Point de presse de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, sur la position française et européenne sur le dossier nucléaire iranien et le risque d'escalade au Proche-Orient lié à la présence de missiles dans la région, Bruxelles le 10 mai 2010.

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Circonstance : Conseil affaires générales et Relations extérieures le 10 mai 2010 à Bruxelles

Texte intégral

Q - Monsieur le Ministre, l'Iran ? Qu'avez-vous décidé ? Allez-vous accepter la proposition de renouer le dialogue, en présence de Mme Ashton cette fois-ci ?
R - Nous avons parlé de cela mais nous avons surtout parlé de ce qui allait se passer au Conseil de sécurité. Il y a une vraie convergence sur la nécessité d'avoir une unité suffisante pour qu'une résolution soit votée au Conseil de sécurité. Ensuite, en effet, nous avons parlé de la position de l'Europe sur un certain nombre de thèmes sur lesquels il faut travailler, en particulier l'aide à la population civile iranienne. Nous avons parlé de tout cela et du fait que certaines propositions seront examinées, le 15 mai, avec beaucoup d'attention.
Nous n'avons jamais été fermés au dialogue, au contraire, on ne fait que cela ; cela fait trois ans que la France et les Européens dialoguent. Nous n'avons jamais dit que nous étions fermés au dialogue, mais enfin toutes ces propositions qui viennent pendant que l'Iran enrichit de l'uranium, et cela suscite une vraie méfiance. Maintenant, nous avançons vers une résolution du Conseil de sécurité.
Q - Vous allez vous rendre à Beyrouth, à Damas, cette semaine ?
R - Non, j'ai reporté ce voyage pour des raisons de calendrier.
Q - La question de fond est : est-ce que, vous aussi, vous partagez ce souci qu'il y a un vrai risque d'escalade dans la région à cause de cette fameuse histoire de missiles ?
R - Nous savons que, par milliers, des missiles, de courte et moyenne portée, sont déjà disponibles et que cette moyenne portée est suffisante pour atteindre les villes israéliennes. Nous savons qu'il y a un danger contre lequel il faut se prémunir. Il faut absolument apaiser les tensions, c'est très dangereux. De plus, il y a ces rumeurs sur des missiles de longue portée sur lesquelles il faut apporter des précisions.
Q - Le message que vous allez porter aux deux autorités libanaises ...
R - Je vous dis que j'ai reporté ce déplacement. Néanmoins, le message que je porterai est un message de paix et de dialogue. Ce message pourrait apporter un apaisement, par le biais du dialogue, non seulement entre les Palestiniens et les Israéliens mais entre tous les pays de la région.
Q - Et sur la reprise des pourparlers indirects ?
R - Félicitons-nous de cette reprise. On espère que cela se transformera en pourparlers directs comme c'était le cas. La France soutient, bien sûr, les efforts des Américains.
Je voudrais rajouter quelque chose sur la crise financière et qui me tient à coeur : s'il n'y avait pas eu l'action de la France, du président Sarkozy - pendant au moins deux mois mais aussi ces deux derniers jours - il n'y aurait peut-être pas eu d'accord européen. On n'en serait pas à se féliciter en ce moment que les marchés aient connu ce matin un sursaut. Je viens de parler avec nos amis grecs et cela m'a fait vraiment plaisir. Ce n'était pas seulement la Grèce qui était en cause, c'était aussi l'euro et l'Europe. Cela me fait plaisir de pouvoir souligner devant vous ce qu'a fait la France.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 mai 2010