Interview de Mme Nadine Morano, secrétaire d'Etat à la famille et à la solidarité, à RMC le 26 novembre 2009, sur la popularité de Nicolas Sarkozy dans les sondages, la vaccination pour la grippe A et les dangers des jeux vidéos pour les enfants.

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Média : Emission Forum RMC FR3 - RMC

Texte intégral

J.-J. Bourdin.- N. Morano est notre invitée ce matin. Bonjour.
 
Bonjour.
 
Est-ce que vous avez regardé D. Strauss-Kahn hier sur Canal ?
 
Non.
 
Non ? Est-ce que c'est le meilleur candidat face à N. Sarkozy ?
 
C'est au Parti socialiste d'en décider et, après aux électeurs, si D. Strauss Kahn est candidat.
 
Est-ce qu'il peut battre N. Sarkozy selon vous ?
 
Mais moi je pense que N. Sarkozy fait un excellent travail au service de la France.
 
Donc il est imbattable ?
 
Je ne sais pas si il est imbattable mais en tout état de cause, ses résultats sont probants tant sur le plan national que sur le plan international. Et je crois que pour l'instant, il garde une très grande crédibilité parmi les Français.
 
Et pourquoi ces sondages sont en baisse alors s'il est si crédible et s'il fait un si bon travail ?
 
Parce que les sondages, vous savez, Monsieur Bourdin...
 
Oui, N. Morano !
 
... Il faut les analyser en fonction de questions très concrètes. Et quand on regarde : est-ce que N. Sarkozy est le meilleur président pour faire face à la crise financière ? Est-ce que N. Sarkozy est courageux ? Est-ce que N. Sarkozy a bien défendu les intérêts de la France ? A chaque fois il a des très bons résultats. Alors après...
 
Pourquoi est-ce qu'on ne lui fait pas confiance ? Pourquoi ?
 
Ca dépend comment vous posez la question. C'est vrai que quand on regarde, quand on analyse, quand on scrute les sondages et quand on les regarde vraiment dans le détail, les Français lui font confiance et c'est lui qui a le meilleur taux de confiance parce que les autres...
 
Mais quand on interroge les Français, quand on leur demande : faites-vous confiance à N. Sarkozy ? 60% disent non. Pourquoi ?
 
Mais parce que ça dépend de la façon dont vous posez la question.
 
Il y a une crise de confiance, ou bien quoi ?
 
Tout est question aussi... Vous savez dans les sondages : alors vous êtes populaire, oui mais sur quoi êtes-vous populaire ? Sur votre sourire, sur votre bonne tête, sur vos résultats ? Alors après si on analyse et on détaille vraiment les questions qui sont posées, on voit que N. Sarkozy reste vraiment en tête de l'ensemble du personnel politique pour faire face par exemple à la crise, pour être le meilleur à défendre les intérêts de la France au niveau international. Donc je ne dis pas que tout est simple, je ne dis pas que c'est, voilà on réussit tout parce que ce serait manquer de dignité et de respect, parce que la chose publique c'est difficile, parce que la politique c'est difficile, parce que la situation est difficile. Mais en même temps, sur son action, il reste de toute façon le plus crédible. Mais à quoi servent t-ils ces sondages d'ailleurs ?
 
Ouf !
 
... Enfin bon, peu importante. J'y reviens car comme l'Elysée multiplie les sondages, euh... Bon. Tiens, est-ce que le bureau de l'Assemblée nationale doit juger irrecevable la demande socialiste de création d'une commission d'enquête parlementaire sur cette affaire ?
 
Le président N. Sarkozy a voulu toujours la transparence, depuis qu'il a été élu, sur le fonctionnement de l'Elysée, les dépenses de l'Elysée, les recettes de l'Elysée, la qualification du personnel de l'Elysée...
 
Alors, que craindre d'une commission d'enquête ?
 
...Mais ce n'est même pas une crainte d'une commission d'enquête puisque la Cour Des Comptes fait son travail d'analyser tous les budgets.
 
Donc elle est inutile cette commission d'enquête ?
 
Pour ma part, je pense qu'elle est parfaitement inutile. A quoi ça sert d'avoir la Cour Des Comptes qui vient expertiser justement l'ensemble des comptes de l'Elysée. Cela ne se faisait pas avant N. Sarkozy. C'est ça la réalité.
 
Avant de parler des violences faites aux femmes, je voudrais parler de la grippe A. Pourquoi ? Parce que les familles sont déboussolées et vous l'entendez comme moi, j'en suis absolument certain. Je vais prendre un exemple : je suis une mère de famille, j'ai un fils, je vais voir mon pédiatre. Mon pédiatre me dit "il faut absolument le faire vacciner". Je vais voir mon médecin généraliste, mon médecin habituel, médecin de famille qui me dit : ah non, pas de vaccination. Je fais quoi moi ? Je fais quoi, je suis la maman de cet enfant, je fais quoi ?
 
Moi je vous conseille d'aller vous faire vacciner.
 
Vous n'avez pas d'hésitation ?
 
Moi je n'ai pas d'hésitation.
 
Vos enfants sont vaccinés ou vont être vaccinés ?
 
Moi je vais me faire vacciner et j'en ai parlé avec mes enfants qui sont majeurs. Ils iront se faire vacciner. Et ma fille qui a 13 ans, on en a parlé, et nous irons tous nous faire vacciner. Parce que je pense que d'une part c'est une mesure de protection pour nous-mêmes et comme cette grippe est très contaminante, c'est une mesure de protection aussi pour les autres. Et quand on voit aussi les cas de grippe qui ont amené à des décès sur des personnes qui étaient bien portantes avec des décès foudroyants, je crois que oui il vaut mieux se faire vacciner.
 
Mais vous comprenez que des familles soient déboussolées et perdues devant le corps médical ?
 
Mais attendez ! Perdues, perdues ! Quand je vois maintenant l'afflux dans les centres de vaccination, il y a une semaine on disait : mais vous avez vu, ça ne marche pas du tout, il n'y a personne qui va se faire vacciner. Aujourd'hui, il y a eu vraiment depuis le mois d'août une campagne d'information - d'information ! - et de sensibilisation. Après ce n'est pas une obligation d'aller se faire vacciner. Chacun en fonction de son libre arbitre choisit s'il veut ou pas se faire vacciner. Et moi je conseille en tant que ministre de la Famille de se faire vacciner.
 
Alors faut t-il permettre aux médecins de famille, justement, de vacciner ? Ce serait une bonne solution, non ?
 
R. Bachelot a très clairement expliqué le sujet : c'est qu'il y a des multi doses de vaccin et donc quand vous en ouvrez un, après il faut vacciner plusieurs personnes sinon le vaccin...
 
Oui mais on a acheté 94 millions de doses. C'est le pays du monde qui a acheté le plus de doses.
 
Il vaut mieux être bien protégé et avoir anticipé parce que quand j'entends P. Lellouche qui rentrait d'Ukraine et quand il dit quand je vois les images... il y a un million de personnes qui ont été touchées par la grippe A, qui n'ont pas de vaccin, qui vont dans les pharmacies et qui réclament des médicaments où il n'y a pas suffisamment de médicaments. En France, on a la possibilité et de se faire soigner et de se faire vacciner. Alors on ne va pas nous reprocher de bien protéger la population française quand même.
 
Dernière question sur ce sujet : les Deux-Sèvres est le premier département à ne plus fermer ses établissements scolaires. Ca ne sert plus à rien, dit ce département. Ca vous paraît sensé ?
 
Ce n'est pas le département qui doit le dire, c'est le préfet.
 
C'est le préfet, oui mais c'est le préfet qui l'a décidé.
 
Je ne connais pas ce cas d'espèce, je ne l'ai pas entendu. Mais en tout état de cause, c'est le préfet qui doit prendre la décision au cas par cas.
 
La préfète a pris cette décision en disant : ça ne sert plus à rien de fermer...
 
Non mais vous me dites "c'est le département". Oui, non, non... Je cite le département. Voilà, mais il faut être clair. Donc moi comme je ne sais pas, moi je vous réponds sur les critères. Par rapport aux Deux-Sèvres, je ne sais pas quelle décision a été prise.
 
Si, si, cette décision a été prise, je vous l'assure.
 
En revanche, ce que je peux vous dire, c'est que les décisions doivent être prises au cas par cas. On peut prendre la décision de fermer, le préfet peut prendre la d??cision de fermer une classe, voire l'ensemble du lycée et du collège, voire l'ensemble de l'école. Mais moi je l'ai dit, même pour les crèches, pour tout ce qui concerne l'accueil collectif des jeunes enfants, la décision se prend aussi au cas par cas. On peut décider de fermer une seule salle, la faire désinfecter mais ne pas fermer l'intégralité de la crèche.
 
Noël approche, parlons des jeux vidéo. Vous connaissez Dofus ?
 
Non.
 
C'est un jeu vidéo...
 
J'ai du en entendre parler.
 
Moi non plus je ne connaissais pas, je vous le dis tout de suite. Mais c'est un jeu en perpétuelle évolution, accessible 24 heures sur 24, 365 jours par an.
 
C'est sur Internet alors ?
 
Je vous parle de Dofus parce qu'il y a un site que vous connaissez qui s'appelle Pedagojeux, qui est un site qui rassemble les pouvoirs publics, des associations et des acteurs économiques qui proposent une nouvelle rubrique sur les jeux vidéo les plus polémiques et qui inquiètent les parents. Est-ce qu'il est possible d'aller plus loin ? Est-ce que vous réfléchissez, je ne sais pas, à interdire évidemment la vente de certains jeux trop violents ? Vous y réfléchissez, là ?
 
Non seulement j'y réfléchis, mais on a mis en place un groupe de travail sur le sujet parce qu'il y a un sigle qui s'appelle le sigle Peggy sur les jeux vidéo, qui dit à partir de quel âge ce jeu peut être vu ou pas. Et il est insuffisamment visible, insuffisamment connu et on voit beaucoup trop de jeunes avoir accès facilement aux rayons des jeux vidéo les plus violents et les plus dangereux qui ne sont pas de leur âge et passer sans aucune difficulté à une caisse. Donc, là, nous sommes en train de travailler sur vraiment informer...
 
Quelles mesures pourriez-vous prendre ?
 
Déjà qu'on puisse informer mieux les parents parce que c'est aussi aux parents lorsque les enfants sont mineurs, à regarder ce qui se passe chez eux.
 
Mais comment on informe mieux ?
 
En leur donnant une meilleure information, donc on travaille sur ces dispositifs, non seulement sur l'information sur Internet, sur la signalétique dans les magasins et sur la signalétique sur les packagings de ces jeux. Parce qu'il faut bien voir que nous avons des problèmes aussi de dépendance...
 
C'est-à-dire que vous pourrez mettre « Jeu violent » sur le packaging par exemple ? "Attention violence ou quelque chose comme ça" ?
 
Cela peut être une solution. Non seulement "violence", mais "addiction". Il y a déjà un texte qui existe en disant : attention, si vous restez plus de je ne sais pas combien d'heures, quatre heures devant ce jeu, il y a des problèmes d'épilepsie qui peuvent arriver. Mais c'est en tout petit. C'est comme sur les contrats d'assurance ou autre chose, on ne voit rien. Donc il faut renforcer l'information. Il faut que les parents comprennent qu'il peut y avoir des problèmes d'addiction notamment sur les jeux interactifs sur Internet. Et on voit des parents dans une pleine détresse où leurs enfants ne quittent plus la chambre pendant des heures et des heures, ont du mal à aller se coucher.
 
C'est le cas de Dofus.
 
Et avec des problèmes aussi de concentration à l'école. Donc il faut que les parents soient très vigilants. Alors je l'ai déjà dit des centaines de fois, non seulement sur Internet mais sur les jeux vidéo. Ils relèvent aussi de leur responsabilité.
 
Bien il est 8 heures 44, vous êtes sur BFM TV et sur RMC. On va parler des violences faites aux femmes dans deux minutes. A tout de suite. (.../...)  
 Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 26 novembre 2009