Texte intégral
C'est avec un grand plaisir que je suis parmi vous aujourd'hui pour ouvrir ce 4e colloque international « Football et Recherche ». Un plaisir qui est décuplé en découvrant mêlés dans la salle des représentants de la FIFA, de la fédération française de football et des universités.
Vous le savez, et je vais m'en expliquer, je suis convaincu de la plus-value de la collaboration étroite entre le monde de la recherche et le monde du sport.
Merci donc à vous, Madame la doyenne, pour cette très belle initiative. Et merci à la fédération française de football d'accueillir un tel événement dans ce lieu très symbolique qu'est devenu Clairefontaine.
Alors pourquoi militer pour ce rapprochement entre ces 2 mondes qui se regardent encore trop souvent en chien de faïence ?
Pour moi, c'est plus qu'une simple nécessité... c'est une profonde conviction !
Comme dans tous les domaines de pointe de notre société - j'entends par là l'industrie automobile, le secteur aéronautique, le milieu médical, etc...-, le progrès et la performance dans le sport sont indissociables de l'innovation.
Et pour moi, l'innovation ne se conçoit pas sans une recherche de grande qualité !
C'est la raison pour laquelle j'ai souhaité notamment que l'INSEP, qui va devenir très prochainement un Grand Etablissement au sens du code de l'éducation, puisse s'appuyer fortement sur le CNRS. C'était l'objet de la convention que j'ai signée avec la présidente du CNRS en janvier dernier.
Mais mon ambition ne se limite pas à ça ! Je veux réussir à créer un véritable réseau français de la recherche en sciences du sport au profit du sport, des sportifs et de leurs encadrements.
Il est quand même très déroutant de constater que certaines équipes étrangères viennent chercher des innovations françaises avant même que nos équipes nationales en aient eu connaissance. J'en ai encore eu l'exemple à Pékin lorsque les rameurs français ont découvert un nouveau matériel « révolutionnaire » sur les embarcations australiennes. Un nouveau matériel directement importé des laboratoires de l'armée française ! Je n'invente rien...
Oui, il existe de grandes richesses produites dans les universités françaises, dans les écoles d'ingénieur, au CNRS ou à l'INSERM... Nous avons de grands laboratoires et d'excellents chercheurs. A nous de savoir les valoriser et surtout les utiliser !
Je suis convaincu que le mariage de ces 2 excellences, l'une sportive et l'autre scientifique, va nous permettre d'améliorer considérablement la haute performance des athlètes de nos fédérations sportives.
Lorsque l'on sait qu'une médaille olympique en natation, par exemple, se joue parfois à moins d'un dixième de seconde - comme cela a été le cas lors du relais 4 X 100m hommes à Pékin -, on ne peut qu'être convaincu de l'intérêt de la recherche en « aquadynamique » pour améliorer la glisse de nos nageurs. Et des exemples comme ça, il en existe des centaines !
Ce partenariat Sport / Science, que j'appelle de mes voeux, doit contribuer à préparer nos sportifs à relever le défi des objectifs ambitieux fixés pour les Jeux Olympiques de Londres, à savoir 50 médailles dont au moins 15 en 0r.
Et vos échanges de ces 2 jours doivent contribuer à aider l'équipe de France de football à revenir avec la Coupe de Monde à Paris en 2010.
Mais ces partenariats ne peuvent pas s'improviser. Ils ne peuvent pas se limiter à de simples colloques annuels, même si cela reste très important. Non, ces relations doivent s'inscrire dans la durée et dans la continuité.
Pour réussir, cette évolution des rapports entre ce monde sportif et le monde de la recherche doit s'accompagner d'une formation des cadres techniques des fédérations à la culture scientifique. C'est un préalable indispensable à la réussite de ce beau projet.
Pourquoi ? Parce que les contraintes du monde universitaire ne sont pas celles du monde sportif. Mon intérêt pour le secteur de la recherche, en tant que secrétaire d'Etat chargé des sports, n'est pas mesurable par le nombre de vos publications ou la hauteur de l' « impact factor » de vos articles.
J'attends une recherche pour l'amélioration de la performance qui s'inscrit d'abord dans le cadre d'une stratégie de politique sportive plus large. Elle se doit de rester encrée dans une culture sportive de la performance. Que ce soit au niveau physique, physiologique, anatomique, psychologique ou économique et social.
Pour ce faire, entraîneurs et chercheurs doivent être capables de communiquer ensemble :
- Les premiers doivent être formés à poser les bonnes questions et utiliser les résultats des travaux à bon escient.
- Les seconds doivent être ouverts pour comprendre les préoccupations « du terrain » et surtout savoir les traduire en de bonnes questions de recherche.
Même si cela est souvent décrié, je n'ai pas de scrupule à valoriser une recherche utile, voire utilitaire au profit du sport français ! Cela n'est pas à opposer, de façon stérile, à la recherche fondamentale, mais c'est cela dont nous avons besoin dans le monde du sport !
Je le répète, pour moi, le sport, c'est la performance. Et dans le contexte de concurrences internationales de plus en plus fortes que nous connaissons aujourd'hui, la performance ne se conçoit pas sans des progrès constants. Le progrès quant à lui s'obtient par l'innovation qui, elle-même est directement liée à la recherche.
Si l'on simplifie cette démonstration, on obtient donc : « Le sport, c'est la recherche ».
Je vous remercie.
Source http://www.sports.gouv.fr, le 10 juin 2009