Texte intégral
Monsieur le Directeur général,
Mesdames et Messieurs,
Je vous remercie de votre accueil. Pas plus tard qu'hier on me remettait ici même le rapport sur l'avenir de la société numérique. Je reviens aujourd'hui au Centre d'Analyse stratégique pour la remise du rapport sur le déclassement.
L'activité du Centre est donc particulièrement intense ces derniers temps ! Je ne peux que m'en réjouir.
Je me demande du reste si je ne vais pas prendre mes quartiers chez vous en attendant la remise du rapport que dirige Daniel COHEN...Rassurez-moi, ce n'est prévu pour demain ?
Je suis particulièrement heureuse d'être ici, cet après-midi, parce que le rapport qui va m'a m'être remis tout à l'heure est le premier chantier de Prospective à prendre fin parmi ceux que j'ai engagés depuis mon arrivée au Secrétariat d'Etat, il y a six mois.
Je vous remercie, Monsieur le Directeur général, de l'avoir supervisé.
Je voudrais également rendre hommage à l'ensemble des personnes qui ont oeuvré d'arrache pied pour rendre à temps ce travail.
Je pense en particulier à la responsable du département questions sociales, Marine BOISSON, qui n'a pas dû beaucoup dormir cette semaine.
En lisant il y a quelques mois l'ouvrage du sociologue Camille PEUGNY, Le Déclassement, il m'a semblé important de creuser ce thème dont les enjeux sont, je crois, essentiels pour appréhender l'avenir de notre société.
Le phénomène du déclassement social est particulièrement difficile à cerner.
Il implique, en effet, de faire la part des choses entre la réalité des chiffres fournis par les études sociologiques, et ce qui est ressenti par nos concitoyens.
Nous avons en mémoire une période bénie que l'on a appelé « Les Trente glorieuses ». Celle des trente années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale. C'est à cette époque, sans doute, que les Français ont vécu la plus formidable progression de leur niveau de vie.
En comparaison, notre époque semble moins prometteuse et l'avenir de nos enfants plus incertain. La crise que nous vivons actuellement vient inévitablement renforcer ce sentiment.
Reste pourtant une question essentielle : vivons-nous réellement moins bien que nos parents ? Autrement dit, l'ascenseur social s'est-il transformé en descenseur social ?
A l'évidence c'est une réalité pour certaines catégories de Français, je pense évidemment à ceux qui sont le plus éprouvés par le chômage, la précarité, la difficulté de trouver un emploi en rapport avec leurs qualifications. Je pense également à ceux pour lesquels le logement est devenu un problème essentiel.
Est-ce à dire que la grande majorité des Français, celles et ceux qui constituent ce qu'on appelle les classes moyennes, sont frappés par le déclassement ?
Car il faut noter tout de même que les Français ont un réel penchant à cultiver le pessimisme.
C'est particulièrement frappant lorsque l'on compare leur opinion sur la situation de leur pays à celle d'autres peuples pourtant bien moins lotis.
Les historiens nous ont montré que même dans les périodes plus fastes, y compris durant ces fameuses « Trente glorieuses que j'évoquais tout à l'heure, les Français n'ont guère tendance à porter collectivement un regard confiant sur leur sort.
Nous avons aussi en France une grande exigence d'égalité. Elle est à l'origine même de notre modèle social auquel nous tenons. Un modèle social qui se révèle être, dans la période que nous connaissons, un puissant correctif pour compenser les effets de la crise.
Mais cette exigence d'égalité peut aussi nourrir en retour ce sentiment de déclassement. Car se sentir déclassé, ce n'est pas toujours en comparaison de la situation de ses parents.
C'est aussi, peut-être, au regard des Français dont les revenus ont progressé bien davantage ces dernières années que ceux du plus grand nombre.
Ce rapport est donc particulièrement bien venu pour démêler les a priori des réalités objectives.
Il nous offre en même temps l'occasion de mesurer de manière plus fine les facteurs qui alimentent plus ou moins ce phénomène de déclassement : l'éducation, le logement, la qualité de l'emploi, le surendettement...
C'est dire si votre travail touche à des secteurs essentiels de nos politiques publiques.
J'en viens à ce qui a motivé mon choix de porter une attention particulière au problème du déclassement.
J'ai à coeur en effet de voir notre pays renouer avec une véritable dynamique de progrès social en mesure de profiter à tous.
Une dynamique qui serait bien sûr le fruit d'une croissance tirée par des secteurs innovants, riches en emplois qualifiés et pleinement ancrés dans les exigences du respect de notre environnement.
Mais cette dynamique, j'en ai la conviction, ne peut provenir des seules richesses créées par notre économie.
L'Etat et les pouvoirs publics ont un rôle à jouer en orientant ses investissements vers les domaines les plus prometteurs pour l'avenir de tous.
Des investissements susceptibles, aussi, de mieux faire marcher l'ascenseur social.
C'est tout l'enjeu du grand emprunt qui va être prochainement lancé. Et vous savez que nous réfléchissons actuellement aux meilleures utilisations qui pourraient en être faites.
C'est pourquoi je suis sûr qu'en dehors des enseignements qu'il nous livre sur la réalité de la mobilité sociale, ce rapport apportera une contribution précieuse à cette réflexion.
Je vous remercie.
Source http://www.prospective-numerique.gouv.fr, le 20 avril 2010
Mesdames et Messieurs,
Je vous remercie de votre accueil. Pas plus tard qu'hier on me remettait ici même le rapport sur l'avenir de la société numérique. Je reviens aujourd'hui au Centre d'Analyse stratégique pour la remise du rapport sur le déclassement.
L'activité du Centre est donc particulièrement intense ces derniers temps ! Je ne peux que m'en réjouir.
Je me demande du reste si je ne vais pas prendre mes quartiers chez vous en attendant la remise du rapport que dirige Daniel COHEN...Rassurez-moi, ce n'est prévu pour demain ?
Je suis particulièrement heureuse d'être ici, cet après-midi, parce que le rapport qui va m'a m'être remis tout à l'heure est le premier chantier de Prospective à prendre fin parmi ceux que j'ai engagés depuis mon arrivée au Secrétariat d'Etat, il y a six mois.
Je vous remercie, Monsieur le Directeur général, de l'avoir supervisé.
Je voudrais également rendre hommage à l'ensemble des personnes qui ont oeuvré d'arrache pied pour rendre à temps ce travail.
Je pense en particulier à la responsable du département questions sociales, Marine BOISSON, qui n'a pas dû beaucoup dormir cette semaine.
En lisant il y a quelques mois l'ouvrage du sociologue Camille PEUGNY, Le Déclassement, il m'a semblé important de creuser ce thème dont les enjeux sont, je crois, essentiels pour appréhender l'avenir de notre société.
Le phénomène du déclassement social est particulièrement difficile à cerner.
Il implique, en effet, de faire la part des choses entre la réalité des chiffres fournis par les études sociologiques, et ce qui est ressenti par nos concitoyens.
Nous avons en mémoire une période bénie que l'on a appelé « Les Trente glorieuses ». Celle des trente années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale. C'est à cette époque, sans doute, que les Français ont vécu la plus formidable progression de leur niveau de vie.
En comparaison, notre époque semble moins prometteuse et l'avenir de nos enfants plus incertain. La crise que nous vivons actuellement vient inévitablement renforcer ce sentiment.
Reste pourtant une question essentielle : vivons-nous réellement moins bien que nos parents ? Autrement dit, l'ascenseur social s'est-il transformé en descenseur social ?
A l'évidence c'est une réalité pour certaines catégories de Français, je pense évidemment à ceux qui sont le plus éprouvés par le chômage, la précarité, la difficulté de trouver un emploi en rapport avec leurs qualifications. Je pense également à ceux pour lesquels le logement est devenu un problème essentiel.
Est-ce à dire que la grande majorité des Français, celles et ceux qui constituent ce qu'on appelle les classes moyennes, sont frappés par le déclassement ?
Car il faut noter tout de même que les Français ont un réel penchant à cultiver le pessimisme.
C'est particulièrement frappant lorsque l'on compare leur opinion sur la situation de leur pays à celle d'autres peuples pourtant bien moins lotis.
Les historiens nous ont montré que même dans les périodes plus fastes, y compris durant ces fameuses « Trente glorieuses que j'évoquais tout à l'heure, les Français n'ont guère tendance à porter collectivement un regard confiant sur leur sort.
Nous avons aussi en France une grande exigence d'égalité. Elle est à l'origine même de notre modèle social auquel nous tenons. Un modèle social qui se révèle être, dans la période que nous connaissons, un puissant correctif pour compenser les effets de la crise.
Mais cette exigence d'égalité peut aussi nourrir en retour ce sentiment de déclassement. Car se sentir déclassé, ce n'est pas toujours en comparaison de la situation de ses parents.
C'est aussi, peut-être, au regard des Français dont les revenus ont progressé bien davantage ces dernières années que ceux du plus grand nombre.
Ce rapport est donc particulièrement bien venu pour démêler les a priori des réalités objectives.
Il nous offre en même temps l'occasion de mesurer de manière plus fine les facteurs qui alimentent plus ou moins ce phénomène de déclassement : l'éducation, le logement, la qualité de l'emploi, le surendettement...
C'est dire si votre travail touche à des secteurs essentiels de nos politiques publiques.
J'en viens à ce qui a motivé mon choix de porter une attention particulière au problème du déclassement.
J'ai à coeur en effet de voir notre pays renouer avec une véritable dynamique de progrès social en mesure de profiter à tous.
Une dynamique qui serait bien sûr le fruit d'une croissance tirée par des secteurs innovants, riches en emplois qualifiés et pleinement ancrés dans les exigences du respect de notre environnement.
Mais cette dynamique, j'en ai la conviction, ne peut provenir des seules richesses créées par notre économie.
L'Etat et les pouvoirs publics ont un rôle à jouer en orientant ses investissements vers les domaines les plus prometteurs pour l'avenir de tous.
Des investissements susceptibles, aussi, de mieux faire marcher l'ascenseur social.
C'est tout l'enjeu du grand emprunt qui va être prochainement lancé. Et vous savez que nous réfléchissons actuellement aux meilleures utilisations qui pourraient en être faites.
C'est pourquoi je suis sûr qu'en dehors des enseignements qu'il nous livre sur la réalité de la mobilité sociale, ce rapport apportera une contribution précieuse à cette réflexion.
Je vous remercie.
Source http://www.prospective-numerique.gouv.fr, le 20 avril 2010