Texte intégral
S. Paoli Mais où est passé le PC dans la campagne pour les municipales ? S'est-il effacé derrière le Parti socialiste ? La possible perte de quelques villes symbole - Calais ou La Seyne -, le parcours difficile du ministre J.-C. Gayssot à Béziers augure-t-il d'un affaiblissement du Parti communiste au sein de la gauche plurielle ? Alors, un peu absent ou pas ?
- "Ah non, vraiment pas absent ! On est au coeur d'une campagne, mais une campagne unitaire. Il faut bien voir que l'accord passé entre les principales formations de la gauche plurielle - à l'exception des Verts dans un certain nombre de villes - est un accord qui joue pleinement , où nous menons une campagne unitaire. Personnellement, j'en suis à la 18ème ville française où, dans l'union ou de façon séparée, je mène campagne avec les communistes. Nous allons avoir de bons résultats à l'issue de ce scrutin. Laissons quand même les citoyennes et les citoyens s'exprimer. Sortira de ce scrutin beaucoup plus d'élus communistes qu'avant ces élections municipales. Telle sera la réalité de ce scrutin."
Comment expliquez-vous le sentiment assez partagé que cette gauche plurielle est de moins en moins plurielle et de plus en plus singulière ? On a l'impression que cette campagne est celle du Parti socialiste.
- "Il faut regarder la réalité des chiffres et ce que sont les villes que dirigent les unes et les autres des formations politiques de la gauche plurielle. Un tiers des villes de plus de 30 000 habitants sont dirigées à gauche par le Parti communiste. Il y a 15 000 élus communistes en France et quelques 1 000 maires. Toutes ces femmes, ces hommes, participent de la campagne. Il y a vraiment une campagne qui est engagée. Vous parlez de "pertes annoncées.".."
Non, je parle de risques. C'est une bataille difficile quand même...
-"Dans les municipales, il y a toujours des risques et des surprises."
Mais là, il s'agit de villes symboles : les chantiers de La Seyne, c'est un fief du Parti communiste. Calais, cela fait 30 ans...
- "Non, La Seyne a été gagnée par une triangulaire aux dernières élections."
Mais il y a une forte implantation communiste quand même...
- "Je suis allé à Calais il y a quelques temps déjà, mais je suis confiant dans le résultat de Calais. Il y a des villes où le Parti communiste est en tête de liste de la gauche plurielle où nous aurons des succès. Attendons dimanche soir pour dire si oui ou non, il y a eu cette influence retrouvée, une influence qui peut grandir. Je crois qu'il y a vraiment beaucoup de possibilités dans ces élections ."
Il ne s'agit pas de préjuger des résultats, mais le parcours semble quand même un peu difficile. Vendredi, je posais la question à D. Voynet qui était en ligne à Dole - parcours difficile pour elle aussi. Je lui disais que les questions qui se posent aujourd'hui à nous - si on prend l'exemple de la crise agricole - sont d'ordre environnemental et donc, n'y a-t-il pas là un courant un peu plus favorable aux Verts ? Du coup, où vous ancrez-vous dans le débat et le discours politique ; où est le PC ?
- "Le PC mène dans une campagne qui correspond à la nature des questions posées. Nous sommes engagés dans une formidable évolution quant à la citoyenneté en France aujourd'hui. Le PC y contribue à son niveau dans toutes les communes où il dirige déjà, où il a un bilan. Par ailleurs, dans les listes qu'il conduit, il mène une bataille tout à fait offensive dans ce domaine. Au niveau de cette révolution qui va se passer lors de ces élections municipales, le PC prend toute sa place dans la présence massive des femmes. Je crois qu'on ne voit pas assez dans ces élections ce que va effectivement représenter l'arrivée massive de dizaines de milliers, voire de centaines de milliers de femmes dans les conseils municipaux, et nous y contribuons. Du point de vue des grandes questions environnementales, elles ne sont pas l'affaire d'une sensibilité politique par rapport à d'autres. Le PC mène depuis des années une bataille contre le productivisme dans le domaine de l'agriculture, vous le savez bien. Ce n'est pas nouveau pour nous et aujourd'hui, dans cette campagne, nous menons cette bataille de la même façon. Il me semble qu'il y a aujourd'hui une soif de proximité, une volonté de citoyenneté, la place pour des idées pour lesquelles nous nous battons depuis des années."
Et la représentativité ? Il est intéressant - et peut-être préoccupant pour vous - que les mouvements MIB - Mouvement interbanlieues - ou Zebda qui sont un peu de la gauche radicale, occupent un espace que vous occupiez et dans lequel ils vous reprochent de ne plus être suffisamment la gauche.
- "Ce qui se passe avec ces groupes est formidable. Ce qui se passe à Toulouse est à regarder de façon encourageante par la gauche plurielle. C'est avec ces jeunes, cet esprit, cette démarche de faire la politique autrement qu'on avancera, qu'on regagnera. Le PC prend ses responsabilités dans ce domaine. Dans les listes qu'il conduit en Seine Saint-Denis, 20 % des jeunes sont issus de l'immigration. C'est une belle démonstration de ce qu'il faut faire en la matière. Là où la gauche plurielle ne sait pas être porteuse de cette citoyenneté nouvelle que souhaitent ces jeunes, ils s'organisent autrement, ils font à côté. A nous d'être suffisamment ouverts à la démarche créatrice de ces jeunes pour qu'ils soient partie prenante et qu'ensemble nous fassions avancer les idées progressistes. On n'a jamais de situation acquise une fois pour toute. Quand il y a à répondre par un type de démarche nouvelle au plan politique, il faut savoir parler ce langage et quand nous le parlons, nous avons un succès, les jeunes nous font confiance. Quand nous ne le parlons pas, ils s'organisent eux-mêmes, de façon autonome."
Cela veut dire que dans ce mouvement de refondation - j'emploie le mot à dessein puisque vous l'opposez à la refondation du Medef - du PC, vous ouvrez les portes à Zebda, à Mouvement interbanlieues ?
- "Bien sûr. J'ai eu l'occasion de rencontrer le groupe Zebda, j'ai beaucoup parlé avec eux. Ils ont une imagination absolument formidable concernant la façon dont on doit vivre la crise urbaine, les réponses à apporter, le rapport aux citoyens..."
Vous savez qu'ils sont très critiques sur la gauche et même sur vous, le PC.
"Ils ont raison d'être critiques s'ils ont le sentiment que les forces politiques traditionnelles ne prennent pas suffisamment en compte une façon de faire de la politique. J'ai le sentiment que dans la rénovation, la refondation conduite au PC, il y a des réponses aux questions qu'ils se posent. En même temps, ces jeunes sont confrontés à un problème d'efficacité. Ils vont vite sentir - ils le sentent déjà - qu'il faut bien qu'il y ait au bout une intervention de nature politique différente, structurée, où il faut qu'ils participent aux institutions. Et là, je crois que non seulement il ne faut pas rejeter ces jeunes mais qu'il faut leur ouvrir toutes les portes. Il faut faire avec eux, ne pas leur demander de se rallier. Il faut que nous construisions ensemble une nouvelle façon de façon de la politique. C'est terriblement enrichissant ; c'est une grande chance de ce scrutin. Les deux choses qui me semblent importantes dans ce scrutin municipal - qui est vraiment un grand scrutin -, c'est tout d'abord la présence massive des femmes qui va obligatoirement arriver. On annonce 40 % de femmes dans les conseils municipaux, c'est une vraie révolution. La deuxième, c'est cette citoyenneté nouvelle, cet appel d'air formidable de jeunes et de moins jeunes. Je ne boude pas ce qui se fait avec ces jeunes mais en même temps, je ne veux pas bouder ce qui se fait au PC, de manière à ouvrir largement nos portes et les listes à ces catégories d'hommes, de femmes qui ont vraiment envie de faire la politique autrement. On peut apporter une réponse nouvelle intéressante à la crise de la politique à cette occasion."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 5 mars 2001)
Interview à France-Inter le 5 :
S. Paoli Mais où est passé le PC dans la campagne pour les municipales ? S'est-il effacé derrière le Parti socialiste ? La possible perte de quelques villes symbole - Calais ou La Seyne -, le parcours difficile du ministre J.-C. Gayssot à Béziers augure-t-il d'un affaiblissement du Parti communiste au sein de la gauche plurielle ? Alors, un peu absent ou pas ?
- "Ah non, vraiment pas absent ! On est au coeur d'une campagne, mais une campagne unitaire. Il faut bien voir que l'accord passé entre les principales formations de la gauche plurielle - à l'exception des Verts dans un certain nombre de villes - est un accord qui joue pleinement , où nous menons une campagne unitaire. Personnellement, j'en suis à la 18ème ville française où, dans l'union ou de façon séparée, je mène campagne avec les communistes. Nous allons avoir de bons résultats à l'issue de ce scrutin. Laissons quand même les citoyennes et les citoyens s'exprimer. Sortira de ce scrutin beaucoup plus d'élus communistes qu'avant ces élections municipales. Telle sera la réalité de ce scrutin."
Comment expliquez-vous le sentiment assez partagé que cette gauche plurielle est de moins en moins plurielle et de plus en plus singulière ? On a l'impression que cette campagne est celle du Parti socialiste.
- "Il faut regarder la réalité des chiffres et ce que sont les villes que dirigent les unes et les autres des formations politiques de la gauche plurielle. Un tiers des villes de plus de 30 000 habitants sont dirigées à gauche par le Parti communiste. Il y a 15 000 élus communistes en France et quelques 1 000 maires. Toutes ces femmes, ces hommes, participent de la campagne. Il y a vraiment une campagne qui est engagée. Vous parlez de "pertes annoncées.".."
Non, je parle de risques. C'est une bataille difficile quand même...
-"Dans les municipales, il y a toujours des risques et des surprises."
Mais là, il s'agit de villes symboles : les chantiers de La Seyne, c'est un fief du Parti communiste. Calais, cela fait 30 ans...
- "Non, La Seyne a été gagnée par une triangulaire aux dernières élections."
Mais il y a une forte implantation communiste quand même...
- "Je suis allé à Calais il y a quelques temps déjà, mais je suis confiant dans le résultat de Calais. Il y a des villes où le Parti communiste est en tête de liste de la gauche plurielle où nous aurons des succès. Attendons dimanche soir pour dire si oui ou non, il y a eu cette influence retrouvée, une influence qui peut grandir. Je crois qu'il y a vraiment beaucoup de possibilités dans ces élections ."
Il ne s'agit pas de préjuger des résultats, mais le parcours semble quand même un peu difficile. Vendredi, je posais la question à D. Voynet qui était en ligne à Dole - parcours difficile pour elle aussi. Je lui disais que les questions qui se posent aujourd'hui à nous - si on prend l'exemple de la crise agricole - sont d'ordre environnemental et donc, n'y a-t-il pas là un courant un peu plus favorable aux Verts ? Du coup, où vous ancrez-vous dans le débat et le discours politique ; où est le PC ?
- "Le PC mène dans une campagne qui correspond à la nature des questions posées. Nous sommes engagés dans une formidable évolution quant à la citoyenneté en France aujourd'hui. Le PC y contribue à son niveau dans toutes les communes où il dirige déjà, où il a un bilan. Par ailleurs, dans les listes qu'il conduit, il mène une bataille tout à fait offensive dans ce domaine. Au niveau de cette révolution qui va se passer lors de ces élections municipales, le PC prend toute sa place dans la présence massive des femmes. Je crois qu'on ne voit pas assez dans ces élections ce que va effectivement représenter l'arrivée massive de dizaines de milliers, voire de centaines de milliers de femmes dans les conseils municipaux, et nous y contribuons. Du point de vue des grandes questions environnementales, elles ne sont pas l'affaire d'une sensibilité politique par rapport à d'autres. Le PC mène depuis des années une bataille contre le productivisme dans le domaine de l'agriculture, vous le savez bien. Ce n'est pas nouveau pour nous et aujourd'hui, dans cette campagne, nous menons cette bataille de la même façon. Il me semble qu'il y a aujourd'hui une soif de proximité, une volonté de citoyenneté, la place pour des idées pour lesquelles nous nous battons depuis des années."
Et la représentativité ? Il est intéressant - et peut-être préoccupant pour vous - que les mouvements MIB - Mouvement interbanlieues - ou Zebda qui sont un peu de la gauche radicale, occupent un espace que vous occupiez et dans lequel ils vous reprochent de ne plus être suffisamment la gauche.
- "Ce qui se passe avec ces groupes est formidable. Ce qui se passe à Toulouse est à regarder de façon encourageante par la gauche plurielle. C'est avec ces jeunes, cet esprit, cette démarche de faire la politique autrement qu'on avancera, qu'on regagnera. Le PC prend ses responsabilités dans ce domaine. Dans les listes qu'il conduit en Seine Saint-Denis, 20 % des jeunes sont issus de l'immigration. C'est une belle démonstration de ce qu'il faut faire en la matière. Là où la gauche plurielle ne sait pas être porteuse de cette citoyenneté nouvelle que souhaitent ces jeunes, ils s'organisent autrement, ils font à côté. A nous d'être suffisamment ouverts à la démarche créatrice de ces jeunes pour qu'ils soient partie prenante et qu'ensemble nous fassions avancer les idées progressistes. On n'a jamais de situation acquise une fois pour toute. Quand il y a à répondre par un type de démarche nouvelle au plan politique, il faut savoir parler ce langage et quand nous le parlons, nous avons un succès, les jeunes nous font confiance. Quand nous ne le parlons pas, ils s'organisent eux-mêmes, de façon autonome."
Cela veut dire que dans ce mouvement de refondation - j'emploie le mot à dessein puisque vous l'opposez à la refondation du Medef - du PC, vous ouvrez les portes à Zebda, à Mouvement interbanlieues ?
- "Bien sûr. J'ai eu l'occasion de rencontrer le groupe Zebda, j'ai beaucoup parlé avec eux. Ils ont une imagination absolument formidable concernant la façon dont on doit vivre la crise urbaine, les réponses à apporter, le rapport aux citoyens..."
Vous savez qu'ils sont très critiques sur la gauche et même sur vous, le PC.
"Ils ont raison d'être critiques s'ils ont le sentiment que les forces politiques traditionnelles ne prennent pas suffisamment en compte une façon de faire de la politique. J'ai le sentiment que dans la rénovation, la refondation conduite au PC, il y a des réponses aux questions qu'ils se posent. En même temps, ces jeunes sont confrontés à un problème d'efficacité. Ils vont vite sentir - ils le sentent déjà - qu'il faut bien qu'il y ait au bout une intervention de nature politique différente, structurée, où il faut qu'ils participent aux institutions. Et là, je crois que non seulement il ne faut pas rejeter ces jeunes mais qu'il faut leur ouvrir toutes les portes. Il faut faire avec eux, ne pas leur demander de se rallier. Il faut que nous construisions ensemble une nouvelle façon de façon de la politique. C'est terriblement enrichissant ; c'est une grande chance de ce scrutin. Les deux choses qui me semblent importantes dans ce scrutin municipal - qui est vraiment un grand scrutin -, c'est tout d'abord la présence massive des femmes qui va obligatoirement arriver. On annonce 40 % de femmes dans les conseils municipaux, c'est une vraie révolution. La deuxième, c'est cette citoyenneté nouvelle, cet appel d'air formidable de jeunes et de moins jeunes. Je ne boude pas ce qui se fait avec ces jeunes mais en même temps, je ne veux pas bouder ce qui se fait au PC, de manière à ouvrir largement nos portes et les listes à ces catégories d'hommes, de femmes qui ont vraiment envie de faire la politique autrement. On peut apporter une réponse nouvelle intéressante à la crise de la politique à cette occasion."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 5 mars 2001)
- "Ah non, vraiment pas absent ! On est au coeur d'une campagne, mais une campagne unitaire. Il faut bien voir que l'accord passé entre les principales formations de la gauche plurielle - à l'exception des Verts dans un certain nombre de villes - est un accord qui joue pleinement , où nous menons une campagne unitaire. Personnellement, j'en suis à la 18ème ville française où, dans l'union ou de façon séparée, je mène campagne avec les communistes. Nous allons avoir de bons résultats à l'issue de ce scrutin. Laissons quand même les citoyennes et les citoyens s'exprimer. Sortira de ce scrutin beaucoup plus d'élus communistes qu'avant ces élections municipales. Telle sera la réalité de ce scrutin."
Comment expliquez-vous le sentiment assez partagé que cette gauche plurielle est de moins en moins plurielle et de plus en plus singulière ? On a l'impression que cette campagne est celle du Parti socialiste.
- "Il faut regarder la réalité des chiffres et ce que sont les villes que dirigent les unes et les autres des formations politiques de la gauche plurielle. Un tiers des villes de plus de 30 000 habitants sont dirigées à gauche par le Parti communiste. Il y a 15 000 élus communistes en France et quelques 1 000 maires. Toutes ces femmes, ces hommes, participent de la campagne. Il y a vraiment une campagne qui est engagée. Vous parlez de "pertes annoncées.".."
Non, je parle de risques. C'est une bataille difficile quand même...
-"Dans les municipales, il y a toujours des risques et des surprises."
Mais là, il s'agit de villes symboles : les chantiers de La Seyne, c'est un fief du Parti communiste. Calais, cela fait 30 ans...
- "Non, La Seyne a été gagnée par une triangulaire aux dernières élections."
Mais il y a une forte implantation communiste quand même...
- "Je suis allé à Calais il y a quelques temps déjà, mais je suis confiant dans le résultat de Calais. Il y a des villes où le Parti communiste est en tête de liste de la gauche plurielle où nous aurons des succès. Attendons dimanche soir pour dire si oui ou non, il y a eu cette influence retrouvée, une influence qui peut grandir. Je crois qu'il y a vraiment beaucoup de possibilités dans ces élections ."
Il ne s'agit pas de préjuger des résultats, mais le parcours semble quand même un peu difficile. Vendredi, je posais la question à D. Voynet qui était en ligne à Dole - parcours difficile pour elle aussi. Je lui disais que les questions qui se posent aujourd'hui à nous - si on prend l'exemple de la crise agricole - sont d'ordre environnemental et donc, n'y a-t-il pas là un courant un peu plus favorable aux Verts ? Du coup, où vous ancrez-vous dans le débat et le discours politique ; où est le PC ?
- "Le PC mène dans une campagne qui correspond à la nature des questions posées. Nous sommes engagés dans une formidable évolution quant à la citoyenneté en France aujourd'hui. Le PC y contribue à son niveau dans toutes les communes où il dirige déjà, où il a un bilan. Par ailleurs, dans les listes qu'il conduit, il mène une bataille tout à fait offensive dans ce domaine. Au niveau de cette révolution qui va se passer lors de ces élections municipales, le PC prend toute sa place dans la présence massive des femmes. Je crois qu'on ne voit pas assez dans ces élections ce que va effectivement représenter l'arrivée massive de dizaines de milliers, voire de centaines de milliers de femmes dans les conseils municipaux, et nous y contribuons. Du point de vue des grandes questions environnementales, elles ne sont pas l'affaire d'une sensibilité politique par rapport à d'autres. Le PC mène depuis des années une bataille contre le productivisme dans le domaine de l'agriculture, vous le savez bien. Ce n'est pas nouveau pour nous et aujourd'hui, dans cette campagne, nous menons cette bataille de la même façon. Il me semble qu'il y a aujourd'hui une soif de proximité, une volonté de citoyenneté, la place pour des idées pour lesquelles nous nous battons depuis des années."
Et la représentativité ? Il est intéressant - et peut-être préoccupant pour vous - que les mouvements MIB - Mouvement interbanlieues - ou Zebda qui sont un peu de la gauche radicale, occupent un espace que vous occupiez et dans lequel ils vous reprochent de ne plus être suffisamment la gauche.
- "Ce qui se passe avec ces groupes est formidable. Ce qui se passe à Toulouse est à regarder de façon encourageante par la gauche plurielle. C'est avec ces jeunes, cet esprit, cette démarche de faire la politique autrement qu'on avancera, qu'on regagnera. Le PC prend ses responsabilités dans ce domaine. Dans les listes qu'il conduit en Seine Saint-Denis, 20 % des jeunes sont issus de l'immigration. C'est une belle démonstration de ce qu'il faut faire en la matière. Là où la gauche plurielle ne sait pas être porteuse de cette citoyenneté nouvelle que souhaitent ces jeunes, ils s'organisent autrement, ils font à côté. A nous d'être suffisamment ouverts à la démarche créatrice de ces jeunes pour qu'ils soient partie prenante et qu'ensemble nous fassions avancer les idées progressistes. On n'a jamais de situation acquise une fois pour toute. Quand il y a à répondre par un type de démarche nouvelle au plan politique, il faut savoir parler ce langage et quand nous le parlons, nous avons un succès, les jeunes nous font confiance. Quand nous ne le parlons pas, ils s'organisent eux-mêmes, de façon autonome."
Cela veut dire que dans ce mouvement de refondation - j'emploie le mot à dessein puisque vous l'opposez à la refondation du Medef - du PC, vous ouvrez les portes à Zebda, à Mouvement interbanlieues ?
- "Bien sûr. J'ai eu l'occasion de rencontrer le groupe Zebda, j'ai beaucoup parlé avec eux. Ils ont une imagination absolument formidable concernant la façon dont on doit vivre la crise urbaine, les réponses à apporter, le rapport aux citoyens..."
Vous savez qu'ils sont très critiques sur la gauche et même sur vous, le PC.
"Ils ont raison d'être critiques s'ils ont le sentiment que les forces politiques traditionnelles ne prennent pas suffisamment en compte une façon de faire de la politique. J'ai le sentiment que dans la rénovation, la refondation conduite au PC, il y a des réponses aux questions qu'ils se posent. En même temps, ces jeunes sont confrontés à un problème d'efficacité. Ils vont vite sentir - ils le sentent déjà - qu'il faut bien qu'il y ait au bout une intervention de nature politique différente, structurée, où il faut qu'ils participent aux institutions. Et là, je crois que non seulement il ne faut pas rejeter ces jeunes mais qu'il faut leur ouvrir toutes les portes. Il faut faire avec eux, ne pas leur demander de se rallier. Il faut que nous construisions ensemble une nouvelle façon de façon de la politique. C'est terriblement enrichissant ; c'est une grande chance de ce scrutin. Les deux choses qui me semblent importantes dans ce scrutin municipal - qui est vraiment un grand scrutin -, c'est tout d'abord la présence massive des femmes qui va obligatoirement arriver. On annonce 40 % de femmes dans les conseils municipaux, c'est une vraie révolution. La deuxième, c'est cette citoyenneté nouvelle, cet appel d'air formidable de jeunes et de moins jeunes. Je ne boude pas ce qui se fait avec ces jeunes mais en même temps, je ne veux pas bouder ce qui se fait au PC, de manière à ouvrir largement nos portes et les listes à ces catégories d'hommes, de femmes qui ont vraiment envie de faire la politique autrement. On peut apporter une réponse nouvelle intéressante à la crise de la politique à cette occasion."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 5 mars 2001)
Interview à France-Inter le 5 :
S. Paoli Mais où est passé le PC dans la campagne pour les municipales ? S'est-il effacé derrière le Parti socialiste ? La possible perte de quelques villes symbole - Calais ou La Seyne -, le parcours difficile du ministre J.-C. Gayssot à Béziers augure-t-il d'un affaiblissement du Parti communiste au sein de la gauche plurielle ? Alors, un peu absent ou pas ?
- "Ah non, vraiment pas absent ! On est au coeur d'une campagne, mais une campagne unitaire. Il faut bien voir que l'accord passé entre les principales formations de la gauche plurielle - à l'exception des Verts dans un certain nombre de villes - est un accord qui joue pleinement , où nous menons une campagne unitaire. Personnellement, j'en suis à la 18ème ville française où, dans l'union ou de façon séparée, je mène campagne avec les communistes. Nous allons avoir de bons résultats à l'issue de ce scrutin. Laissons quand même les citoyennes et les citoyens s'exprimer. Sortira de ce scrutin beaucoup plus d'élus communistes qu'avant ces élections municipales. Telle sera la réalité de ce scrutin."
Comment expliquez-vous le sentiment assez partagé que cette gauche plurielle est de moins en moins plurielle et de plus en plus singulière ? On a l'impression que cette campagne est celle du Parti socialiste.
- "Il faut regarder la réalité des chiffres et ce que sont les villes que dirigent les unes et les autres des formations politiques de la gauche plurielle. Un tiers des villes de plus de 30 000 habitants sont dirigées à gauche par le Parti communiste. Il y a 15 000 élus communistes en France et quelques 1 000 maires. Toutes ces femmes, ces hommes, participent de la campagne. Il y a vraiment une campagne qui est engagée. Vous parlez de "pertes annoncées.".."
Non, je parle de risques. C'est une bataille difficile quand même...
-"Dans les municipales, il y a toujours des risques et des surprises."
Mais là, il s'agit de villes symboles : les chantiers de La Seyne, c'est un fief du Parti communiste. Calais, cela fait 30 ans...
- "Non, La Seyne a été gagnée par une triangulaire aux dernières élections."
Mais il y a une forte implantation communiste quand même...
- "Je suis allé à Calais il y a quelques temps déjà, mais je suis confiant dans le résultat de Calais. Il y a des villes où le Parti communiste est en tête de liste de la gauche plurielle où nous aurons des succès. Attendons dimanche soir pour dire si oui ou non, il y a eu cette influence retrouvée, une influence qui peut grandir. Je crois qu'il y a vraiment beaucoup de possibilités dans ces élections ."
Il ne s'agit pas de préjuger des résultats, mais le parcours semble quand même un peu difficile. Vendredi, je posais la question à D. Voynet qui était en ligne à Dole - parcours difficile pour elle aussi. Je lui disais que les questions qui se posent aujourd'hui à nous - si on prend l'exemple de la crise agricole - sont d'ordre environnemental et donc, n'y a-t-il pas là un courant un peu plus favorable aux Verts ? Du coup, où vous ancrez-vous dans le débat et le discours politique ; où est le PC ?
- "Le PC mène dans une campagne qui correspond à la nature des questions posées. Nous sommes engagés dans une formidable évolution quant à la citoyenneté en France aujourd'hui. Le PC y contribue à son niveau dans toutes les communes où il dirige déjà, où il a un bilan. Par ailleurs, dans les listes qu'il conduit, il mène une bataille tout à fait offensive dans ce domaine. Au niveau de cette révolution qui va se passer lors de ces élections municipales, le PC prend toute sa place dans la présence massive des femmes. Je crois qu'on ne voit pas assez dans ces élections ce que va effectivement représenter l'arrivée massive de dizaines de milliers, voire de centaines de milliers de femmes dans les conseils municipaux, et nous y contribuons. Du point de vue des grandes questions environnementales, elles ne sont pas l'affaire d'une sensibilité politique par rapport à d'autres. Le PC mène depuis des années une bataille contre le productivisme dans le domaine de l'agriculture, vous le savez bien. Ce n'est pas nouveau pour nous et aujourd'hui, dans cette campagne, nous menons cette bataille de la même façon. Il me semble qu'il y a aujourd'hui une soif de proximité, une volonté de citoyenneté, la place pour des idées pour lesquelles nous nous battons depuis des années."
Et la représentativité ? Il est intéressant - et peut-être préoccupant pour vous - que les mouvements MIB - Mouvement interbanlieues - ou Zebda qui sont un peu de la gauche radicale, occupent un espace que vous occupiez et dans lequel ils vous reprochent de ne plus être suffisamment la gauche.
- "Ce qui se passe avec ces groupes est formidable. Ce qui se passe à Toulouse est à regarder de façon encourageante par la gauche plurielle. C'est avec ces jeunes, cet esprit, cette démarche de faire la politique autrement qu'on avancera, qu'on regagnera. Le PC prend ses responsabilités dans ce domaine. Dans les listes qu'il conduit en Seine Saint-Denis, 20 % des jeunes sont issus de l'immigration. C'est une belle démonstration de ce qu'il faut faire en la matière. Là où la gauche plurielle ne sait pas être porteuse de cette citoyenneté nouvelle que souhaitent ces jeunes, ils s'organisent autrement, ils font à côté. A nous d'être suffisamment ouverts à la démarche créatrice de ces jeunes pour qu'ils soient partie prenante et qu'ensemble nous fassions avancer les idées progressistes. On n'a jamais de situation acquise une fois pour toute. Quand il y a à répondre par un type de démarche nouvelle au plan politique, il faut savoir parler ce langage et quand nous le parlons, nous avons un succès, les jeunes nous font confiance. Quand nous ne le parlons pas, ils s'organisent eux-mêmes, de façon autonome."
Cela veut dire que dans ce mouvement de refondation - j'emploie le mot à dessein puisque vous l'opposez à la refondation du Medef - du PC, vous ouvrez les portes à Zebda, à Mouvement interbanlieues ?
- "Bien sûr. J'ai eu l'occasion de rencontrer le groupe Zebda, j'ai beaucoup parlé avec eux. Ils ont une imagination absolument formidable concernant la façon dont on doit vivre la crise urbaine, les réponses à apporter, le rapport aux citoyens..."
Vous savez qu'ils sont très critiques sur la gauche et même sur vous, le PC.
"Ils ont raison d'être critiques s'ils ont le sentiment que les forces politiques traditionnelles ne prennent pas suffisamment en compte une façon de faire de la politique. J'ai le sentiment que dans la rénovation, la refondation conduite au PC, il y a des réponses aux questions qu'ils se posent. En même temps, ces jeunes sont confrontés à un problème d'efficacité. Ils vont vite sentir - ils le sentent déjà - qu'il faut bien qu'il y ait au bout une intervention de nature politique différente, structurée, où il faut qu'ils participent aux institutions. Et là, je crois que non seulement il ne faut pas rejeter ces jeunes mais qu'il faut leur ouvrir toutes les portes. Il faut faire avec eux, ne pas leur demander de se rallier. Il faut que nous construisions ensemble une nouvelle façon de façon de la politique. C'est terriblement enrichissant ; c'est une grande chance de ce scrutin. Les deux choses qui me semblent importantes dans ce scrutin municipal - qui est vraiment un grand scrutin -, c'est tout d'abord la présence massive des femmes qui va obligatoirement arriver. On annonce 40 % de femmes dans les conseils municipaux, c'est une vraie révolution. La deuxième, c'est cette citoyenneté nouvelle, cet appel d'air formidable de jeunes et de moins jeunes. Je ne boude pas ce qui se fait avec ces jeunes mais en même temps, je ne veux pas bouder ce qui se fait au PC, de manière à ouvrir largement nos portes et les listes à ces catégories d'hommes, de femmes qui ont vraiment envie de faire la politique autrement. On peut apporter une réponse nouvelle intéressante à la crise de la politique à cette occasion."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 5 mars 2001)