Texte intégral
Monsieur lAmbassadeur,
Monsieur lAdjoint au Maire de Paris,
Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux de vous retrouver ce matin pour ouvrir la première conférence du Forum de lurbanisme de Sarajevo. Je veux remercier son initiateur, Jean-François Daoulas, pour sa détermination et son énergie, et il en a fallu pour faire émerger ce beau projet ! Lorsquil ma parlé il y a maintenant quelques années de son idée, jétais alors très loin de penser que je viendrai linaugurer en tant que ministre de la Ville du gouvernement français.
Merci au Préfet Duport qui a accepté avec beaucoup de talent et de compétence de me remplacer à la tête de lassociation il y a quelques moi.
Pour ceux qui ici me connaissent, vous devinez mon plaisir dy retrouver des amis qui pour certains commencent à devenir de vieux amis.
Vous connaissez mon attachement pour les problématiques urbaines, cet attachement renforcé par les missions que ma confié le Président de la République Fraçaise, François HOLLANDE. Cest dans les villes que sinvente le monde de demain, et nous le préparerons mieux en confrontant les expériences de ceux qui la fabrique au quotidien, les élus, les universitaires, les architectes. Ouvrir le dialogue, cest toute lidée de ces rencontres, qui permettront demain de construire la ville ensemble.
Aujourdhui nos deux villes, Paris et Sarajevo, sont à la croisée des chemins : elles doivent réfléchir à leur avenir et proposer une vision pour se projeter dans le 21ème siècle.
Aujourd'hui, ici, ce ne sont pas les Parisiens ou les Français qui, fidèles à leur réputation, viennent faire la leçon et inventer le nouveau Sarajevo. Mais, simplement des amoureux de la ville, qui pensent que les débats qui ont lieu à Paris pourraient en inspirer dautres ici, à Sarajevo. Demain, dautres capitales, européennes ou non, viendront ici parler de leur expérience et de leur devenir.
A laube de ce 21ème siècle, Paris et Sarajevo sont confrontées à des problématiques certes différentes, mais peuvent avoir des objectifs semblables : faire de nos espaces urbains des espaces ouverts à tous, accueillants, créatifs, producteurs de richesses, porteur dun autre mode de vie plus respectueux de lavenir de notre bien commun : la Planète. Lenjeu est de recréer des villes mixtes, socialement, culturellement. Il sagit en fait tout simplement de recréer les conditions pour que nos villes retrouvent leur raison dêtre : des lieux où sinventent perpétuellement le bien Vivre Ensemble, quelles que soient nos origines, nos cultures ou nos nationalité.
Pour Paris, la ville lumière, le berceau de la révolution de 1789, le lieu de la Commune, le théâtre de mai 68, les défis sont nombreux. Elle doit rester fidèle à son histoire, toujours en mouvement et en ébullition.
Penser Paris, cest forcément maintenant penser Grand Paris. La réflexion sur le futur de la Capitale est indissociable de la réflexion sur l'évolution de sa région et sur les outils de gouvernance nécessaires. Cela fait 100 ans que lon en parle, il est maintenant temps de le faire et de dépasser les frontières. Pour réussir, et rester une capitale européenne incontournable, Paris doit donc changer déchelle. Cest comme cela quelle pourra casser l'opposition historique qui existe entre lEst de la capitale, plus pauvre, où se concentrent les habitants, et lOuest où se trouvent les entreprises et les richesses. Cest comme cela quelle pourra intégrer les villes et les quartiers les plus en difficultés, ces endroits relégués qui ne peuvent aujourdhui participer à la dynamique de la métropole, et en bénéficier. Cest en pensant Grand Paris que lon pourra faire cesser, ou au moins diminuer, ces migrations quotidiennes insupportables pour ceux qui les subissent.
Penser Grand Paris, à lavenir de ses 12 millions dhabitants, doit nous permettre de redonner à la ville et à sa région une vision globale, de la rééquilibrer et de répondre à tous les nouveaux défis qui lattendent, économiques, environnementaux, sociaux. Cest comme cela quelle resteront des espaces de vie, solidaires et ouverts à tous.
Ce vaste chantier de réflexion et daction a été ouvert il y a déjà plusieurs années. Il commence aujourdhui à parvenir à maturité. Il va falloir pour cela inventer de nouveaux outils de gouvernance. Mais ce nest pas lenjeu principal.
Le Grand Paris doit être un projet urbain dans le meilleur sens du terme. Il doit donner de la cohérence à son territoire, à ses axes structurant comme la Seine ou sa « banlieue » qui sinquiète. Cela ne peut être un simple changement déchelle administrative, ni se résumer à un projet de transport, encore moins à lajout dun nouvel outil de gouvernance. Il sagit bien dune projet global mais je marrête là car je ne veux pas conclure avant même lengagement de vos débats.
Je naurai pas lindécence de dire comment Sarajevo doit évoluer. Cest à ses acteurs, politiques, économiques, culturels, cest à ses habitants de le faire. Nous partageons ensemble, Français et Bosniens le même objectif. Sarajevo doit redevenir la grande capitale dun même pays, la Bosnie Herzégovine. Elle doit retrouver la fonction de carrefour des cultures et des civilisations quelle a eu pendant plus de 5 siècles. Jen suis sûr : elle peut être ce lieu de passage entre orient et occident dont lEurope a tellement besoin. Je sais ce qui sest passé ici il y a 20 ans. Jai vu les stigmates de ce que beaucoup dentre vous ont vécu.
Le travail de mémoire doit continuer, mais, sans rien oublier, Sarajevo se tourne maintenant vers son avenir.
20 ans après le début de la guerre, elle est une des villes qui se développe le plus rapidement au monde. Chaque fois que j'y reviens, je la retrouve différente. Ses responsables politiques ont une responsabilité historique sils ne veulent pas laisser les seuls investisseurs économiques décider de lavenir de cette ville, de son urbanisme, de ses équipements.
Cela suppose, comme pour nous français, de ne pas senliser, dans des outils et des niveaux de gouvernance qui se superposent et finissent par se neutraliser.
Cela suppose également de ne pas confondre objectifs et moyens dy parvenir. Cest en identifiant les problèmes de la population de Sarevo, qui sont, quand on y réfléchit bien ceux de lensemble des habitants de lEurope, et en créant les conditions pour les résoudre, que Sarajevo redeviendra une ville phare en Europe. Cest en sattaquant au développement économique, à léducation et à la formation, en laissant libre la création et lintelligence que Sarajavo redeviendra la ville mixte que nous appelons tous de nos voeux.
Pour finir, je veux donc partager avec vous un espoir, celui que ce forum qui souvre ici soit le premier dune longue série. Sarajevo est une ville regardée par le monde entier, une ville « symptôme de lEurope » comme le dit Michel Cantal-Dupart. Cest avec cet horizon, lEurope, quelle doit renouer. Jespère que dans deux ans, Sarajevo ne sera pas seulement le lieu de la commémoration du centenaire de lassassinat de larchiduc François Ferdinand, Mais aussi le lieu et loccasion dune nouvelle rencontre urbaine avec une autre capitale dEurope.
Mon cher Jean-François, à la place qui sera la mienne, jy apporterai ma pierre. Car, jen ai la conviction, cest en envisageant lavenir ensemble sans rien oublier du passé que nous pourrons clore un siècle dombre pour Sarajevo et pour lEurope entière.
Source http://www.ambafrance-ba.org, le 1er octobre 2012
Monsieur lAdjoint au Maire de Paris,
Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux de vous retrouver ce matin pour ouvrir la première conférence du Forum de lurbanisme de Sarajevo. Je veux remercier son initiateur, Jean-François Daoulas, pour sa détermination et son énergie, et il en a fallu pour faire émerger ce beau projet ! Lorsquil ma parlé il y a maintenant quelques années de son idée, jétais alors très loin de penser que je viendrai linaugurer en tant que ministre de la Ville du gouvernement français.
Merci au Préfet Duport qui a accepté avec beaucoup de talent et de compétence de me remplacer à la tête de lassociation il y a quelques moi.
Pour ceux qui ici me connaissent, vous devinez mon plaisir dy retrouver des amis qui pour certains commencent à devenir de vieux amis.
Vous connaissez mon attachement pour les problématiques urbaines, cet attachement renforcé par les missions que ma confié le Président de la République Fraçaise, François HOLLANDE. Cest dans les villes que sinvente le monde de demain, et nous le préparerons mieux en confrontant les expériences de ceux qui la fabrique au quotidien, les élus, les universitaires, les architectes. Ouvrir le dialogue, cest toute lidée de ces rencontres, qui permettront demain de construire la ville ensemble.
Aujourdhui nos deux villes, Paris et Sarajevo, sont à la croisée des chemins : elles doivent réfléchir à leur avenir et proposer une vision pour se projeter dans le 21ème siècle.
Aujourd'hui, ici, ce ne sont pas les Parisiens ou les Français qui, fidèles à leur réputation, viennent faire la leçon et inventer le nouveau Sarajevo. Mais, simplement des amoureux de la ville, qui pensent que les débats qui ont lieu à Paris pourraient en inspirer dautres ici, à Sarajevo. Demain, dautres capitales, européennes ou non, viendront ici parler de leur expérience et de leur devenir.
A laube de ce 21ème siècle, Paris et Sarajevo sont confrontées à des problématiques certes différentes, mais peuvent avoir des objectifs semblables : faire de nos espaces urbains des espaces ouverts à tous, accueillants, créatifs, producteurs de richesses, porteur dun autre mode de vie plus respectueux de lavenir de notre bien commun : la Planète. Lenjeu est de recréer des villes mixtes, socialement, culturellement. Il sagit en fait tout simplement de recréer les conditions pour que nos villes retrouvent leur raison dêtre : des lieux où sinventent perpétuellement le bien Vivre Ensemble, quelles que soient nos origines, nos cultures ou nos nationalité.
Pour Paris, la ville lumière, le berceau de la révolution de 1789, le lieu de la Commune, le théâtre de mai 68, les défis sont nombreux. Elle doit rester fidèle à son histoire, toujours en mouvement et en ébullition.
Penser Paris, cest forcément maintenant penser Grand Paris. La réflexion sur le futur de la Capitale est indissociable de la réflexion sur l'évolution de sa région et sur les outils de gouvernance nécessaires. Cela fait 100 ans que lon en parle, il est maintenant temps de le faire et de dépasser les frontières. Pour réussir, et rester une capitale européenne incontournable, Paris doit donc changer déchelle. Cest comme cela quelle pourra casser l'opposition historique qui existe entre lEst de la capitale, plus pauvre, où se concentrent les habitants, et lOuest où se trouvent les entreprises et les richesses. Cest comme cela quelle pourra intégrer les villes et les quartiers les plus en difficultés, ces endroits relégués qui ne peuvent aujourdhui participer à la dynamique de la métropole, et en bénéficier. Cest en pensant Grand Paris que lon pourra faire cesser, ou au moins diminuer, ces migrations quotidiennes insupportables pour ceux qui les subissent.
Penser Grand Paris, à lavenir de ses 12 millions dhabitants, doit nous permettre de redonner à la ville et à sa région une vision globale, de la rééquilibrer et de répondre à tous les nouveaux défis qui lattendent, économiques, environnementaux, sociaux. Cest comme cela quelle resteront des espaces de vie, solidaires et ouverts à tous.
Ce vaste chantier de réflexion et daction a été ouvert il y a déjà plusieurs années. Il commence aujourdhui à parvenir à maturité. Il va falloir pour cela inventer de nouveaux outils de gouvernance. Mais ce nest pas lenjeu principal.
Le Grand Paris doit être un projet urbain dans le meilleur sens du terme. Il doit donner de la cohérence à son territoire, à ses axes structurant comme la Seine ou sa « banlieue » qui sinquiète. Cela ne peut être un simple changement déchelle administrative, ni se résumer à un projet de transport, encore moins à lajout dun nouvel outil de gouvernance. Il sagit bien dune projet global mais je marrête là car je ne veux pas conclure avant même lengagement de vos débats.
Je naurai pas lindécence de dire comment Sarajevo doit évoluer. Cest à ses acteurs, politiques, économiques, culturels, cest à ses habitants de le faire. Nous partageons ensemble, Français et Bosniens le même objectif. Sarajevo doit redevenir la grande capitale dun même pays, la Bosnie Herzégovine. Elle doit retrouver la fonction de carrefour des cultures et des civilisations quelle a eu pendant plus de 5 siècles. Jen suis sûr : elle peut être ce lieu de passage entre orient et occident dont lEurope a tellement besoin. Je sais ce qui sest passé ici il y a 20 ans. Jai vu les stigmates de ce que beaucoup dentre vous ont vécu.
Le travail de mémoire doit continuer, mais, sans rien oublier, Sarajevo se tourne maintenant vers son avenir.
20 ans après le début de la guerre, elle est une des villes qui se développe le plus rapidement au monde. Chaque fois que j'y reviens, je la retrouve différente. Ses responsables politiques ont une responsabilité historique sils ne veulent pas laisser les seuls investisseurs économiques décider de lavenir de cette ville, de son urbanisme, de ses équipements.
Cela suppose, comme pour nous français, de ne pas senliser, dans des outils et des niveaux de gouvernance qui se superposent et finissent par se neutraliser.
Cela suppose également de ne pas confondre objectifs et moyens dy parvenir. Cest en identifiant les problèmes de la population de Sarevo, qui sont, quand on y réfléchit bien ceux de lensemble des habitants de lEurope, et en créant les conditions pour les résoudre, que Sarajevo redeviendra une ville phare en Europe. Cest en sattaquant au développement économique, à léducation et à la formation, en laissant libre la création et lintelligence que Sarajavo redeviendra la ville mixte que nous appelons tous de nos voeux.
Pour finir, je veux donc partager avec vous un espoir, celui que ce forum qui souvre ici soit le premier dune longue série. Sarajevo est une ville regardée par le monde entier, une ville « symptôme de lEurope » comme le dit Michel Cantal-Dupart. Cest avec cet horizon, lEurope, quelle doit renouer. Jespère que dans deux ans, Sarajevo ne sera pas seulement le lieu de la commémoration du centenaire de lassassinat de larchiduc François Ferdinand, Mais aussi le lieu et loccasion dune nouvelle rencontre urbaine avec une autre capitale dEurope.
Mon cher Jean-François, à la place qui sera la mienne, jy apporterai ma pierre. Car, jen ai la conviction, cest en envisageant lavenir ensemble sans rien oublier du passé que nous pourrons clore un siècle dombre pour Sarajevo et pour lEurope entière.
Source http://www.ambafrance-ba.org, le 1er octobre 2012