurs. Le principe du Grenelle c'est ce qui avait été décidé avant, on remet pas en cause la parole de l'Etat et les financements, bon. Et puis après, c'est qu'elle est la nouvelle procédure sur laquelle on se lâche.
Donc, en juin pour le tracé sud.
Oui, fin juin.
C'est le TGV sur le bord de la Méditerranée. Et le TGV Gênes - Barcelone, ça sera pour quand, Italie - Espagne ?
Il y a plusieurs parties. La partie Perpignan et la partie Barcelone, enfin Figueras - Perpignan, c'est dans... il sera mis en service dans dix-huit mois.
C'est-à-dire jusqu'à Perpignan ?
Dans dix-huit mois, absolument.
A grande vitesse.
Absolument ! Ensuite, nous avons les contournements de Nîmes et Montpellier, donc on a signé le contournement de Montpellier, on va signer le contournement de Nîmes dans le trimestre qui vient. Et puis, je vous dis, fin juin, la décision pour aller jusqu'en Italie.
Ah voilà, voilà des informations intéressantes, surtout pour nos auditeurs qui sont extrêmement nombreux là-bas. Pourquoi est-ce que la Franc est toujours le 3ème consommateur mondial de pesticides ?
C'est une vielle tradition, si j'ose dire. Mais, moi, ce qui m'a beaucoup frappé c'est l'extraordinaire évolution du monde agricole dans les deux dernières années, ou dans la dernière.
Il y a une conscience verte.
Ah non, mais considérable ! Vraiment, le monde agricole a décidé : 1) de réduire son énergie ; 2) de réduire ses intrants, ses pesticides. On finance 100 000 audits énergétiques et pesticides dans les exploitations agricoles françaises. Les agriculteurs sont en train de voir que les circuits-courts sont aussi à protéger, qu'ils gagnent de l'argent à réduire l'ensemble des flux et des fluides et qu'ils (peuvent) être vont eux-mêmes des producteurs d'énergie renouvelable. Donc, il y a une très grande évolution. Le plan Eco phytosanitaire mis en place entre les agriculteurs et M. Barnier a démarré et fonctionne bien. Donc, on est vraiment sur une évolution importante.
Bien ! M. Belliard avec les auditeurs de RMC. Matthieu ?
M. Belliard : Et la question de Théo, à Marseille, qui vous demande, « Pourquoi ne pas contraindre les manufactures, usines, artisans ou autres, de faire des produits recyclables plutôt que de taxer les consommateurs ? ». Je ne suis pas sûr d'avoir bien compris la question.
Oui, moi, non plus, mais, enfin, bon.
Parce qu'il n'y a pas de taxe de consommateur particulier, sauf en ce qui concerne le bonus/malus. Le consommateur opte pour une voiture "malussée", tant pis pour lui, ça financera le bonus. Donc, il n'y a pas... Cela dit, le recyclage et l'éco conception fait partie de l'étiquetage écologique. De toute façon, moi, je suis convaincu qu'on va aller vers un nouveau prix. Il y a eu le prix communiste, pour simplifier, il y a eu le prix capitaliste, mais on va introduire...
...et maintenant, il y aura le prix écologiste.
Mais je suis convaincu que dans la décennie qui vient, il y aura un prix écologiste. Vous ne pouvez pas considérer que dans un meuble en bois, le prix du bois qui vient d'une forêt dévastée et saccagée peut être le même que le prix d'une forêt gérée. Ca coûte plus cher apparemment de gérer la forêt, mais pour l'humanité, ça coûte beaucoup moins cher. Donc, on va aller vers ça.
Bien, trois questions politiquement concrètes pour terminer, J.-L. Borloo. Est-ce que vous faites des remarques à N. Sarkozy qui prend l'avion même pour des déplacements courts en province ?
Ecoutez, je pense que le Président de la République a son système de rythme de vie absolument effrayant, je ne sais pas d'ailleurs comment physiquement il tient.
Peut-être un peu effrayant, quand même.
Attendez, c'est hallucinant, c'est un athlète...
Mais effrayant dans tous les sens du mot, alors, J.-L. Borloo.
Oui ! Non, non, mais bien entendu, mais c'est un athlète de haut niveau, si j'ose dire. Donc, bon, c'est un cas un peu particulier le président de la République, franchement.
Franchement, J.-L. Borloo, vous n'en avez pas marre de votre caricature de bon vivant ?
Ecoutez...
Ca vous irrite parfois quand on vous caricature comme ça, on dit : « Borloo, il se couche tard, il boit un coup de temps en temps, il fait la fête » ?
A vrai dire, je ne sais pas d'où ça vient.
D'où ça vient ça !
Je ne sais pas. Je pense que le fait d'avoir des cheveux frisés mais indisciplinés... Vous, vous avez des frisés disciplinés, qui tombent bien.
Oui, disciplinés parce que je les ai coupés, moi. Je les ai coupés, J.- L. Borloo.
Mais moi aussi, vous voyez, je n'ai pas le sentiment de ne pas... bon. Je pense que ça doit procéder à quelque chose... je sais pas. Et puis, peut-être mon attitude, le fait que... voilà, je suis resté à peu près pareil, le même. Bref, c'est une caricature.
Pour être garde des Sceaux, il faut avoir les cheveux plus courts, bien disciplinés, non ?
Je vous vois venir, que c'est finement amené ! Oh ! La, la.
Non, je n'imaginais même pas combien c'est finement amené. Cela vous intéresse ?
Non mais, vous savez, moi, je suis dans un ministère, absolument extraordinaire.
Vous souhaitez y rester ?
Oui ! Sûrement le plus... enfin, je trouve que c'est difficile parce que entre... tout le monde sait qu'il faut aller vers une économie respectueuse des ressources, il y a une espèce... je vois, on lance le Grenelle de la mer ; la mer, les océans, ça vous intéresse à RMC...
Oui, on y reviendra, oui.
On démarre ce matin. A la fois, il y a une attente extraordinaire parce que tout le monde a bien compris que les océans c'est ce qui va sauver la Terre, je veux dire, clairement, c'est là qu'il y les principales ressources de toute nature, et en même temps il y a des contradictions, il y a des... Donc, c'est très difficile mais c'est en même temps absolument passionnant. En plus, la France est le seul pays qui a mis en place un système gouvernemental avec un ministère de cette importante là et de ce type.
Donc, vous souhaitez rester là où vous êtes. Merci J.-L. Borloo d'être venu nous voir.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 6 avril 2009
C'est-à-dire ?
Je ne sais pas, mais on ne vous voyait plus à la radio, à la télévision. Discret ?
J'avais vu un qualitatif un jour qui disait, un truc que des gens avaient fait, Médiascopie... qui disait : « Le Borloo doit travailler parce qu'on ne le voit pas à la télé ». J'ai trouvé que c'était plutôt mignon, voilà la réponse.
Voilà la réponse ! B. Obama, on l'a beaucoup vu, lui ! On l'a beaucoup vu, et il est en Turquie. Il demande à l'Union européenne de favoriser l'adhésion de la Turquie. On sait que pour des raisons stratégiques, il a besoin de la Turquie ; il a besoin de la Turquie dans l'OTAN, il a besoin de la Turquie pour toute sa politique au Moyen-Orient. Faut-il le suivre ?
Nous avons tous besoin de la Turquie.
Oui ! Oui !
La Turquie est un grand pays, un beau pays, un pays qui est à la jointure des continents, des cultures, du mode de gouvernement, laïcité en même temps, bon. Donc, c'est un très, très grand pays. Donc, c'est un sujet central la Turquie. Il faut absolument qu'on trouve un mode de relation avec la Turquie qui n'est pas forcément l'adhésion à l'Europe.
Vous n'êtes pas favorable ?
Non, je pense qu'il faut qu'on trouve en revanche un mode opératoire avec nos amis Turcs qui soit spécifique.
Et quel pourrait être ce mode opératoire, parce qu'on est très content de les avoir dans l'OTAN, mais on ne veut pas du tout les avoir dans l'Union Européenne ?
Non, ce n'est pas tellement ça, c'est qu'objectivement, considérez que moi qui aime les Turcs, vraiment, c'est un pays...
C'est pour ça que je vous pose la question, je sais, je sais.
C'est un pays que j'aime bien. Pour moi, le Bosphore, par exemple, c'est un des plus beaux endroits.
Oui, c'est merveilleux !
Et en plus, non mais tout ce qui a été fait au 20ème siècle en Turquie, je trouve que... enfin, la deuxième partie du 20ème siècle, assez extraordinaire. Néanmoins, on n'est pas forcément obligé d'étendre le processus européen à l'extrême parce qu'il n'y a aucune espèce de raison de pas aller au-delà. Je crois que l'entité géographique européenne reste une réalité. Cela dit, il faut trouver un mode de rapport très privilégié entre l'Europe et la Turquie, me semble-t-il.
C'est-à-dire, on associerait la Turquie aux décisions prises par l'Union européenne ?
La question elle n'est pas...d'abord, ça se décide...
Comment faire, parce que comment faire ? On entre, on n'entre pas, non ?
Ah non, non ! Il peut y avoir des partenariats privilégiés très importants.
Partenariats privilégiés, oui.
Parce que on ne peut pas... rien ne serait pire qu'un sentiment de désintérêt ou de désamour à l'égard de nos amis Turcs. Je crois vraiment que c'est impossible, même impensable...
Est-ce qu'on en a peur parce que ce sont des musulmans ?
Non, je ne crois pas, je pense que l'élargissement, d'une manière générale vous avez vu qu'à pas trop rapides a créé de grandes difficultés, désillusions, incompréhensions. Vous savez, moi, j'ai dans mon rôle, enfin sur mes sujets, présidé l'Union pendant six mois à 27, c'est extrêmement difficile, extrêmement compliqué, donc, voilà. Il y a avec ce pays majeur qu'il faut aimer, un partenaire privilégié à mettre en place.
Bien. Actualité encore, on parle chômage. On va évidemment développer longuement le sujet Développement durable, dans un instant, J.-L. Borloo, mais l'emploi des seniors. La loi prévoyait une lourde pénalité en 2010 pour les entreprises qui ne mettraient pas en place un plan en faveur de l'emploi des seniors. Et la mesure aujourd'hui paraît peu opportune avec la crise ? Pourquoi est-ce que le Gouvernement a renoncé à faire paraître les décrets d'application ?
Ecoutez, je ne suis plus le dossier "seniors" depuis quelques temps, mais je l'ai beaucoup suivi, avec G. Larcher, à l'époque...
Je sais, c'est pour ça que je vous pose la question.
Si vous voulez, nous avons absolument besoin de cette expertise-là ; c'est complètement absurde de considérer que dans toutes les situations il vaut mieux faire partir un expérimenté qu'un non expérimenté. Donc, on avait lancé un Plan "seniors" à l'époque qui prévoyait d'ailleurs, en accord avec les
Tout à fait !
Avec dans le cas où ça ne se produirait pas des sanctions en 2010.
Exactement !
Donc, je pense que c'est toujours en cours.
C'est toujours en cours. Pour l'instant, les décrets d'applications ne sont pas parus, J.-L. Borloo.
Je l'apprends.
Vous le regrettez, j'imagine.
Je l'apprends.
Bon, très bien, parce que vous êtes à l'origine, à l'origine, encore une fois, de ce plan. Un mot sur un circuit de Formule 1 en région parisienne, à Flins. C'est quoi, c'est vrai ou pas ça ?
Ah oui, j'avais vu ce mistigri, si j'ose dire, sortir ; ça avait été évoqué par certains dans le cadre du Plan de relance, il y avait même eu un amendement qui avait été voté dans une des deux chambres.
Oui, exact.
Je me suis battu contre, bien entendu. Ce circuit de Formule 1, à Flins, puisque c'est de ça dont il s'agit précisément...
...oui, à Flins.
... n'est plus dans le Plan, il a été retiré. Il était sur des champs de captage, de captage d'eau.
Donc, c'est fini ça ?
Donc, pour moi, ce problème est réglé. De surcroît, ce sont des espaces qui sont réservés aux SDRIF, au Schéma Directeur d'Ile-de-France, pour l'eau et pour une agriculture de proximité, une agriculture biologique. Alors, j'ai vu que des gens continuaient, dans un grand quotidien du soir, il y a deux, trois jours, à dire qu'ils étaient contre, mais le problème est en l'état réglé.
Bien. Le bonus/malus, où on est-on ? Nous sommes début avril, où on est on, bonus/malus sur les voitures, bien sûr ?
On vient d'avoir les chiffres, vous voyez c'est...
Donnez-nous les chiffres en exclusivité, ce matin.
Donc, ça c'est une exclusivité RMC.
RMC et BFM TV, oui.
Le bonus/malus, c'est-à-dire aider les voitures peu émettrices de CO² et le financer par les voitures qui émettent beaucoup, parce que c'est bien ça dont il s'agit, eh bien les résultats continuent à être extrêmement élevés et spectaculaires, je peux vous donner les chiffres extrêmement précis.
Allez !
Les voitures émettant moins de 100 g ont été multipliées par cinq.
Des ventes, oui.
Moins de 100 g de CO². 55 % du marché aujourd'hui bénéficient du bonus, c'est-à-dire qu'on a transféré près de la moitié du marché vers les voitures peu émettrices. Au total, en un an, cela fait 11 g de CO² d'économisés sur le marché automobile français. Alors, les chiffres précis je les ai, nous avons eu 220.000... 286 voitures (sic) au premier trimestre qui ont bénéficié du bonus.
286 000 ?
Absolument !
Voitures au premier trimestre qui ont bénéficié du bonus. 286.000, c'est beaucoup.
Plus d'une voiture sur deux.
Oui, mais dites-moi, ça coûte cher à l'Etat ça.
Ecoutez, c'est une mesure qui coûte pas très très cher parce que...
E. Woerth, est-ce qu'il vous appelle tous les jours : « dis, Jean- Louis, arrête parce que tu me coûte cher » ?
Non, parce qu'il ne vous a pas échappé qu'il y avait beaucoup de voitures françaises qui bénéficiaient du bonus.
Oui, c'est vrai !
Beaucoup plus que de grosses voitures importées, je ne dirais pas lesquelles.
Oui, d'Allemagne.
Et donc, ça a plutôt soutenu l'activité française. Vous observerez d'ailleurs que le marché français, le marché français au plan européen est celui qui a le mieux tenu entre le bonus/malus augmenté par une prime à la casse dont sont exclues les voitures très émettrices de CO² - nous sommes les seuls à avoir une prime à la casse de cette nature-là ; en gros, le marché français a été stabilisé alors qu'il s'est effondré dans les autres pays européens.
Alors, on continue ?
On continue, bien entendu.
Elle sera pérenne cette mesure ?
Ah, je ne vois pas... j'imagine pas qu'elle ne le soit pas. Il est même prévu que dans le temps, sur une décennie, on déplace légèrement le curseur, plus les progrès technologiques se font, pour que le bonus aille vers des voitures de plus en plus propres.
Bon, alors, j'ai une question, pourquoi est-ce que les taux de CO² n'apparaissent pas sur les publicités pour les voitures ? C'est une question.
C'est une bonne question, mais plus généralement les publicités, vous savez qu'on avait constaté il y a un an et demi, dans le cadre du Grenelle, qu'il y avait près de 40 % des publicités dites propres, dites vertes, qui étaient pour le moins tendancieuses, ce qu'on appelle le "green washing", c'est-à-dire des gens qui vous disent... on trouvait une phrase, alors vous aviez une énorme voiture sur une banquise et puis on utilisait la banquise pour faire croire que la voiture était propre. Il y en avait...bon. Donc, on a fait une réforme de ça, c'était de l'autorégulation par la profession de BVP, on l'a supprimé, on a modifié ça avec des ONG dedans, avec un système un peu plus... Aujourd'hui, on a 87 % des publicités qu'on considère comme parfaitement correctes. Il nous en reste encore 30 % que nous contestons, et il est clair qu'il faut que dans l'année ces publicités soient parfaites, à défaut de quoi, comme nous l'avions dit, nous saisirions le Parlement.
Ah ! Parce qu'une directive européenne nous impose...
Absolument !
Nous impose, impose à la France, cette publicité sur le CO².
Absolument !
Bien, J.-L. Borloo est notre invité ce matin. Il est 08 h 42, vous êtes sur RMC et sur BFM TV. A tout de suite, dans deux minutes.
[8h42 - Fin 1ère partie]
J.-L. Borloo, continuons avec les voitures, ensuite nous parlerons TGV, tramways, enfin tout l'environnement durable parce que j'ai plein de questions concrètes à vous poser. Comment se fait-il qu'on ait en France un bonus quand on achète une voiture diesel sans filtre à particules, alors que c'est le contraire en Allemagne ? Alors, là, moi, je... il faudrait que vous m'expliquiez en Europe comment vous faites.
Non, il n'y a pas de bonus en Allemagne sur le diesel, où sur l'essence...
Si, si, il y a des aides...
...sur la prime, prime à la casse.
Il y a des aides qui sont calculées par rapport aux émissions de gaz polluants.
Non, il y avait un choix, un choix qui a été fait, qui était celui du CO². Alors, on peut... à chaque fois que vous prenez une mesure en matière environnementale, vous ne prenez jamais 100 % du problème, vous prenez 80 %, 86 % du problème.
Mais c'est aussi parce qu'on favorise les petites voitures diesel françaises.
Oui, d'une part, et puis parce que de toute façon les filtres à particules seront en tout état de cause obligatoires.
C'est nous qui les avons inventés, en plus, les filtres à particules en France.
Mais vous savez, c'est toujours la même histoire, nous avons à une époque refusé des normes - souvenez-vous, Calvet, à l'époque - en disant : « mais les normes, nos industriels, ça va renchérir le prix de la voiture, etc. ». Et puis, finalement, du coup, les autres ont mis les normes et puis ils ont renforcé leurs moyens technologiques. C'est pour ça que je voudrais dire aux Français, le développement durable c'est pas une contrainte. Quand on met des nouvelles normes, par exemple pour le bâtiment, 50 kWh/m², alors qu'ici on doit être à 150 ou à 180, ça force l'adaptation et les technologies. A chaque fois que vous avez une norme, dès lors qu'elle soit supportable, à chaque fois vous faites plus de dépôts de brevets, plus de croissance, et plus d'emplois, et non pas l'inverse. Et c'est pour ça que je veux dire aux Français, la croissance verte, la croissance verte c'est notre solution. La question n'est pas de savoir si la croissance verte va nous permettre de sortir de la crise, la question... parce que la réponse est évidemment oui, la seule question c'est la vitesse à laquelle nous mettons en place cette croissance verte pour sortir le plus vite de la crise.
Justement, dans le Plan de relance, beaucoup ont dit : dans le Plan de relance, il manque le volent Environnement, le volet...
... dans le plan du G20, vous voulez dire.
Non, Plan du G20, ça c'est certain, vous l'avez remarqué.
A vrai dire, il n'y a pas de financement d'une mesure spécifique.
Non, c'est vrai, c'est vrai.
C'est globalement...
Oui, c'est globalement.
Mais ce qui est très important dans le G20 c'est le dernier paragraphe. Le dernier paragraphe c'est : les Etats signataires s'engagent à avoir un accord à Copenhague en décembre. Vous savez que Copenhague c'est l'après Kyoto, c'est la réunion de tous les chefs d'Etat et de Gouvernement dans le cadre de l'ONU, pour réduire les émissions de CO² dans le monde. Ca, c'est absolument crucial. C'est la négociation la plus importante de l'histoire de l'humanité. Alors, l'Europe s'est mise en état de marche : moins 20 ou moins 30 % par rapport aux émissions de 90. On attend des Etats-Unis, vraiment, vraiment, qu'ils fassent un effort très significatif.
Et de la Chine, et de l'Inde.
De tout le monde, mais sauf que les Etats-Unis sont par habitant, excusez-moi, un chiffre, à plus de 20 tonnes par habitant et par an, là où les Français sont à 6,8 ; les Européens à 12, les Chinois à 3, et les Indiens à moins de un. Donc, c'est vraiment aux Etats-Unis d'assurer le leadership. Et l'idée qu'on entend qu'il s'agirait simplement de revenir aux émissions de 1990, c'est clairement insuffisant.
Alors, justement, la grande majorité des fleurs - vous achetez des fleurs - hein, J.-L. Borloo, vous offrez des fleurs ? Lorsque vous offrez des fleurs, d'où viennent-elles ? Vous ne savez pas.
Non. Vous ne savez pas si les fleurs viennent d'Afrique du Sud, du Chili, de Hollande, ou de Nice, vous ne savez pas, et on ne sait pas, nous, consommateurs.
Non, ce qu'on sait quand même c'est quelles sont les fleurs de saison.
Pourquoi ne pas obliger les fleuristes à afficher l'origine des fleurs ?
Attendez ! D'une manière générale les fleurs, les fruits et les légumes...
... les fruits, les légumes, oui.
... c'est un sujet absolument majeur. Dans ce domaine-là, c'est le consommateur qui est le patron. Et je vois d'ailleurs, j'étais dans une grande surface de ville, lundi, pour le lancement de la Semaine de développement durable. Le directeur de l'établissement me disait : « ils sont à -4 % depuis le 1er janvier, mais à +27 % dans tous les produits ou de proximité ou éco labellisés. », c'est-à-dire qu'il y a un déplacement, c'est le consommateur, les légumes de saison, les fruits de saison...
... mais alors, il faut l'aider le consommateur.
...et les fleurs de saison, c'était quand même assez clair. Moi, je ne suis pas un spécialiste...
... mais pourquoi est-ce que les grandes surfaces n'affichent pas par exemple un tableau des fruits de saison, ça serait bien, non ?
Dans le cadre du Grenelle, on a décidé de mettre l'étiquetage écologique sur tous les produits, on commence par les 300 premiers, parce que le problème c'est d'avoir des normes, d'avoir une banque de données. Il ne s'agit pas d'induire en erreur le consommateur. Donc, mode de production, sous serre, pas sous serre, transports, enfin l'ensemble du cycle de production. Donc, les 300 premiers sont testés depuis neuf mois, et l'idée c'est de généraliser ça sur l'ensemble des produits et donc évidemment les fleurs un jour.
Donc, un jour, nous saurons d'où viennent les fleurs que nous achetons, que nous offrons.
Oui, et d'une manière générale un jour, et très bientôt ce jour...
...très bientôt. Quand ? Avant la fin de l'année, là ?
...On saura quelle est l'émission de CO2 du produit qui vous est proposé. Des produits...
Oui, donc, quand on verra beaucoup d'émissions, on imaginera que ce produit vient de loin.
Oui, ou qu'il est sous serre alors qu'il n'était pas sous serre. Ou que la brique, ou le parpaing, il a été construit dans des conditions extrêmement désagréables, ou qu'il n'est pas performant.
Parce que le public ne sait pas !
Donc, c'est non seulement les émissions pour le produire, mais c'est aussi sa performance écologique qui est importante.
Oui, parce que le public ne sait pas qu'on ne mange pas de tomates en hiver, le public ne le sait pas.
Oh non, je pense que...
Quoique, oui, ça a changé !
Franchement, là, les Français sont très perspicaces.
Bon, bon ! TGV, tramway. Alors, TGV, qu'est-ce qui va se passer ?
Sur les TGV, les lignes à grande vitesse, le Grenelle a prévu, en gros, qu'on puisse quadriller la France, je le dis simplement. Il y en a pour 80 milliards sur les huit ans qui viennent. On a signé la Bretagne il y a quelques semaines, quelques mois. J'espère qu'on va signer le sud-ouest, Bordeaux - Toulouse - Espagne.
Ca y est, dans quelques jours ?
Là, on est en train de finaliser, il nous reste...
Dans quelques jours, il y aura un TGV donc Bordeaux - Toulouse...
... non, pas dans quelques jours, il y aura le TGV, mais il y aura le financement et l'appel d'offres.
Oui, le financement d'un TGV à grande vitesse ?
Oui, oui, absolument, à grande vitesse !
Ligne à grande vitesse entre Bordeaux et Toulouse ?
Bordeaux, Toulouse et l'Espagne.
Et l'Espagne, Bordeaux - Toulouse - Perpignan ?
Absolument ! Le TGV, la ligne à grande vitesse PACA, on va l'appeler comme ça, donc la transversale qui rallie Nice, il faut bien comprendre que notre problème principal c'est Espagne - Italie. Bien sûr que ça peut être le Paris - Nice, mais en réalité, le vrai boyau, toute la côte...
C'est Gênes - Barcelone.
Ça c'est absolument effrayant. Alors, on vient de finir de percer le tunnel sous les Pyrénées - grande première ! Et l'idée c'est de faire ça. Alors, on doit sur le tracé précis - la décision est prise, hein, la décision est prise - le tracé précis, notamment sur la partie Bouches-du-Rhône sera arrêtée fin juin, début juillet, avec l'ensemble des partenaires, à la fois la région...
... vous n'avez pas là de tracé nord, tracé sud ?
Non, et puis c'est toujours difficile...
Ouh ! La, la !
Vous savez, le problème du développement durable, c'est « oui, il faut en faire, mais pas chez moi », c'est un vieux principe. Mais enfin, je pense qu'on trouvera la meilleure des solutions. Il ne faut pas abîmer les paysages, il faut respecter la nature, la biodiversité...
Enfin, l'autoroute Bordeaux - Pau bousille une partie des Landes, non ?
Non mais, il n'y a pas... bien sûr, mais tous les problèmes de biodiversité sont absolument majeurs. Le principe du Grenelle c'est ce qui avait été décidé avant, on remet pas en cause la parole de l'Etat et les financements, bon. Et puis après, c'est qu'elle est la nouvelle procédure sur laquelle on se lâche.
Donc, en juin pour le tracé sud.
Oui, fin juin.
C'est le TGV sur le bord de la Méditerranée. Et le TGV Gênes - Barcelone, ça sera pour quand, Italie - Espagne ?
Il y a plusieurs parties. La partie Perpignan et la partie Barcelone, enfin Figueras - Perpignan, c'est dans... il sera mis en service dans dix-huit mois.
C'est-à-dire jusqu'à Perpignan ?
Dans dix-huit mois, absolument.
A grande vitesse.
Absolument ! Ensuite, nous avons les contournements de Nîmes et Montpellier, donc on a signé le contournement de Montpellier, on va signer le contournement de Nîmes dans le trimestre qui vient. Et puis, je vous dis, fin juin, la décision pour aller jusqu'en Italie.
Ah voilà, voilà des informations intéressantes, surtout pour nos auditeurs qui sont extrêmement nombreux là-bas. Pourquoi est-ce que la Franc est toujours le 3ème consommateur mondial de pesticides ?
C'est une vielle tradition, si j'ose dire. Mais, moi, ce qui m'a beaucoup frappé c'est l'extraordinaire évolution du monde agricole dans les deux dernières années, ou dans la dernière.
Il y a une conscience verte.
Ah non, mais considérable ! Vraiment, le monde agricole a décidé : 1) de réduire son énergie ; 2) de réduire ses intrants, ses pesticides. On finance 100 000 audits énergétiques et pesticides dans les exploitations agricoles françaises. Les agriculteurs sont en train de voir que les circuits-courts sont aussi à protéger, qu'ils gagnent de l'argent à réduire l'ensemble des flux et des fluides et qu'ils (peuvent) être vont eux-mêmes des producteurs d'énergie renouvelable. Donc, il y a une très grande évolution. Le plan Eco phytosanitaire mis en place entre les agriculteurs et M. Barnier a démarré et fonctionne bien. Donc, on est vraiment sur une évolution importante.
Bien ! M. Belliard avec les auditeurs de RMC. Matthieu ?
M. Belliard : Et la question de Théo, à Marseille, qui vous demande, « Pourquoi ne pas contraindre les manufactures, usines, artisans ou autres, de faire des produits recyclables plutôt que de taxer les consommateurs ? ». Je ne suis pas sûr d'avoir bien compris la question.
Oui, moi, non plus, mais, enfin, bon.
Parce qu'il n'y a pas de taxe de consommateur particulier, sauf en ce qui concerne le bonus/malus. Le consommateur opte pour une voiture "malussée", tant pis pour lui, ça financera le bonus. Donc, il n'y a pas... Cela dit, le recyclage et l'éco conception fait partie de l'étiquetage écologique. De toute façon, moi, je suis convaincu qu'on va aller vers un nouveau prix. Il y a eu le prix communiste, pour simplifier, il y a eu le prix capitaliste, mais on va introduire...
...et maintenant, il y aura le prix écologiste.
Mais je suis convaincu que dans la décennie qui vient, il y aura un prix écologiste. Vous ne pouvez pas considérer que dans un meuble en bois, le prix du bois qui vient d'une forêt dévastée et saccagée peut être le même que le prix d'une forêt gérée. Ca coûte plus cher apparemment de gérer la forêt, mais pour l'humanité, ça coûte beaucoup moins cher. Donc, on va aller vers ça.
Bien, trois questions politiquement concrètes pour terminer, J.-L. Borloo. Est-ce que vous faites des remarques à N. Sarkozy qui prend l'avion même pour des déplacements courts en province ?
Ecoutez, je pense que le Président de la République a son système de rythme de vie absolument effrayant, je ne sais pas d'ailleurs comment physiquement il tient.
Peut-être un peu effrayant, quand même.
Attendez, c'est hallucinant, c'est un athlète...
Mais effrayant dans tous les sens du mot, alors, J.-L. Borloo.
Oui ! Non, non, mais bien entendu, mais c'est un athlète de haut niveau, si j'ose dire. Donc, bon, c'est un cas un peu particulier le président de la République, franchement.
Franchement, J.-L. Borloo, vous n'en avez pas marre de votre caricature de bon vivant ?
Ecoutez...
Ca vous irrite parfois quand on vous caricature comme ça, on dit : « Borloo, il se couche tard, il boit un coup de temps en temps, il fait la fête » ?
A vrai dire, je ne sais pas d'où ça vient.
D'où ça vient ça !
Je ne sais pas. Je pense que le fait d'avoir des cheveux frisés mais indisciplinés... Vous, vous avez des frisés disciplinés, qui tombent bien.
Oui, disciplinés parce que je les ai coupés, moi. Je les ai coupés, J.- L. Borloo.
Mais moi aussi, vous voyez, je n'ai pas le sentiment de ne pas... bon. Je pense que ça doit procéder à quelque chose... je sais pas. Et puis, peut-être mon attitude, le fait que... voilà, je suis resté à peu près pareil, le même. Bref, c'est une caricature.
Pour être garde des Sceaux, il faut avoir les cheveux plus courts, bien disciplinés, non ?
Je vous vois venir, que c'est finement amené ! Oh ! La, la.
Non, je n'imaginais même pas combien c'est finement amené. Cela vous intéresse ?
Non mais, vous savez, moi, je suis dans un ministère, absolument extraordinaire.
Vous souhaitez y rester ?
Oui ! Sûrement le plus... enfin, je trouve que c'est difficile parce que entre... tout le monde sait qu'il faut aller vers une économie respectueuse des ressources, il y a une espèce... je vois, on lance le Grenelle de la mer ; la mer, les océans, ça vous intéresse à RMC...
Oui, on y reviendra, oui.
On démarre ce matin. A la fois, il y a une attente extraordinaire parce que tout le monde a bien compris que les océans c'est ce qui va sauver la Terre, je veux dire, clairement, c'est là qu'il y les principales ressources de toute nature, et en même temps il y a des contradictions, il y a des... Donc, c'est très difficile mais c'est en même temps absolument passionnant. En plus, la France est le seul pays qui a mis en place un système gouvernemental avec un ministère de cette importante là et de ce type.
Donc, vous souhaitez rester là où vous êtes. Merci J.-L. Borloo d'être venu nous voir.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 6 avril 2009