Texte intégral
J.-J. Bourdin.- Au-delà de toutes les polémiques autour de F. Mitterrand, je voudrais, ce qui n'a pas été fait, je le regrette souvent à la télévision, lire un extrait du livre, et vous allez me dire ce que vous en pensez, si vous êtes gênée ou pas ?
(Extrait de "La mauvaise vie" de F. Mitterrand lu par J.-J. Bourdin) : Evidemment, j'ai lu ce qu'on a pu écrire sur le commerce des garçons d'ici, et vu quantité de films et de reportages. Je sais l'inconscience ou l'âpreté de la plupart des familles, la misère ambiante, le maquereautage généralisé, où crapahutent la pègre et les ripoux. Les montagnes de dollars que cela rapporte quand les gosses n'en retirent que des miettes ; la drogue, qui fait des ravages et les enchaîne ; les maladies, les détails sordides de tout ce trafic. Je m'arrange, avec une bonne dose de lâcheté ordinaire, je casse le marché pour étouffer mes scrupules, je me fais des romans, je mets du sentiment partout, je n'arrête pas d'y penser, mais cela ne m'empêche pas d'y retourner. Tous ces rituels de foire aux éphèbes, de marché aux esclaves m'excitent énormément. La lumière est moche, la musique tape sur les nerfs, les shows sont sinistres, et on pourrait juger qu'un tel spectacle, abominable, d'un point de vu moral, est aussi d'une vulgarité repoussante ! Mais il me plaît, au-delà du raisonnable. La profusion de garçons très attrayants et immédiatement disponibles me met dans un état de désir que je n'ai plus besoin de réfréner ou d'occulter. L'argent et le sexe, je suis au coeur de mon système, celui qui fonctionne enfin, car je sais qu'on ne me refusera pas. La morale occidentale, la culpabilité de toujours, la honte que je traîne, volent en éclats. "Et que le monde aille à sa perte", comme dirait l'autre ... !
Voilà ce qu'écrit F. Mitterrand. Alors je vous pose une question directe : un ministre de la République, qui se retrouve à la télévision pour se justifier d'avoir aimé des garçons, je dis bien des garçons, dans des bordels de Thaïlande, et qui vient se défendre des accusations de pédophilie, est-ce que ça vous gêne ?
C'est le monde actuel, et je dirais que ce sont les médias actuels. Je peux le regretter, mais c'est un fait. Et à partir de là, je crois qu'il faut surtout essayer de remettre les choses à leur juste place. Sur le fond, F. Mitterrand s'est expliqué hier, et je l'ai trouvé très émouvant. Et je pense que ceux qui l'ont regardé, l'ont effectivement trouvé très émouvant, lorsqu'il a expliqué combien il était atteint, et combien il pensait notamment à l'impact que tout ceci peut avoir sur sa famille. Ce que je sais aussi, c'est que ce livre, qui est sorti il y a quatre ou cinq ans, a été salué unanimement par la critique. Je n'ai entendu personne à l'époque dire quoi que ce soit sur le contenu de ce livre...
Il n'était pas ministre !
Il n'était pas ministre, c'est vrai, il ne l'a pas écrit en tant que ministre, je le fais remarquer. Alors, entre temps, et parce qu'il avait un talent, et parce qu'il était reconnu aussi par le milieu artistique, il a été nommé ministre. Et il est aujourd'hui un très bon ministre, c'est aussi dit. On voit bien que dans tout ceci, il y a aussi...
Mais vous ne me répondez pas, est-ce que ça vous gêne ? Est-ce que ces écrits vous gênent, franchement ? Franchement, en tant que femme, est-ce que ces écrits vous gênent ?
Cet écrit est considéré comme une confession, et vous l'avez vu vous-même. Ce qui me gêne, ce n'est pas...
C'est le fond ?
...ce qui me gêne, c'est que cela existe, ce qui me gêne, c'est une réalité.
Et qu'il s'y soit prêté ? Et qu'il s'y soit prêté ?
Je pense que dans la vie de chacun, il y a sans doute un certain nombre de parts de difficultés et d'ombre. Et F. Mitterrand s'en est parfaitement expliqué. Il a dit qu'il était] un homme, avec beaucoup de faiblesses, avec sa condamnation, et il l'a réitéré hier, sa condamnation du tourisme sexuel, sa condamnation de la pédophilie. Il a d'ailleurs précisé que jamais il ne s'était livré à la pédophilie, et je pense que c'est quelque chose d'important. Et ce qu'il faut éviter, je pense, c'est à la fois la manipulation politique et un certain nombre d'amalgames. Et je pense que ceux qui ont cru bon de suivre Mme Le Pen dans cette voie, aujourd'hui, ce matin, ne se sentent peut-être pas très à l'aise. Je crois qu'en tout, il faut éviter la réaction trop immédiate, il faut éviter le sensationnel, et il faut permettre aussi à chaque homme et à chaque femme, et nous revenons au ministère de la Justice...
On va en parler, évidemment.
...d'avoir fait des fautes, de s'en repentir, et de pouvoir effectivement avoir toujours une deuxième chance.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 9 octobre 2009
(Extrait de "La mauvaise vie" de F. Mitterrand lu par J.-J. Bourdin) : Evidemment, j'ai lu ce qu'on a pu écrire sur le commerce des garçons d'ici, et vu quantité de films et de reportages. Je sais l'inconscience ou l'âpreté de la plupart des familles, la misère ambiante, le maquereautage généralisé, où crapahutent la pègre et les ripoux. Les montagnes de dollars que cela rapporte quand les gosses n'en retirent que des miettes ; la drogue, qui fait des ravages et les enchaîne ; les maladies, les détails sordides de tout ce trafic. Je m'arrange, avec une bonne dose de lâcheté ordinaire, je casse le marché pour étouffer mes scrupules, je me fais des romans, je mets du sentiment partout, je n'arrête pas d'y penser, mais cela ne m'empêche pas d'y retourner. Tous ces rituels de foire aux éphèbes, de marché aux esclaves m'excitent énormément. La lumière est moche, la musique tape sur les nerfs, les shows sont sinistres, et on pourrait juger qu'un tel spectacle, abominable, d'un point de vu moral, est aussi d'une vulgarité repoussante ! Mais il me plaît, au-delà du raisonnable. La profusion de garçons très attrayants et immédiatement disponibles me met dans un état de désir que je n'ai plus besoin de réfréner ou d'occulter. L'argent et le sexe, je suis au coeur de mon système, celui qui fonctionne enfin, car je sais qu'on ne me refusera pas. La morale occidentale, la culpabilité de toujours, la honte que je traîne, volent en éclats. "Et que le monde aille à sa perte", comme dirait l'autre ... !
Voilà ce qu'écrit F. Mitterrand. Alors je vous pose une question directe : un ministre de la République, qui se retrouve à la télévision pour se justifier d'avoir aimé des garçons, je dis bien des garçons, dans des bordels de Thaïlande, et qui vient se défendre des accusations de pédophilie, est-ce que ça vous gêne ?
C'est le monde actuel, et je dirais que ce sont les médias actuels. Je peux le regretter, mais c'est un fait. Et à partir de là, je crois qu'il faut surtout essayer de remettre les choses à leur juste place. Sur le fond, F. Mitterrand s'est expliqué hier, et je l'ai trouvé très émouvant. Et je pense que ceux qui l'ont regardé, l'ont effectivement trouvé très émouvant, lorsqu'il a expliqué combien il était atteint, et combien il pensait notamment à l'impact que tout ceci peut avoir sur sa famille. Ce que je sais aussi, c'est que ce livre, qui est sorti il y a quatre ou cinq ans, a été salué unanimement par la critique. Je n'ai entendu personne à l'époque dire quoi que ce soit sur le contenu de ce livre...
Il n'était pas ministre !
Il n'était pas ministre, c'est vrai, il ne l'a pas écrit en tant que ministre, je le fais remarquer. Alors, entre temps, et parce qu'il avait un talent, et parce qu'il était reconnu aussi par le milieu artistique, il a été nommé ministre. Et il est aujourd'hui un très bon ministre, c'est aussi dit. On voit bien que dans tout ceci, il y a aussi...
Mais vous ne me répondez pas, est-ce que ça vous gêne ? Est-ce que ces écrits vous gênent, franchement ? Franchement, en tant que femme, est-ce que ces écrits vous gênent ?
Cet écrit est considéré comme une confession, et vous l'avez vu vous-même. Ce qui me gêne, ce n'est pas...
C'est le fond ?
...ce qui me gêne, c'est que cela existe, ce qui me gêne, c'est une réalité.
Et qu'il s'y soit prêté ? Et qu'il s'y soit prêté ?
Je pense que dans la vie de chacun, il y a sans doute un certain nombre de parts de difficultés et d'ombre. Et F. Mitterrand s'en est parfaitement expliqué. Il a dit qu'il était] un homme, avec beaucoup de faiblesses, avec sa condamnation, et il l'a réitéré hier, sa condamnation du tourisme sexuel, sa condamnation de la pédophilie. Il a d'ailleurs précisé que jamais il ne s'était livré à la pédophilie, et je pense que c'est quelque chose d'important. Et ce qu'il faut éviter, je pense, c'est à la fois la manipulation politique et un certain nombre d'amalgames. Et je pense que ceux qui ont cru bon de suivre Mme Le Pen dans cette voie, aujourd'hui, ce matin, ne se sentent peut-être pas très à l'aise. Je crois qu'en tout, il faut éviter la réaction trop immédiate, il faut éviter le sensationnel, et il faut permettre aussi à chaque homme et à chaque femme, et nous revenons au ministère de la Justice...
On va en parler, évidemment.
...d'avoir fait des fautes, de s'en repentir, et de pouvoir effectivement avoir toujours une deuxième chance.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 9 octobre 2009