Texte intégral
Monsieur le Président,
Messieurs et Mesdames les Députés et les Sénateurs,
Messieurs et Mesdames les Présidents et les Directeurs généraux,
J'ai beaucoup de plaisir à intervenir ici ce soir devant les principaux représentants des entreprises et des organismes publics européens qui ont fait le succès de l'Europe spatiale.
Je tiens donc à remercier le Président d'Arianespace, Monsieur Jean-Marie LUTON, pour son invitation et pour l'organisation de cette manifestation.
Je salue la très nombreuse assistance réunie ici ce soir pour fêter Arianespace. Célimène dit dans "Le Misantrope" : "La solitude effraye une âme de vingt ans". Manifestement, Arianespace n'est pas seule.
Comment comparer les 20 ans, les 7300 jours d'Arianespace et les 50 jours qui sont les miens au Ministère de la Recherche, dont j'ai la charge depuis seulement le 27 mars dernier ? Manifestement, nous ne sommes pas exactement à parité d'expérience.
L'Europe spatiale .
Cependant, en tant que ministre, même récent, chargé de l'espace, je voudrais d'emblée souligner deux points.
Ariane, tout comme Airbus, illustre la capacité de l'Europe à se situer au meilleur niveau dans la compétition mondiale quand elle unit ses efforts. Il me paraît en outre utile, alors qu'on parle souvent aujourd'hui des difficultés de la construction européenne, de se replonger dans le passé pour nous souvenir de notre capacité à prendre ensemble et rapidement des décisions courageuses, qui se sont avérées essentielles sur le plan stratégique.
Ensuite, les succès du passé dessinent la voie de l'avenir. La politique spatiale doit rester une des priorités fortes de l'Europe. Et celle-ci doit à mon sens de décliner selon quatre axes :
Les lanceurs.
Le premier est le domaine des lanceurs. Toutes les grandes puissances spatiales disposent en effet d'une capacité autonome d'accès à l'espace et poursuivent leurs efforts dans ce domaine. L'Europe y a acquis une position privilégiée qu'il est indispensable de préserver.
Elle dispose avec le Centre spatial guyanais, d'une des bases de lancement les plus performantes du monde, par son site privilégié et par la qualité de ses installations et de ses équipes, où on retrouve dans un partenariat exemplaire l'ESA, le CNES, Arianespace et toute l'industrie européenne.
Des mesures ambitieuses doivent être prises par l'Europe pour maintenir ces acquis dans un contexte concurrentiel de plus en plus difficile que vous connaissez, avec la préparation des nouvelles générations de lanceurs américains et les initiatives de type Sea Launch, qui seront dans les années à venir des concurrents importants pour Arianespace.
Ces mesures doivent aller à mon sens dans trois directions :
le développement des performances d'Ariane 5 qui est aujourd'hui indispensable compte tenu de l'accroissement rapide des masses des satellites de télécommunications ; cette évolution, si elle n'était pas accompagnée par un accroissement comparable des capacités du lanceur, pourrait en effet à terme remettre en cause le principe des lancements double en orbite géostationnaire sur lequel repose l'économie du système Ariane ;
Le 19 avril dernier, c'était le 129ème tir d'Ariane et le 54ème succès d'affilée d'Ariane 5. Je salue cette réussite. Il faut aller maintenant rapidement vers Ariane 5 + l'étape ESC A et vers Ariane 5 ++ l'étape ESC B.
la réduction des coûts de production est la 2ème priorité ; elle doit être à mon sens l'affaire de l'ensemble de l'industrie européenne
la mise en place d'une gamme de lanceurs permettant de répondre d'une façon économiquement adaptée à l'ensemble des besoins de mise en orbite de satellites. Des discussions difficiles se sont tenues à ce sujet au cours des derniers mois, notamment avec nos collègues italiens ; un travail important a été fait au sein d'Arianespace pour progresser sur cette question et arriver à une vision commune du marché des lancements de satellites et des différentes étapes à franchir pour répondre à cet objectif. Je souhaite que sur ces bases nous puissions continuer à travailler et à surmonter nos difficultés. Le dialogue doit être maintenu afin d'arriver à une meilleure compréhension mutuelle de ce dossier ;
Au côté du domaine des lanceurs, notre politique spatiale doit à mon sens se décliner selon trois autres axes :
Espace et Science .
Le premier est le domaine de la Science, matrice du progrès des connaissances et moteur de l'innovation technologique. L'excellence du programme scientifique de l'ESA, qui est très largement reconnue et à laquelle je tiens à rendre hommage, est au cur de notre politique spatiale et doit le rester.
Le double succès remporté par l'Europe spatiale à la fin de l'année 1999 avec la mise en orbite du satellite scientifique XMM NEWTON à l'occasion du premier vol commercial d'Ariane 5, sera j'en suis certain, à l'origine d'importantes découvertes scientifiques dans les années à venir, à l'aide d'un instrument dont il faut souligner l'excellente qualité.
Comme vous le savez, la France souhaite coopérer avec les Etats-Unis dans le cadre du programme Retour d'échantillons de Mars qui constitue un objectif scientifique majeur. Mars est en effet la seule planète qui avec la Terre a pu réunir à un moment de son histoire les conditions nécessaires à l'émergence de la vie.
Je sais que d'autres Etats européens ont montré un intérêt pour l'exploration de Mars et je souhaite que nous puissions effectivement réunir une participation européenne importante, nous permettant de garantir un partenariat équilibré avec les Etats-Unis.
Les applications de l'espace au service de la société
Le second domaine qui me paraît prioritaire est le développement des applications de l'espace au service de la société. En rapprochant, je puis dire, ciel et Terre.
Le programme Galileo permettra à l'Europe de disposer d'une capacité autonome de guidage et de positionnement par satellites sans être dépendante des Etats-Unis, qui préparent la 2ème génération du système GPS.
Il est essentiel que tous les acteurs européens du spatial uvrent dans le même sens pour permettre à cette initiative de se concrétiser rapidement. Comme vous le savez de nombreuses étapes restent à franchir, l'étape financière n'étant pas la moindre.
Le deuxième domaine est celui de l'observation de la terre, l'utilisation des moyens spatiaux pouvant encore être développé en particulier pour améliorer la protection de l'environnement.
Les questions environnementales prendront en effet à mon sens de plus en plus d'importance dans les années à venir et la question de la gestion des ressources naturelles représentera à terme un enjeu majeur du " développement durable ". L'Europe doit donc se doter des outils et des capacités d'analyse nécessaires. La Commission européenne a engagé une initiative en ce sens sous le nom de GMES : Global Monitoring for Environment and Security. J'ai l'intention de la soutenir dans cette démarche pendant la Présidence française de l'Union européenne au second semestre 2000.
Les moyens spatiaux constituent enfin un outil essentiel au service des questions sécuritaires et de la gestion des crises. La France s'est dotée, en coopération avec l'Italie et l'Espagne, d'une capacité d'observation optique à haute résolution avec le programme Hélios. Comme vous le savez, nous avons engagé des discussions avec nos partenaires italiens sur un système d'observation de la terre multi-capteurs à vocation civile et militaire. Ces discussions me paraissent essentielles et je souhaite que d'autres pays européens puissent nous rejoindre dans cette démarche. Je pense là plus particulièrement à nos partenaires traditionnels sur le programme SPOT, la Belgique et la Suède.
Ce ne sont là que quelques exemples d'applications concrètes du spatial. D'autres applications de services utilisant les données d'origine spatiale devront être développées dans les années à venir en favorisant le développement des initiatives privées, dans cette période transitoire où l'espace doit encore se reposer largement sur des financements publics.
Le Développement des technologies. .
Le dernier axe de notre politique spatiale doit être le développement des technologies. Il est essentiel de trouver un équilibre dans le cadre de notre action entre les programmes et le développement des technologies. L'accroissement du taux de dépenses de recherche et de développement des technologies réalisé au cours des dernières années aux Etats-Unis me paraît une orientation à suivre.
Les technologies sont en effet indispensables pour nous permettre de maîtriser les coûts, les performances et les délais des programmes que nous engageons. Cette question est également essentielle pour nos entreprises qui sont confrontées à un environnement de plus en plus concurrentiel.
Pour les satellites de télécommunications sur lesquels l'Europe se doit de conserver une capacité industrielle autonome, l'action publique doit ainsi se concentrer sur le développement des technologies.
Dans le domaine des lanceurs, le programme FLTP (Futur Launcher Technology Program), est un programme essentiel pour préparer l'avenir même si d'autres concepts devront ultérieurement être comparés au concept de lanceur réutilisable.
Les efforts de l'Europe ne peuvent rester dispersés. Un des objectifs importants du prochain conseil de l'ESA au niveau ministériel sera de définir un programme dans lequel se retrouveront l'ensemble des pays européens souhaitant préparer l'avenir dans le domaine des lanceurs.
D'un point de vue plus général concernant les technologies, la question de la coordination et de l'harmonisation de notre effort de recherche et de développement est indispensable. L'écart qui existe entre nos investissements et ceux de nos concurrents nous interdit en effet de dupliquer nos efforts. Il faut, au contraire, utiliser au mieux nos ressources. Une importante action a été engagée en ce sens dans le cadre de l'Agence spatiale européenne. La France soutiendra ce processus avec détermination.
Vers une stratégie spatiale européenne .
Comme vous le savez, l'année 2000 sera marquée par l'élaboration d'une stratégie spatiale européenne préparée conjointement par la Commission et l'Agence spatiale européenne. Cet exercice, auquel j'attacherai une importance particulière pendant la présidence française, doit nous permettre de mieux coordonner et de mettre en synergie accrue les actions européennes dans le domaine spatial, en s'appuyant sur les structures les plus adaptées.
Cet objectif est essentiel pour permettre à l'Europe de rester au plus haut niveau mondial, alors que le budget public américain consacré à l'espace est cinq fois plus élevé que le budget européen.
Ce processus sera l'occasion de réaffirmer le caractère stratégique des activités spatiales et l'attachement de l'Europe à ce secteur qui doit rester l'une de nos priorités. Les motivations de l'engagement des Etats dans les activités spatiales restent en effet constantes depuis le début de l'aventure spatiale : scientifiques avec le progrès des connaissances, économiques et commerciales avec le développement de services publics et privés, politiques dans le domaine de la défense notamment.
Cette implication du niveau communautaire dans le domaine spatial ne doit cependant pas remettre en cause le cadre de coopération que nous utilisons avec succès depuis 1975 et qui est celui de l'Agence spatiale européenne.
Celle-ci a de grands succès à son actif et d'importantes perspectives devant elle à condition qu'elle continue à se moderniser et à répondre rapidement aux évolutions que nous connaissons aujourd'hui. Je serai donc particulièrement attentif aux résultats des actions d'évolution de l'agence lancées lors du dernier conseil de l'ESA au niveau ministériel.
L'ESA doit rester au cur du dispositif spatial européen en partenariat avec les autres agences nationales, dans le cadre d'un réseau des centres techniques européens qui s'inscrit d'ailleurs parfaitement dans l'Espace européen de la recherche proposé par le Commissaire européen, M. BUSQUIN.
Cet espace européen de la recherche doit à mon sens reposer sur des coopérations à géométrie variable. Ce principe est déjà largement en vigueur dans le domaine spatial et c'est d'ailleurs un des principes de fonctionnement de l'ESA dont les programmes sont souvent facultatifs. Comme vous le savez, l'effort budgétaire en France est à peu près équitablement réparti entre les programmes réalisés dans le cadre de l'ESA et ceux menés dehors de ce cadre, ces derniers étant souvent réalisés en coopération européenne ou avec d'autres puissances spatiales.
Cet équilibre me paraît un élément important de la politique spatiale française et je veillerai à ce qu'il soit maintenu.
Je souhaite également aborder la question des vols habités puisque c'est au niveau européen que nous sommes engagés dans le développement de la Station spatiale internationale. Sans émettre un avis définitif, je tends à considérer que les vols habités doivent conserver une certaine place dans toute politique spatiale. Je sais cependant qu'une part importante des budgets spatiaux européens est consacrée au développement de cette Station et je serai attentif à ce que ce programme reste à l'intérieur des enveloppes définies en 1995 à Toulouse.
Je terminerai en rendant hommage à tous ceux qui ont participé à l'aventure d'Ariane au sein de l'Agence spatiale européenne, du CNES, d'Arianespace et de l'ensemble de l'industrie européenne. Cette réussite n'aurait pas été possible sans la participation de tous les pays que vous représentez ici.
Il me serait naturellement difficile de saluer tous ceux qui, à travers toute l'Europe, ont vibré au rythme de ses succès et se sont émus de ses échecs, heureusement peu nombreux.. J'associerai cependant aux félicitations que j'adresse au Président Jean-Marie LUTON et aux vux que je forme pour l'avenir d'Arianespace, ses deux prédécesseurs Frédéric d'ALLEST et Charles BIGOT qui ont eu chacun un rôle majeur dans le développement de cette société et dans la conquête de la place qu'elle occupe aujourd'hui sur l'échiquier mondial.
Je tiens également à rendre hommage à un de mes prédécesseurs au ministère de la recherche, Hubert CURIEN, qui fut Président du CNES aux débuts de cette aventure.
J'adresse mes félicitations les plus chaleureuses à toutes celles et à tous ceux qui sont ici et qui ont participé à l'aventure d'Ariane et d'Arianespace. Je leur adresse tous mes vux pour ce 20ème anniversaire.
Vingt ans, c'est le plus bel âge : la fin de l'adolescence et le début de la jeune maturité.
Longue vie donc à Arianespace qui fête aujourd'hui ses vingt ans.
Et longue et heureuse vie à Ariane, qui continuera longtemps à porter nos succès, nos espoirs et nos rêves.
L'avenir lui appartient. Et cet avenir, c'est ensemble, tous ensemble, que nous continuerons à le bâtir.
(source http://www.education.gouv.fr, le 17 mai 2000)
Messieurs et Mesdames les Députés et les Sénateurs,
Messieurs et Mesdames les Présidents et les Directeurs généraux,
J'ai beaucoup de plaisir à intervenir ici ce soir devant les principaux représentants des entreprises et des organismes publics européens qui ont fait le succès de l'Europe spatiale.
Je tiens donc à remercier le Président d'Arianespace, Monsieur Jean-Marie LUTON, pour son invitation et pour l'organisation de cette manifestation.
Je salue la très nombreuse assistance réunie ici ce soir pour fêter Arianespace. Célimène dit dans "Le Misantrope" : "La solitude effraye une âme de vingt ans". Manifestement, Arianespace n'est pas seule.
Comment comparer les 20 ans, les 7300 jours d'Arianespace et les 50 jours qui sont les miens au Ministère de la Recherche, dont j'ai la charge depuis seulement le 27 mars dernier ? Manifestement, nous ne sommes pas exactement à parité d'expérience.
L'Europe spatiale .
Cependant, en tant que ministre, même récent, chargé de l'espace, je voudrais d'emblée souligner deux points.
Ariane, tout comme Airbus, illustre la capacité de l'Europe à se situer au meilleur niveau dans la compétition mondiale quand elle unit ses efforts. Il me paraît en outre utile, alors qu'on parle souvent aujourd'hui des difficultés de la construction européenne, de se replonger dans le passé pour nous souvenir de notre capacité à prendre ensemble et rapidement des décisions courageuses, qui se sont avérées essentielles sur le plan stratégique.
Ensuite, les succès du passé dessinent la voie de l'avenir. La politique spatiale doit rester une des priorités fortes de l'Europe. Et celle-ci doit à mon sens de décliner selon quatre axes :
Les lanceurs.
Le premier est le domaine des lanceurs. Toutes les grandes puissances spatiales disposent en effet d'une capacité autonome d'accès à l'espace et poursuivent leurs efforts dans ce domaine. L'Europe y a acquis une position privilégiée qu'il est indispensable de préserver.
Elle dispose avec le Centre spatial guyanais, d'une des bases de lancement les plus performantes du monde, par son site privilégié et par la qualité de ses installations et de ses équipes, où on retrouve dans un partenariat exemplaire l'ESA, le CNES, Arianespace et toute l'industrie européenne.
Des mesures ambitieuses doivent être prises par l'Europe pour maintenir ces acquis dans un contexte concurrentiel de plus en plus difficile que vous connaissez, avec la préparation des nouvelles générations de lanceurs américains et les initiatives de type Sea Launch, qui seront dans les années à venir des concurrents importants pour Arianespace.
Ces mesures doivent aller à mon sens dans trois directions :
le développement des performances d'Ariane 5 qui est aujourd'hui indispensable compte tenu de l'accroissement rapide des masses des satellites de télécommunications ; cette évolution, si elle n'était pas accompagnée par un accroissement comparable des capacités du lanceur, pourrait en effet à terme remettre en cause le principe des lancements double en orbite géostationnaire sur lequel repose l'économie du système Ariane ;
Le 19 avril dernier, c'était le 129ème tir d'Ariane et le 54ème succès d'affilée d'Ariane 5. Je salue cette réussite. Il faut aller maintenant rapidement vers Ariane 5 + l'étape ESC A et vers Ariane 5 ++ l'étape ESC B.
la réduction des coûts de production est la 2ème priorité ; elle doit être à mon sens l'affaire de l'ensemble de l'industrie européenne
la mise en place d'une gamme de lanceurs permettant de répondre d'une façon économiquement adaptée à l'ensemble des besoins de mise en orbite de satellites. Des discussions difficiles se sont tenues à ce sujet au cours des derniers mois, notamment avec nos collègues italiens ; un travail important a été fait au sein d'Arianespace pour progresser sur cette question et arriver à une vision commune du marché des lancements de satellites et des différentes étapes à franchir pour répondre à cet objectif. Je souhaite que sur ces bases nous puissions continuer à travailler et à surmonter nos difficultés. Le dialogue doit être maintenu afin d'arriver à une meilleure compréhension mutuelle de ce dossier ;
Au côté du domaine des lanceurs, notre politique spatiale doit à mon sens se décliner selon trois autres axes :
Espace et Science .
Le premier est le domaine de la Science, matrice du progrès des connaissances et moteur de l'innovation technologique. L'excellence du programme scientifique de l'ESA, qui est très largement reconnue et à laquelle je tiens à rendre hommage, est au cur de notre politique spatiale et doit le rester.
Le double succès remporté par l'Europe spatiale à la fin de l'année 1999 avec la mise en orbite du satellite scientifique XMM NEWTON à l'occasion du premier vol commercial d'Ariane 5, sera j'en suis certain, à l'origine d'importantes découvertes scientifiques dans les années à venir, à l'aide d'un instrument dont il faut souligner l'excellente qualité.
Comme vous le savez, la France souhaite coopérer avec les Etats-Unis dans le cadre du programme Retour d'échantillons de Mars qui constitue un objectif scientifique majeur. Mars est en effet la seule planète qui avec la Terre a pu réunir à un moment de son histoire les conditions nécessaires à l'émergence de la vie.
Je sais que d'autres Etats européens ont montré un intérêt pour l'exploration de Mars et je souhaite que nous puissions effectivement réunir une participation européenne importante, nous permettant de garantir un partenariat équilibré avec les Etats-Unis.
Les applications de l'espace au service de la société
Le second domaine qui me paraît prioritaire est le développement des applications de l'espace au service de la société. En rapprochant, je puis dire, ciel et Terre.
Le programme Galileo permettra à l'Europe de disposer d'une capacité autonome de guidage et de positionnement par satellites sans être dépendante des Etats-Unis, qui préparent la 2ème génération du système GPS.
Il est essentiel que tous les acteurs européens du spatial uvrent dans le même sens pour permettre à cette initiative de se concrétiser rapidement. Comme vous le savez de nombreuses étapes restent à franchir, l'étape financière n'étant pas la moindre.
Le deuxième domaine est celui de l'observation de la terre, l'utilisation des moyens spatiaux pouvant encore être développé en particulier pour améliorer la protection de l'environnement.
Les questions environnementales prendront en effet à mon sens de plus en plus d'importance dans les années à venir et la question de la gestion des ressources naturelles représentera à terme un enjeu majeur du " développement durable ". L'Europe doit donc se doter des outils et des capacités d'analyse nécessaires. La Commission européenne a engagé une initiative en ce sens sous le nom de GMES : Global Monitoring for Environment and Security. J'ai l'intention de la soutenir dans cette démarche pendant la Présidence française de l'Union européenne au second semestre 2000.
Les moyens spatiaux constituent enfin un outil essentiel au service des questions sécuritaires et de la gestion des crises. La France s'est dotée, en coopération avec l'Italie et l'Espagne, d'une capacité d'observation optique à haute résolution avec le programme Hélios. Comme vous le savez, nous avons engagé des discussions avec nos partenaires italiens sur un système d'observation de la terre multi-capteurs à vocation civile et militaire. Ces discussions me paraissent essentielles et je souhaite que d'autres pays européens puissent nous rejoindre dans cette démarche. Je pense là plus particulièrement à nos partenaires traditionnels sur le programme SPOT, la Belgique et la Suède.
Ce ne sont là que quelques exemples d'applications concrètes du spatial. D'autres applications de services utilisant les données d'origine spatiale devront être développées dans les années à venir en favorisant le développement des initiatives privées, dans cette période transitoire où l'espace doit encore se reposer largement sur des financements publics.
Le Développement des technologies. .
Le dernier axe de notre politique spatiale doit être le développement des technologies. Il est essentiel de trouver un équilibre dans le cadre de notre action entre les programmes et le développement des technologies. L'accroissement du taux de dépenses de recherche et de développement des technologies réalisé au cours des dernières années aux Etats-Unis me paraît une orientation à suivre.
Les technologies sont en effet indispensables pour nous permettre de maîtriser les coûts, les performances et les délais des programmes que nous engageons. Cette question est également essentielle pour nos entreprises qui sont confrontées à un environnement de plus en plus concurrentiel.
Pour les satellites de télécommunications sur lesquels l'Europe se doit de conserver une capacité industrielle autonome, l'action publique doit ainsi se concentrer sur le développement des technologies.
Dans le domaine des lanceurs, le programme FLTP (Futur Launcher Technology Program), est un programme essentiel pour préparer l'avenir même si d'autres concepts devront ultérieurement être comparés au concept de lanceur réutilisable.
Les efforts de l'Europe ne peuvent rester dispersés. Un des objectifs importants du prochain conseil de l'ESA au niveau ministériel sera de définir un programme dans lequel se retrouveront l'ensemble des pays européens souhaitant préparer l'avenir dans le domaine des lanceurs.
D'un point de vue plus général concernant les technologies, la question de la coordination et de l'harmonisation de notre effort de recherche et de développement est indispensable. L'écart qui existe entre nos investissements et ceux de nos concurrents nous interdit en effet de dupliquer nos efforts. Il faut, au contraire, utiliser au mieux nos ressources. Une importante action a été engagée en ce sens dans le cadre de l'Agence spatiale européenne. La France soutiendra ce processus avec détermination.
Vers une stratégie spatiale européenne .
Comme vous le savez, l'année 2000 sera marquée par l'élaboration d'une stratégie spatiale européenne préparée conjointement par la Commission et l'Agence spatiale européenne. Cet exercice, auquel j'attacherai une importance particulière pendant la présidence française, doit nous permettre de mieux coordonner et de mettre en synergie accrue les actions européennes dans le domaine spatial, en s'appuyant sur les structures les plus adaptées.
Cet objectif est essentiel pour permettre à l'Europe de rester au plus haut niveau mondial, alors que le budget public américain consacré à l'espace est cinq fois plus élevé que le budget européen.
Ce processus sera l'occasion de réaffirmer le caractère stratégique des activités spatiales et l'attachement de l'Europe à ce secteur qui doit rester l'une de nos priorités. Les motivations de l'engagement des Etats dans les activités spatiales restent en effet constantes depuis le début de l'aventure spatiale : scientifiques avec le progrès des connaissances, économiques et commerciales avec le développement de services publics et privés, politiques dans le domaine de la défense notamment.
Cette implication du niveau communautaire dans le domaine spatial ne doit cependant pas remettre en cause le cadre de coopération que nous utilisons avec succès depuis 1975 et qui est celui de l'Agence spatiale européenne.
Celle-ci a de grands succès à son actif et d'importantes perspectives devant elle à condition qu'elle continue à se moderniser et à répondre rapidement aux évolutions que nous connaissons aujourd'hui. Je serai donc particulièrement attentif aux résultats des actions d'évolution de l'agence lancées lors du dernier conseil de l'ESA au niveau ministériel.
L'ESA doit rester au cur du dispositif spatial européen en partenariat avec les autres agences nationales, dans le cadre d'un réseau des centres techniques européens qui s'inscrit d'ailleurs parfaitement dans l'Espace européen de la recherche proposé par le Commissaire européen, M. BUSQUIN.
Cet espace européen de la recherche doit à mon sens reposer sur des coopérations à géométrie variable. Ce principe est déjà largement en vigueur dans le domaine spatial et c'est d'ailleurs un des principes de fonctionnement de l'ESA dont les programmes sont souvent facultatifs. Comme vous le savez, l'effort budgétaire en France est à peu près équitablement réparti entre les programmes réalisés dans le cadre de l'ESA et ceux menés dehors de ce cadre, ces derniers étant souvent réalisés en coopération européenne ou avec d'autres puissances spatiales.
Cet équilibre me paraît un élément important de la politique spatiale française et je veillerai à ce qu'il soit maintenu.
Je souhaite également aborder la question des vols habités puisque c'est au niveau européen que nous sommes engagés dans le développement de la Station spatiale internationale. Sans émettre un avis définitif, je tends à considérer que les vols habités doivent conserver une certaine place dans toute politique spatiale. Je sais cependant qu'une part importante des budgets spatiaux européens est consacrée au développement de cette Station et je serai attentif à ce que ce programme reste à l'intérieur des enveloppes définies en 1995 à Toulouse.
Je terminerai en rendant hommage à tous ceux qui ont participé à l'aventure d'Ariane au sein de l'Agence spatiale européenne, du CNES, d'Arianespace et de l'ensemble de l'industrie européenne. Cette réussite n'aurait pas été possible sans la participation de tous les pays que vous représentez ici.
Il me serait naturellement difficile de saluer tous ceux qui, à travers toute l'Europe, ont vibré au rythme de ses succès et se sont émus de ses échecs, heureusement peu nombreux.. J'associerai cependant aux félicitations que j'adresse au Président Jean-Marie LUTON et aux vux que je forme pour l'avenir d'Arianespace, ses deux prédécesseurs Frédéric d'ALLEST et Charles BIGOT qui ont eu chacun un rôle majeur dans le développement de cette société et dans la conquête de la place qu'elle occupe aujourd'hui sur l'échiquier mondial.
Je tiens également à rendre hommage à un de mes prédécesseurs au ministère de la recherche, Hubert CURIEN, qui fut Président du CNES aux débuts de cette aventure.
J'adresse mes félicitations les plus chaleureuses à toutes celles et à tous ceux qui sont ici et qui ont participé à l'aventure d'Ariane et d'Arianespace. Je leur adresse tous mes vux pour ce 20ème anniversaire.
Vingt ans, c'est le plus bel âge : la fin de l'adolescence et le début de la jeune maturité.
Longue vie donc à Arianespace qui fête aujourd'hui ses vingt ans.
Et longue et heureuse vie à Ariane, qui continuera longtemps à porter nos succès, nos espoirs et nos rêves.
L'avenir lui appartient. Et cet avenir, c'est ensemble, tous ensemble, que nous continuerons à le bâtir.
(source http://www.education.gouv.fr, le 17 mai 2000)