Déclaration de M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, sur les relations entre la France et le Ghana et l'ouverture de l'aide française aux pays anglophones, Paris le 26 mars 1999.

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Circonstance : Diner offert par M. Josselin en l'honneur de M. Jerry John Rawlings, Président de la République du Ghana, à Paris le 26 mars 1999

Texte intégral

Monsieur le Président, Madame,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mes chers amis,
Monsieur le Président,
Vous êtes le bienvenu à Paris, ce soir dans ce palais des Affaires étrangères dans lequel mon ami et collègue Hubert Védrine, qui était chez vous à Accra il y a tout juste quinze jours et qui nest malheureusement pas disponible aujourdhui, ma demandé de vous recevoir à sa place. Nous accueillons en vous un champion des causes africaines, ce qui a toujours été lhonneur du Ghana, mais aussi un champion de la démocratie en Afrique. Sil nous a fallu quelque temps aux uns et aux autres pour évoluer dans la période qui a suivi les indépendances, et pour nous rendre compte du caractère complémentaire du rôle que nous jouions chacun de notre côté en faveur de la stabilité de lAfrique, cette prise de conscience a eu lieu, et avec elle est venue la confiance réciproque, si bien que nous recevons aujourdhui également en vous, Monsieur le Président, après votre participation au XXème Sommet Afrique-France de novembre dernier, un véritable partenaire et un ami.
Cest dailleurs, Monsieur le Président, votre seconde visite officielle dans notre pays. En 1991, vous aviez en effet déjà choisi la France pour effectuer votre première déplacement officiel en Occident. Entre ces deux dates, huit années se sont écoulées, au cours desquelles se sont progressivement renforcées les relations damitié et de coopération entre la France et le Ghana. La récente visite à Accra du ministre français des Affaires étrangères, M. Hubert Védrine, en compagnie de son homologue britannique, M. Robin Cook, a marqué une date symbolique de ce renforcement, mais aussi de notre nouvelle approche de votre continent. Jespère, moi aussi, avoir loccasion de me rendre très prochainement dans votre pays.
Sous votre autorité, le Ghana a engagé depuis plusieurs années des réformes importantes, notamment dans le domaine institutionnel. Ainsi, vous avez conduit à leur terme, avec détermination, les différentes étapes dun processus de démocratisation qui a vu se succéder ladoption dune nouvelle Constitution en 1992, des élections générales en novembre et décembre 1992, des élections présidentielles en décembre 1996. A chaque scrutin, le peuple ghanéen a su exprimer son attachement aux institutions dont il se dotait en se rendant pacifiquement et massivement aux urnes. Aujourdhui, le Ghana, fort de louverture constante du pays, de la maturité et de la sagesse de son peuple, fait face avec sérénité à léchéance du scrutin présidentiel de décembre 2000 qui, jen suis certain, confirmera son adhésion aux valeurs démocratiques.
Vous avez également lancé, dés 1983, un programme de réformes économiques qui, rigoureusement appliqué, a permis au Ghana dobtenir des succès substantiels.
Aujourdhui, votre pays mérite donc dêtre présenté comme un modèle - un modèle pour la démocratie africaine, mais également un modèle en matière de rigueur financière et de ce lon appelle « bonne gouvernance ».
Tous ces efforts sont dignes de louanges et ce dautant plus que le Ghana constitue un pôle de stabilité au coeur dune sous-région traversée de tensions. Par son implication en faveur du règlement des crises régionales et du maintien de la paix, le Ghana a contribué au règlement du conflit libérien, notamment lorsque vous exerciez la Présidence de la CEDEAO, de 1994 à 1996. A lheure actuelle, il participe aux forces de lECOMOG qui sont présentes en Sierra Leone aux côtés du Gouvernement légitime du Président Kabbah, tout en marquant sa volonté de contribuer à lapaisement de ce conflit et de favoriser lengagement de pourparlers entre le Gouvernement et les rebelles.
Monsieur le Président, vous venez aujourdhui en France, non seulement paré de lonction de légitimité que confère le suffrage universel, mais également à la tête dun pays stabilisé, avec lequel la France entend développer sa coopération.
A lheure où notre politique africaine évolue et souvre aux pays anglophones et lusophones du continent africain, à lheure où nous réformons nos instruments de coopération en créant une zone de solidarité prioritaire à laquelle le Ghana appartient, nous accueillons donc en vous un interlocuteur avec lequel nous souhaitons plus que jamais dialoguer et travailler.
Louverture à Accra, en 1985, de la première agence en pays anglophone de la Caisse française de développement, les succès de notre partenariat, notamment dans le domaine de lenseignement de la langue française, limplantation de grandes entreprises françaises au Ghana, constituent autant de preuves que la France a pour politique de soutenir le Ghana dans ses efforts et quelle souhaite dépasser les clivages linguistiques et culturels hérités du passé.
A ce propos, je remercie les autorités ghanéennes davoir bien voulu autoriser RFI à émettre en modulation de fréquence dans leur capitale, et je me félicite dautre part de la pose, il y a quelques jours, de la première pierre dune nouvelle école française à Accra. Ces deux événements me semblent symboliques du tissu de plus en plus dense de relations qui est en train de se tramer entre nous. Mais je pourrais citer dautres exemples de cette heureuse évolution, tout aussi significatifs, tels que la signature imminente dun accord de protection et de promotion des investissements entre nos deux pays.
Par ailleurs, la France sattache, avec ses partenaires de lUnion européenne, à promouvoir lintégration de lensemble de lOuest africain dans les domaines politique, militaire et économique. Elle apporte ainsi son soutien aux actions de la CEDEAO, notamment en Guinée Bissao et considère que cette organisation a un rôle éminent à jouer dans la sous-région, pour lharmonisation des politiques économiques. La France favorise également avec dautres Etats intéressés, en concertation avec les Nations unies, les organisations régionales et sous-régionales compétentes, le renforcement des capacités africaines de maintien de la paix. Cette entreprise, qui sinscrit dans le long terme, nécessite le concours de tous, et en premier lieu des Africains eux-mêmes. Le Ghana y contribue dores et déjà : il a envoyé des observateurs lors de lexercice Nangbeto en mars 1997 au Togo et a participé à lexercice Guidimakha, dans le cadre du concept RECAMP. Le « Command and Staff College » de Teshie accueille à Accra des officiers anglophones et francophones quil perfectionne aux techniques de maintien de la paix.
Monsieur le Président, je ne doute pas que les relations de confiance, le dialogue approfondi et les liens damitié qui se sont dores et déjà établis entre nos deux pays se poursuivront en 1999 et au-delà, et permettront un développement accru de nos relations bilatérales à tous les niveaux.
Permettez moi de vous redire tout le plaisir que jai à vous accueillir ici à loccasion de cette visite dont, jen suis certain, lamitié et la coopération entre la France et le Ghana sortiront renforcées.
Mesdames, Messieurs, cest à cette amitié et à cette coopération que je vous demande maintenant de lever votre verre.
(Source http ://www.diplomatie.gouv.fr, le 31 mars 1999)