Déclaration de M. Hervé Morin, ministre de la défense, sur les efforts en faveur de l'industrie navale militaire en France et au sein de l'Union européenne, Le Bourget (Seine-Saint-Denis) le 26 octobre 2010.

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Circonstance : Inauguration de la 22e exposition et conférence internaztionale navale et maritime, Le Bourget (Seine-Saint-Denis) le 26 octobre 2010

Texte intégral


Monsieur le Président du groupement des industries de construction et activités navales,
Messieurs les Ministres
Monsieur le Préfet,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Monsieur le Chef d'état-major des armées,
Messieurs les Délégués généraux pour l'armement,
Messieurs les Chefs d'état-major de la Marine,
Messieurs les officiers généraux et officiers,
Mesdames, Messieurs,
Permettez-moi d'abord de saluer nos invités, venus des quatre coins du monde, de tous les océans et de toutes les mers pour participer à cette 22e exposition et conférence internationale navale et maritime, première manifestation mondiale dans ce secteur.
Cette édition s'annonce en effet comme une édition exceptionnelle, avec 80 délégations officielles attendues et 400 sociétés présentes sur le salon, dont 196 entreprises françaises.
Mesdames, Messieurs,
La France tient son rang dans le cercle restreint des grandes puissances navales. L'offre industrielle couvre tout le spectre des missions auxquelles peut être confrontée une Marine de premier rang, présente sur toutes les mers du globe. Nous sommes en mesure de remplir nos missions de souveraineté sur les 11 millions de km² de zone économique exclusive de la France, mais aussi de permettre à notre pays de peser de tout son poids sur la scène internationale, comme nous le faisons avec nos partenaires européens dans le cadre de la lutte contre la piraterie au large de la Somalie. Grâce enfin à la performance et à l'attractivité de nos matériels, nous confortons notre place de 4e exportateur mondial d'armement.
La force du lien puissant entre l'industrie navale et le ministère de la Défense, nous sommes déterminés à la préserver.
Nous sommes à vos côtés à travers la constance de la commande publique. A la suite du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, nous avons consenti des efforts financiers importants pour offrir à la Marine les équipements dont elle a besoin.
Ces efforts se sont traduits par des commandes globales, afin de donner de la visibilité aux entreprises. Je pense par exemple au programme « frégates multi-missions » qui ouvre des perspectives au-delà de 2020.
Ces efforts, nous les avons poursuivis au travers du plan de relance. Le 3e Bâtiment de Projection et de Commandement (BPC), les 4 premiers engins de débarquement amphibie (EDA) : avec ces commandes, la Défense a pleinement joué son rôle pour soutenir le secteur naval dans le contexte de la crise économique.
Nous sommes à vos côtés à travers le soutien à l'innovation. A titre d'exemple, le démonstrateur ESPADON de système de drones de surface et sous-marins notifié en 2009 au titre du plan de relance permet à la France de conforter sa position de pilote dans le cadre du projet européen de guerre des mines porté par l'Agence européenne de défense.
Nous sommes à vos côtés à travers le soutien aux PME.
Je suis particulièrement heureux de voir parmi vous deux entreprises bénéficiaires du dispositif Rapid (régime d'appui aux PME pour l'innovation duale) :
- Automatic Sea Vision (ASV), à qui j'avais remis le trophée PME Euronaval en 2008, qui vient tout juste de recevoir le soutien de ce dispositif pour son système d'autoprotection rapprochée ;
- Et SOFRESUD, qui en bénéficie pour concevoir avec son partenaire IXSEA (dire « ixi ») une barrière sous-marine par imagerie acoustique.
Je sais par ailleurs que de nombreuses PME présentes sur le salon sont partenaires de projets innovants soutenus par la Défense. C'est le cas de HGH pour le projet PHASE INSIDE, d'ECA pour le projet ROBOPEC, ou encore de CESIGMA pour le projet SEMANTIC TS.
Enfin, nous sommes à vos côtés, avec les plus hautes autorités de l'Etat, pour vous aider à exporter vos produits et vos savoir-faire.
La convention que je signerai dans quelques instants sur le stand de DCNS pour mettre à disposition de la Marine nationale le patrouilleur de haute mer HERMES tout en permettant à l'industriel d'en faire la promotion témoigne de cet engagement.
Depuis 2007, en effet, je me mobilise sans relâche pour promouvoir les équipements français auprès de nos partenaires. Car j'ai considéré qu'il s'agissait d'une priorité permanente, et d'une responsabilité majeure, un devoir, pour le Ministre de la Défense.
Par ailleurs, nous sommes déterminés à poursuivre aussi des partenariats industriels personnalisés au profit des pays amis qui le souhaitent dans la modernisation de leur outil de défense. Cet engagement, je tenais à le réaffirmer aujourd'hui devant les représentants étrangers qui nous font l'honneur de leur présence.
En 2007, j'ai lancé une stratégie ambitieuse de relance des exportations. Cette stratégie repose notamment sur la création de la Commission interministérielle d'appui aux contrats internationaux (CIACI) et sur la fluidification des mesures de contrôle de la commission interministérielle pour l'étude des exportations de matériels de guerre (CIEEMG).
Ces efforts conjugués à l'effort considérable des responsables politiques ont porté leurs fruits. Ils nous ont déjà permis de passer de 5,6 milliards d'euros de prises de commandes en 2007 à 8,16 milliards en 2009, dont 4,5 milliards d'euros pour le seul secteur naval. A titre d'exemple, permettez-moi de citer la vente de sous-marins Scorpène à nos amis brésiliens et malaisiens.
Mesdames, Messieurs,
Vous le savez, les budgets de défense européens sont aujourd'hui confrontés à des tensions croissantes. Pour le Royaume-Uni, c'est une baisse de 8% sur cinq ans qui vient d'être annoncée. Pour l'Allemagne, ce sont 8 milliards d'euros de crédit en moins sur 4 ans (2011-2014).
Si en France, la priorité accordée à la modernisation de notre outil de défense nous épargne relativement, nous n'en sommes pas moins confrontés à deux défis.
Le premier, c'est le maintien des compétences des industriels du secteur, qui font de la France un acteur reconnu dans le monde. Nous sommes extrêmement vigilants sur ce point. Les contrats passés couvrent désormais avant tout la conception et la maîtrise d'oeuvre, les navires étant de plus en plus souvent assemblés au moins en partie dans les chantiers du pays client au titre du transfert de technologies. Bien sûr, cela signifie pour nous des contraintes nouvelles, comme la nécessité de maîtriser la qualité des prestations réalisées par les chantiers locaux ou de protéger les informations et les droits de propriété industrielle. Mais c'est aussi un atout majeur pour développer de nouvelles coopérations, approfondir nos relations bilatérales et pénétrer de nouvelles zones d'influence, et cela nous impose d'être les meilleurs technologiquement.
Notre deuxième défi, c'est de construire une nouvelle relation avec nos partenaires, notamment européens.
Face aux contraintes toujours plus fortes qui pèsent sur les budgets de défense, nous devons mutualiser nos investissements, rationaliser les dépenses de R&D et développer des coopérations efficaces pour encourager les partenariats industriels. Nous avons su le faire pour le système d'armes PAAMS, qui équipe les frégates britannique, française et italienne.
Nous devons aussi tirer le meilleur parti de nos complémentarités avec nos partenaires.
- Nous y réfléchissons actuellement en bilatéral, dans le cadre de nos partenariats stratégiques, par exemple avec le Brésil ou l'Inde. L'objectif, c'est de créer et de maintenir des capacités communes d'ingénierie, de soutenir l'investissement dans des projets innovants, et de lier durablement nos pays bien au-delà du secteur industriel de la Défense.
- Nous y réfléchissons aussi dans le cadre européen, avec nos partenaires allemands et britanniques, en identifiant les compétences et les technologies que nous voulons conserver au niveau national, celles que nous sommes prêts à mettre en commun et celles sur lesquelles nous acceptons de nous mettre en situation d'interdépendance - l'essentiel étant de conserver les compétences et les savoir-faire à l'échelle du continent européen.
Mesdames, Messieurs,
Permettez-moi de conclure en félicitant les entreprises particulièrement dynamiques du secteur naval et maritime qui vont se voir remettre des trophées.
Je vous remercie.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 28 octobre 2010