Déclaration de M. Jean-Yves Le Drian, ministre de la défense, sur le rôle de la Marine nationale, à bord de la frégate Chevalier Paul au large de Toulon le 21 juin 2012.

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Circonstance : Visite à bord de la frégate Chevalier Paul, à Toulon (Var) le 21 juin 2012

Texte intégral

Amiral, messieurs les officiers généraux, Officiers, officiers-mariniers et marins,
Pour ma première visite à la Marine nationale en tant que ministre de la Défense, je suis très heureux d’être avec vous à Toulon.
C’est toujours une joie intense pour le ministre de la Défense que d’aller à la rencontre des hommes et des unités qu’ils composent. Mais aujourd’hui je voudrais vous dire que cette joie est décuplée. Car c’est aussi en homme de la mer que je m’adresse à vous. Si vous regardez mon parcours, celui d’un maire de Lorient, député du Morbihan, devenu secrétaire d’Etat à la mer et, pour quelques jours encore, président de la région Bretagne, vous n’avez aucune difficulté à imaginer quelle place la mer occupe dans ma vie. Vous savez que la géographie de la Bretagne lui a permis d’être présente dans toutes les activités maritimes, de la pêche au transport, du loisir à la marine de guerre. Et l’histoire continue avec les énergies marines, l’éolien comme l’hydrolien, qui écrivent le futur de nos côtes.
Vous le devinez donc, la mer n’a jamais cessé d’être au cœur de mon activité et de mes réflexions. Et aujourd’hui, alors que je prends mes fonctions de ministre de la Défense, elle l’est plus que jamais.
Vous me permettrez de penser que c’est donc aussi en connaissance de cause que je m’adresse à vous. Je n’ai pas besoin de me forcer pour imaginer votre engagement, sa grandeur et ses servitudes, vous qui combinez le métier des armes et celui de marin.
Dans cet engagement, qui est à nul autre pareil, vous devez montrer de la constance, parce que l’activité à la mer suppose de la permanence. Vous devez y montrer du professionnalisme, parce que la mer pardonne peu et l’ennemi encore moins. Vous devez enfin y cultiver l’esprit d’équipage, parce que sur le bateau chacun est nécessaire aux autres et que tous concourent au même succès.
Ces qualités, je ne viens pas pour vous les expliquer. Vous les connaissez et vous les possédez, comme la Marine le démontre chaque jour dans les missions qui sont les siennes. Missions pour l’action de l’Etat en mer dans les espaces qui bordent nos côtes, en métropole autant qu’en outremer. Missions permanentes de la dissuasion, de la prévention des crises et du recueil du renseignement, en Afrique de l’ouest et dans l’océan Indien. Missions extérieures, comme vous l’avez encore récemment démontré au large de la Côte d’Ivoire et de la Libye, et comme la lutte contre la piraterie le prouve quotidiennement.
La raison de votre importance est évidente. Le monde dans lequel nous vivons est celui des échanges, celui des flux. Comme les flux matériels passent essentiellement par les océans, vous êtes et vous continuerez d’être sollicités pour défendre sur mer nos intérêts, au service d’une marine qui est ouverte, ouverte sur le monde, ouverte sur l’Europe et ouverte sur l’avenir.
Ouverte sur le monde d’abord. C’est une évidence pour les marins, mais nos obligations de souveraineté dans tous les océans, nos intérêts de sécurité sur les grandes routes maritimes et notre volonté d’apparaître comme un interlocuteur engagé dans des régions aussi éloignées que l’Asie et le Pacifique, sont des défis qui ne vont pas de soi. Mais je sais que la Marine nationale est au rendez-vous de ces défis.
Elle est ensuite ouverte sur l’Europe. Les échanges réguliers avec nos camarades italiens, espagnols, britanniques ou allemands, devant Toulon comme devant Djibouti, montrent que la mer est un formidable facteur d’intégration. Lorsque l’objectif politique est commun, deux bâtiment de guerre appartenant à deux Etats membres savent agir comme une seule force et préfigurent ainsi l’Europe de la défense que nous voulons construire.
Notre marine est enfin ouverte sur le futur. Le renouvellement des savoirs-faire et des moyens, en effet, suppose un effort constant et déterminé de la nation. Après les grands bâtiments amphibies et les moyens de la FOST, la Force océanique stratégique, nous amorçons la relève des frégates, avant d’effectuer celle des sous-marins d’attaque. Ainsi, nous donnons corps à la volonté du pays qui est de rester acteur de sa destinée, et nous savons bien que le destin de notre nation se joue aussi sur mer.
Vous êtes les gardiens de ce destin. Vous devez en être conscients. Et vous pouvez être fiers de vous préparer ainsi chaque jour à relever les défis de demain.
Je finirais en vous disant donc que je suis heureux de vous rencontrer, de vous témoigner ainsi ma confiance et de rendre hommage, par ces quelques mots, à la grande valeur de votre action.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 23 août 2012