Texte intégral
Cette crise est ancienne et ne date pas de la crise libyenne.
Il est exact que la situation en Libye, et la circulation des personnes et des armes, ont ravivé ce conflit et favorisé loffensive de la rébellion en janvier. Mais elles ne lexpliquent pas.
Nous avons dès le départ condamné tant la rébellion touareg que le coup dÉtat. Il faut marquer que les coups dÉtat ne peuvent plus aujourdhui renverser les régimes démocratiquement installés et se substituer à des processus électoraux en cours.
Sur le plan militaire, il y a une volonté des chefs dÉtat de la région de marquer le coup. Ils nont pas accepté cette prise de pouvoir par la junte. En même temps, ils sinquiètent de lavancée de la rébellion. Ils ont évoqué la possibilité dun déploiement dune force de la CEDEAO. Le problème, cest que cela devrait prendre du temps et le temps est évidemment précieux face à la percée des Touareg. Pour nous, comme pour nos partenaires américains, il nest pas question de déployer des troupes au sol. Nous navons rien à y faire. En revanche, nous sommes prêts à apporter un soutien logistique à la CEDEAO.
Aucun des pays ne demande un déploiement français. Ce quils demandent, cest un soutien logistique, du transport, mais certainement pas de troupes au sol.
Lidée qui se dégage est dorganiser un dialogue aussi inclusif que possible dans un délai très court de façon à faire émerger une personnalité à qui pourrait être transféré le pouvoir dans le plein respect de la Constitution et demander à cette autorité de faire avancer le processus électoral. Les discussions sont encore en cours, mais navaient pas abouti hier. Nous soutenons les efforts du médiateur désigné par la CEDEAO, le président Compaoré.
Il faut bien distinguer les choses. Il y a apparemment deux tendances opposées au sein des Touareg. Dune part le MNLA, qui se fixe pour objectif lindépendance de lAzawad, ce qui nest pas acceptable pour nous qui sommes très attachés à lunité et lintégrité territoriale du Mali. Cette revendication pourrait conduire, dans le cadre dun dialogue national, à une forme dautonomie assortie dune politique ambitieuse de développement. Le Nord na pas assez bénéficié pour linstant defforts de développement aussi importants que le Sud du pays.
Et puis, il y a une autre fraction, Ansaar Eddine, qui est étroitement liée à AQMI. Ses objectifs ne sont pas précisément connus, mais pourraient être linstauration dun régime islamiste sur lensemble du Mali. Il faut une réponse régionale au péril islamiste, qui va de la Libye jusquau Nigeria. Seule une coopération impliquant lAlgérie, la Mauritanie, les pays de la CEDEAO, avec le soutien de la France et de lUnion européenne, pourrait permettre de progresser.
Cest dans cet esprit que nous avons souhaité que le Conseil de sécurité sexprime. Un projet de déclaration présidentielle est en cours dexamen pour condamner une nouvelle fois le coup dÉtat, demander à la rébellion de sarrêter, darrêter les combats et dengager un processus de dialogue. La France souhaite attirer lattention sur le péril islamiste et la nécessité pour la communauté internationale de se mobiliser contre le terrorisme.
Q - Que se passera-t-il pour les ressortissants français si Bamako tombe ?
R - Lévacuation nest pas à lordre du jour. On ignore si la rébellion projette ou pas de se diriger plus au Sud. La situation sur le terrain est confuse, notamment dans la région de Mopti, et peut évoluer à tout moment. Certains rebelles pourraient se contenter du contrôle sur les territoires du Nord. Dautres, avec AQMI, pourraient envisager de semparer de lensemble du territoire malien pour en faire une république islamiste. Je rappelle que le chef dAnsaar Eddine Iyad Ag Ghaly est très lié à AQMI et que depuis plusieurs semaines, ce mouvement a pris de plus en plus dimportance.
Q - Cela dénote-t-il pour vous une nouvelle stratégie dAQMI ? Et au-delà de ce cela, est-ce quil y a un risque de déstabilisation aussi du Niger, via AQMI, de la Mauritanie, de lAlgérie ?
R - Je ne perds jamais une occasion de dire à nos amis algériens à quel point il est important quils jouent le rôle le plus actif possible dans la coordination de la réponse régionale à AQMI. Lobjectif dAQMI est très clair, cest de déstabiliser les régimes en place par le terrorisme, en sappuyant sur de nombreux trafics, notamment le trafic de drogue. Cette région est devenue une plaque tournante de la drogue.
Q - Le drapeau dAQMI flotte pour la première fois sur une grande ville du Sahel. Est-ce un phénomène nouveau, une nouvelle stratégie dAQMI ?
R - Sans doute, cest la raison qui explique la très forte inquiétude des pays de la région, qui étaient prêts à parler avec le MNLA, pour certains dentre eux en tout cas, et qui en revanche, considèrent AQMI comme une menace vitale.
Nous avons 5.000 Français au Mali, dont lessentiel à Bamako. Nous avons pris les précautions maximales à leur égard. Nous avons demandé à tous ceux dont la présence nétait pas indispensable de rentrer en France, ne serait-ce que provisoirement.
Nous avons décidé de fermer le lycée français par anticipation sur les vacances de Pâques qui devaient arriver à la fin de la semaine prochaine.
Q - Vous naffrétez pas des avions pour venir les chercher ?
R - Non, les vols civils continuent normalement. Il ny a pas dévacuation générale.
Q - À quoi servent des sanctions contre une junte qui ne contrôle pas la situation sur le terrain ?
R - Si lélectricité est coupée à Bamako, si leau est coupée à Bamako, si le pays est complètement isolé, la junte comprendra quelle na pas dautre solution que de redonner le pouvoir aux civils. Mais nous ne devons pas créer une situation humanitaire de crise, doù le maintien de notre aide au profit des populations.
Les chefs dÉtat de la CEDEAO lont bien dit hier à Dakar : lobjectif, cest de montrer que lère des coups dÉtat en Afrique est terminée.
Q - Et les otages ? Jimagine que cela complique la situation ?
R - La situation de nos otages est évidemment une priorité pour le gouvernement. Mais pour leur sécurité, vous comprendrez que je ne mexprime pas sur cette question.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 avril 2012
Il est exact que la situation en Libye, et la circulation des personnes et des armes, ont ravivé ce conflit et favorisé loffensive de la rébellion en janvier. Mais elles ne lexpliquent pas.
Nous avons dès le départ condamné tant la rébellion touareg que le coup dÉtat. Il faut marquer que les coups dÉtat ne peuvent plus aujourdhui renverser les régimes démocratiquement installés et se substituer à des processus électoraux en cours.
Sur le plan militaire, il y a une volonté des chefs dÉtat de la région de marquer le coup. Ils nont pas accepté cette prise de pouvoir par la junte. En même temps, ils sinquiètent de lavancée de la rébellion. Ils ont évoqué la possibilité dun déploiement dune force de la CEDEAO. Le problème, cest que cela devrait prendre du temps et le temps est évidemment précieux face à la percée des Touareg. Pour nous, comme pour nos partenaires américains, il nest pas question de déployer des troupes au sol. Nous navons rien à y faire. En revanche, nous sommes prêts à apporter un soutien logistique à la CEDEAO.
Aucun des pays ne demande un déploiement français. Ce quils demandent, cest un soutien logistique, du transport, mais certainement pas de troupes au sol.
Lidée qui se dégage est dorganiser un dialogue aussi inclusif que possible dans un délai très court de façon à faire émerger une personnalité à qui pourrait être transféré le pouvoir dans le plein respect de la Constitution et demander à cette autorité de faire avancer le processus électoral. Les discussions sont encore en cours, mais navaient pas abouti hier. Nous soutenons les efforts du médiateur désigné par la CEDEAO, le président Compaoré.
Il faut bien distinguer les choses. Il y a apparemment deux tendances opposées au sein des Touareg. Dune part le MNLA, qui se fixe pour objectif lindépendance de lAzawad, ce qui nest pas acceptable pour nous qui sommes très attachés à lunité et lintégrité territoriale du Mali. Cette revendication pourrait conduire, dans le cadre dun dialogue national, à une forme dautonomie assortie dune politique ambitieuse de développement. Le Nord na pas assez bénéficié pour linstant defforts de développement aussi importants que le Sud du pays.
Et puis, il y a une autre fraction, Ansaar Eddine, qui est étroitement liée à AQMI. Ses objectifs ne sont pas précisément connus, mais pourraient être linstauration dun régime islamiste sur lensemble du Mali. Il faut une réponse régionale au péril islamiste, qui va de la Libye jusquau Nigeria. Seule une coopération impliquant lAlgérie, la Mauritanie, les pays de la CEDEAO, avec le soutien de la France et de lUnion européenne, pourrait permettre de progresser.
Cest dans cet esprit que nous avons souhaité que le Conseil de sécurité sexprime. Un projet de déclaration présidentielle est en cours dexamen pour condamner une nouvelle fois le coup dÉtat, demander à la rébellion de sarrêter, darrêter les combats et dengager un processus de dialogue. La France souhaite attirer lattention sur le péril islamiste et la nécessité pour la communauté internationale de se mobiliser contre le terrorisme.
Q - Que se passera-t-il pour les ressortissants français si Bamako tombe ?
R - Lévacuation nest pas à lordre du jour. On ignore si la rébellion projette ou pas de se diriger plus au Sud. La situation sur le terrain est confuse, notamment dans la région de Mopti, et peut évoluer à tout moment. Certains rebelles pourraient se contenter du contrôle sur les territoires du Nord. Dautres, avec AQMI, pourraient envisager de semparer de lensemble du territoire malien pour en faire une république islamiste. Je rappelle que le chef dAnsaar Eddine Iyad Ag Ghaly est très lié à AQMI et que depuis plusieurs semaines, ce mouvement a pris de plus en plus dimportance.
Q - Cela dénote-t-il pour vous une nouvelle stratégie dAQMI ? Et au-delà de ce cela, est-ce quil y a un risque de déstabilisation aussi du Niger, via AQMI, de la Mauritanie, de lAlgérie ?
R - Je ne perds jamais une occasion de dire à nos amis algériens à quel point il est important quils jouent le rôle le plus actif possible dans la coordination de la réponse régionale à AQMI. Lobjectif dAQMI est très clair, cest de déstabiliser les régimes en place par le terrorisme, en sappuyant sur de nombreux trafics, notamment le trafic de drogue. Cette région est devenue une plaque tournante de la drogue.
Q - Le drapeau dAQMI flotte pour la première fois sur une grande ville du Sahel. Est-ce un phénomène nouveau, une nouvelle stratégie dAQMI ?
R - Sans doute, cest la raison qui explique la très forte inquiétude des pays de la région, qui étaient prêts à parler avec le MNLA, pour certains dentre eux en tout cas, et qui en revanche, considèrent AQMI comme une menace vitale.
Nous avons 5.000 Français au Mali, dont lessentiel à Bamako. Nous avons pris les précautions maximales à leur égard. Nous avons demandé à tous ceux dont la présence nétait pas indispensable de rentrer en France, ne serait-ce que provisoirement.
Nous avons décidé de fermer le lycée français par anticipation sur les vacances de Pâques qui devaient arriver à la fin de la semaine prochaine.
Q - Vous naffrétez pas des avions pour venir les chercher ?
R - Non, les vols civils continuent normalement. Il ny a pas dévacuation générale.
Q - À quoi servent des sanctions contre une junte qui ne contrôle pas la situation sur le terrain ?
R - Si lélectricité est coupée à Bamako, si leau est coupée à Bamako, si le pays est complètement isolé, la junte comprendra quelle na pas dautre solution que de redonner le pouvoir aux civils. Mais nous ne devons pas créer une situation humanitaire de crise, doù le maintien de notre aide au profit des populations.
Les chefs dÉtat de la CEDEAO lont bien dit hier à Dakar : lobjectif, cest de montrer que lère des coups dÉtat en Afrique est terminée.
Q - Et les otages ? Jimagine que cela complique la situation ?
R - La situation de nos otages est évidemment une priorité pour le gouvernement. Mais pour leur sécurité, vous comprendrez que je ne mexprime pas sur cette question.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 avril 2012