Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
Je suis ravi de vous rencontrer. Comme il a été indiqué, à l'instant, par mon collègue et ami le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération régionale, nous avons traité à la fois de nos relations bilatérales et de la situation dans la région, en particulier du Mali.
Sur les relations bilatérales, les choses vont très bien. La France et le Burkina Faso sont amis de longue date. Les relations entre nos gouvernants sont excellentes. La coopération va se poursuivre, s'amplifier si c'est possible. Nous n'allons pas inventer des problèmes là où ils n'existent pas. Il s'agit d'une véritable coopération de long terme, fluide, et nous avons l'intention, bien sûr, de la poursuivre. De ce point de vue, je suis accompagné du ministre du Développement, M. Canfin, qui se trouve à mes côtés, et de M. François Loncle qui est à la fois président du Groupe d'amitié France/Burkina Faso et ancien ministre, et qui est un ami de longue date de votre pays.
Nous avons également parlé de la situation au Mali parce qu'il se trouve que - c'est le hasard des choses - mon voyage intervient au moment où le président Traoré va revenir, dans quelques instants, à Bamako. Compte tenu du rôle particulier du Burkina Faso, qui est chargé de la médiation par la CEDEAO, sur cette importante question, évidemment nous avons échangé nos points de vue. L'analyse du ministre des Affaires étrangères est évidemment extrêmement précieuse pour nous qui tâchons de faciliter les choses. Nous ne sommes pas dans la région et nous regardons donc cela avec moins d'informations que ce que vous pouvez avoir.
Le triangle sur lequel tout doit reposer est le triangle «démocratie-sécurité-développement». C'est celui que nous avons développé, que vous-même, Monsieur le Ministre, vous avez proposé. C'est d'ailleurs également, je le signale, celui que m'a exposé le président du Niger il y a quelques heures. C'est aussi le triangle de base que nous, Français, analysons. Il faut que la démocratie - la base constitutionnelle peut choisir différentes terminologies - soit pleinement assurée. C'est le sens du message qu'à fait passer la CEDEAO à nos collègues du Mali en disant qu'il fallait un gouvernement de large union.
Voilà la tâche du président Traoré, dans les jours qui viennent, d'essayer de répondre à ces exigences. Parce que si vous n'avez pas une base démocratique suffisante bien assurée, qui associe finalement le maximum de personnes représentatives à la marche du gouvernement, il est très difficile ensuite de faire avancer les deux autres piliers du triangle que sont la sécurité et le développement :
- Le développement, parce qu'il faut, bien évidemment, que les gens vivent, que les enfants puissent étudier. Il faut que l'on puisse manger à sa faim. Il faut que les entreprises puissent tourner et cela n'est possible, de façon durable, que si la base démocratique permet au système de fonctionner. C'est d'autant plus compliqué dans le cas du Mali. Compte tenu de ce qui se passe dans le nord du pays, il y a une partie de la population qui a fui au Sud ou dans les pays voisins, en causant des problèmes dans les pays concernés.
- La sécurité, au Sud, quand on parle du Mali. Il faut que la sécurité soit reconstituée, que la liberté de circulation soit rétablie, que les forces de sécurité du pays retrouvent le niveau qu'elles doivent avoir.
À partir du moment où vous avez le triangle, «démocratie-développement-sécurité», il faut que le dialogue permanent puisse s'instaurer - c'est ce que m'a expliqué mon collègue - et, en particulier, que ceux dans le nord, qui finalement sont d'accord pour une aventure commune qui s'appelle le développement du Mali, puissent travailler avec le gouvernement qui sera constitué. Une fois que ce sera fait - ce qui n'est pas facile mais nécessaire - il peut se trouver vraisemblablement, d'après les analyses, un certain nombre de personnes qui, elles, sont irréductibles ; ces personnes devront être traitées avec les moyens de sécurité adéquats.
Voilà ce que j'ai compris de l'analyse détaillée qui est la vôtre, Monsieur le Ministre, et qui paraît extrêmement raisonnable.
Quel est le rôle de la France ? La France est une facilitatrice, tout d'abord parce qu'elle a toujours été très attachée à ce qui se passe en Afrique, dans des pays amis. De plus, compte tenu des grands principes que nous défendons, nous croyons pleinement aux droits de la personne, à la liberté, à la fraternité. Donc, tout ce qui est fait dans ce sens là nous concerne. Et puis, en même temps, la France est membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies. Par ailleurs, la France a aussi, notamment au Niger ou dans d'autres pays, des intérêts économiques et ce n'est pas accabler la France que de dire cela.
La France entend être une facilitatrice. Ce n'est pas elle qui va intervenir directement. Ce sont les Maliens d'abord, les Africains ensuite qui doivent trouver des solutions. Nous, nous pouvons aider, appuyer, faciliter. C'est dans cet esprit que nous abordons cela.
Il est évidemment très intéressant d'avoir l'occasion de discuter avec mon collègue et ami et, dans un instant, avec le président parce que, à la fois par leur proximité géographique, par leur expérience bien connue et par leur rôle de médiateur, ils ont des éléments d'information que nous ne possédons pas. Il faut toujours faire appel à ceux qui savent, avec à la fois modestie mais volonté d'être efficace.
C'est donc une étape utile, dans un périple qui nous a emmenés, mes collègues et moi-même, au Niger et ici au Burkina Faso. Comme vous le savez aussi bien que moi, quand on est ministre, il faut se déplacer en permanence. Nous irons donc, en fin de soirée, au Sénégal et, demain, au Tchad.
Avec mes collègues, je tenais absolument à venir ici. C'est un témoignage apporté au rôle important de médiation qui est joué par votre pays et par son président. Il est donc tout à fait normal que l'on puisse faire une étape, d'autant que l'accueil de mes amis et des autorités de ce pays est extrêmement chaleureux et je les en remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 1er août 2012