Texte intégral
Monsieur le Président de l'Assemblée Nationale,
Monsieur le Président du Sénat,
Messieurs les Présidents de Groupe,
Mes chers amis,
Je voudrais vous dire que je suis très heureux de vous recevoir ici à Matignon, vous qui me recevez si souvent et gentiment au Parlement. Dans beaucoup de pays, la crise économique se double d'un affaiblissement politique qui paralyse l'action gouvernementale.
En France, nous conservons une capacité d'initiative qui vous doit beaucoup.
C'est vrai que, nous avons des débats entre nous, qu'il y a des sensibilités diverses qui s'expriment, mais la cohérence de la majorité n'a jamais été mise en défaut quand celle-ci était nécessaire à l'avenir de notre pays. Roger Karoutchi a parfois quelques sueurs froides, mais nous savons toujours nous rassembler sur l'essentiel et je voudrais vous en remercier personnellement et je voudrais d'abord remercier Jean-François Copé, remercier François Sauvadet, remercier Henri de Raincourt et Michel Mercier qui assurent la cohérence de cette majorité.
Cette cohérence politique, mes chers amis, c'est une force qui nous distingue de la fébrilité de la gauche. Dans la tourmente, personne n'a intérêt à jouer sa carte personnelle et personne ne doit jouer contre son camp. Devant les Français, nous devons plus que jamais nous montrer concentrés sur le service du pays. Nous devons aussi nous montrer fermes dans nos convictions sans être enfermés dans nos certitudes. Et à cet égard, je mesure parfaitement les difficultés que vous rencontrez chacun d'entre vous sur le terrain. Vous êtes en première ligne, et contrairement à l'opposition vous n'avez pas le droit à l'esquive, nous n'avez pas droit à la démagogie et vous n'avez pas droit au mensonge.
Face à une extrême gauche qui souffle sur les braises de l'affrontement social, nous devons en appeler à l'unité nationale. Face à une extrême droite qui ressuscite le protectionnisme le plus étroit, nous devons incarner la coopération européenne. Et face aux socialistes qui tentent par tous les moyens de dévitaliser notre victoire de 2007 nous devons faire bloc autour du Président de la République.
Et à cet égard, j'invite Madame Royal à faire preuve d'un peu plus de retenue et d'un peu plus de dignité lorsqu'elle évoque la France et ses autorités hors de nos frontières.
Toute crise est malheureusement propice aux idées simplistes et aux postures caricaturales. Certains rêvent d'attirer les Français dans les filets de la démagogie et de l'idéologie. D'autres nous enjoignent à changer de cap au gré des circonstances du jour. Nous ne céderons pas à ce penchant délétère qui ruinerait notre projet et notre crédibilité.
Notre projet politique est fondé sur la modernisation de nos structures, sur la valorisation du travail et sur la libération des talents et des initiatives. La crise ne le remet en rien en cause bien au contraire.
Nous restons fidèles à ce que nous sommes et à ce que nous voulons !
Il y a quelques mois, la gauche nous sommait de procéder à la nationalisation de notre système bancaire. Nous avons repoussé cette proposition qui était démagogique et inutile. Avec le Président de la République, nous avons agi vite et de manière ciblée. Le sang froid l'a emporté sur l'idéologie et on voit aujourd'hui que nous avons le système bancaire dans les grands pays développés qui résiste le mieux à cette crise. Puis ensuite, l'opposition a réclamé à cors et à cris une relance massive par la consommation, la même opposition d'ailleurs qui nous accuse de creuser le déficit. Là encore, nous avons choisi l'efficacité et la raison en soutenant l'investissement, l'emploi des Français, et en même temps en ne ménageant pas notre soutien aux plus défavorisés de nos concitoyens les plus durement frappés par la crise. Puis ce fut les attaques répétées contre le bouclier fiscal.
Là encore, nous avons refusé d'être les otages de cette démagogie parce que notre pays - qui reste l'un des plus imposés d'Europe - n'a aucune chance de trouver son salut dans des prélèvements supplémentaires ! Puis, ce fut, au nom de l'emploi, l'appel à la suppression des heures supplémentaires et au retour des embauches massives dans la fonction publique. Là encore, nous avons refusé de nous plier aux canons du socialisme qui voient toujours dans le partage du travail et dans la sur- administration de l'Etat une réponse au chômage.
Et voici maintenant que l'opposition nous demande de légiférer sur tous les hauts revenus. Je n'ai aucune complaisance à l'égard de ceux qui ignorent leurs responsabilités éthiques et je n'ai jamais pensé que la politique de la France se faisait dans les salles de marché, mais je refuse d'entrer dans une logique qui tend à stigmatiser tous ceux qui réussissent en France. Ce n'est pas en courant derrière les idées de l'extrême gauche que l'on sortira notre pays de la crise ! J'ajoute que nous n'avons aucune leçon de morale à recevoir du parti socialiste, parce que nous avons fait beaucoup plus que lui pour moraliser le système et davantage que la plupart de nos partenaires européens.
Contre la démagogie contre la facilité, il faut donc, mes chers amis, tenir le cap de la raison économique, de la solidarité nationale mais aussi de la légalité républicaine.
D'un côté, nous mettons le paquet sur l'investissement sur l'innovation et nous continuerons à moderniser notre pays. Je suis convaincu que cette stratégie sera payante. L'essentiel des projets d'investissement que nous avons lancé sur l'ensemble du territoire va trouver son rythme de croisière dans les prochains mois.
Par ailleurs, vous voyez que certains de nos choix sont déjà récompensés, je pense à la prime à la casse et au bonus écologique.
Si le secteur automobile a connu une hausse des ventes de 8%, c'est évidemment pour une large part en raison des décisions que nous avons prises, que vous avez prises. Et dans le secteur du logement, on assiste à une reprise certes récente et pour l'instant timide mais qui répond à la politique de soutien sans précédent que nous avons mis en oeuvre.
De l'autre côté, nous nous efforçons de protéger nos concitoyens face à la crise. Nous allons connaître des mois difficiles, ce serait irresponsable de laisser entendre le contraire. C'est pour cela que nous avons mis en place un dispositif sans précédent de soutien aux plus défavorisés.
Je pense à l'extension du Contrat de Transition Professionnel, à la convention de reclassement personnalisé (qui prévoit 100% du salaire net pendant 8 mois), à la prime de 500 euros qui va bénéficier à 240.000 personnes dont un très grand nombre de jeunes, à la prime de solidarité active, dans l'attente du RSA pour juillet, pour 4 millions de ménages, à la suppression des deux acomptes de l'impôt sur le revenu pour 6 millions de foyers. Qui peut dire que nous n'avons pas renforcé dans cette crise notre pacte social ?
Bref nous tenons l'équilibre entre l'investissement et la solidarité.
Le FMI évoque une reprise progressive de la croissance en 2010. Je ne fais pas de pronostic. Mais je note que plusieurs paramètres positifs se mettent en place : Le secteur bancaire est globalement stabilisé. Les taux d'intérêts européens sont de plus en plus bas. Ils vont d'ailleurs atteindre des niveaux historiquement bas. L'inflation est devenue quasi inexistante. Le prix des matières premières a reflué. Et d'ici l'automne, l'ensemble des plans de relance européens et américains devrait commencer à peser sur la crise.
Et puis, il y a eu le G20. Pour la première fois, la politique s'est véritablement invitée dans la mondialisation. Au-delà des réponses à la crise, c'est une véritable réorganisation du système qui s'est engagée. Pendant plusieurs décennies, ce sujet de la régulation de la mondialisation a fait l'objet de colloques et de rapports, de discours et de gémissements. Mais c'est la première fois qu'on agit vraiment pour changer le cours de l'Histoire. Faut-il rappeler que le sommet de Londres n'aurait jamais eu lieu s'il n'y avait pas eu avant le sommet de Washington et faut-il rappeler que le sommet de Washington n'aurait jamais eu lieu si le Président de la République ne s'était pas battu avec l'énergie qu'on lui connaît pour que ce sommet ait lieu et que soit enclenché ce processus vertueux des réformes du système international.
Je veux vous dire que je suis fier de voir la France au coeur de ces initiatives, et que je suis fier avec vous de servir le Président de la République qui en est à l'origine.
Ce rayonnement national, nous devons le faire vivre dans l'Europe et pour l'Europe. Dans la foulée de la présidence française de l'Union européenne et à quelques mois des élections européennes, nous devons porter le projet d'une Europe politique. C'est-à-dire une Europe qui, à nos yeux, a un destin singulier et a une culture propre.
Si nous ne sommes pas favorables à l'adhésion de la Turquie à l'Union Européenne et si nous militons par ailleurs pour qu'un partenariat privilégié lui soit proposé, comme à la Russie, c'est justement au nom de ce destin singulier et de cette culture propre.
Je m'engagerai avec vous et avec toute la force de mes convictions dans cette élection européenne.
Naturellement, la gauche voudra en faire un rendez-vous franco-français... C'est à nous d'éviter ce piège en parlant sans détour de l'Europe que nous voulons et de cette Europe qui doit protéger notre mode de vie, nos valeurs, notre sécurité.
Je crois que dans l'opinion la cause européenne a repris du sens au regard du monde actuel. Je crois que le temps de l'euroscepticisme et des débats entre souverainistes et fédéralistes est dépassé. Il existe donc, à mes yeux, une voie politique pour ceux qui ont foi dans l'aventure européenne qui prolonge notre ambition nationale. Je sais, cher Xavier, que l'UMP prépare avec ses partenaires de la majorité cette bataille électorale. Tu sais que tu peux compter sur mon appui comme tu peux compter sur celui de l'ensemble de nos groupes parlementaires.
Mes chers amis,
Au cours des derniers mois, j'ai insisté sur la nécessité de rassembler les Français parce que je pense que la crise mérite bien que nous mettions entre parenthèses nos différences partisanes.
Aujourd'hui, j'invite nos concitoyens, malgré leurs inquiétudes, à refuser la logique de la violence.
Et je dis à ceux qui instrumentalisent ces inquiétudes pour justifier cette violence que la légalité républicaine s'exercera pleinement et fermement.
Nous sommes dans une Démocratie qui fournit des moyens légaux à l'expression des opinions et des critiques.
Il existe dans notre pays des instances pour faire respecter le droit du travail et la grève est reconnue par la Constitution.
Je dis la grève et non pas les actions brutales organisées par certains qui sont décidées à contester tout compromis, aux dépens de l'intérêt même des salariés.
Le respect de l'intégrité des personnes, le respect de leur liberté d'aller et venir n'est pas négociable dans un Etat de droit. Il s'impose à tous.
Nous avons des lois, nous avons des règles, nous sommes dans un dialogue permanent avec les partenaires sociaux qui ont justement pour charge d'encadrer les revendications.
Je veux dire qu'on ne gagne rien à prendre en otage un chef d'entreprise dont le carnet de commande est vide.
Chacun doit savoir que l'Etat est là pour aider tous ceux qui sont victimes de cette crise, pour les protéger et pour leur remettre le pied à l'étrier. La meilleure façon de le faire c'est de respecter la légalité républicaine.
Quant à ceux qui de Strasbourg à Bastia se comportent en voyous, ils seront traités comme tel. Je ne vois aucune justification à leurs actes et je n'accepte aucune confusion dans la désignation des responsables. Ce n'est pas le procès des forces de l'ordre qui ont travaillé avec professionnalisme et souvent en risquant leur propre existence dans des conditions extrêmement difficiles qu'il faut faire, c'est d'abord et avant tout celui des casseurs ! Ces gens là sont responsables. Ils sont responsables de bafouer les règles de notre démocratie. Ils sont responsables et coupables d'utiliser la violence comme moyen d'expression. L'Etat et la justice seront sans complaisance à leur égard. Plus que jamais le civisme, le dialogue social et la légalité républicaine doivent prendre le pas sur la fuite en avant et sur la violence.
Mes chers amis,
Au cours des prochains mois, nous allons continuer ensemble à moderniser notre pays. Vendredi nous installerons avec le Président de la République le fonds d'investissement social. Il y aura la loi sur la formation professionnelle. Il y a la loi sur l'hôpital, que vous avez commencé d'examiner. Il y aura la Loi de Programmation Militaire. Il y aura le Grenelle I en attendant le Grenelle II. Il y a aura la Loi d'orientation et de programmation pour la sécurité intérieure. Et puis il y aura la réforme territoriale. Parce que tous ensemble nous voulons que la France reste une grande puissance industrielle, nous avons décidé de réformer notre fiscalité locale. Et parce que nous refusons d'opérer une énième réforme technique de la taxe professionnelle, nous allons inscrire cette réforme de la fiscalité locale dans une réforme plus vaste des collectivités.
A partir des propositions du comité Balladur et en concertation étroite avec vous, nous allons construire une nouvelle architecture locale.
Et puis il y aura le projet de loi de finances... Il est encore tôt pour en parler mais je vous dis simplement ceci : notre crédibilité repose sur notre capacité à concevoir, à côté du plan de relance, qui est d'une nature exceptionnelle, un budget pour 2010 qui ne marque aucun relâchement dans notre volonté de maîtriser les dépenses publiques.
Mes chers amis,
Depuis le début de la législature, vous êtes du côté de l'innovation face à une opposition qui n'est jamais en retard d'un conservatisme. N'en déplaise aux hérauts du printemps des libertés, c'est nous qui avons engagé la modernisation de notre démocratie à travers la révision constitutionnelle la plus importante depuis 1962. Aujourd'hui, il ne se passe pratiquement pas une semaine sans que je reçoive un courrier des responsables de l'opposition, exigeant que soient mis en oeuvre dans les meilleurs délais des dispositions comme le contrôle du parlement sur les nominations. Non seulement personne ne conteste plus la réforme, mais même ceux qui ont voté contre elle sont impatients de la voir mise en oeuvre !
Cette réforme porte dès à présent ses fruits.
Le dialogue entre le Gouvernement et la majorité est renforcé et modernisé. Les règles du jeu sont claires. Le Parlement est en initiative. Le Parlement est plus maître de son organisation et de ses priorités que par le passé. Cette liberté s'exerce au profit du projet présidentiel et législatif qui nous lie tous ensemble.
Nous construisons, mes amis, dans la crise et pour l'avenir, pas pour l'écume des jours. Nous réussirons en parlant vrai et en agissant avec sang froid et avec cohérence. Avec le Président de la République, je vous demande de rester rassemblés et de rester confiants dans notre cause parce qu'elle est juste. C'est votre devoir, c'est notre devoir. Et c'est notre chance de relancer la France.
Je vous souhaite de terminer brillamment cette dernière semaine parlementaire, de rentrer reprendre des forces dans nos provinces et de revenir avec l'énergie qui sera nécessaire pour affronter tous les défis que je viens d'évoquer devant vous.
Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 8 avril 2009
Monsieur le Président du Sénat,
Messieurs les Présidents de Groupe,
Mes chers amis,
Je voudrais vous dire que je suis très heureux de vous recevoir ici à Matignon, vous qui me recevez si souvent et gentiment au Parlement. Dans beaucoup de pays, la crise économique se double d'un affaiblissement politique qui paralyse l'action gouvernementale.
En France, nous conservons une capacité d'initiative qui vous doit beaucoup.
C'est vrai que, nous avons des débats entre nous, qu'il y a des sensibilités diverses qui s'expriment, mais la cohérence de la majorité n'a jamais été mise en défaut quand celle-ci était nécessaire à l'avenir de notre pays. Roger Karoutchi a parfois quelques sueurs froides, mais nous savons toujours nous rassembler sur l'essentiel et je voudrais vous en remercier personnellement et je voudrais d'abord remercier Jean-François Copé, remercier François Sauvadet, remercier Henri de Raincourt et Michel Mercier qui assurent la cohérence de cette majorité.
Cette cohérence politique, mes chers amis, c'est une force qui nous distingue de la fébrilité de la gauche. Dans la tourmente, personne n'a intérêt à jouer sa carte personnelle et personne ne doit jouer contre son camp. Devant les Français, nous devons plus que jamais nous montrer concentrés sur le service du pays. Nous devons aussi nous montrer fermes dans nos convictions sans être enfermés dans nos certitudes. Et à cet égard, je mesure parfaitement les difficultés que vous rencontrez chacun d'entre vous sur le terrain. Vous êtes en première ligne, et contrairement à l'opposition vous n'avez pas le droit à l'esquive, nous n'avez pas droit à la démagogie et vous n'avez pas droit au mensonge.
Face à une extrême gauche qui souffle sur les braises de l'affrontement social, nous devons en appeler à l'unité nationale. Face à une extrême droite qui ressuscite le protectionnisme le plus étroit, nous devons incarner la coopération européenne. Et face aux socialistes qui tentent par tous les moyens de dévitaliser notre victoire de 2007 nous devons faire bloc autour du Président de la République.
Et à cet égard, j'invite Madame Royal à faire preuve d'un peu plus de retenue et d'un peu plus de dignité lorsqu'elle évoque la France et ses autorités hors de nos frontières.
Toute crise est malheureusement propice aux idées simplistes et aux postures caricaturales. Certains rêvent d'attirer les Français dans les filets de la démagogie et de l'idéologie. D'autres nous enjoignent à changer de cap au gré des circonstances du jour. Nous ne céderons pas à ce penchant délétère qui ruinerait notre projet et notre crédibilité.
Notre projet politique est fondé sur la modernisation de nos structures, sur la valorisation du travail et sur la libération des talents et des initiatives. La crise ne le remet en rien en cause bien au contraire.
Nous restons fidèles à ce que nous sommes et à ce que nous voulons !
Il y a quelques mois, la gauche nous sommait de procéder à la nationalisation de notre système bancaire. Nous avons repoussé cette proposition qui était démagogique et inutile. Avec le Président de la République, nous avons agi vite et de manière ciblée. Le sang froid l'a emporté sur l'idéologie et on voit aujourd'hui que nous avons le système bancaire dans les grands pays développés qui résiste le mieux à cette crise. Puis ensuite, l'opposition a réclamé à cors et à cris une relance massive par la consommation, la même opposition d'ailleurs qui nous accuse de creuser le déficit. Là encore, nous avons choisi l'efficacité et la raison en soutenant l'investissement, l'emploi des Français, et en même temps en ne ménageant pas notre soutien aux plus défavorisés de nos concitoyens les plus durement frappés par la crise. Puis ce fut les attaques répétées contre le bouclier fiscal.
Là encore, nous avons refusé d'être les otages de cette démagogie parce que notre pays - qui reste l'un des plus imposés d'Europe - n'a aucune chance de trouver son salut dans des prélèvements supplémentaires ! Puis, ce fut, au nom de l'emploi, l'appel à la suppression des heures supplémentaires et au retour des embauches massives dans la fonction publique. Là encore, nous avons refusé de nous plier aux canons du socialisme qui voient toujours dans le partage du travail et dans la sur- administration de l'Etat une réponse au chômage.
Et voici maintenant que l'opposition nous demande de légiférer sur tous les hauts revenus. Je n'ai aucune complaisance à l'égard de ceux qui ignorent leurs responsabilités éthiques et je n'ai jamais pensé que la politique de la France se faisait dans les salles de marché, mais je refuse d'entrer dans une logique qui tend à stigmatiser tous ceux qui réussissent en France. Ce n'est pas en courant derrière les idées de l'extrême gauche que l'on sortira notre pays de la crise ! J'ajoute que nous n'avons aucune leçon de morale à recevoir du parti socialiste, parce que nous avons fait beaucoup plus que lui pour moraliser le système et davantage que la plupart de nos partenaires européens.
Contre la démagogie contre la facilité, il faut donc, mes chers amis, tenir le cap de la raison économique, de la solidarité nationale mais aussi de la légalité républicaine.
D'un côté, nous mettons le paquet sur l'investissement sur l'innovation et nous continuerons à moderniser notre pays. Je suis convaincu que cette stratégie sera payante. L'essentiel des projets d'investissement que nous avons lancé sur l'ensemble du territoire va trouver son rythme de croisière dans les prochains mois.
Par ailleurs, vous voyez que certains de nos choix sont déjà récompensés, je pense à la prime à la casse et au bonus écologique.
Si le secteur automobile a connu une hausse des ventes de 8%, c'est évidemment pour une large part en raison des décisions que nous avons prises, que vous avez prises. Et dans le secteur du logement, on assiste à une reprise certes récente et pour l'instant timide mais qui répond à la politique de soutien sans précédent que nous avons mis en oeuvre.
De l'autre côté, nous nous efforçons de protéger nos concitoyens face à la crise. Nous allons connaître des mois difficiles, ce serait irresponsable de laisser entendre le contraire. C'est pour cela que nous avons mis en place un dispositif sans précédent de soutien aux plus défavorisés.
Je pense à l'extension du Contrat de Transition Professionnel, à la convention de reclassement personnalisé (qui prévoit 100% du salaire net pendant 8 mois), à la prime de 500 euros qui va bénéficier à 240.000 personnes dont un très grand nombre de jeunes, à la prime de solidarité active, dans l'attente du RSA pour juillet, pour 4 millions de ménages, à la suppression des deux acomptes de l'impôt sur le revenu pour 6 millions de foyers. Qui peut dire que nous n'avons pas renforcé dans cette crise notre pacte social ?
Bref nous tenons l'équilibre entre l'investissement et la solidarité.
Le FMI évoque une reprise progressive de la croissance en 2010. Je ne fais pas de pronostic. Mais je note que plusieurs paramètres positifs se mettent en place : Le secteur bancaire est globalement stabilisé. Les taux d'intérêts européens sont de plus en plus bas. Ils vont d'ailleurs atteindre des niveaux historiquement bas. L'inflation est devenue quasi inexistante. Le prix des matières premières a reflué. Et d'ici l'automne, l'ensemble des plans de relance européens et américains devrait commencer à peser sur la crise.
Et puis, il y a eu le G20. Pour la première fois, la politique s'est véritablement invitée dans la mondialisation. Au-delà des réponses à la crise, c'est une véritable réorganisation du système qui s'est engagée. Pendant plusieurs décennies, ce sujet de la régulation de la mondialisation a fait l'objet de colloques et de rapports, de discours et de gémissements. Mais c'est la première fois qu'on agit vraiment pour changer le cours de l'Histoire. Faut-il rappeler que le sommet de Londres n'aurait jamais eu lieu s'il n'y avait pas eu avant le sommet de Washington et faut-il rappeler que le sommet de Washington n'aurait jamais eu lieu si le Président de la République ne s'était pas battu avec l'énergie qu'on lui connaît pour que ce sommet ait lieu et que soit enclenché ce processus vertueux des réformes du système international.
Je veux vous dire que je suis fier de voir la France au coeur de ces initiatives, et que je suis fier avec vous de servir le Président de la République qui en est à l'origine.
Ce rayonnement national, nous devons le faire vivre dans l'Europe et pour l'Europe. Dans la foulée de la présidence française de l'Union européenne et à quelques mois des élections européennes, nous devons porter le projet d'une Europe politique. C'est-à-dire une Europe qui, à nos yeux, a un destin singulier et a une culture propre.
Si nous ne sommes pas favorables à l'adhésion de la Turquie à l'Union Européenne et si nous militons par ailleurs pour qu'un partenariat privilégié lui soit proposé, comme à la Russie, c'est justement au nom de ce destin singulier et de cette culture propre.
Je m'engagerai avec vous et avec toute la force de mes convictions dans cette élection européenne.
Naturellement, la gauche voudra en faire un rendez-vous franco-français... C'est à nous d'éviter ce piège en parlant sans détour de l'Europe que nous voulons et de cette Europe qui doit protéger notre mode de vie, nos valeurs, notre sécurité.
Je crois que dans l'opinion la cause européenne a repris du sens au regard du monde actuel. Je crois que le temps de l'euroscepticisme et des débats entre souverainistes et fédéralistes est dépassé. Il existe donc, à mes yeux, une voie politique pour ceux qui ont foi dans l'aventure européenne qui prolonge notre ambition nationale. Je sais, cher Xavier, que l'UMP prépare avec ses partenaires de la majorité cette bataille électorale. Tu sais que tu peux compter sur mon appui comme tu peux compter sur celui de l'ensemble de nos groupes parlementaires.
Mes chers amis,
Au cours des derniers mois, j'ai insisté sur la nécessité de rassembler les Français parce que je pense que la crise mérite bien que nous mettions entre parenthèses nos différences partisanes.
Aujourd'hui, j'invite nos concitoyens, malgré leurs inquiétudes, à refuser la logique de la violence.
Et je dis à ceux qui instrumentalisent ces inquiétudes pour justifier cette violence que la légalité républicaine s'exercera pleinement et fermement.
Nous sommes dans une Démocratie qui fournit des moyens légaux à l'expression des opinions et des critiques.
Il existe dans notre pays des instances pour faire respecter le droit du travail et la grève est reconnue par la Constitution.
Je dis la grève et non pas les actions brutales organisées par certains qui sont décidées à contester tout compromis, aux dépens de l'intérêt même des salariés.
Le respect de l'intégrité des personnes, le respect de leur liberté d'aller et venir n'est pas négociable dans un Etat de droit. Il s'impose à tous.
Nous avons des lois, nous avons des règles, nous sommes dans un dialogue permanent avec les partenaires sociaux qui ont justement pour charge d'encadrer les revendications.
Je veux dire qu'on ne gagne rien à prendre en otage un chef d'entreprise dont le carnet de commande est vide.
Chacun doit savoir que l'Etat est là pour aider tous ceux qui sont victimes de cette crise, pour les protéger et pour leur remettre le pied à l'étrier. La meilleure façon de le faire c'est de respecter la légalité républicaine.
Quant à ceux qui de Strasbourg à Bastia se comportent en voyous, ils seront traités comme tel. Je ne vois aucune justification à leurs actes et je n'accepte aucune confusion dans la désignation des responsables. Ce n'est pas le procès des forces de l'ordre qui ont travaillé avec professionnalisme et souvent en risquant leur propre existence dans des conditions extrêmement difficiles qu'il faut faire, c'est d'abord et avant tout celui des casseurs ! Ces gens là sont responsables. Ils sont responsables de bafouer les règles de notre démocratie. Ils sont responsables et coupables d'utiliser la violence comme moyen d'expression. L'Etat et la justice seront sans complaisance à leur égard. Plus que jamais le civisme, le dialogue social et la légalité républicaine doivent prendre le pas sur la fuite en avant et sur la violence.
Mes chers amis,
Au cours des prochains mois, nous allons continuer ensemble à moderniser notre pays. Vendredi nous installerons avec le Président de la République le fonds d'investissement social. Il y aura la loi sur la formation professionnelle. Il y a la loi sur l'hôpital, que vous avez commencé d'examiner. Il y aura la Loi de Programmation Militaire. Il y aura le Grenelle I en attendant le Grenelle II. Il y a aura la Loi d'orientation et de programmation pour la sécurité intérieure. Et puis il y aura la réforme territoriale. Parce que tous ensemble nous voulons que la France reste une grande puissance industrielle, nous avons décidé de réformer notre fiscalité locale. Et parce que nous refusons d'opérer une énième réforme technique de la taxe professionnelle, nous allons inscrire cette réforme de la fiscalité locale dans une réforme plus vaste des collectivités.
A partir des propositions du comité Balladur et en concertation étroite avec vous, nous allons construire une nouvelle architecture locale.
Et puis il y aura le projet de loi de finances... Il est encore tôt pour en parler mais je vous dis simplement ceci : notre crédibilité repose sur notre capacité à concevoir, à côté du plan de relance, qui est d'une nature exceptionnelle, un budget pour 2010 qui ne marque aucun relâchement dans notre volonté de maîtriser les dépenses publiques.
Mes chers amis,
Depuis le début de la législature, vous êtes du côté de l'innovation face à une opposition qui n'est jamais en retard d'un conservatisme. N'en déplaise aux hérauts du printemps des libertés, c'est nous qui avons engagé la modernisation de notre démocratie à travers la révision constitutionnelle la plus importante depuis 1962. Aujourd'hui, il ne se passe pratiquement pas une semaine sans que je reçoive un courrier des responsables de l'opposition, exigeant que soient mis en oeuvre dans les meilleurs délais des dispositions comme le contrôle du parlement sur les nominations. Non seulement personne ne conteste plus la réforme, mais même ceux qui ont voté contre elle sont impatients de la voir mise en oeuvre !
Cette réforme porte dès à présent ses fruits.
Le dialogue entre le Gouvernement et la majorité est renforcé et modernisé. Les règles du jeu sont claires. Le Parlement est en initiative. Le Parlement est plus maître de son organisation et de ses priorités que par le passé. Cette liberté s'exerce au profit du projet présidentiel et législatif qui nous lie tous ensemble.
Nous construisons, mes amis, dans la crise et pour l'avenir, pas pour l'écume des jours. Nous réussirons en parlant vrai et en agissant avec sang froid et avec cohérence. Avec le Président de la République, je vous demande de rester rassemblés et de rester confiants dans notre cause parce qu'elle est juste. C'est votre devoir, c'est notre devoir. Et c'est notre chance de relancer la France.
Je vous souhaite de terminer brillamment cette dernière semaine parlementaire, de rentrer reprendre des forces dans nos provinces et de revenir avec l'énergie qui sera nécessaire pour affronter tous les défis que je viens d'évoquer devant vous.
Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 8 avril 2009