Déclaration de M. Gérard Larcher, président du Sénat, sur les relations franco-africaines et l'aide au développement, Paris le 24 novembre 2009.

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Circonstance : Déjeuner avec les ambassadeurs africains au Sénat le 24 novembre 2009

Texte intégral

Mesdames et Messieurs les ambassadeurs,
Nous sommes heureux, avec les Sénateurs présidents des groupes d'amitié avec vos pays, de vous souhaiter la bienvenue et de vous accueillir dans les salons de Boffrand, pour un moment de rencontre et d'amitié.
Vous représentez l'Afrique, dans sa grande diversité. Les Afriques devrais-je dire, tant votre continent est pluriel, du nord au sud, du détroit de Gibraltar au cap de Bonne Espérance, du canal de Suez au bassin du Congo, du Golfe de Guinée à la Corne de l'Afrique, du Sahel aux Grands lacs.
Aujourd'hui, j'ai le plaisir de m'adresser aux représentants de tous les pays du continent : je le fais en ayant bien conscience de votre diversité et de vos différences.
Cette diversité est évidemment la grande richesse de votre continent : diversité culturelle, linguistique, des climats différents, des ressources naturelles différentes, une démographie différente : une diversité assumée, et la volonté d'avoir ensemble une communauté de destin, au sein de l'Union africaine.
La France a, avec le continent africain, une relation ancienne et singulière. Nous avons une histoire commune, et nous avons, j'en suis convaincu, un avenir commun. Cette histoire commune est le socle de notre relation. Une histoire importante, complexe, douloureuse parfois, heureuse aussi. Une histoire qu'il appartient aux historiens, et non aux responsables politiques, d'écrire et d'analyser.
Pour le responsable politique que je suis, c'est l'avenir qu'il faut regarder et préparer ! Le continent africain a connu, ces quinze dernières années, de profondes mutations, sans doute insuffisamment perçues par nos médias et notre opinion publique. L'Afrique est un continent jeune, à la démographie dynamique, et qui connait de profonds bouleversements sociaux. Un continent qui s'urbanise, un continent en croissance.
Au plan politique, la création de l'Union africaine, en 2002, a dessiné une nouvelle architecture africaine de paix et de sécurité. C'est une avancée majeure.
L'Afrique reste un continent qui connait de grandes fragilités et de profonds déséquilibres et qui reste confrontée à l'immense défi du développement. Chaque pays, dans le respect de sa culture et de son histoire, doit inventer son propre chemin, avec sa dynamique propre. C'est ce que font, quotidiennement, vos pays, qui bâtissent leur développement, leur sécurité, leur démocratie. Chacun à son rythme, avec ses succès et ses échecs.
Face à ces mouvements de votre continent, je veux vous dire deux convictions : la première, c'est que l'avenir de l'Afrique est ce que les Africains en feront. Votre destin est entre vos mains, et entre celles de personne d'autre.
Ma seconde conviction, c'est que la solidarité du Nord avec le Sud est une exigence absolue. Une exigence morale, d'une part, mais aussi une exigence politique, car vos problèmes peuvent devenir les nôtres. Dans ce monde globalisé, nos deux continents, que séparent les quelques kilomètres du détroit de Gibraltar, ont destins liés.
L'Afrique change : cette mutation de l'Afrique, la France l'a parfois suscitée, souvent souhaitée et toujours accompagnée. L'Afrique change, et les relations entre l'Afrique et la France changent aussi.
Je ne vais pas me lancer dans une longue description de nos relations, si denses. Nous avons des partenariats dans de nombreux domaines : politique, économique, militaire, culturel, en bilatéral ou en multilatéral.
Je veux juste rappeler que les axes de notre relation ont été clairement définis par le président de la République dans son discours prononcé au Cap, devant le Parlement sud-africain, le 28 février 2008. Chacun l'a en mémoire.
Pour ma part, il m'importe d'évoquer un aspect précis de nos relations : nos relations interparlementaires. Le Sénat a des relations importantes avec l'Afrique, et c'est une des priorités que je me suis fixées. Les relations du Sénat avec l'Afrique, c'est le domaine privilégié des groupes d'amitié. Ils sont particulièrement actifs, et j'en remercie leurs présidents, leurs présidents délégués et leurs membres. Ils sont vos premiers interlocuteurs au Sénat, et assurent notre relation avec cinquante parlements différents d'Afrique. Grace à eux, nous nous connaissons mieux, et nous travaillons mieux ensemble.
Nous essayons d'apporter notre expérience, de vous aider à consolider l'état de droit, les institutions démocratiques, la bonne gouvernance. Et quoi de plus nécessaire à la bonne gouvernance qu'un Parlement capable de voter la loi et de contrôler l'exécutif ?
Un dernier mot sur un rendez-vous important. En 2010, l'Egypte accueillera le 25ème sommet des chefs d'État d'Afrique et de France. 2010, c'est aussi, pour 14 pays africains, le cinquantenaire de leur indépendance. A travers cet anniversaire qui concerne certains d'entre nous, il s'agit de réaffirmer nos liens avec vous tous, et aussi un peu de les réinventer. Le Sénat prendra toute sa place pour faire de 2010 l'année de l'Afrique, et pour que la dimension parlementaire de nos relations soit pleinement présente.
Vive l'amitié entre la France et l'Afrique !
Source : http://www.senat.fr/presidence/discours , le 18 décembre 2009