Interview de M. François Bayrou, président du MoDem, dans "Le Dauphiné Libéré" du 29 avril 2009, sur les enjeux de l'élection européenne et sur la manière dont l'Europe peut se rapprocher des citoyens.

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Média : Le Dauphiné libéré

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Dauphiné Libéré (DL) : Qu'attendez-vous d'une campagne électorale qui de toute évidence ne passionne pas les Français ? Avez-vous un objectif chiffré de députés ?
Je fais justement un tour de France des huit grandes régions pour animer, faire naître une campagne européenne dont je n'ai pas le sentiment que les deux partis principaux aient envie. Parce que moins on vote, plus les réflexes classiques vers les formations dominantes pèsent lourd dans les résultats. L'UMP et le PS ont donc intérêt à ce qu'il y ait une forte abstention. Mais ce sont des calculs qui ne marchent jamais. Moi je vois deux enjeux dans cette élection. Le premier est national. Chaque fois qu'il y a une consultation les électeurs s'en saisissent pour exprimer leur sentiment sur l'état du pays. Je suis d'accord avec cet enjeu.
Le second, tout aussi important, vient de ce que l'on doit choisir de bons députés qui défendent une certaine vision de l'avenir de l'Europe. Ceux du Modem, qui siègent dans l'Alliance des démocrates, sont les seuls libres à l'égard des deux partis les plus lourds qui officiellement s'opposent mais en réalité co-dirigent le Parlement en se partageant tous les postes. Il faut les obliger à sortir de cette connivence. Je n'ai pas d'objectif chiffré. Nous voulons juste changer le rapport de forces.
DL : Pourriez-vous nous donner des exemples concrets de propositions qui pourraient changer cette manière de fonctionner que vous dénoncez ?
Dans la crise actuelle, seule l'Europe peut nous aider. C'est pourquoi elle ne peut pas rester une affaire d'experts. Nous proposons deux idées pour qu'elle se rapproche des citoyens.
Un, qu'aucune décision ne puisse être prise sans que les citoyens aient été avertis trois mois à l'avance par voie de presse. Deux, que toutes les décisions de l'Europe qui impliquent les gouvernements nationaux soient transparentes, qu'elles soient par exemple filmées et diffusées sur Internet de manière à ce que l'on sache qui les a entérinées et qu'ils ne puissent plus accuser l'Europe à leur place.
DL : Vous publiez demain un ouvrage qui dénonce la politique menée par Nicolas Sarkozy... Vous poursuivez ainsi votre rôle de premier opposant ?
Je n'ai aucune querelle avec Nicolas Sarkozy. Mon objectif est que la France retrouve la fierté de son modèle. Qu'on en revienne à la séparation des pouvoirs et à une démocratie authentique. A une situation qui ne mélange plus les affaires et la politique.
Que la France ne vive plus sous le règne de l'argent roi. Je sais que la présidentielle est l'échéance majeure. A chaque jour sa peine et son combat...
source http://www.mouvementdemocrate.fr, le 4 mai 2009