Texte intégral
J.-P. Elkabbach.- X. Bertrand, bonjour.
Bonjour J.-P. Elkabbach.
Tous les partis sont engagés dans la bataille européenne. Après un mois de campagne actif, mais peu convaincant, il y a un seul vainqueur qui se dessine pour dimanche : Monsieur l'Abstentionniste.
Ça n'est pas une fatalité, et je pense que dans ces quatre derniers jours qui nous restent, nous pouvons, les uns et les autres, mobiliser. Mais celui qui gagnera dimanche prochain, c'est celui qui arrivera en tête, parce que nous sommes dans une élection à un tour.
Quel qu'en soit le score, Monsieur X. Bertrand...
Oui mais on va regarder à la fois qui sera en tête, on va regarder qui a progressé, et on va regarder qui a reculé. Mais une chose est certaine, il faut voter pour renforcer la France pour compter en Europe, et renforcer la France pour compter à Strasbourg, parce que c'est une Europe politique dont les Français ont envie et besoin.
Alors, vous avez tous du mal à convaincre que l'Europe protège. Par exemple, les producteurs de lait ont du mal à croire que l'Europe les protège et que même le Gouvernement les protège ; les négociations avec les industriels sur le prix moyen annuel du lait ont échoué cette nuit, elles seront peut-être suspendues. Vous, qui visitiez hier, en Auvergne, une laiterie, comment vous appliquez à ce conflit votre : « quand l'Europe veut, elle peut ? ».
Est-ce que je peux prendre un petit peu de temps, le sujet est important ? Il y a plusieurs sujets, il y a le sujet européen, c'est la Politique agricole commune, et je veux y revenir, et il y a un sujet franco-français. La première des choses, c'est, compte tenu des variations sur le marché du lait, aujourd'hui, des négociations peuvent avoir lieu parce que le Gouvernement, M. Barnier, a recréé le cadre pour qu'il y ait ces négociations...
En France...
Producteurs, coopératives, industriels. En France, on parle bien de la France. Et pour cela, il faut obtenir un prix d'orientation sur l'année. Aujourd'hui, le prix auquel est acheté le lait est un prix en dessous du prix de revient pour les producteurs, ils ne peuvent pas s'en sortir. Ils vendent à perte, et ils vont disparaître, ce que nous ne voulons pas. Une chose est certaine, c'est que la situation aujourd'hui n'est pas facile, parce qu'il y a les producteurs qui sont fragiles, mais il y a aussi les industriels qui sont fragiles. Donc aujourd'hui, ce qu'on peut constater, c'est que l'écart entre la première réunion et la deuxième s'est réduit entre le prix voulu par les producteurs, le prix proposé par les coopératives...
D'accord, quelle est a proposition du numéro un de l'UMP ce matin ?
La volonté d'aboutir est là, je souhaite, 1°) : que les négociations reprennent sans tarder, que ces négociations aboutissent, et que si c'est nécessaire, le Gouvernement puisse proposer un plan d'accompagnement, notamment pour la trésorerie et le revenu des plus fragiles. Et les plus fragiles, je parle des producteurs, comme je parle aussi des industriels. On ne peut pas les laisser, les uns et les autres, dans cette situation de fragilité. Ça n'est pas le Gouvernement qui fixe les prix, c'est évident, mais il faut au moins ce prix d'orientation, pour qu'à partir de là, on puisse avoir un plan d'accompagnement qui accompagnerait les plus fragiles, avec, il faut bien l'avoir aussi à l'esprit, la volonté de régler les autres problèmes ensuite. Les autres problèmes, c'est le problème des marges, c'est le problème après de la grande distribution, deuxième sujet sur le prix du lait ; vous avez aujourd'hui un prix du lait qui a baissé d'environ 30% sur un an, et dans de nombreuses grandes surfaces, les prix ont baissé de combien, 0,9%. La différence est où ? Elle n'est pas dans la poche des producteurs, elle n'est pas dans la poche des consommateurs...
Ça, c'est pour après le 7 juin ?
Oui, enfin, c'est aussi pour tout de suite pour lancer des choses.
Vous voulez que reprennent les négociations le plus vite possible...
Tout de suite, et vous savez pourquoi ?
...Mais vous dites d'abord, pour les rassurer, qu'il y aura un plan d'accompagnement du Gouvernement...
Si c'est nécessaire, s'ils ne sont pas d'accord, il faut un accompagnement...
C'est-à-dire que le Gouvernement va payer la différence, combien ?
Non, mais attendez, s'il y a le prix d'orientation - il faut savoir dans les négociations quel est le prix d'orientation qu'ils vont fixer - et si ce prix d'orientation ne suffit pas pour garantir l'avenir des plus fragiles, dans ces cas-là, je souhaite, au nom de l'UMP, qu'il y ait ce plan d'accompagnement. Et je vais vous dire pourquoi il faut que ce soit tout de suite, c'est parce que c'est maintenant que les industriels vont faire les fiches de paie, entre guillemets, pour les producteurs, et ceux-ci doivent avoir de la lisibilité, ils ne peuvent pas s'en sortir si, semaine après semaine, ils vendent du lait en dessous du prix de revient...
Vous avez envie d'être ministre de l'Agriculture, vous ?
Certainement pas, vous savez, j'ai été pendant cinq ans ministre, je n'ai aucune nostalgie, mais en tant que patron de l'UMP, moi, je suis aussi un acteur politique. Hier, avec B. Hortefeux, nous étions à la rencontre des producteurs de lait, j'ai bien entendu leur message...
On ne va pas faire toute l'émission sur le lait...
Non, mais c'est important, parce que deux choses...
C'est important, oui, mais là, vous êtes en train de démontrer que l'électeur aujourd'hui qui veut peut-être s'abstenir a raison, il a plus confiance dans les Etats et les Nations pour agir et pour protéger. L'Europe, oui, d'accord, mais quand il le faut, comme sur le lait, c'est le drapeau national et l'argent national.
Non, il y a les deux niveaux, et les deux niveaux sont complémentaires. Et je vais juste vous dire une chose, pourquoi c'est si important, le lait, c'est parce qu'il nous faut maintenir, pas seulement la production laitière, mais l'ensemble de la filière agroalimentaire, et ça, ce sont des emplois ici, en France, en Europe. Et c'est notre sécurité alimentaire, elle arrive à l'Europe.
Justement, dans la déclaration franco-allemande, il était réclamé l'application de la préférence communautaire. Est-ce que vous l'appliquez dans ce domaine du lait, de l'agroalimentaire ?
Oui, je pense qu'il faut l'appliquer, et je vais vous dire comment. Il faut l'appliquer de la façon suivante : il faut au niveau européen, dans la PAC, la Politique agricole commune, des outils de régulation. Il ne faut pas faire la seule loi du marché, parce que l'Europe ne dicte pas toutes les conditions du marché, et la loi du marché, quand on ne dicte pas tout, c'est la loi de la jungle, je n'en veux pas, je veux des producteurs de lait, parce que je veux garder une filière agroalimentaire, J.-P. Elkabbach, et là, c'est là que le politique doit jouer un rôle, et pas l'Europe des technocrates...
Vous voulez la solution avant dimanche.
Oui, mais pourquoi, parce que le 5 juin, le 5, il y a...
Il y a les prix...
Les prix qui vont justement déterminer les fiches de paie...
Donc vous voulez avant le 7 la solution...
Avant le 5...
Est-ce que vous avez la garantie que le Gouvernement est prêt à faire ce plan d'accompagnement ?
Je le souhaite, moi, je me suis entretenu en permanence avec M. Barnier de ce sujet, parce que quand je suis en campagne, je vais à la rencontre justement des acteurs qui connaissent des difficultés, comme ceux qui ont des projets ; voilà pourquoi je suis totalement impliqué dans ce dossier.
Il y aura, X. Bertrand, un coût, et moi, j'ai une proposition à vous faire : depuis 2007, la Commission de Bruxelles accorde chaque année des subventions de pré-adhésion à la Turquie, un milliard et demi en deux ans. En 2010, 660 millions d'euros sont prévus, dont plus de cent millions pour la France. Est-ce qu'il faut stopper ces aides sans tarder, puisqu'il n'est plus question de faire que la Turquie adhère ?
Il n'est pas question que la Turquie adhère à l'Europe, ni aujourd'hui, ni demain, ni après-demain. Ce que nous proposons en revanche à la Turquie, c'est qu'elle ait un statut de partenaire privilégié de l'Union européenne. Et pour ça...
Attendez, mais comment vous allez le dire à la Turquie, parce qu'on va mettre fin aux mensonges, aux ambiguïtés, à l'hypocrisie...
Oh, je pense que nous, nous avons été suffisamment clairs, et depuis bien longtemps...
Français et allemands...
Le président de la République a été aussi particulièrement clair depuis des années, vous le savez bien, et que ce que nous souhaitons en ce qui nous concerne, c'est qu'on puisse discuter avec eux pour aboutir à ce statut de partenaire privilégié. Et je vais vous dire aussi pourquoi, prenez une carte de l'Europe et de l'Asie, regardez où est la Turquie. Franchement, elle est en Asie. La géographie de la Turquie n'évoluera pas, alors la position de la France n'évoluera pas.
Mais elle est dans l'OTAN.
Et alors, ça n'a rien à voir, c'était une question, là, de sécurité, de défense...
Elle pourrait jouer un rôle, la Turquie, important dans l'aide et le développement un jour de l'indépendance énergétique de l'Europe, avec le gazoduc qui s'appelle Nabucco, qui sera peut-être en construction...
Mais parlez aussi du développement autour de la Méditerranée. Là, il y a un projet qui s'appelle l'Union pour la Méditerranée, mais pas l'Union européenne, pas sur les institutions politiques. Je pense qu'un pays comme la France, l'Europe comme continent doit avoir des frontières, et ces frontières sont importantes, parce que c'est une question d'identité, J.-P. Elkabbach. Et le président de la République a eu mille fois raison de reporter son déplacement en Suède, compte tenu de l'attitude du ministre suédois des Affaires étrangères qui, lui-même, dans la presse française, comme par hasard, a fait valoir sa position, c'est peut-être la position du ministre suédois...
Alors, on va se fâcher avec tous les pays de l'Europe qui sont en faveur de la Turquie, parce qu'il y a des divisions...
Il ne s'agit pas de se fâcher, il s'agit juste de rappeler que ce sont les Etats qui décideront, que ce sont les pays qui auront leur mot à dire, et que pour la France, c'est non, clairement non. Et j'aimerais bien dans cette campagne européenne, que tout le monde ait la même clarté que le Mouvement populaire.
Oui, c'est l'épouvantail, la Turquie...
Pourquoi on en parle ?
Et est-ce que vous croyez que ça va marcher ?
Pourquoi on parle de la Turquie ? Parce que le Président Obama en a parlé, parce que, à la fin du sommet de l'OTAN, c'est lui qui a souhaité que la Turquie rejoigne l'Union européenne. Et pour nous, c'est non.
Il en a parlé pratiquement. Mais par exemple, demain, le Président Obama va s'adresser au Caire à l'Islam pour lui proposer un vrai dialogue. Paris, Berlin et d'autres européens écarteraient une Turquie qui serait peut-être moins laïque que gagnée par l'Islam ?
Le sujet n'est pas là, le dialogue avec le monde musulman est indispensable, et la France, vous le savez bien, joue la carte de ce dialogue en permanence. Mais ne confondons pas, pour l'Union européenne, c'est non pour les raisons que je vous ai expliquées...
Dimanche, X. Bertrand, l'opposition va additionner les scores de toutes les listes de gauche et du centre, pour montrer que le parti du Président est affaibli dans le pays...
Quelle opposition ? Il y aurait une opposition unie en France ?
Des oppositions, de la gauche, du centre, etc.
La seule chose qu'ils ont, eux, vous savez, c'est l'anti-sarkozysme primaire, matin, midi et soir, ça ne fait pas un projet, ça ne fait pas un projet européen. Nous, nous sommes clairs sur l'Europe, nous sommes profondément européens et profondément exigeants pour l'Europe, avec en plus une nouveauté, c'est que nous nous engageons aussi sur la façon de remplir le mandat. J'attends de mes députés européens, moi, qu'ils ne soient pas des députés européens invisibles...
Ce qui est important pour vous, c'est plus d'arriver en tête que le score ?
Dans une élection à un tour, celui qui réussit, c'est celui qui arrive en tête.
Oui, et ça protège aussi. Merci X. Bertrand.
Merci.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 4 juin 2009
Bonjour J.-P. Elkabbach.
Tous les partis sont engagés dans la bataille européenne. Après un mois de campagne actif, mais peu convaincant, il y a un seul vainqueur qui se dessine pour dimanche : Monsieur l'Abstentionniste.
Ça n'est pas une fatalité, et je pense que dans ces quatre derniers jours qui nous restent, nous pouvons, les uns et les autres, mobiliser. Mais celui qui gagnera dimanche prochain, c'est celui qui arrivera en tête, parce que nous sommes dans une élection à un tour.
Quel qu'en soit le score, Monsieur X. Bertrand...
Oui mais on va regarder à la fois qui sera en tête, on va regarder qui a progressé, et on va regarder qui a reculé. Mais une chose est certaine, il faut voter pour renforcer la France pour compter en Europe, et renforcer la France pour compter à Strasbourg, parce que c'est une Europe politique dont les Français ont envie et besoin.
Alors, vous avez tous du mal à convaincre que l'Europe protège. Par exemple, les producteurs de lait ont du mal à croire que l'Europe les protège et que même le Gouvernement les protège ; les négociations avec les industriels sur le prix moyen annuel du lait ont échoué cette nuit, elles seront peut-être suspendues. Vous, qui visitiez hier, en Auvergne, une laiterie, comment vous appliquez à ce conflit votre : « quand l'Europe veut, elle peut ? ».
Est-ce que je peux prendre un petit peu de temps, le sujet est important ? Il y a plusieurs sujets, il y a le sujet européen, c'est la Politique agricole commune, et je veux y revenir, et il y a un sujet franco-français. La première des choses, c'est, compte tenu des variations sur le marché du lait, aujourd'hui, des négociations peuvent avoir lieu parce que le Gouvernement, M. Barnier, a recréé le cadre pour qu'il y ait ces négociations...
En France...
Producteurs, coopératives, industriels. En France, on parle bien de la France. Et pour cela, il faut obtenir un prix d'orientation sur l'année. Aujourd'hui, le prix auquel est acheté le lait est un prix en dessous du prix de revient pour les producteurs, ils ne peuvent pas s'en sortir. Ils vendent à perte, et ils vont disparaître, ce que nous ne voulons pas. Une chose est certaine, c'est que la situation aujourd'hui n'est pas facile, parce qu'il y a les producteurs qui sont fragiles, mais il y a aussi les industriels qui sont fragiles. Donc aujourd'hui, ce qu'on peut constater, c'est que l'écart entre la première réunion et la deuxième s'est réduit entre le prix voulu par les producteurs, le prix proposé par les coopératives...
D'accord, quelle est a proposition du numéro un de l'UMP ce matin ?
La volonté d'aboutir est là, je souhaite, 1°) : que les négociations reprennent sans tarder, que ces négociations aboutissent, et que si c'est nécessaire, le Gouvernement puisse proposer un plan d'accompagnement, notamment pour la trésorerie et le revenu des plus fragiles. Et les plus fragiles, je parle des producteurs, comme je parle aussi des industriels. On ne peut pas les laisser, les uns et les autres, dans cette situation de fragilité. Ça n'est pas le Gouvernement qui fixe les prix, c'est évident, mais il faut au moins ce prix d'orientation, pour qu'à partir de là, on puisse avoir un plan d'accompagnement qui accompagnerait les plus fragiles, avec, il faut bien l'avoir aussi à l'esprit, la volonté de régler les autres problèmes ensuite. Les autres problèmes, c'est le problème des marges, c'est le problème après de la grande distribution, deuxième sujet sur le prix du lait ; vous avez aujourd'hui un prix du lait qui a baissé d'environ 30% sur un an, et dans de nombreuses grandes surfaces, les prix ont baissé de combien, 0,9%. La différence est où ? Elle n'est pas dans la poche des producteurs, elle n'est pas dans la poche des consommateurs...
Ça, c'est pour après le 7 juin ?
Oui, enfin, c'est aussi pour tout de suite pour lancer des choses.
Vous voulez que reprennent les négociations le plus vite possible...
Tout de suite, et vous savez pourquoi ?
...Mais vous dites d'abord, pour les rassurer, qu'il y aura un plan d'accompagnement du Gouvernement...
Si c'est nécessaire, s'ils ne sont pas d'accord, il faut un accompagnement...
C'est-à-dire que le Gouvernement va payer la différence, combien ?
Non, mais attendez, s'il y a le prix d'orientation - il faut savoir dans les négociations quel est le prix d'orientation qu'ils vont fixer - et si ce prix d'orientation ne suffit pas pour garantir l'avenir des plus fragiles, dans ces cas-là, je souhaite, au nom de l'UMP, qu'il y ait ce plan d'accompagnement. Et je vais vous dire pourquoi il faut que ce soit tout de suite, c'est parce que c'est maintenant que les industriels vont faire les fiches de paie, entre guillemets, pour les producteurs, et ceux-ci doivent avoir de la lisibilité, ils ne peuvent pas s'en sortir si, semaine après semaine, ils vendent du lait en dessous du prix de revient...
Vous avez envie d'être ministre de l'Agriculture, vous ?
Certainement pas, vous savez, j'ai été pendant cinq ans ministre, je n'ai aucune nostalgie, mais en tant que patron de l'UMP, moi, je suis aussi un acteur politique. Hier, avec B. Hortefeux, nous étions à la rencontre des producteurs de lait, j'ai bien entendu leur message...
On ne va pas faire toute l'émission sur le lait...
Non, mais c'est important, parce que deux choses...
C'est important, oui, mais là, vous êtes en train de démontrer que l'électeur aujourd'hui qui veut peut-être s'abstenir a raison, il a plus confiance dans les Etats et les Nations pour agir et pour protéger. L'Europe, oui, d'accord, mais quand il le faut, comme sur le lait, c'est le drapeau national et l'argent national.
Non, il y a les deux niveaux, et les deux niveaux sont complémentaires. Et je vais juste vous dire une chose, pourquoi c'est si important, le lait, c'est parce qu'il nous faut maintenir, pas seulement la production laitière, mais l'ensemble de la filière agroalimentaire, et ça, ce sont des emplois ici, en France, en Europe. Et c'est notre sécurité alimentaire, elle arrive à l'Europe.
Justement, dans la déclaration franco-allemande, il était réclamé l'application de la préférence communautaire. Est-ce que vous l'appliquez dans ce domaine du lait, de l'agroalimentaire ?
Oui, je pense qu'il faut l'appliquer, et je vais vous dire comment. Il faut l'appliquer de la façon suivante : il faut au niveau européen, dans la PAC, la Politique agricole commune, des outils de régulation. Il ne faut pas faire la seule loi du marché, parce que l'Europe ne dicte pas toutes les conditions du marché, et la loi du marché, quand on ne dicte pas tout, c'est la loi de la jungle, je n'en veux pas, je veux des producteurs de lait, parce que je veux garder une filière agroalimentaire, J.-P. Elkabbach, et là, c'est là que le politique doit jouer un rôle, et pas l'Europe des technocrates...
Vous voulez la solution avant dimanche.
Oui, mais pourquoi, parce que le 5 juin, le 5, il y a...
Il y a les prix...
Les prix qui vont justement déterminer les fiches de paie...
Donc vous voulez avant le 7 la solution...
Avant le 5...
Est-ce que vous avez la garantie que le Gouvernement est prêt à faire ce plan d'accompagnement ?
Je le souhaite, moi, je me suis entretenu en permanence avec M. Barnier de ce sujet, parce que quand je suis en campagne, je vais à la rencontre justement des acteurs qui connaissent des difficultés, comme ceux qui ont des projets ; voilà pourquoi je suis totalement impliqué dans ce dossier.
Il y aura, X. Bertrand, un coût, et moi, j'ai une proposition à vous faire : depuis 2007, la Commission de Bruxelles accorde chaque année des subventions de pré-adhésion à la Turquie, un milliard et demi en deux ans. En 2010, 660 millions d'euros sont prévus, dont plus de cent millions pour la France. Est-ce qu'il faut stopper ces aides sans tarder, puisqu'il n'est plus question de faire que la Turquie adhère ?
Il n'est pas question que la Turquie adhère à l'Europe, ni aujourd'hui, ni demain, ni après-demain. Ce que nous proposons en revanche à la Turquie, c'est qu'elle ait un statut de partenaire privilégié de l'Union européenne. Et pour ça...
Attendez, mais comment vous allez le dire à la Turquie, parce qu'on va mettre fin aux mensonges, aux ambiguïtés, à l'hypocrisie...
Oh, je pense que nous, nous avons été suffisamment clairs, et depuis bien longtemps...
Français et allemands...
Le président de la République a été aussi particulièrement clair depuis des années, vous le savez bien, et que ce que nous souhaitons en ce qui nous concerne, c'est qu'on puisse discuter avec eux pour aboutir à ce statut de partenaire privilégié. Et je vais vous dire aussi pourquoi, prenez une carte de l'Europe et de l'Asie, regardez où est la Turquie. Franchement, elle est en Asie. La géographie de la Turquie n'évoluera pas, alors la position de la France n'évoluera pas.
Mais elle est dans l'OTAN.
Et alors, ça n'a rien à voir, c'était une question, là, de sécurité, de défense...
Elle pourrait jouer un rôle, la Turquie, important dans l'aide et le développement un jour de l'indépendance énergétique de l'Europe, avec le gazoduc qui s'appelle Nabucco, qui sera peut-être en construction...
Mais parlez aussi du développement autour de la Méditerranée. Là, il y a un projet qui s'appelle l'Union pour la Méditerranée, mais pas l'Union européenne, pas sur les institutions politiques. Je pense qu'un pays comme la France, l'Europe comme continent doit avoir des frontières, et ces frontières sont importantes, parce que c'est une question d'identité, J.-P. Elkabbach. Et le président de la République a eu mille fois raison de reporter son déplacement en Suède, compte tenu de l'attitude du ministre suédois des Affaires étrangères qui, lui-même, dans la presse française, comme par hasard, a fait valoir sa position, c'est peut-être la position du ministre suédois...
Alors, on va se fâcher avec tous les pays de l'Europe qui sont en faveur de la Turquie, parce qu'il y a des divisions...
Il ne s'agit pas de se fâcher, il s'agit juste de rappeler que ce sont les Etats qui décideront, que ce sont les pays qui auront leur mot à dire, et que pour la France, c'est non, clairement non. Et j'aimerais bien dans cette campagne européenne, que tout le monde ait la même clarté que le Mouvement populaire.
Oui, c'est l'épouvantail, la Turquie...
Pourquoi on en parle ?
Et est-ce que vous croyez que ça va marcher ?
Pourquoi on parle de la Turquie ? Parce que le Président Obama en a parlé, parce que, à la fin du sommet de l'OTAN, c'est lui qui a souhaité que la Turquie rejoigne l'Union européenne. Et pour nous, c'est non.
Il en a parlé pratiquement. Mais par exemple, demain, le Président Obama va s'adresser au Caire à l'Islam pour lui proposer un vrai dialogue. Paris, Berlin et d'autres européens écarteraient une Turquie qui serait peut-être moins laïque que gagnée par l'Islam ?
Le sujet n'est pas là, le dialogue avec le monde musulman est indispensable, et la France, vous le savez bien, joue la carte de ce dialogue en permanence. Mais ne confondons pas, pour l'Union européenne, c'est non pour les raisons que je vous ai expliquées...
Dimanche, X. Bertrand, l'opposition va additionner les scores de toutes les listes de gauche et du centre, pour montrer que le parti du Président est affaibli dans le pays...
Quelle opposition ? Il y aurait une opposition unie en France ?
Des oppositions, de la gauche, du centre, etc.
La seule chose qu'ils ont, eux, vous savez, c'est l'anti-sarkozysme primaire, matin, midi et soir, ça ne fait pas un projet, ça ne fait pas un projet européen. Nous, nous sommes clairs sur l'Europe, nous sommes profondément européens et profondément exigeants pour l'Europe, avec en plus une nouveauté, c'est que nous nous engageons aussi sur la façon de remplir le mandat. J'attends de mes députés européens, moi, qu'ils ne soient pas des députés européens invisibles...
Ce qui est important pour vous, c'est plus d'arriver en tête que le score ?
Dans une élection à un tour, celui qui réussit, c'est celui qui arrive en tête.
Oui, et ça protège aussi. Merci X. Bertrand.
Merci.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 4 juin 2009