Texte intégral
- Mes chers amis, mon premier mot sera pour vous dire ma fierté.
J'ai assisté, comme vous, à l'ensemble de la réunion de cet après-midi et j'admirais deux choses, La première, excusez-moi, à tout seigneur, tout honneur, c'est vous. Car Dieu sait que l'on nous avait dit qu'il était irréaliste, mon cher Guy (Verhofstadt), d'organiser une convention un dimanche après-midi à Montpellier, alors qu'il fait beau, comme toujours à Montpellier... et que bien sûr ce n'était ni le moment ni le lieu et qu'en outre cette campagne n'intéressait personne...
De surcroît, c'était la huitième convention, sur les huit grands sujets qui pour nous organisent l'avenir de l'Europe.
J'admire donc votre présence nombreuse, attentive, chaleureuse et je voulais vous dire merci et vous inviter à m'imiter en vous applaudissant. (Applaudissements...)
Ma deuxième raison d'admiration et de fierté concernait la teneur et la profondeur des débats que nous avons eus. Généralement on nous explique qu'en politique, tout ce qui est de la pensée ou de la réflexion est, souvent, considéré comme superflu et nombreux sont ceux qui disent « parlez-nous du plus immédiat ».
Ce que nous avons fait aujourd'hui prouve que le plus intéressant, le plus urgent, ce dont les citoyens ont le plus besoin, c'est qu'on leur parle du fond, des raisons de leur engagement, des piliers qui structurent la réflexion, notamment en matière économique, parce qu'il ne s'agit pas de mesures immédiates, mais d'une vision de l'avenir.
Je suis très fier que nous ayons pu le montrer avec des personnalités éminentes et je ne parle pas seulement de Robert Rochefort, d'Anne Lapperouze et de Marc Dufour qui nous ont accueillis, je parle également de ceux qui se sont exprimés à la tribune, venant du monde de la pensée, du monde de l'histoire, du monde de l'économie et du monde de l'action politique.
J'ai été frappé de vous voir ou de vous entendre écouter Francesco Rutelli et Guy Verhofstadt, car ce qui s'est vu à cette tribune, c'est que ce ne sont pas les leaders politiques européens qui manquent. Ils sont là. La seule chose qui manque, c'est la volonté.
* Nous voulons sortir l'Europe de l'ornière dans laquelle elle est enfoncée
Il y a un certain nombre de personnes qui font tout ce qu'elles peuvent pour que la vie politique européenne ne se forme pas et pour que l'on mette surtout en situation de responsabilité des "zombies", des personnes qui n'ont pas d'existence, de structure, pire, de charpente. Cela dure depuis longtemps.
Peut-être certains d'entre vous l'ont-ils oublié, mais je veux le rappeler ici. M. Barroso a été nommé Président de la Commission -nous n'avons pas voté pour lui- après un débat de plusieurs semaines, voire de plusieurs mois, car un certain nombre de dirigeants européens voulaient nommer un Président de la Commission qui existe vraiment, et c'est Guy Verhofstadt qui avait été choisi par les gouvernements français, allemand, par l'ensemble de ceux qui voulaient être le moteur de l'Europe.
Guy Verhofstadt a été "barré" par les anti-européens, notamment les Britanniques de l'époque, et c'est M. Barroso qui a été choisi pour être un non-Président de la Commission européenne. Ceci est la vérité. Je connais M. Barroso depuis longtemps et Guy Verhofstadt depuis longtemps. Je l'ai connu tout jeune homme. Il sortait à l'époque, du maoïsme, car il a été engagé maoïste, exilé d'ailleurs, et j'ai noté à l'époque, avec intérêt, l'évolution de sa pensée. Je n'imaginerais pas qu'elle le conduise là où elle l'a conduit.
Nous avons deux reproches qui font que nous sommes engagés à rechercher une alternative à la Présidence de la Commission européenne. Marielle l'a rappelé mais, et je le dis ici, les élus du Mouvement Démocrate au Parlement européen sont engagés à rechercher une alternative, un autre Président que M. Barroso, le Président actuel, pour deux raisons.
La première est que nous considérons qu'il a manqué au devoir d'initiative qui aurait dû être celui de la Commission européenne, chargée d'être la force de proposition, y compris au-delà des gouvernements ou contre les gouvernements.
La deuxième raison, c'est que nous considérons également que sa vision qui a été, ces dernières années, trop alignée sur la vision anglo-saxonne, ou ultra-libérale comme l'on voudra, de l'économie en Europe et du social en Europe n'a pas été dans la bonne direction.
Raison d'absence et raison de mauvaise orientation...
Voilà pourquoi nous avons proposé des noms nouveaux à la Présidence de la Commission européenne. Je suis honoré de dire que nous avons proposé le nom de Guy Verhofstadt comme Président de la Commission européenne.
Nous avons évoqué la figure de quelqu'un qui a marqué la Commission européenne, qui est indépendant et qui s'appelle Mario Monti. Nous sommes prêts à examiner d'autres possibilités et d'autres candidatures. Nous ne faisons pas acte partisan, mais nous voulons que l'Europe sorte de l'ornière dans laquelle elle s'est enfoncée.
C'est le premier message que nous adressons, à l'ouverture de cette campagne des élections européennes.
* Nos candidats sont engagés à 100 pour cent dans l'idée européenne...
Je suis très heureux de marquer la personnalité de ceux que nous présentons dans cette élection. Je ne vais pas en faire la liste, mais vous me permettrez cependant d'adresser un salut particulier à Marielle de Sarnez qui a été le pilier, l'architecte de la campagne. Comme vous l'avez vu, tous ceux que nous présentons, ils sont dans cette salle et je les salue, ont deux caractéristiques.
La première est qu'ils sont engagés à 100 pour cent dans l'idée européenne et dans la volonté de consacrer leurs forces et leurs capacités à 100 pour cent au Parlement européen. C'est assez différent de ce qui se passe dans les autres partis, si vous voulez bien jeter un coup d'oeil, y compris dans cette région où l'on nous annonce à l'avance cumul de mandats et de responsabilités qui feront évidemment l'absence et l'évanescence, s'ils sont élus, d'un certain nombre de candidatures au Parlement européen.
La deuxième caractéristique, c'est que nous avons choisi des personnes qui ne vont pas à Strasbourg par défaut, qui ne vont pas à Strasbourg en ayant l'impression, le sentiment, le regret de ne pas occuper d'autres fonctions.
Ceux qui se présentent sur nos listes vont à Strasbourg en étant heureux d'y aller et en ayant la volonté d'être de vrais parlementaires européens, porte-parole de leurs concitoyens au sein du Parlement européen. Ils ne regrettent pas de ne plus être "quelque chose", ils n'y voient pas une voie de garage, ils ne prennent pas le Parlement européen comme une roue de secours, ils prennent sont chemin car ils y croient et cela fait une sacrée différence avec les autres.
* « Nous l'Europe »
Maintenant, je voudrais vous présenter notre slogan de campagne. Notre slogan, nous l'avons choisi aussi simple que possible et aussi riche de signification que possible. Nous l'avons choisi aussi simple et aussi court que possible. Il fait deux mots et il dit des choses extrêmement profondes, je crois, sur notre avenir et sur nos choix fondateurs.
Ce slogan, ce sera : "Nous l'Europe".
Je voudrais vous expliquer ce que "Nous l'Europe" signifie. Tout d'abord, ce "Nous l'Europe" est une révolte contre l'habitude qu'un certain nombre de politiciens ont prise de présenter l'Europe comme quelque chose d'extérieur à la France.
Ils disent "L'Europe, c'est Bruxelles", même quand ils ont voté oui à toutes les décisions que Bruxelles prend. L'Europe, pour eux, c'est l'Europe des experts, celle des diplomates... Celle de ceux qui fonctionnent en vase clos et cela a créé beaucoup d'incompréhension de la part des citoyens, y compris des plus populaires des citoyens, qui ont eu l'impression que l'on bâtissait quelque chose qui leur était étranger.
Pour nous, ce "Nous l'Europe" signifie tout d'abord que cette construction, ce que nous sommes en train de bâtir, cette maison, ce n'est pas étranger à la France. L'Europe c'est la France. L'Europe ce n'est pas Bruxelles. L'Europe, c'est nous, les citoyens français. "Nous l'Europe", cela signifie -et nous en prenons conscience et nous en assumerons la responsabilité- que l'Europe est affaire de citoyens.
Deuxièmement, cela veut dire que "Nous l'Europe" nous avons quelque chose à dire au reste du monde, aux citoyens que nous sommes et au reste du monde.
Voyez-vous, il y a deux projets depuis le début, une confrontation de deux visions dans l'effort de construction européenne. Le premier projet, c'est que l'Europe se doit d'être seulement un espace dans lequel on fait un marché et on essaie, ce qui n'est pas rien je le reconnais, d'unifier les règles de droit, mais l'Europe c'est entre nous. On est à l'intérieur d'un cercle et on ne se préoccupe pas ou on ne considère pas que nous avons à exprimer une vision et une volonté sur les grands choix de la planète.
Cependant, lorsque "Nous l'Europe", nous pensons à notre avenir, alors nous devons assumer quelque chose d'essentiel sans quoi, comme Guy Verhofstadt l'a dit, nous risquons de ne plus être qu'un souvenir dans les livres d'histoire, et qui est de porter devant tous les grands choix de l'univers, les grands choix du monde, les exigences et les valeurs du projet de société européen.
Ce que je dis là, c'est extrêmement concret.
Si nous avions eu, Jean Peyrelevade le rappelait, la vision des intérêts, des exigences et des valeurs européennes, nous n'aurions pas laissé la globalisation dériver vers des seuls intérêts financiers qui ont creusé les inégalités dans le monde et qui ont créé la crise, notamment bancaire, dont nous allons payer le plus lourd prix en matière de croissance et de chômage.
Si nous avions eu l'idée de ce que, pour l'Europe, ce n'est pas le profit qui passe en premier, alors nous aurions institué un certain nombre de règles qui auraient empêché les dérives dont nous avons failli périr.
Nous avons, "Nous l'Europe", des valeurs qui ne ressemblent pas aux valeurs du reste du monde. Il y a confrontation de valeurs. Nous avons le plus urgent besoin de défendre les nôtres.
Cela, c'est la deuxième signification. "Nous l'Europe", nous nous sommes formés autour de valeurs et nous avons l'intention de les défendre.
Troisièmement, "Nous l'Europe" cela rappelle quelque chose qui nous est extrêmement cher à nous tous, dans ce courant politique, dans cette famille politique qui est le courant de Robert Schuman et celui de Jean Monnet. C'est que l'idée européenne a pris naissance alors que personne n'y croyait et que ces hommes, que certains présentaient comme des rêveurs et des irréalistes, ont été en réalité les plus remarquables visionnaires et les plus remarquables constructeurs que l'histoire des siècles ait jamais portés.
Je veux simplement rappeler devant vous ceci comme une marque de fierté : jamais dans l'histoire des hommes, jamais, des peuples libres n'ont choisi de s'associer pour bâtir ensemble une volonté politique capable de changer la planète sur laquelle ils vivaient.
Cela ne s'est jamais produit auparavant que des peuples décident ensemble, par exemple, de créer une monnaie. Dans les dizaines de siècles de l'histoire des hommes, la monnaie a toujours été le signe de la domination. Il y avait une invasion, un empire qui se créait, et le premier signe de la domination nouvelle c'était de battre monnaie. Battre monnaie, cela voulait dire que l'on était le chef.
Pour la première fois, des peuples libres, sans rien renier de leurs libertés, ont accepté de faire ensemble ce geste qui hier était un geste de domination, et qui est devenu un geste de libération.
Ce n'est pas rien d'être la famille de ceux qui peuvent dire : "Nous l'Europe". C'est notre fierté et nous la revendiquons.
Ceci est notre projet. Ce projet naturellement, comme Guy Verhofstadt le rappelait avec humour, il semble qu'il dérange quelque peu autour de nous. Plusieurs "canonnades" ont été dirigées contre nous et je vais essayer d'y répondre.
* Nous avons un devoir d'opposition quand l'essentiel est en jeu
La plus étonnante, c'est celle du principal parti -ou réputé tel- "d'opposition"- je mets ce mot entre guillemets- en France, puisque les dirigeants socialistes, depuis trois ou quatre jours, passent leur temps à dire "Mais enfin, comment est-ce possible ?! C'est vraiment quelque chose d'extrêmement dérangeant de voir qu'il y a un opposant en France !"... Eux, maintenant, ils considèrent que le mot "opposition" est un gros mot, que l'on n'a pas le droit d'utiliser. Ils présentent cette attitude politique, pourtant la plus saine que l'on puisse trouver, comme une anomalie !...
Alors je dis au Parti socialiste que s'ils ont, en effet, renoncé à s'opposer sur l'essentiel, nous pas. Nous considérons, non pas qu'il y a un droit d'opposition, mais un devoir d'opposition quand l'essentiel est en jeu et s'ils n'en veulent plus, nous, en tout cas, nous allons l'assumer. (Applaudissements...)
Il y a une différence. Ce n'est pas une opposition fondée sur des étiquettes de parti ou sur des a priori. C'est une opposition fondée sur quelque chose de vital pour nous. Ce sont les valeurs à partir desquelles on est en train de bâtir le monde que nous allons transmettre à nos enfants. C'est sur ces valeurs que nous sommes, en effet, en confrontation avec ce que le pouvoir est en train de construire.
Je veux simplement le rappeler sur deux ou trois sujets, deux ou trois résultats que nous avons enregistrés ces derniers jours. Le plus frappant de ces résultats, pour nous qui en effet, depuis longtemps avons dit "Attention, le choix qu'ils ont fait d'augmenter les inégalités dans notre pays est un choix dangereux et qui finira mal".
Je veux vous dire que cette semaine sont parus les chiffres officiels de l'augmentation de la pauvreté en France. Cette semaine, on a appris que le nombre de personnes vivant au-dessous du seuil de pauvreté c'est, pour une personne seule 700 euros par mois. Je le connais bien, puisque ma mère perçoit 630 euros de retraite et beaucoup d'entre vous savent de quoi il s'agit...
Ce nombre de personnes a augmenté ces dernières années de un million de Français qui étaient au-dessus du seuil de pauvreté et qui sont tombés au-dessous.
Nous considérons que cela mérite opposition au système qui bâtit ce monde d'injustices et d'inégalités. Naturellement, dans les discours politiques, on sait bien qu'il y a des chapitres que l'on force.
Je voudrais que vous entendiez dans ce que je vais vous dire, à quel point j'essaie d'être le plus fidèle possible à ce qui se passe. Et je veux vous dire ceci : il y a dans la société française des pans entiers qui sont entrés en situation de désespérance, et entrés en situation de désespérance ces derniers mois. Je vais faire court, mais je pourrais être naturellement beaucoup plus explicite :
Jamais l'Éducation nationale n'a été dans le désarroi et le désespoir qu'elle vit aujourd'hui avec le sentiment que ses valeurs sont niées par ceux-là même qui en ont la charge.
Je veux vous dire que jamais -n'est-ce pas Philippe Berta (ndlr : professeur des universités à Nîmes, fondateur de l'École de l'ADN, 7ème position sur la liste MoDem Grand Sud-Ouest conduite par Robert Rochefort)- jamais l'université et le monde de la recherche n'ont été dans la situation de désespoir qu'ils connaissent aujourd'hui, avec le sentiment que plus personne ne comprend les raisons pour lesquelles ils ont choisi ce destin, cette vocation qui est celle de chercher et d'enseigner. Ils ont été insultés et souffletés, et aujourd'hui on essaie de faire pourrir les situations pour qu'il ne sorte rien de ces positions.
Ils en sont comptables et cela mérite « devoir d'opposition ».
Le monde de la médecine, et je n'exclus pas la médecine libérale dont on ne parle jamais, le monde de la médecine par Jérôme Vignon, et particulièrement le monde de l'hôpital public sont entrés dans une situation de désespérance, comme on n'en avait pas rencontré depuis des années.
Il y a aujourd'hui une incompréhension absolue entre ceux qui voudraient forcer une loi qui exclut le monde du soin, les médecins et les personnels soignants de la direction des hôpitaux, qui les a ignorés, qui les a mis de côté, et que l'on essaie de corriger à la va-vite, mais qui traduit une fracture absolue entre le terrain et les gouvernants. Et, dans le monde de la médecine et dans le monde de l'hôpital, je considère qu'il y avait en fait, devoir d'opposition et je pourrais continuer ainsi...
Le monde de la justice est en situation de déshérence, de désarroi. Ils ont le sentiment d'avoir été incompris, pas écoutés, pris à la légère ces dernières années. Ils s'inquiètent éperdument de la manière dont on voudrait mettre la main sur la justice pour la rendre de moins en moins indépendante et de plus en plus en connivence avec un certain nombre de pouvoirs de l'État. Ceci, nous ne pouvons pas l'accepter. Cela mérite devoir d'opposition.
Les paysans, j'en parle, puisque personne n'en parle pour les raisons que vous savez. Les paysans se sentent aujourd'hui en situation d'abandon absolu, parce qu'ils ont naturellement des tracteurs et des champs qui représentent un capital, mais ce que l'on ne voit pas, c'est le revenu à la fin du mois.
Il y a des centaines de milliers de paysans français qui vivent avec entre 700 et 800 euros de revenu par mois et personne n'entend leur cri silencieux de détresse, notamment eu égard aux orientations qui sont en voie d'être prises et auxquelles je vous demande de réfléchir. Car ce sont à la fois des décisions européennes et des décisions de gouvernement.
Il paraît que le ministre de l'Agriculture se présente aux élections européennes !... Eh bien je lui dis une chose très simple : il est aujourd'hui rue de Varenne, ministre de l'Agriculture en activité, je lui demande de prendre l'engagement de sauver les quotas laitiers pour sauver les exploitations agricoles familiales qui, autrement, vont disparaître au profit d'usines à lait.
J'étais hier dans l'avion avec une personnalité très éminente du monde des industriels du lait. Il m'a dit : « Nous, nous ne demandons pas mieux que de garder une organisation des marchés qui permette aux exploitations familiales de vivre ». Il connaît très bien les Pyrénées et il sait qu'autrement, ces exploitations vont disparaître au profit d'usines à lait.
J'ai déjà raconté -peut-être m'avez-vous déjà entendu l'évoquer- que j'ai un fils vétérinaire en Belgique... Auparavant il a travaillé en Angleterre et tous ses clients étaient des exploitations qui avaient toutes plus de 500 vaches.
Ce sont deux philosophies...
Convenez au moins que nous défendions la nôtre, car en défendant les exploitations familiales, nous ne défendons pas des intérêts, nous défendons l'intérêt général d'avoir une tradition agricole, un entretien des paysages, une culture de la transmission, des valeurs paysannes en France. Et nous considérons que c'est aussi important que de faire baisser le prix du lait de 4 ou 5 centimes.
Nous acceptons de payer des produits à leur prix, à condition que nous sauvions la société à laquelle nous tenons.
Tout cela c'est le « devoir d'opposition » et vous voyez que chacun de ces sujets recoupent Europe et nation. J'en donne un dernier.
Si vous lisez un grand journal économique paru hier samedi, journal économique pour les initiés (dont le titre est imprimé en bleu, comme il y en a deux...), vous aurez alors la démonstration absolument éloquente de ce que j'évoque dans le dernier chapitre de mon livre : c'est-à-dire qu'il y a tellement d'inquiétude sur l'état de l'économie, l'équilibre de l'économie, l'installation méthodique, volontaire, méditée, stratégique d'un réseau de responsables futurs de l'économie française dans le monde bancaire, dans le monde industriel, dans le monde médiatique, qui sont purement et simplement des proches du président de la République.
Or je veux vous le rappeler, l'installation de ces réseaux présente beaucoup de risques, car à la tête des administrations, le jour où il y a alternance, vous pouvez rééquilibrer les choses. Mais si c'est dans le secteur privé que ces réseaux sont installés, vous ne le pouvez pas. Je considère qu'il y a une atteinte au principe de la démocratie et de la République qui est en train d'être perpétrée par l'installation de réseau de responsables, avec une connivence entre eux et le pouvoir.
C'est pourquoi vous trouverez, dans notre programme, la réflexion et la proposition d'une loi anti-trust, comme aux États-Unis, qui empêche que les règles de l'économie saine soient faussées par des connivences personnelles, politiques et de réseau qu'aucun économiste traditionnel, y compris libéral naturellement, ne peut accepter.
Nous revendiquons les règles du libéralisme sain, quand il s'agit que qui que ce soit mette la main sur l'économie, et à terme sur le pays.
Je viens de parler de programme...
* Notre programme est le plus élaboré et le plus pertinent de toutes les formations politiques
Deuxième canonnade que j'ai entendue : il y a ceux qui disent "Mais, ils n'ont pas de programme". Vous, vous êtes naturellement plusieurs centaines de milliers à participer à ces conventions, à avoir entendu tout au long de ces journées que nous ne parlions que de cela.
J'ai entendu la multiplication de ces attaques. Cela m'a rappelé quelque chose, la campagne présidentielle, mais nous étions encore « jeunes » à cette époque, nous le sommes moins aujourd'hui et je vais essayer de vous le montrer. Nous sommes arrivés sur le point de qualification que, si j'ai bien compris, beaucoup de Français nous prêtent encore aujourd'hui en le souhaitant pour l'avenir, si j'ai bien lu les enquêtes d'opinion les plus récentes, si vous voyez ce que je veux dire... Lors de cette campagne, tout d'un coup, UMP et PS, les deux, s'étaient mis à dire : "Mais, de toute façon, il n'a pas de programme". Cette fois-là, on n'a pas su répondre assez vite.
Cependant, un programme, nous en avons un et ce programme est, à mon sens, le plus élaboré et le plus pertinent de tous les programmes et de toutes les formations politiques pour les élections européennes. C'est, quoi qu'il en soit, celui qui nous convient le plus. Alors, je vais vous inviter à faire ce que l'un de nos amis a tout à l'heure évoqué et que j'avais, je lui demande pardon, pensé avant qu'il ne s'exprime.
Notre programme, nous allons l'envoyer dès les premiers jours de cette semaine, à tous les adhérents de notre formation politique en leur demandant de bien vouloir le transmettre à tous leurs proches et, comme nous avons plus de 50 000 adhérents à jour de leur cotisation, si ces derniers le transmettent à dix contacts chacun, cela fera 500 000 et, si ceux-ci le transmettent à dix chacun, nous atteindrons alors plusieurs millions !...
Les premiers destinataires de ce programme seront les responsables politique des autres formations politique, à savoir Mme Martine Aubry, M. Xavier Bertrand, M. Daniel Cohn-Bendit, à qui je vais transmettre notre programme en leur proposant, dans une démarche démocratique exemplaire, de bien vouloir le transmettre, à leur tour, à leurs adhérents... (Rires...)
Je ne plaisante pas !... Et nous nous engageons, bien évidemment, à faire de même en retour !
Le jour, peut-être lointain, où ils nous adresseront leur programme, nous le transmettrons, à notre tour, à nos adhérents pour qu'ils voient la différence entre le vide et le plein. (Applaudissements...)
* Le sujet européen est aussi un sujet français, nous parlerons de France en même temps que d'Europe !
Enfin, il y a une troisième canonnade et ne croyez pas que je m'éloigne du sujet, j'y suis en plein dedans. Il y a ceux, totalement inattendus à mes yeux, c'est-à-dire ceux du Parti au pouvoir et leurs alliés subreptices, du parti Vert, puisqu'ils soutiennent la même thèse dans le même but, qui est de nous expliquer qu'il ne faudrait surtout pas, dans cette campagne européenne, parler de la France.
Que la droite française nous explique que la France serait interdite de séjour dans la campagne des élections européennes, il y a là, quelque chose qui est si attentatoire à ses principes et à ses valeurs, que je veux croire que beaucoup entendront qu'il est juste qu'un grand parti français, créateur de l'idée européenne, décide que le sujet européen est en même temps un sujet français, que le sujet français est en même temps un sujet européen, et que nous n'avons jamais voulu construire l'Europe pour effacer la France, que nous avons voulu construire l'Europe pour donner à la France toutes les chances de son avenir.
Nous parlerons de France en même temps que nous parlerons d'Europe, même si cela ne leur plaît pas.
Je prends deux exemples dans la cohérence de ce grand mouvement européen, du centre européen que nous formons et dont je crois qu'il changera le paysage politique de l'Europe le jour où il sera formé.
Vous avez entendu Guy Verhofstadt et Jean Peyrelevade. Vous nous avez entendus depuis des mois défendre l'idée d'un plan coordonné européen, pour lutter contre la crise, d'un plan coordonnée européen avec nettoyage des produits toxiques pour les banques, avec un grand plan d'investissements, en partie pour de grands investissements publics et en partie pour les PME, fondé sur un emprunt européen.
Cette idée, nous la proposons depuis trois mois. Elle est vitale et nous le croyons notamment si la crise s'aggrave, comme nous le craignons, pour beaucoup d'entre nous.
Ne croyez-vous pas que décider d'un grand plan européen avec une action en direction des investissements et des PME est une responsabilité partagée entre les gouvernements et les autorités européennes ?!...
C'est une responsabilité nationale et européenne en même temps. On ne peut pas conduire l'un sans l'autre. Et c'est parce que les gouvernements ne sont pas à la hauteur que l'Europe va si mal.
Nous traiterons des deux sujets à la fois.
Je donne un deuxième exemple. Il y a comme vous le savez, une grande inquiétude chez nos concitoyens sur le gouffre qui ne cesse de se creuser entre ce qui est en bas de la pyramide et ce qui est au sommet de la pyramide, du point de vue des moyens financiers, de l'argent.
Il a été rappelé à cette tribune par Jean (Peyrelevade) une vérité fondamentale. Il existe une arme de régulation si l'on considère qu'il y a des revenus excessifs. Elle est extrêmement simple : c'est la fiscalité.
Excusez-moi de le dire, si elle est européenne cette question, sa réponse elle, est nationale. On ne peut pas faire l'un sans l'autre, puisque c'est le Parlement qui est naturellement le maître de la fiscalité et nous espérons qu'un jour, l'Europe aura travaillé sur l'harmonisation de sa fiscalité. L'un ne va pas sans l'autre.
C'est parce que nous sommes Français que nous savons qu'une partie de notre destin va être décidée à Bruxelles et à Strasbourg, une autre l'étant à Paris, parfois par les mêmes personnes.
Je m'étonne que des personnes qui se présentent comme des européens avertis ne rappellent pas à leurs concitoyens que toute décision européenne exige l'accord des représentants du peuple, des parlementaires européens et des gouvernements nationaux. Toute décision exige l'accord des deux !
Il est donc du devoir des citoyens de poser les questions qui s'imposent, en direction du Parlement européen et des gouvernements nationaux. Nous avons décidé de tenir les deux bouts de la chaîne et ceci, naturellement pour défendre ce que nous avons, croyons-nous, de plus précieux.
* Notre Europe est une Europe de volonté, une Europe qui marche, qui avance
Comme je le rappelais au début, il y a deux visions de l'avenir européen et je voudrais, devant vous, pour conclure cette intervention, défendre l'une de ces deux visions. Il y a ceux qui pensent que l'Europe se suffit à elle-même en réglant les problèmes d'échanges à l'intérieur et en se contentant d'être spectatrice de ce qui se passe dans l'univers.
Nous ne croyons pas cela. Nous pensons qu'il est important d'avoir des règles de vie en commun qui sont justes, mais nous pensons que le plus important pour l'Europe, ce qui justifie son existence, c'est qu'elle ait quelque chose à dire sur la manière dont le monde évolue. Nous pensons que l'Europe n'est pas seulement une Europe entre nous, c'est une Europe volonté.
Nous pensons que l'Europe, ce n'est pas seulement une Europe assise, nous pensons que c'est une Europe qui marche. Il est, pour nous, vital -je vais vous citer deux ou deux sujets vitaux de ce point de vue- que l'Europe fasse partager ses convictions et ses exigences aux autres grands intervenants de la planète.
Si elle ne le fait pas, alors le jour va venir où l'on aura beau réunir des G8, des G20 ou des G42, en mettant autour de la table des pays tous différents et qui, chacun, penseront à leurs intérêts, ce sera l'apparence et la vitrine.
La vérité, c'est que si nous ne le faisons pas, le jour va venir où il n'y aura plus qu'un G2, c'est-à-dire les États-Unis et la Chine, dans une confrontation déjà commencée et dont nous considérons qu'elle ne respecte pas les intérêts, les exigences et les attentes de nos peuples.
Ce n'est pas pour les autres que l'on se doit de faire l'Europe en premier, c'est pour que notre voix soit entendue. Pour tout ce qui est planétaire, notre voix ne peut être portée que par l'union active de l'Europe et c'est le premier choix que nous faisons.
Je vais montrer deux sujets.
On a parlé de régulation internationale, de régulation d'abord chez nous. Si nous restons avec vingt-sept régulateurs, c'est-à-dire vingt-sept gendarmes qui essaient vainement d'organiser des trafics qui passent naturellement par-dessus les frontières, nous serons impuissants, chez nous.
Pour parler régulation et monnaie avec le reste du monde, le jour où nous considérerons qu'il faut trouver une autre issue que d'avoir le dollar comme seul référence monétaire universelle, ce jour-là, il faudra probablement s'asseoir entre puissances et la seule puissance disponible pour nous, la seule volonté disponible pour nous, c'est la volonté européenne.
Croyez-vous que l'on peut parler climat, protection de l'environnement, terre, eau, modification génétique des organismes ? Pensez-vous que l'on peut agir de manière valable dans l'univers si nous sommes des pays éclatés, jouant le chacun pour soi ?!... C'est impossible.
Cela exige la réunion des volontés européennes.
Enfin, dernier point. Croyez-vous que l'on peut parler développement de l'Afrique, si nous sommes incapables de nous asseoir autour de la table pour réfléchir aux conditions qui devraient permettre au continent africain de bénéficier des mêmes chances dont a bénéficié le continent européen, après la guerre, c'est-à-dire une politique active et de protection qui permette la renaissance d'une agriculture, d'une industrie et de services capables d'aller, autant que possible, vers l'autosuffisance du continent en question ?
Nous sommes persuadés, depuis toujours, que la seule régulation qui puisse marcher s'agissant des flux de population, notamment de l'immigration, c'est le développement. Si vous n'avez pas de développement, si vous avez des pauvres désespérés de plus en plus nombreux d'un côté et des riches de plus en plus âgés et de moins en moins nombreux, vous aurez beau édifier des murs, des miradors, des barbelés, des canons, des radars, tout ce que vous voulez : les pauvres iront chez les riches, car c'est le seul moyen pour eux de survivre et de nourrir leurs enfants.
Le seul moyen, c'est une politique de développement efficace et convenons que jusqu'à aujourd'hui, la manière dont les échanges mondiaux ont été conçus n'a pas assuré le développement des plus pauvres.
Il a, au contraire, creusé le fossé entre les plus pauvres d'un côté et les plus riches de l'autre. Nous avons, non pas le droit mais le devoir, comme européens, de poser cette question. Nous avons défendu un modèle européen sous forme de valeurs, nous avons défendu un idéal européen et nous défendons une nouvelle vision de la politique française et européenne.
Je suis heureux que nous l'ayons fait ensemble au lancement de ces trois dernières semaines de campagne européenne.
Je vous remercie de votre attention
source http://www.mouvementdemocrate.fr, le 19 mai 2009
J'ai assisté, comme vous, à l'ensemble de la réunion de cet après-midi et j'admirais deux choses, La première, excusez-moi, à tout seigneur, tout honneur, c'est vous. Car Dieu sait que l'on nous avait dit qu'il était irréaliste, mon cher Guy (Verhofstadt), d'organiser une convention un dimanche après-midi à Montpellier, alors qu'il fait beau, comme toujours à Montpellier... et que bien sûr ce n'était ni le moment ni le lieu et qu'en outre cette campagne n'intéressait personne...
De surcroît, c'était la huitième convention, sur les huit grands sujets qui pour nous organisent l'avenir de l'Europe.
J'admire donc votre présence nombreuse, attentive, chaleureuse et je voulais vous dire merci et vous inviter à m'imiter en vous applaudissant. (Applaudissements...)
Ma deuxième raison d'admiration et de fierté concernait la teneur et la profondeur des débats que nous avons eus. Généralement on nous explique qu'en politique, tout ce qui est de la pensée ou de la réflexion est, souvent, considéré comme superflu et nombreux sont ceux qui disent « parlez-nous du plus immédiat ».
Ce que nous avons fait aujourd'hui prouve que le plus intéressant, le plus urgent, ce dont les citoyens ont le plus besoin, c'est qu'on leur parle du fond, des raisons de leur engagement, des piliers qui structurent la réflexion, notamment en matière économique, parce qu'il ne s'agit pas de mesures immédiates, mais d'une vision de l'avenir.
Je suis très fier que nous ayons pu le montrer avec des personnalités éminentes et je ne parle pas seulement de Robert Rochefort, d'Anne Lapperouze et de Marc Dufour qui nous ont accueillis, je parle également de ceux qui se sont exprimés à la tribune, venant du monde de la pensée, du monde de l'histoire, du monde de l'économie et du monde de l'action politique.
J'ai été frappé de vous voir ou de vous entendre écouter Francesco Rutelli et Guy Verhofstadt, car ce qui s'est vu à cette tribune, c'est que ce ne sont pas les leaders politiques européens qui manquent. Ils sont là. La seule chose qui manque, c'est la volonté.
* Nous voulons sortir l'Europe de l'ornière dans laquelle elle est enfoncée
Il y a un certain nombre de personnes qui font tout ce qu'elles peuvent pour que la vie politique européenne ne se forme pas et pour que l'on mette surtout en situation de responsabilité des "zombies", des personnes qui n'ont pas d'existence, de structure, pire, de charpente. Cela dure depuis longtemps.
Peut-être certains d'entre vous l'ont-ils oublié, mais je veux le rappeler ici. M. Barroso a été nommé Président de la Commission -nous n'avons pas voté pour lui- après un débat de plusieurs semaines, voire de plusieurs mois, car un certain nombre de dirigeants européens voulaient nommer un Président de la Commission qui existe vraiment, et c'est Guy Verhofstadt qui avait été choisi par les gouvernements français, allemand, par l'ensemble de ceux qui voulaient être le moteur de l'Europe.
Guy Verhofstadt a été "barré" par les anti-européens, notamment les Britanniques de l'époque, et c'est M. Barroso qui a été choisi pour être un non-Président de la Commission européenne. Ceci est la vérité. Je connais M. Barroso depuis longtemps et Guy Verhofstadt depuis longtemps. Je l'ai connu tout jeune homme. Il sortait à l'époque, du maoïsme, car il a été engagé maoïste, exilé d'ailleurs, et j'ai noté à l'époque, avec intérêt, l'évolution de sa pensée. Je n'imaginerais pas qu'elle le conduise là où elle l'a conduit.
Nous avons deux reproches qui font que nous sommes engagés à rechercher une alternative à la Présidence de la Commission européenne. Marielle l'a rappelé mais, et je le dis ici, les élus du Mouvement Démocrate au Parlement européen sont engagés à rechercher une alternative, un autre Président que M. Barroso, le Président actuel, pour deux raisons.
La première est que nous considérons qu'il a manqué au devoir d'initiative qui aurait dû être celui de la Commission européenne, chargée d'être la force de proposition, y compris au-delà des gouvernements ou contre les gouvernements.
La deuxième raison, c'est que nous considérons également que sa vision qui a été, ces dernières années, trop alignée sur la vision anglo-saxonne, ou ultra-libérale comme l'on voudra, de l'économie en Europe et du social en Europe n'a pas été dans la bonne direction.
Raison d'absence et raison de mauvaise orientation...
Voilà pourquoi nous avons proposé des noms nouveaux à la Présidence de la Commission européenne. Je suis honoré de dire que nous avons proposé le nom de Guy Verhofstadt comme Président de la Commission européenne.
Nous avons évoqué la figure de quelqu'un qui a marqué la Commission européenne, qui est indépendant et qui s'appelle Mario Monti. Nous sommes prêts à examiner d'autres possibilités et d'autres candidatures. Nous ne faisons pas acte partisan, mais nous voulons que l'Europe sorte de l'ornière dans laquelle elle s'est enfoncée.
C'est le premier message que nous adressons, à l'ouverture de cette campagne des élections européennes.
* Nos candidats sont engagés à 100 pour cent dans l'idée européenne...
Je suis très heureux de marquer la personnalité de ceux que nous présentons dans cette élection. Je ne vais pas en faire la liste, mais vous me permettrez cependant d'adresser un salut particulier à Marielle de Sarnez qui a été le pilier, l'architecte de la campagne. Comme vous l'avez vu, tous ceux que nous présentons, ils sont dans cette salle et je les salue, ont deux caractéristiques.
La première est qu'ils sont engagés à 100 pour cent dans l'idée européenne et dans la volonté de consacrer leurs forces et leurs capacités à 100 pour cent au Parlement européen. C'est assez différent de ce qui se passe dans les autres partis, si vous voulez bien jeter un coup d'oeil, y compris dans cette région où l'on nous annonce à l'avance cumul de mandats et de responsabilités qui feront évidemment l'absence et l'évanescence, s'ils sont élus, d'un certain nombre de candidatures au Parlement européen.
La deuxième caractéristique, c'est que nous avons choisi des personnes qui ne vont pas à Strasbourg par défaut, qui ne vont pas à Strasbourg en ayant l'impression, le sentiment, le regret de ne pas occuper d'autres fonctions.
Ceux qui se présentent sur nos listes vont à Strasbourg en étant heureux d'y aller et en ayant la volonté d'être de vrais parlementaires européens, porte-parole de leurs concitoyens au sein du Parlement européen. Ils ne regrettent pas de ne plus être "quelque chose", ils n'y voient pas une voie de garage, ils ne prennent pas le Parlement européen comme une roue de secours, ils prennent sont chemin car ils y croient et cela fait une sacrée différence avec les autres.
* « Nous l'Europe »
Maintenant, je voudrais vous présenter notre slogan de campagne. Notre slogan, nous l'avons choisi aussi simple que possible et aussi riche de signification que possible. Nous l'avons choisi aussi simple et aussi court que possible. Il fait deux mots et il dit des choses extrêmement profondes, je crois, sur notre avenir et sur nos choix fondateurs.
Ce slogan, ce sera : "Nous l'Europe".
Je voudrais vous expliquer ce que "Nous l'Europe" signifie. Tout d'abord, ce "Nous l'Europe" est une révolte contre l'habitude qu'un certain nombre de politiciens ont prise de présenter l'Europe comme quelque chose d'extérieur à la France.
Ils disent "L'Europe, c'est Bruxelles", même quand ils ont voté oui à toutes les décisions que Bruxelles prend. L'Europe, pour eux, c'est l'Europe des experts, celle des diplomates... Celle de ceux qui fonctionnent en vase clos et cela a créé beaucoup d'incompréhension de la part des citoyens, y compris des plus populaires des citoyens, qui ont eu l'impression que l'on bâtissait quelque chose qui leur était étranger.
Pour nous, ce "Nous l'Europe" signifie tout d'abord que cette construction, ce que nous sommes en train de bâtir, cette maison, ce n'est pas étranger à la France. L'Europe c'est la France. L'Europe ce n'est pas Bruxelles. L'Europe, c'est nous, les citoyens français. "Nous l'Europe", cela signifie -et nous en prenons conscience et nous en assumerons la responsabilité- que l'Europe est affaire de citoyens.
Deuxièmement, cela veut dire que "Nous l'Europe" nous avons quelque chose à dire au reste du monde, aux citoyens que nous sommes et au reste du monde.
Voyez-vous, il y a deux projets depuis le début, une confrontation de deux visions dans l'effort de construction européenne. Le premier projet, c'est que l'Europe se doit d'être seulement un espace dans lequel on fait un marché et on essaie, ce qui n'est pas rien je le reconnais, d'unifier les règles de droit, mais l'Europe c'est entre nous. On est à l'intérieur d'un cercle et on ne se préoccupe pas ou on ne considère pas que nous avons à exprimer une vision et une volonté sur les grands choix de la planète.
Cependant, lorsque "Nous l'Europe", nous pensons à notre avenir, alors nous devons assumer quelque chose d'essentiel sans quoi, comme Guy Verhofstadt l'a dit, nous risquons de ne plus être qu'un souvenir dans les livres d'histoire, et qui est de porter devant tous les grands choix de l'univers, les grands choix du monde, les exigences et les valeurs du projet de société européen.
Ce que je dis là, c'est extrêmement concret.
Si nous avions eu, Jean Peyrelevade le rappelait, la vision des intérêts, des exigences et des valeurs européennes, nous n'aurions pas laissé la globalisation dériver vers des seuls intérêts financiers qui ont creusé les inégalités dans le monde et qui ont créé la crise, notamment bancaire, dont nous allons payer le plus lourd prix en matière de croissance et de chômage.
Si nous avions eu l'idée de ce que, pour l'Europe, ce n'est pas le profit qui passe en premier, alors nous aurions institué un certain nombre de règles qui auraient empêché les dérives dont nous avons failli périr.
Nous avons, "Nous l'Europe", des valeurs qui ne ressemblent pas aux valeurs du reste du monde. Il y a confrontation de valeurs. Nous avons le plus urgent besoin de défendre les nôtres.
Cela, c'est la deuxième signification. "Nous l'Europe", nous nous sommes formés autour de valeurs et nous avons l'intention de les défendre.
Troisièmement, "Nous l'Europe" cela rappelle quelque chose qui nous est extrêmement cher à nous tous, dans ce courant politique, dans cette famille politique qui est le courant de Robert Schuman et celui de Jean Monnet. C'est que l'idée européenne a pris naissance alors que personne n'y croyait et que ces hommes, que certains présentaient comme des rêveurs et des irréalistes, ont été en réalité les plus remarquables visionnaires et les plus remarquables constructeurs que l'histoire des siècles ait jamais portés.
Je veux simplement rappeler devant vous ceci comme une marque de fierté : jamais dans l'histoire des hommes, jamais, des peuples libres n'ont choisi de s'associer pour bâtir ensemble une volonté politique capable de changer la planète sur laquelle ils vivaient.
Cela ne s'est jamais produit auparavant que des peuples décident ensemble, par exemple, de créer une monnaie. Dans les dizaines de siècles de l'histoire des hommes, la monnaie a toujours été le signe de la domination. Il y avait une invasion, un empire qui se créait, et le premier signe de la domination nouvelle c'était de battre monnaie. Battre monnaie, cela voulait dire que l'on était le chef.
Pour la première fois, des peuples libres, sans rien renier de leurs libertés, ont accepté de faire ensemble ce geste qui hier était un geste de domination, et qui est devenu un geste de libération.
Ce n'est pas rien d'être la famille de ceux qui peuvent dire : "Nous l'Europe". C'est notre fierté et nous la revendiquons.
Ceci est notre projet. Ce projet naturellement, comme Guy Verhofstadt le rappelait avec humour, il semble qu'il dérange quelque peu autour de nous. Plusieurs "canonnades" ont été dirigées contre nous et je vais essayer d'y répondre.
* Nous avons un devoir d'opposition quand l'essentiel est en jeu
La plus étonnante, c'est celle du principal parti -ou réputé tel- "d'opposition"- je mets ce mot entre guillemets- en France, puisque les dirigeants socialistes, depuis trois ou quatre jours, passent leur temps à dire "Mais enfin, comment est-ce possible ?! C'est vraiment quelque chose d'extrêmement dérangeant de voir qu'il y a un opposant en France !"... Eux, maintenant, ils considèrent que le mot "opposition" est un gros mot, que l'on n'a pas le droit d'utiliser. Ils présentent cette attitude politique, pourtant la plus saine que l'on puisse trouver, comme une anomalie !...
Alors je dis au Parti socialiste que s'ils ont, en effet, renoncé à s'opposer sur l'essentiel, nous pas. Nous considérons, non pas qu'il y a un droit d'opposition, mais un devoir d'opposition quand l'essentiel est en jeu et s'ils n'en veulent plus, nous, en tout cas, nous allons l'assumer. (Applaudissements...)
Il y a une différence. Ce n'est pas une opposition fondée sur des étiquettes de parti ou sur des a priori. C'est une opposition fondée sur quelque chose de vital pour nous. Ce sont les valeurs à partir desquelles on est en train de bâtir le monde que nous allons transmettre à nos enfants. C'est sur ces valeurs que nous sommes, en effet, en confrontation avec ce que le pouvoir est en train de construire.
Je veux simplement le rappeler sur deux ou trois sujets, deux ou trois résultats que nous avons enregistrés ces derniers jours. Le plus frappant de ces résultats, pour nous qui en effet, depuis longtemps avons dit "Attention, le choix qu'ils ont fait d'augmenter les inégalités dans notre pays est un choix dangereux et qui finira mal".
Je veux vous dire que cette semaine sont parus les chiffres officiels de l'augmentation de la pauvreté en France. Cette semaine, on a appris que le nombre de personnes vivant au-dessous du seuil de pauvreté c'est, pour une personne seule 700 euros par mois. Je le connais bien, puisque ma mère perçoit 630 euros de retraite et beaucoup d'entre vous savent de quoi il s'agit...
Ce nombre de personnes a augmenté ces dernières années de un million de Français qui étaient au-dessus du seuil de pauvreté et qui sont tombés au-dessous.
Nous considérons que cela mérite opposition au système qui bâtit ce monde d'injustices et d'inégalités. Naturellement, dans les discours politiques, on sait bien qu'il y a des chapitres que l'on force.
Je voudrais que vous entendiez dans ce que je vais vous dire, à quel point j'essaie d'être le plus fidèle possible à ce qui se passe. Et je veux vous dire ceci : il y a dans la société française des pans entiers qui sont entrés en situation de désespérance, et entrés en situation de désespérance ces derniers mois. Je vais faire court, mais je pourrais être naturellement beaucoup plus explicite :
Jamais l'Éducation nationale n'a été dans le désarroi et le désespoir qu'elle vit aujourd'hui avec le sentiment que ses valeurs sont niées par ceux-là même qui en ont la charge.
Je veux vous dire que jamais -n'est-ce pas Philippe Berta (ndlr : professeur des universités à Nîmes, fondateur de l'École de l'ADN, 7ème position sur la liste MoDem Grand Sud-Ouest conduite par Robert Rochefort)- jamais l'université et le monde de la recherche n'ont été dans la situation de désespoir qu'ils connaissent aujourd'hui, avec le sentiment que plus personne ne comprend les raisons pour lesquelles ils ont choisi ce destin, cette vocation qui est celle de chercher et d'enseigner. Ils ont été insultés et souffletés, et aujourd'hui on essaie de faire pourrir les situations pour qu'il ne sorte rien de ces positions.
Ils en sont comptables et cela mérite « devoir d'opposition ».
Le monde de la médecine, et je n'exclus pas la médecine libérale dont on ne parle jamais, le monde de la médecine par Jérôme Vignon, et particulièrement le monde de l'hôpital public sont entrés dans une situation de désespérance, comme on n'en avait pas rencontré depuis des années.
Il y a aujourd'hui une incompréhension absolue entre ceux qui voudraient forcer une loi qui exclut le monde du soin, les médecins et les personnels soignants de la direction des hôpitaux, qui les a ignorés, qui les a mis de côté, et que l'on essaie de corriger à la va-vite, mais qui traduit une fracture absolue entre le terrain et les gouvernants. Et, dans le monde de la médecine et dans le monde de l'hôpital, je considère qu'il y avait en fait, devoir d'opposition et je pourrais continuer ainsi...
Le monde de la justice est en situation de déshérence, de désarroi. Ils ont le sentiment d'avoir été incompris, pas écoutés, pris à la légère ces dernières années. Ils s'inquiètent éperdument de la manière dont on voudrait mettre la main sur la justice pour la rendre de moins en moins indépendante et de plus en plus en connivence avec un certain nombre de pouvoirs de l'État. Ceci, nous ne pouvons pas l'accepter. Cela mérite devoir d'opposition.
Les paysans, j'en parle, puisque personne n'en parle pour les raisons que vous savez. Les paysans se sentent aujourd'hui en situation d'abandon absolu, parce qu'ils ont naturellement des tracteurs et des champs qui représentent un capital, mais ce que l'on ne voit pas, c'est le revenu à la fin du mois.
Il y a des centaines de milliers de paysans français qui vivent avec entre 700 et 800 euros de revenu par mois et personne n'entend leur cri silencieux de détresse, notamment eu égard aux orientations qui sont en voie d'être prises et auxquelles je vous demande de réfléchir. Car ce sont à la fois des décisions européennes et des décisions de gouvernement.
Il paraît que le ministre de l'Agriculture se présente aux élections européennes !... Eh bien je lui dis une chose très simple : il est aujourd'hui rue de Varenne, ministre de l'Agriculture en activité, je lui demande de prendre l'engagement de sauver les quotas laitiers pour sauver les exploitations agricoles familiales qui, autrement, vont disparaître au profit d'usines à lait.
J'étais hier dans l'avion avec une personnalité très éminente du monde des industriels du lait. Il m'a dit : « Nous, nous ne demandons pas mieux que de garder une organisation des marchés qui permette aux exploitations familiales de vivre ». Il connaît très bien les Pyrénées et il sait qu'autrement, ces exploitations vont disparaître au profit d'usines à lait.
J'ai déjà raconté -peut-être m'avez-vous déjà entendu l'évoquer- que j'ai un fils vétérinaire en Belgique... Auparavant il a travaillé en Angleterre et tous ses clients étaient des exploitations qui avaient toutes plus de 500 vaches.
Ce sont deux philosophies...
Convenez au moins que nous défendions la nôtre, car en défendant les exploitations familiales, nous ne défendons pas des intérêts, nous défendons l'intérêt général d'avoir une tradition agricole, un entretien des paysages, une culture de la transmission, des valeurs paysannes en France. Et nous considérons que c'est aussi important que de faire baisser le prix du lait de 4 ou 5 centimes.
Nous acceptons de payer des produits à leur prix, à condition que nous sauvions la société à laquelle nous tenons.
Tout cela c'est le « devoir d'opposition » et vous voyez que chacun de ces sujets recoupent Europe et nation. J'en donne un dernier.
Si vous lisez un grand journal économique paru hier samedi, journal économique pour les initiés (dont le titre est imprimé en bleu, comme il y en a deux...), vous aurez alors la démonstration absolument éloquente de ce que j'évoque dans le dernier chapitre de mon livre : c'est-à-dire qu'il y a tellement d'inquiétude sur l'état de l'économie, l'équilibre de l'économie, l'installation méthodique, volontaire, méditée, stratégique d'un réseau de responsables futurs de l'économie française dans le monde bancaire, dans le monde industriel, dans le monde médiatique, qui sont purement et simplement des proches du président de la République.
Or je veux vous le rappeler, l'installation de ces réseaux présente beaucoup de risques, car à la tête des administrations, le jour où il y a alternance, vous pouvez rééquilibrer les choses. Mais si c'est dans le secteur privé que ces réseaux sont installés, vous ne le pouvez pas. Je considère qu'il y a une atteinte au principe de la démocratie et de la République qui est en train d'être perpétrée par l'installation de réseau de responsables, avec une connivence entre eux et le pouvoir.
C'est pourquoi vous trouverez, dans notre programme, la réflexion et la proposition d'une loi anti-trust, comme aux États-Unis, qui empêche que les règles de l'économie saine soient faussées par des connivences personnelles, politiques et de réseau qu'aucun économiste traditionnel, y compris libéral naturellement, ne peut accepter.
Nous revendiquons les règles du libéralisme sain, quand il s'agit que qui que ce soit mette la main sur l'économie, et à terme sur le pays.
Je viens de parler de programme...
* Notre programme est le plus élaboré et le plus pertinent de toutes les formations politiques
Deuxième canonnade que j'ai entendue : il y a ceux qui disent "Mais, ils n'ont pas de programme". Vous, vous êtes naturellement plusieurs centaines de milliers à participer à ces conventions, à avoir entendu tout au long de ces journées que nous ne parlions que de cela.
J'ai entendu la multiplication de ces attaques. Cela m'a rappelé quelque chose, la campagne présidentielle, mais nous étions encore « jeunes » à cette époque, nous le sommes moins aujourd'hui et je vais essayer de vous le montrer. Nous sommes arrivés sur le point de qualification que, si j'ai bien compris, beaucoup de Français nous prêtent encore aujourd'hui en le souhaitant pour l'avenir, si j'ai bien lu les enquêtes d'opinion les plus récentes, si vous voyez ce que je veux dire... Lors de cette campagne, tout d'un coup, UMP et PS, les deux, s'étaient mis à dire : "Mais, de toute façon, il n'a pas de programme". Cette fois-là, on n'a pas su répondre assez vite.
Cependant, un programme, nous en avons un et ce programme est, à mon sens, le plus élaboré et le plus pertinent de tous les programmes et de toutes les formations politiques pour les élections européennes. C'est, quoi qu'il en soit, celui qui nous convient le plus. Alors, je vais vous inviter à faire ce que l'un de nos amis a tout à l'heure évoqué et que j'avais, je lui demande pardon, pensé avant qu'il ne s'exprime.
Notre programme, nous allons l'envoyer dès les premiers jours de cette semaine, à tous les adhérents de notre formation politique en leur demandant de bien vouloir le transmettre à tous leurs proches et, comme nous avons plus de 50 000 adhérents à jour de leur cotisation, si ces derniers le transmettent à dix contacts chacun, cela fera 500 000 et, si ceux-ci le transmettent à dix chacun, nous atteindrons alors plusieurs millions !...
Les premiers destinataires de ce programme seront les responsables politique des autres formations politique, à savoir Mme Martine Aubry, M. Xavier Bertrand, M. Daniel Cohn-Bendit, à qui je vais transmettre notre programme en leur proposant, dans une démarche démocratique exemplaire, de bien vouloir le transmettre, à leur tour, à leurs adhérents... (Rires...)
Je ne plaisante pas !... Et nous nous engageons, bien évidemment, à faire de même en retour !
Le jour, peut-être lointain, où ils nous adresseront leur programme, nous le transmettrons, à notre tour, à nos adhérents pour qu'ils voient la différence entre le vide et le plein. (Applaudissements...)
* Le sujet européen est aussi un sujet français, nous parlerons de France en même temps que d'Europe !
Enfin, il y a une troisième canonnade et ne croyez pas que je m'éloigne du sujet, j'y suis en plein dedans. Il y a ceux, totalement inattendus à mes yeux, c'est-à-dire ceux du Parti au pouvoir et leurs alliés subreptices, du parti Vert, puisqu'ils soutiennent la même thèse dans le même but, qui est de nous expliquer qu'il ne faudrait surtout pas, dans cette campagne européenne, parler de la France.
Que la droite française nous explique que la France serait interdite de séjour dans la campagne des élections européennes, il y a là, quelque chose qui est si attentatoire à ses principes et à ses valeurs, que je veux croire que beaucoup entendront qu'il est juste qu'un grand parti français, créateur de l'idée européenne, décide que le sujet européen est en même temps un sujet français, que le sujet français est en même temps un sujet européen, et que nous n'avons jamais voulu construire l'Europe pour effacer la France, que nous avons voulu construire l'Europe pour donner à la France toutes les chances de son avenir.
Nous parlerons de France en même temps que nous parlerons d'Europe, même si cela ne leur plaît pas.
Je prends deux exemples dans la cohérence de ce grand mouvement européen, du centre européen que nous formons et dont je crois qu'il changera le paysage politique de l'Europe le jour où il sera formé.
Vous avez entendu Guy Verhofstadt et Jean Peyrelevade. Vous nous avez entendus depuis des mois défendre l'idée d'un plan coordonné européen, pour lutter contre la crise, d'un plan coordonnée européen avec nettoyage des produits toxiques pour les banques, avec un grand plan d'investissements, en partie pour de grands investissements publics et en partie pour les PME, fondé sur un emprunt européen.
Cette idée, nous la proposons depuis trois mois. Elle est vitale et nous le croyons notamment si la crise s'aggrave, comme nous le craignons, pour beaucoup d'entre nous.
Ne croyez-vous pas que décider d'un grand plan européen avec une action en direction des investissements et des PME est une responsabilité partagée entre les gouvernements et les autorités européennes ?!...
C'est une responsabilité nationale et européenne en même temps. On ne peut pas conduire l'un sans l'autre. Et c'est parce que les gouvernements ne sont pas à la hauteur que l'Europe va si mal.
Nous traiterons des deux sujets à la fois.
Je donne un deuxième exemple. Il y a comme vous le savez, une grande inquiétude chez nos concitoyens sur le gouffre qui ne cesse de se creuser entre ce qui est en bas de la pyramide et ce qui est au sommet de la pyramide, du point de vue des moyens financiers, de l'argent.
Il a été rappelé à cette tribune par Jean (Peyrelevade) une vérité fondamentale. Il existe une arme de régulation si l'on considère qu'il y a des revenus excessifs. Elle est extrêmement simple : c'est la fiscalité.
Excusez-moi de le dire, si elle est européenne cette question, sa réponse elle, est nationale. On ne peut pas faire l'un sans l'autre, puisque c'est le Parlement qui est naturellement le maître de la fiscalité et nous espérons qu'un jour, l'Europe aura travaillé sur l'harmonisation de sa fiscalité. L'un ne va pas sans l'autre.
C'est parce que nous sommes Français que nous savons qu'une partie de notre destin va être décidée à Bruxelles et à Strasbourg, une autre l'étant à Paris, parfois par les mêmes personnes.
Je m'étonne que des personnes qui se présentent comme des européens avertis ne rappellent pas à leurs concitoyens que toute décision européenne exige l'accord des représentants du peuple, des parlementaires européens et des gouvernements nationaux. Toute décision exige l'accord des deux !
Il est donc du devoir des citoyens de poser les questions qui s'imposent, en direction du Parlement européen et des gouvernements nationaux. Nous avons décidé de tenir les deux bouts de la chaîne et ceci, naturellement pour défendre ce que nous avons, croyons-nous, de plus précieux.
* Notre Europe est une Europe de volonté, une Europe qui marche, qui avance
Comme je le rappelais au début, il y a deux visions de l'avenir européen et je voudrais, devant vous, pour conclure cette intervention, défendre l'une de ces deux visions. Il y a ceux qui pensent que l'Europe se suffit à elle-même en réglant les problèmes d'échanges à l'intérieur et en se contentant d'être spectatrice de ce qui se passe dans l'univers.
Nous ne croyons pas cela. Nous pensons qu'il est important d'avoir des règles de vie en commun qui sont justes, mais nous pensons que le plus important pour l'Europe, ce qui justifie son existence, c'est qu'elle ait quelque chose à dire sur la manière dont le monde évolue. Nous pensons que l'Europe n'est pas seulement une Europe entre nous, c'est une Europe volonté.
Nous pensons que l'Europe, ce n'est pas seulement une Europe assise, nous pensons que c'est une Europe qui marche. Il est, pour nous, vital -je vais vous citer deux ou deux sujets vitaux de ce point de vue- que l'Europe fasse partager ses convictions et ses exigences aux autres grands intervenants de la planète.
Si elle ne le fait pas, alors le jour va venir où l'on aura beau réunir des G8, des G20 ou des G42, en mettant autour de la table des pays tous différents et qui, chacun, penseront à leurs intérêts, ce sera l'apparence et la vitrine.
La vérité, c'est que si nous ne le faisons pas, le jour va venir où il n'y aura plus qu'un G2, c'est-à-dire les États-Unis et la Chine, dans une confrontation déjà commencée et dont nous considérons qu'elle ne respecte pas les intérêts, les exigences et les attentes de nos peuples.
Ce n'est pas pour les autres que l'on se doit de faire l'Europe en premier, c'est pour que notre voix soit entendue. Pour tout ce qui est planétaire, notre voix ne peut être portée que par l'union active de l'Europe et c'est le premier choix que nous faisons.
Je vais montrer deux sujets.
On a parlé de régulation internationale, de régulation d'abord chez nous. Si nous restons avec vingt-sept régulateurs, c'est-à-dire vingt-sept gendarmes qui essaient vainement d'organiser des trafics qui passent naturellement par-dessus les frontières, nous serons impuissants, chez nous.
Pour parler régulation et monnaie avec le reste du monde, le jour où nous considérerons qu'il faut trouver une autre issue que d'avoir le dollar comme seul référence monétaire universelle, ce jour-là, il faudra probablement s'asseoir entre puissances et la seule puissance disponible pour nous, la seule volonté disponible pour nous, c'est la volonté européenne.
Croyez-vous que l'on peut parler climat, protection de l'environnement, terre, eau, modification génétique des organismes ? Pensez-vous que l'on peut agir de manière valable dans l'univers si nous sommes des pays éclatés, jouant le chacun pour soi ?!... C'est impossible.
Cela exige la réunion des volontés européennes.
Enfin, dernier point. Croyez-vous que l'on peut parler développement de l'Afrique, si nous sommes incapables de nous asseoir autour de la table pour réfléchir aux conditions qui devraient permettre au continent africain de bénéficier des mêmes chances dont a bénéficié le continent européen, après la guerre, c'est-à-dire une politique active et de protection qui permette la renaissance d'une agriculture, d'une industrie et de services capables d'aller, autant que possible, vers l'autosuffisance du continent en question ?
Nous sommes persuadés, depuis toujours, que la seule régulation qui puisse marcher s'agissant des flux de population, notamment de l'immigration, c'est le développement. Si vous n'avez pas de développement, si vous avez des pauvres désespérés de plus en plus nombreux d'un côté et des riches de plus en plus âgés et de moins en moins nombreux, vous aurez beau édifier des murs, des miradors, des barbelés, des canons, des radars, tout ce que vous voulez : les pauvres iront chez les riches, car c'est le seul moyen pour eux de survivre et de nourrir leurs enfants.
Le seul moyen, c'est une politique de développement efficace et convenons que jusqu'à aujourd'hui, la manière dont les échanges mondiaux ont été conçus n'a pas assuré le développement des plus pauvres.
Il a, au contraire, creusé le fossé entre les plus pauvres d'un côté et les plus riches de l'autre. Nous avons, non pas le droit mais le devoir, comme européens, de poser cette question. Nous avons défendu un modèle européen sous forme de valeurs, nous avons défendu un idéal européen et nous défendons une nouvelle vision de la politique française et européenne.
Je suis heureux que nous l'ayons fait ensemble au lancement de ces trois dernières semaines de campagne européenne.
Je vous remercie de votre attention
source http://www.mouvementdemocrate.fr, le 19 mai 2009