Déclaration de M. Gérard Larcher, président du Sénat, sur la commémoration de la chaîne humaine de 600 km réalisée à travers les pays baltes le 23 août 1989 pour lutter contre le régime communiste, Paris le 8 septembre 2009

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Circonstance : Colloque : "La voie balte : trois pays main dans la main" au Sénat le 8 septembre 2009

Texte intégral


Madame le Président du Parlement estonien, Mme Ene Ergma,
Monsieur le Président du Parlement letton, M. Gérard Daudze,
Madame la vice-présidente du Parlement lituanien, du Seimas, Mme Irena Degutiene,
Monsieur le Président Vytautas Landsbergis (ancien Président de la République de Lituanie),
Monsieur le Premier ministre Mart Laar (ancien Premier ministre d'Estonie),
Madame et Messieurs les ambassadeurs,
Mes chers collègues parlementaires,
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,
Je suis très heureux de vous accueillir au Sénat et de vous dire quelques mots de bienvenue, pour l'ouverture de ce colloque « La Voie balte : trois pays main dans la main ».
Je me réjouis de vous voir aujourd'hui si nombreux dans cette Salle Clemenceau, car c'est un événement important dont nous commémorons aujourd'hui le vingtième anniversaire. Important bien sûr dans l'histoire de chacun de ces trois pays, la Lituanie, la Lettonie et l'Estonie ; important aussi dans l'histoire européenne, dans notre histoire commune. Et dans l'histoire de tous : l'Unesco a inscrit la Voie balte au registre de la Mémoire du monde.
Nous commémorons un combat pacifique et déterminé pour la liberté, un soulèvement contre la tyrannie, une victoire contre le totalitarisme. Nous commémorons un épisode du combat des hommes, sur tous les continents, pour devenir maîtres de leur destin et pouvoir construire leur avenir.
Ce combat-là n'est jamais achevé : il se poursuit aujourd'hui, aux frontières de l'Europe, en Afrique, en Afghanistan et ailleurs. La victoire qu'a été la Voie balte est un encouragement pour les combattants de la liberté, partout dans le monde. C'est pourquoi il est important de célébrer ce vingtième anniversaire. Pour se souvenir, et pour mesurer le chemin parcouru au cours de ces deux décennies.
Déjà 20 ans. Seulement 20 ans !
Il y a 20 ans, vos trois pays faisaient partie de l'Union soviétique. Comme des dizaines de millions d'Européens, vous viviez sous le joug d'un régime totalitaire et répressif.
Il y a 20 ans, il y avait deux Allemagnes et deux blocs. Un rideau de fer balafrait le continent européen.
Oui, que de changements, que de chemin parcouru ensemble.
De tous les combats pour la liberté qui furent menés de par le monde, dont certains furent menés dans notre pays, et je pense au combat du Général de Gaulle, de tous ces combats, la Voie balte est un cas unique. Ce rassemblement populaire sans précédent, pacifique, a uni, le 23 août 1989, main dans la main, près de deux millions d'Estoniens, de Lettons et de Lituaniens.
Près d'un habitant sur trois de vos pays est descendu dans la rue, a rejoint cette immense chaîne qui se formait et a mis sa main dans celle de son voisin, un parent, un ami ou un inconnu.
Ensemble, ils ont formé une chaîne humaine de plus de 600 kilomètres à travers les trois pays baltes, de Vilnius à Tallin en passant par Riga.
La date ne devait rien au hasard : le 23 août 1989, c'était le 50ème anniversaire du pacte Molotov - Ribbentrop. Signé en 1939 par le ministre des Affaires étrangères de l'Union soviétique et celui de l'Allemagne nazie, cet accord a conduit, un an plus tard, à l'occupation et à l'annexion des trois États baltes.
C'est seulement le 23 août 1988 que le contenu de cet accord secret a été rendu public. Une année plus tard, le 23 août 1989, la Voie balte allait à nouveau faire basculer l'histoire.
Il y a deux semaines, des dizaines de milliers de vos compatriotes ont commémoré cet événement et ont, symboliquement, formé une nouvelle chaîne humaine.
Je suis heureux que le Sénat s'associe à cette commémoration, et je tiens à féliciter les organisateurs de colloque : les ambassadeurs de Lituanie, de Lettonie et d'Estonie.
Je salue également nos collègues, Denis Badré, Président du groupe d'amitié France - Pays baltes, et Jacques Legendre, Président délégué pour la Lettonie, qui l'ont ardemment soutenue.
Je souhaite également adresser un message d'amitié et de bienvenue à mes homologues, M. Gundars Daudze, Président du Parlement letton, Mme Irena Degutiene, Vice-présidente du Seimas lituanien, ainsi que Mme Ene Ergma, Présidente du Parlement estonien, que j'ai eu le plaisir de rencontrer il y a près d'un an au Sénat, lors de sa visite en France.
Enfin, c'est avec émotion que j'accueille Mme Sandra Kalniete, M. Mart Laar et M. Vytautas Landsbergis, qui ont fait partie des organisateurs de la Voie balte. Je salue tous ceux qui, comme eux, ont mis leur courage et leurs convictions au service de tous. Ils ont réussi à inverser le cours de l'histoire et n'ont pas vacillé malgré la répression et la violence.
Le 23 août 1989, vous avez abattu « votre part du Mur » et contribué à la réconciliation du continent européen.
Vous avez ainsi enclenché le processus politique qui aboutira en 2004 à l'adhésion de vos pays à l'Union européenne. Si longtemps séparés par une histoire tragique, nous sommes aujourd'hui unis et réunis au sein de l'Union européenne, pour construire ensemble un avenir dont nous savons qu'il est commun.
Chers Amis, je sais que ce colloque va contribuer à la poursuite du projet des organisateurs de la Voie balte : la consolidation de l'Union européenne autour de ses valeurs fondatrices. Des valeurs de liberté et de démocratie, dans le respect de l'identité de chacun de nos pays.
Les défis d'aujourd'hui sont grands : la crise économique, la poursuite du projet européen dans un monde multipolaire et incertain, la concurrence de nouvelles régions du monde, de pays émergents qui s'imposent comme de futurs géants.
Lorsqu'on se souvient du chemin parcouru, que l'on mesure l'ampleur des défis déjà relevés, alors j'ai la conviction que les défis actuels sont à notre portée, si nous savons nous inspirer de l'exemple de ceux qui, il y a 20 ans, ont mis leur détermination et leur courage au service de l'Europe.
Je vous remercie.Source http://www.senat.fr, le 16 septembre 2009