Texte intégral
J.-J. Bourdin.- N. Kosciusko-Morizet bonjour. Merci d'être avec nous. Si je vous dis que vous avez initié l'UMP à l'écologie, vous êtes d'accord ?
Ça me va bien en tout cas.
Vous êtes aujourd'hui secrétaire d'Etat à la Prospective et au Développement de l'Economie numérique ; on va parler de téléphonie mobile, on va parler d'économie numérique mais on va aussi évidemment beaucoup parler de Copenhague. Regardons l'actualité quand même. Est-ce que vous avez vu que Greenpeace demande un moratoire sur les exportations d'uranium vers la Russie, tant que les enquêtes commandées par J.-L. Borloo sur le devenir de ces exportations vers ce pays ne sont pas achevées. Vous êtes d'accord avec cette demande ou pas ?
Pas forcément parce que je veux dire, le fondement du travail qu'on fait sur le nucléaire en France, c'est de dire que quand on fait un retraitement pour un pays étranger, on lui rend la matière retraitée. Si on se met à stocker pour tous les pays du monde pour lesquels on travaille la matière retraitée, alors on entre dans un cycle dans lequel on est un pays de stockage.
C'est de l'uranium appauvri qui est expédié vers la Russie pour y être ré-enrichi et cet uranium revient en France ?
Attendez ! C'est un cycle qui permet de ne pas produire indéfiniment du déchet et, à partir de déchets, de refaire du combustible. Donc c'est plutôt en soi un cycle vertueux...
Oui, sauf que l'on envoie...
...Même si on n'a pas réussi à le boucler complètement...
Sauf que selon plusieurs enquêtes, on envoie 33.000 tonnes de cet uranium là-bas vers la Russie, et on n'en récupère seulement 3.000 tonnes. Le reste serait abandonné dans la nature sur place ?
Non, ce qui se passe semble-t-il, c'est qu'ils ont un enrichissement qui n'est pas parfait et, en effet, il y a une partie de la matière qui est re-concentrée et il y a une partie de la matière qui finit véritablement en déchets. C'est ce que je vous disais, on n'a pas réussi à boucler complètement le cycle de l'uranium et on aimerait bien sûr que cette partie-là, ils la gèrent vraiment proprement...
Alors pourquoi pas un moratoire tant qu'on n'est pas vraiment bien sûr !
Mais parce qu'après, on devient nous les stockeurs de déchets des autres pays du monde, ce n'est pas très bon non plus.
Bon. N. Kosciusko-Morizet, je vais vous lire ce que disait hier C. Allègre - on va parler du climat - à propos de Copenhague. Il a ré-exprimé ses doutes, je le cite : "quand Al Gore affirme dans son film que le niveau de la mer va monter de 6 mètres, depuis 1976 il n'a pas progressé d'un pouce ; qu'il y ait un changement climatique, c'est sûr, mais cela ne prouve en rien que c'est dû au gaz carbonique, il a neigé à Canton pour la première fois depuis 80 ans mais à Bagdad, cela ne s'est jamais produit ; à une époque le Groenland était tout vert, d'où son nom « Greenland » ; au Moyen-Âge on traversait les Alpes à pied, je continue...
Mais c'est faux...
...Les climatologues sont dans une attitude messianique, ils se sont mis dans l'idée de sauver le monde, les écolos sont des incultes, N. Hulot est un marchand de soupe".
Oui mais c'est faux, c'est pittoresque mais c'est faux, c'est faux.
C'est pittoresque et c'est faux.
Vous avez des pays par exemple, vous avez des îles maintenant dans le Pacifique... quand il dit que le niveau de la mer n'a pas augmenté, c'est faux, vous avez des îles dans lesquelles en fait, le niveau de la mer a augmenté, il est entré dans la nappe phréatique, il l'a salinisé et les terres ne sont plus cultivables. Alors c'est vrai que l'île n'est pas encore entièrement sous l'eau, seulement quand vos terres ne sont plus cultivables, de toute façon vous devez partir. Vous avez l'Arctique qui fond beaucoup plus vite que prévu ; initialement on disait qu'il n'y aurait plus de calotte glacière en Arctique l'été en horizon 2050, maintenant on dit que ça pourrait être 2020. Donc non seulement le changement climatique ça se passe mais en plus, ça se passe beaucoup plus vite que prévu. On se rend compte que les scientifiques avaient des hypothèses plutôt prudentes par rapport à la réalité...
Mais alors pourquoi ce scepticisme, selon vous, d'une partie de la population et de certains comme ça, scientifiques, qui nient, qui nient le réchauffement...
Une partie de la population, moi je comprends bien si vous voulez, c'est tellement inquiétant, donc c'est vrai qu'on a envie d'être rassurés. Et on peut être tentés d'écouter ce discours-là, donc moi ça je le comprends bien. Et qu'il y ait des scientifiques pour s'enfermer dedans, c'est aussi le jeu de la controverse scientifique, il y a toujours des minoritaires mais enfin il faut être très clair. Ce sont maintenant des ultra minoritaires et ce n'est pas ce que disent la majorité des scientifiques et les climatologues du monde...
Des négationnistes, des négationnistes !
Je n'aime pas le nom parce qu'il fait référence à d'autres choses, mais oui ce sont des ultra minoritaires. Et certaines des assertions que vous avez citées dans la bouche de C. Allègre sont fausses.
Quand je pense que vous avez failli siéger au Conseil des ministres à côté de C. Allègre !
Je ne sais pas, vous savez ça c'était dans les journaux mais enfin bon...
Non, non... bon enfin, oui. On n'aurait pas été d'accord de toute façon...
Ça oui, j'ai compris. Les enjeux de Copenhague, on en parle, on en parle, on en parle. Est-ce que vous pensez d'abord qu'il y aura accord à Copenhague, franchement ?
Moi je crois qu'il y a des chances pour qu'il y ait un accord, ne serait-ce que parce que tous les chefs d'Etat sont en train de se mobiliser et sont mobilisés en y allant. On a vu que B. Obama finalement y allait pour les derniers jours. En général, ça met une pression si vous voulez...
Il y va pour signer.
Ça met une pression pour obtenir un accord, on n'y va pas pour être sur la photo de l'échec quand on est chef d'Etat, je veux dire c'est bien logique. Donc oui, il y a une pression pour qu'il y ait un accord. Maintenant, la question c'est : quelle va être la nature de l'accord ? Parce que vous savez, on peut aussi s'en sortir avec quelque chose d'un peu... de principe, et les principes en matière de changement climatique c'est...
Mais c'est un grand tournant Copenhague, au-delà du changement climatique, c'est une nouvelle économie qui peut naître ?
Ah ! Il faut que ce soit un grand tournant...
Une nouvelle croissance différente ?
Il faut que ce soit un grand tournant et en matière de croissance, de modèle de développement mais aussi en matière de gouvernance. Parce qu'en fait, le changement climatique ça nécessite une gouvernance mondiale.
Donc vous demandez vous aussi la mise en place d'une gouvernance mondiale ?
Vous savez, jusqu'à maintenant on a eu des organisations internationales, dans une organisation internationale, les pays se parlent entre eux et cherchent des accords entre tous les pays, mais chacun défend les intérêts de son pays. C'est international, ce n'est pas forcément mondial. Pour le changement climatique, on a besoin d'une gouvernance mondiale, on a besoin de défendre la terre, on a besoin de défendre le bien commun qui est le climat, on a besoin de pouvoir dépasser les intérêts de chaque pays. Vous voyez...
L'ONU pourrait remplir ce rôle ou je ne sais pas, une division de l'ONU.
L'ONU pourrait remplir ce rôle mais en fait, l'ONU est à mi-chemin entre l'international et le mondial. Et de toute façon, l'ONU n'a pas pour le moment d'organisation mondiale de l'environnement. C'est très particulier vous savez, il y a une Organisation Mondiale du Commerce, une Organisation Mondiale de la Santé, pour le moment il n'y a pas d'Organisation Mondiale de l'Environnement...
OMC, OMS, oui. Pourquoi pas OME.
Les négociations climatiques se font dans le cadre d'une convention, qui est la Convention climat, qui est une convention issue des négociations de Rio en 1992. Donc il y a un secrétariat de la Convention, il y a une petite administration mais il n'y a pas d'Organisation Mondiale de l'Environnement structurée avec, par exemple, un organe de règlement des différends, donc un genre de tribunal de cette organisation-là, comme ça existe à l'Organisation Mondiale du Commerce. Est-ce que vraiment le commerce est plus important que l'environnement ? Non, je ne crois pas. Donc, on doit aller vers une Organisation Mondiale de l'Environnement et c'est un des projets que porte N. Sarkozy. (.../...)
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 11 décembre 2009
Ça me va bien en tout cas.
Vous êtes aujourd'hui secrétaire d'Etat à la Prospective et au Développement de l'Economie numérique ; on va parler de téléphonie mobile, on va parler d'économie numérique mais on va aussi évidemment beaucoup parler de Copenhague. Regardons l'actualité quand même. Est-ce que vous avez vu que Greenpeace demande un moratoire sur les exportations d'uranium vers la Russie, tant que les enquêtes commandées par J.-L. Borloo sur le devenir de ces exportations vers ce pays ne sont pas achevées. Vous êtes d'accord avec cette demande ou pas ?
Pas forcément parce que je veux dire, le fondement du travail qu'on fait sur le nucléaire en France, c'est de dire que quand on fait un retraitement pour un pays étranger, on lui rend la matière retraitée. Si on se met à stocker pour tous les pays du monde pour lesquels on travaille la matière retraitée, alors on entre dans un cycle dans lequel on est un pays de stockage.
C'est de l'uranium appauvri qui est expédié vers la Russie pour y être ré-enrichi et cet uranium revient en France ?
Attendez ! C'est un cycle qui permet de ne pas produire indéfiniment du déchet et, à partir de déchets, de refaire du combustible. Donc c'est plutôt en soi un cycle vertueux...
Oui, sauf que l'on envoie...
...Même si on n'a pas réussi à le boucler complètement...
Sauf que selon plusieurs enquêtes, on envoie 33.000 tonnes de cet uranium là-bas vers la Russie, et on n'en récupère seulement 3.000 tonnes. Le reste serait abandonné dans la nature sur place ?
Non, ce qui se passe semble-t-il, c'est qu'ils ont un enrichissement qui n'est pas parfait et, en effet, il y a une partie de la matière qui est re-concentrée et il y a une partie de la matière qui finit véritablement en déchets. C'est ce que je vous disais, on n'a pas réussi à boucler complètement le cycle de l'uranium et on aimerait bien sûr que cette partie-là, ils la gèrent vraiment proprement...
Alors pourquoi pas un moratoire tant qu'on n'est pas vraiment bien sûr !
Mais parce qu'après, on devient nous les stockeurs de déchets des autres pays du monde, ce n'est pas très bon non plus.
Bon. N. Kosciusko-Morizet, je vais vous lire ce que disait hier C. Allègre - on va parler du climat - à propos de Copenhague. Il a ré-exprimé ses doutes, je le cite : "quand Al Gore affirme dans son film que le niveau de la mer va monter de 6 mètres, depuis 1976 il n'a pas progressé d'un pouce ; qu'il y ait un changement climatique, c'est sûr, mais cela ne prouve en rien que c'est dû au gaz carbonique, il a neigé à Canton pour la première fois depuis 80 ans mais à Bagdad, cela ne s'est jamais produit ; à une époque le Groenland était tout vert, d'où son nom « Greenland » ; au Moyen-Âge on traversait les Alpes à pied, je continue...
Mais c'est faux...
...Les climatologues sont dans une attitude messianique, ils se sont mis dans l'idée de sauver le monde, les écolos sont des incultes, N. Hulot est un marchand de soupe".
Oui mais c'est faux, c'est pittoresque mais c'est faux, c'est faux.
C'est pittoresque et c'est faux.
Vous avez des pays par exemple, vous avez des îles maintenant dans le Pacifique... quand il dit que le niveau de la mer n'a pas augmenté, c'est faux, vous avez des îles dans lesquelles en fait, le niveau de la mer a augmenté, il est entré dans la nappe phréatique, il l'a salinisé et les terres ne sont plus cultivables. Alors c'est vrai que l'île n'est pas encore entièrement sous l'eau, seulement quand vos terres ne sont plus cultivables, de toute façon vous devez partir. Vous avez l'Arctique qui fond beaucoup plus vite que prévu ; initialement on disait qu'il n'y aurait plus de calotte glacière en Arctique l'été en horizon 2050, maintenant on dit que ça pourrait être 2020. Donc non seulement le changement climatique ça se passe mais en plus, ça se passe beaucoup plus vite que prévu. On se rend compte que les scientifiques avaient des hypothèses plutôt prudentes par rapport à la réalité...
Mais alors pourquoi ce scepticisme, selon vous, d'une partie de la population et de certains comme ça, scientifiques, qui nient, qui nient le réchauffement...
Une partie de la population, moi je comprends bien si vous voulez, c'est tellement inquiétant, donc c'est vrai qu'on a envie d'être rassurés. Et on peut être tentés d'écouter ce discours-là, donc moi ça je le comprends bien. Et qu'il y ait des scientifiques pour s'enfermer dedans, c'est aussi le jeu de la controverse scientifique, il y a toujours des minoritaires mais enfin il faut être très clair. Ce sont maintenant des ultra minoritaires et ce n'est pas ce que disent la majorité des scientifiques et les climatologues du monde...
Des négationnistes, des négationnistes !
Je n'aime pas le nom parce qu'il fait référence à d'autres choses, mais oui ce sont des ultra minoritaires. Et certaines des assertions que vous avez citées dans la bouche de C. Allègre sont fausses.
Quand je pense que vous avez failli siéger au Conseil des ministres à côté de C. Allègre !
Je ne sais pas, vous savez ça c'était dans les journaux mais enfin bon...
Non, non... bon enfin, oui. On n'aurait pas été d'accord de toute façon...
Ça oui, j'ai compris. Les enjeux de Copenhague, on en parle, on en parle, on en parle. Est-ce que vous pensez d'abord qu'il y aura accord à Copenhague, franchement ?
Moi je crois qu'il y a des chances pour qu'il y ait un accord, ne serait-ce que parce que tous les chefs d'Etat sont en train de se mobiliser et sont mobilisés en y allant. On a vu que B. Obama finalement y allait pour les derniers jours. En général, ça met une pression si vous voulez...
Il y va pour signer.
Ça met une pression pour obtenir un accord, on n'y va pas pour être sur la photo de l'échec quand on est chef d'Etat, je veux dire c'est bien logique. Donc oui, il y a une pression pour qu'il y ait un accord. Maintenant, la question c'est : quelle va être la nature de l'accord ? Parce que vous savez, on peut aussi s'en sortir avec quelque chose d'un peu... de principe, et les principes en matière de changement climatique c'est...
Mais c'est un grand tournant Copenhague, au-delà du changement climatique, c'est une nouvelle économie qui peut naître ?
Ah ! Il faut que ce soit un grand tournant...
Une nouvelle croissance différente ?
Il faut que ce soit un grand tournant et en matière de croissance, de modèle de développement mais aussi en matière de gouvernance. Parce qu'en fait, le changement climatique ça nécessite une gouvernance mondiale.
Donc vous demandez vous aussi la mise en place d'une gouvernance mondiale ?
Vous savez, jusqu'à maintenant on a eu des organisations internationales, dans une organisation internationale, les pays se parlent entre eux et cherchent des accords entre tous les pays, mais chacun défend les intérêts de son pays. C'est international, ce n'est pas forcément mondial. Pour le changement climatique, on a besoin d'une gouvernance mondiale, on a besoin de défendre la terre, on a besoin de défendre le bien commun qui est le climat, on a besoin de pouvoir dépasser les intérêts de chaque pays. Vous voyez...
L'ONU pourrait remplir ce rôle ou je ne sais pas, une division de l'ONU.
L'ONU pourrait remplir ce rôle mais en fait, l'ONU est à mi-chemin entre l'international et le mondial. Et de toute façon, l'ONU n'a pas pour le moment d'organisation mondiale de l'environnement. C'est très particulier vous savez, il y a une Organisation Mondiale du Commerce, une Organisation Mondiale de la Santé, pour le moment il n'y a pas d'Organisation Mondiale de l'Environnement...
OMC, OMS, oui. Pourquoi pas OME.
Les négociations climatiques se font dans le cadre d'une convention, qui est la Convention climat, qui est une convention issue des négociations de Rio en 1992. Donc il y a un secrétariat de la Convention, il y a une petite administration mais il n'y a pas d'Organisation Mondiale de l'Environnement structurée avec, par exemple, un organe de règlement des différends, donc un genre de tribunal de cette organisation-là, comme ça existe à l'Organisation Mondiale du Commerce. Est-ce que vraiment le commerce est plus important que l'environnement ? Non, je ne crois pas. Donc, on doit aller vers une Organisation Mondiale de l'Environnement et c'est un des projets que porte N. Sarkozy. (.../...)
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 11 décembre 2009