Texte intégral
CAROLINE ROUX
Cest linformation du matin, les chiffres de la croissance viennent de tomber, un PIB en baisse de 0,3% au quatrième trimestre, et une croissance nulle en 2012. Cest donc plus grave que prévu.
ARNAUD MONTEBOURG
Eh bien, ce nest pas assez, et nous sommes cest vrai dans une bonne dizaine de pays de la zone euro en récession ou quasi-récession, donc ça veut dire que, il faut que la politique européenne de la zone euro, sur le taux de change, sur le budget, soit différente et saméliore. Je crois que cest le sens dailleurs du travail fait par la France au sein de lEurogroupe et dans le Conseil européen de chefs dEtat et de gouvernement, pour desserrer létau de laustérité, de manière à ce quelle soit juste utile pour rétablir les finances publiques, mais pas destructrice de la croissance.
CAROLINE ROUX
Alors, vous dites plusieurs choses, vous dites déjà la France est en récession, ça ne va pas saméliorer en 2013.
ARNAUD MONTEBOURG
En tout cas, je dis quil y a dix pays sur dix-sept de la zone euro qui sont en récession, donc
CAROLINE ROUX
Dont la France
ARNAUD MONTEBOURG
Donc il faut regarder si nous le sommes, jallais dire, économiquement, ce que je sais, cest que nous sommes, là, sur le plan économique, dans une situation qui nest pas bonne.
CAROLINE ROUX
Et vous dites une autre chose, vous dites : il faut une autre politique, il y a une phrase intéressante ce matin, signée Pierre MOSCOVICI, il dit : il faut une vraie réflexion européenne sur léquilibre entre rigueur et croissance, vous lattendiez ce discours ?
ARNAUD MONTEBOURG
Eh bien, cest le discours que nous tenons depuis un certain temps, et cest dailleurs le discours du FMI, le FMI, aujourdhui, dit que la zone euro a besoin de se relancer, en quelque sorte, de mener une politique différente. Donc ces recommandations commencent à percoler, et je crois quelles doivent ouvrir le débat européen sur le sens des mesures qui sont prises dans tous les pays.
CAROLINE ROUX
Et en France également, ce quon a envie de savoir ce matin, Arnaud MONTEBOURG, cest si les 3% sont enterrés, est-ce que la rigueur pour la rigueur, cest fini ?
ARNAUD MONTEBOURG
Non, ils seront réalisés, parce quil est nécessaire, on ne peut pas vivre dans un pays surendetté, mais on ne peut pas le faire au prix de : assommer léconomie.
CAROLINE ROUX
La rigueur pour la rigueur, cest fini ?
ARNAUD MONTEBOURG
Il ny a jamais eu de rigueur pour la rigueur, il y a lobligation de rétablir les comptes publics quand ils sont dans les dégâts que nous connaissons.
CAROLINE ROUX
Alors, cest très concret, la crise ce matin, hier, un chômeur sest immolé devant Pôle Emploi à Nantes, comment est-ce que réagit le ministre du Redressement productif ?
ARNAUD MONTEBOURG
Eh bien, dabord, cest une tragédie humaine dans laquelle nous nous sentons tous responsables, moi, le premier, pourquoi, parce que, on comprend que derrière les chiffres du chômage, il y a des familles, des êtres humains et des actes de détresse intérieurs, et qui sexpriment avec des passages à lacte, comme tel est le cas. Michel SAPIN est sur place. Je crois que Pôle Emploi est aujourdhui sous le choc. Et je comprends. Je pense aussi à cette personne, qui était chaudronnier, nous navons pas été assez finalement explicites, parce que, il faut savoir quen France, aujourdhui, nous manquons demplois de chaudronnier dans toutes les entreprises du nucléaire, dans la soudure
CAROLINE ROUX
Et quelle leçon vous en tirez ?
ARNAUD MONTEBOURG
Eh bien, la leçon, cest que nous devons travailler à faire en sorte que ceux qui perdent leur travail soient immédiatement dirigés vers les secteurs qui sont en croissance, car il y en a, nous avons aussi des raisons de ne pas broyer du noir et davoir de loptimisme, il y a des secteurs en croissance qui embauchent, je les visite dailleurs tous les jours sur le terrain, la chimie, le nucléaire, laéronautique
CAROLINE ROUX
Et il y a des secteurs en crise, et vous le savez bien, notamment lindustrie automobile. On parle de RENAULT, Carlos GHOSN est prêt à subordonner le versement de 30% de sa rémunération variable de 2012 à la signature et à la mise en oeuvre de laccord en cours de négociation chez RENAULT. Vous, vous aviez déclaré quil ne serait pas absurde quil baisse son salaire, Carlos GHOSN. Est-ce que cest vous qui lui avez demandé ?
ARNAUD MONTEBOURG
Je le lui ai demandé, puisque nous sommes actionnaires, nous, lEtat, de RENAULT, à hauteur de 15%, nous sommes minoritaires, mais quand même, nous pesons sur les décisions. Je lui ai demandé, dans la mesure où lesprit des accords, qui sont aujourdhui en discussion chez RENAULT, sont des accords où nous évitons alors que RENAULT est à moins 20% de ses ventes, cest-à-dire, encore plus grave que PSA sur le marché intérieur français et européen, nous leur demandons : pas de fermetures de sites, pas de licenciements, pas de plan de départs volontaires, ce qui est un effort considérable. Donc nous avons dit aux partenaires sociaux de chez RENAULT : trouvez dautres solutions que cette préférence permanente en France pour le licenciement, et cest le cas. Et jai dit : il est normal quil y ait un effort qui soit commun, comme dailleurs dans laccord sur lemploi du mois de janvier signé entre les partenaires sociaux
CAROLINE ROUX
Et ça change quoi ?
ARNAUD MONTEBOURG
Quil y ait un accord, des efforts y soient partagés entre les dirigeants, les actionnaires et les salariés
CAROLINE ROUX
Et ça change quoi, ce nest pas un gadget, on va rappeler que ça lui coûterait 430.000 euros à Carlos GHOSN, et qui touche beaucoup, beaucoup, beaucoup plus, à la fois chez NISSAN et chez RENAULT
ARNAUD MONTEBOURG
Dans la mesure où il demande un gel des salaires pour 2013, il ne demande pas de baisse de salaires, mais un gel des salaires en 2013 aux salariés de RENAULT, cétait bien le minimum quil le fasse, mais nous navons pas demandé que cela à RENAULT, nous avons également demandé que RENAULT réinvestisse en France. Et des propositions ont dailleurs été annoncées, 420 millions dinvestissement à Douai, 230 millions à Sandouville, 190 millions à Dieppe, 300 millions à Cléon, RENAULT réinvestit en France. Et nous demandons encore davantage, nous souhaitons que RENAULT relocalise sur le sol industriel français la production dun grand nombre de ses véhicules ; cela fait partie de la discussion avec les salariés, les ouvriers, lEtat, de RENAULT
CAROLINE ROUX
Est-ce que cest de nature, est-ce que le geste de Carlos GHOSN est de nature à finaliser laccord qui est en cours de négociation ?
ARNAUD MONTEBOURG
Ça en fait partie, mais
CAROLINE ROUX
Ça va aider, ça va aider ?
ARNAUD MONTEBOURG
Je le pense, mais ça nest pas suffisant, puisque lessentiel, cest dabord la politique de localisation industrielle de RENAULT, et cest sur ce terrain-là que nous attendons les évolutions, jallais dire structurelles et manifestes de la direction de Carlos GHOSN.
CAROLINE ROUX
Est-ce que vous demandez la même chose à Philippe VARIN, le président du directoire de PSA, de faire un geste sur son salaire ?
ARNAUD MONTEBOURG
Ah, nous ne sommes pas actionnaires de PSA. Néanmoins, nous avons fait une chose, nous avons garanti la banque
CAROLINE ROUX
1,2 milliard
ARNAUD MONTEBOURG
Je termine ce que jai à dire, parce que cest un point important, nous avons garanti la banque PEUGEOT, qui est en grave difficulté, comme lest cette entreprise, nous sommes entrés dans le conseil dadministration avec un administrateur indépendant, qui est monsieur Louis GALLOIS, que chacun respecte et admire, nous avons demandé la fin de la distribution des dividendes et des actions financières de confort, le rachat dactions, etc., les stock-options, nous lavons obtenue. Nous avons demandé le reformatage du plan qui pour nous est un plan inacceptable et excessif. Nous avons demandé aussi que les salariés entrent, avec voix délibérative, dans le conseil dadministration.
CAROLINE ROUX
Et ?
ARNAUD MONTEBOURG
Eh bien, tout cela est en cours, et la négociation est en cours sur le reformatage du plan.
CAROLINE ROUX
Donc vous ne demandez pas defforts particuliers à Philippe VARIN ?
ARNAUD MONTEBOURG
Si, je viens de vous le dire.
CAROLINE ROUX
Sur son salaire ?
ARNAUD MONTEBOURG
La fin des dividendes
CAROLINE ROUX
Sur son salaire ?
ARNAUD MONTEBOURG
Mais cest pour les actionnaires le problème, voilà, les actionnaires.
CAROLINE ROUX
Bon. Il a présenté hier une stratégie
ARNAUD MONTEBOURG
Cest eux qui dirigent les entreprises
CAROLINE ROUX
Philippe VARIN a présenté hier une stratégie de rebond pour PSA, avec une stratégie de différenciation de marques notamment, est-ce que vous croyez au redressement de PSA ?
ARNAUD MONTEBOURG
Bien sûr que nous y croyons, dur comme fer. Nous pensons que lautomobile, on peut descendre très vite dans le trou noir, comme on peut en sortir extrêmement rapidement. Il faut donc prendre des mesures courageuses et difficiles, se remettre toujours en question, avoir des alliances internationales, car aujourdhui, un constructeur automobile ne peut plus travailler seul, il doit trouver des alliés sur lensemble des marchés mondiaux, ça ne veut dailleurs pas dire, ça ne signifie pas forcément des délocalisations, cela veut dire quil faut rapprocher lieu de consommation du lieu de production.
CAROLINE ROUX
Et on a entendu hier Philippe VARIN dire : les aides publiques, ça nest pas le sujet aujourdhui. On a envie de lui dire, et demain ? Et à vous, on a envie de vous dire : et demain ? Cest totalement exclu, quelles que soient les circonstances ?
ARNAUD MONTEBOURG
Mais nous venons de garantir à hauteur de sept milliards la banque PSA
CAROLINE ROUX
Cest fini donc
ARNAUD MONTEBOURG
Donc nous en sommes quand même nous sommes connaisseurs des aides publiques. La seule différence avec nos prédécesseurs, cest que nous avons demandé des contreparties extrêmement rigoureuses et drastiques, ce qui nétait pas le cas quand il y a eu trois milliards qui ont été donnés aux constructeurs sans aucune contrepartie à lépoque de Nicolas SARKOZY.
CAROLINE ROUX
Une dernière question, le président de la République est en Inde pour négocier des contrats industriels, majeurs, la vente de 126 Rafales, un grand projet nucléaire civil, pourquoi vous nêtes pas à ses côtés ?
ARNAUD MONTEBOURG
Eh bien, parce que je ne peux pas passer mon temps dans les avions, jai quand même du travail
CAROLINE ROUX
Est-ce que vous ne payez pas vos propos sur MITTAL, Arnaud MONTEBOURG ?
ARNAUD MONTEBOURG
Ecoutez, dabord, je voudrais vous signaler que monsieur MITTAL est plus un Européen quun Indien, il est dabord il est résident britannique, et il na aucun investissement en Inde, donc je ne vois pas de quoi vous me parlez. Pour moi, monsieur MITTAL
CAROLINE ROUX
On a entendu un reportage de Camille LANGLADE dans le journal de 08h qui raconte les dégâts causés par vos propos auprès des industriels indiens.
ARNAUD MONTEBOURG
Je ne considère pas que mes propos aient été excessifs au regard des méthodes abusives de la famille MITTAL. Je rappelle quils sont lauteur dune OPA agressive sur lacier européen détenu par ARCELOR, ils ne nous ont jamais demandé lautorisation, et même le ministre de lEconomie de lépoque, monsieur Thierry BRETON, du gouvernement de Jacques CHIRAC, sen était ému, et a soutenu ma position. Donc je voudrais vous dire, Madame, que les dégâts causés aujourdhui sur mes propos, cest surtout sur le moral de monsieur MITTAL, qui ne peut pas aujourdhui se comporter nimporte comment. Jajoute que la Commission européenne, le ministre luxembourgeois, le ministre belge qui, eux aussi, ont des installations de MITTAL sur leurs territoires, maintenant, font un front uni avec la France, avec les organisations syndicales
CAROLINE ROUX
Et vous avez envoyé un Tweet hier en disant : MITTAL est sur la sellette, vous le pensez vraiment ?
ARNAUD MONTEBOURG
Eh bien, il létait en tout cas à Bruxelles, et cest la première fois que la Commission européenne commence à défendre les intérêts industriels des Européens. Je rappelle que MITTAL a détruit 35.000 emplois depuis 2006. Si vous pensez que ça peut passer comme ça, je crois quon a quand même des choses à dire, nous, les Etats. Je lutte vous le voyez, Madame ROUX je lutte contre le renoncement et le sentiment dimpuissance.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 20 février 2013
Cest linformation du matin, les chiffres de la croissance viennent de tomber, un PIB en baisse de 0,3% au quatrième trimestre, et une croissance nulle en 2012. Cest donc plus grave que prévu.
ARNAUD MONTEBOURG
Eh bien, ce nest pas assez, et nous sommes cest vrai dans une bonne dizaine de pays de la zone euro en récession ou quasi-récession, donc ça veut dire que, il faut que la politique européenne de la zone euro, sur le taux de change, sur le budget, soit différente et saméliore. Je crois que cest le sens dailleurs du travail fait par la France au sein de lEurogroupe et dans le Conseil européen de chefs dEtat et de gouvernement, pour desserrer létau de laustérité, de manière à ce quelle soit juste utile pour rétablir les finances publiques, mais pas destructrice de la croissance.
CAROLINE ROUX
Alors, vous dites plusieurs choses, vous dites déjà la France est en récession, ça ne va pas saméliorer en 2013.
ARNAUD MONTEBOURG
En tout cas, je dis quil y a dix pays sur dix-sept de la zone euro qui sont en récession, donc
CAROLINE ROUX
Dont la France
ARNAUD MONTEBOURG
Donc il faut regarder si nous le sommes, jallais dire, économiquement, ce que je sais, cest que nous sommes, là, sur le plan économique, dans une situation qui nest pas bonne.
CAROLINE ROUX
Et vous dites une autre chose, vous dites : il faut une autre politique, il y a une phrase intéressante ce matin, signée Pierre MOSCOVICI, il dit : il faut une vraie réflexion européenne sur léquilibre entre rigueur et croissance, vous lattendiez ce discours ?
ARNAUD MONTEBOURG
Eh bien, cest le discours que nous tenons depuis un certain temps, et cest dailleurs le discours du FMI, le FMI, aujourdhui, dit que la zone euro a besoin de se relancer, en quelque sorte, de mener une politique différente. Donc ces recommandations commencent à percoler, et je crois quelles doivent ouvrir le débat européen sur le sens des mesures qui sont prises dans tous les pays.
CAROLINE ROUX
Et en France également, ce quon a envie de savoir ce matin, Arnaud MONTEBOURG, cest si les 3% sont enterrés, est-ce que la rigueur pour la rigueur, cest fini ?
ARNAUD MONTEBOURG
Non, ils seront réalisés, parce quil est nécessaire, on ne peut pas vivre dans un pays surendetté, mais on ne peut pas le faire au prix de : assommer léconomie.
CAROLINE ROUX
La rigueur pour la rigueur, cest fini ?
ARNAUD MONTEBOURG
Il ny a jamais eu de rigueur pour la rigueur, il y a lobligation de rétablir les comptes publics quand ils sont dans les dégâts que nous connaissons.
CAROLINE ROUX
Alors, cest très concret, la crise ce matin, hier, un chômeur sest immolé devant Pôle Emploi à Nantes, comment est-ce que réagit le ministre du Redressement productif ?
ARNAUD MONTEBOURG
Eh bien, dabord, cest une tragédie humaine dans laquelle nous nous sentons tous responsables, moi, le premier, pourquoi, parce que, on comprend que derrière les chiffres du chômage, il y a des familles, des êtres humains et des actes de détresse intérieurs, et qui sexpriment avec des passages à lacte, comme tel est le cas. Michel SAPIN est sur place. Je crois que Pôle Emploi est aujourdhui sous le choc. Et je comprends. Je pense aussi à cette personne, qui était chaudronnier, nous navons pas été assez finalement explicites, parce que, il faut savoir quen France, aujourdhui, nous manquons demplois de chaudronnier dans toutes les entreprises du nucléaire, dans la soudure
CAROLINE ROUX
Et quelle leçon vous en tirez ?
ARNAUD MONTEBOURG
Eh bien, la leçon, cest que nous devons travailler à faire en sorte que ceux qui perdent leur travail soient immédiatement dirigés vers les secteurs qui sont en croissance, car il y en a, nous avons aussi des raisons de ne pas broyer du noir et davoir de loptimisme, il y a des secteurs en croissance qui embauchent, je les visite dailleurs tous les jours sur le terrain, la chimie, le nucléaire, laéronautique
CAROLINE ROUX
Et il y a des secteurs en crise, et vous le savez bien, notamment lindustrie automobile. On parle de RENAULT, Carlos GHOSN est prêt à subordonner le versement de 30% de sa rémunération variable de 2012 à la signature et à la mise en oeuvre de laccord en cours de négociation chez RENAULT. Vous, vous aviez déclaré quil ne serait pas absurde quil baisse son salaire, Carlos GHOSN. Est-ce que cest vous qui lui avez demandé ?
ARNAUD MONTEBOURG
Je le lui ai demandé, puisque nous sommes actionnaires, nous, lEtat, de RENAULT, à hauteur de 15%, nous sommes minoritaires, mais quand même, nous pesons sur les décisions. Je lui ai demandé, dans la mesure où lesprit des accords, qui sont aujourdhui en discussion chez RENAULT, sont des accords où nous évitons alors que RENAULT est à moins 20% de ses ventes, cest-à-dire, encore plus grave que PSA sur le marché intérieur français et européen, nous leur demandons : pas de fermetures de sites, pas de licenciements, pas de plan de départs volontaires, ce qui est un effort considérable. Donc nous avons dit aux partenaires sociaux de chez RENAULT : trouvez dautres solutions que cette préférence permanente en France pour le licenciement, et cest le cas. Et jai dit : il est normal quil y ait un effort qui soit commun, comme dailleurs dans laccord sur lemploi du mois de janvier signé entre les partenaires sociaux
CAROLINE ROUX
Et ça change quoi ?
ARNAUD MONTEBOURG
Quil y ait un accord, des efforts y soient partagés entre les dirigeants, les actionnaires et les salariés
CAROLINE ROUX
Et ça change quoi, ce nest pas un gadget, on va rappeler que ça lui coûterait 430.000 euros à Carlos GHOSN, et qui touche beaucoup, beaucoup, beaucoup plus, à la fois chez NISSAN et chez RENAULT
ARNAUD MONTEBOURG
Dans la mesure où il demande un gel des salaires pour 2013, il ne demande pas de baisse de salaires, mais un gel des salaires en 2013 aux salariés de RENAULT, cétait bien le minimum quil le fasse, mais nous navons pas demandé que cela à RENAULT, nous avons également demandé que RENAULT réinvestisse en France. Et des propositions ont dailleurs été annoncées, 420 millions dinvestissement à Douai, 230 millions à Sandouville, 190 millions à Dieppe, 300 millions à Cléon, RENAULT réinvestit en France. Et nous demandons encore davantage, nous souhaitons que RENAULT relocalise sur le sol industriel français la production dun grand nombre de ses véhicules ; cela fait partie de la discussion avec les salariés, les ouvriers, lEtat, de RENAULT
CAROLINE ROUX
Est-ce que cest de nature, est-ce que le geste de Carlos GHOSN est de nature à finaliser laccord qui est en cours de négociation ?
ARNAUD MONTEBOURG
Ça en fait partie, mais
CAROLINE ROUX
Ça va aider, ça va aider ?
ARNAUD MONTEBOURG
Je le pense, mais ça nest pas suffisant, puisque lessentiel, cest dabord la politique de localisation industrielle de RENAULT, et cest sur ce terrain-là que nous attendons les évolutions, jallais dire structurelles et manifestes de la direction de Carlos GHOSN.
CAROLINE ROUX
Est-ce que vous demandez la même chose à Philippe VARIN, le président du directoire de PSA, de faire un geste sur son salaire ?
ARNAUD MONTEBOURG
Ah, nous ne sommes pas actionnaires de PSA. Néanmoins, nous avons fait une chose, nous avons garanti la banque
CAROLINE ROUX
1,2 milliard
ARNAUD MONTEBOURG
Je termine ce que jai à dire, parce que cest un point important, nous avons garanti la banque PEUGEOT, qui est en grave difficulté, comme lest cette entreprise, nous sommes entrés dans le conseil dadministration avec un administrateur indépendant, qui est monsieur Louis GALLOIS, que chacun respecte et admire, nous avons demandé la fin de la distribution des dividendes et des actions financières de confort, le rachat dactions, etc., les stock-options, nous lavons obtenue. Nous avons demandé le reformatage du plan qui pour nous est un plan inacceptable et excessif. Nous avons demandé aussi que les salariés entrent, avec voix délibérative, dans le conseil dadministration.
CAROLINE ROUX
Et ?
ARNAUD MONTEBOURG
Eh bien, tout cela est en cours, et la négociation est en cours sur le reformatage du plan.
CAROLINE ROUX
Donc vous ne demandez pas defforts particuliers à Philippe VARIN ?
ARNAUD MONTEBOURG
Si, je viens de vous le dire.
CAROLINE ROUX
Sur son salaire ?
ARNAUD MONTEBOURG
La fin des dividendes
CAROLINE ROUX
Sur son salaire ?
ARNAUD MONTEBOURG
Mais cest pour les actionnaires le problème, voilà, les actionnaires.
CAROLINE ROUX
Bon. Il a présenté hier une stratégie
ARNAUD MONTEBOURG
Cest eux qui dirigent les entreprises
CAROLINE ROUX
Philippe VARIN a présenté hier une stratégie de rebond pour PSA, avec une stratégie de différenciation de marques notamment, est-ce que vous croyez au redressement de PSA ?
ARNAUD MONTEBOURG
Bien sûr que nous y croyons, dur comme fer. Nous pensons que lautomobile, on peut descendre très vite dans le trou noir, comme on peut en sortir extrêmement rapidement. Il faut donc prendre des mesures courageuses et difficiles, se remettre toujours en question, avoir des alliances internationales, car aujourdhui, un constructeur automobile ne peut plus travailler seul, il doit trouver des alliés sur lensemble des marchés mondiaux, ça ne veut dailleurs pas dire, ça ne signifie pas forcément des délocalisations, cela veut dire quil faut rapprocher lieu de consommation du lieu de production.
CAROLINE ROUX
Et on a entendu hier Philippe VARIN dire : les aides publiques, ça nest pas le sujet aujourdhui. On a envie de lui dire, et demain ? Et à vous, on a envie de vous dire : et demain ? Cest totalement exclu, quelles que soient les circonstances ?
ARNAUD MONTEBOURG
Mais nous venons de garantir à hauteur de sept milliards la banque PSA
CAROLINE ROUX
Cest fini donc
ARNAUD MONTEBOURG
Donc nous en sommes quand même nous sommes connaisseurs des aides publiques. La seule différence avec nos prédécesseurs, cest que nous avons demandé des contreparties extrêmement rigoureuses et drastiques, ce qui nétait pas le cas quand il y a eu trois milliards qui ont été donnés aux constructeurs sans aucune contrepartie à lépoque de Nicolas SARKOZY.
CAROLINE ROUX
Une dernière question, le président de la République est en Inde pour négocier des contrats industriels, majeurs, la vente de 126 Rafales, un grand projet nucléaire civil, pourquoi vous nêtes pas à ses côtés ?
ARNAUD MONTEBOURG
Eh bien, parce que je ne peux pas passer mon temps dans les avions, jai quand même du travail
CAROLINE ROUX
Est-ce que vous ne payez pas vos propos sur MITTAL, Arnaud MONTEBOURG ?
ARNAUD MONTEBOURG
Ecoutez, dabord, je voudrais vous signaler que monsieur MITTAL est plus un Européen quun Indien, il est dabord il est résident britannique, et il na aucun investissement en Inde, donc je ne vois pas de quoi vous me parlez. Pour moi, monsieur MITTAL
CAROLINE ROUX
On a entendu un reportage de Camille LANGLADE dans le journal de 08h qui raconte les dégâts causés par vos propos auprès des industriels indiens.
ARNAUD MONTEBOURG
Je ne considère pas que mes propos aient été excessifs au regard des méthodes abusives de la famille MITTAL. Je rappelle quils sont lauteur dune OPA agressive sur lacier européen détenu par ARCELOR, ils ne nous ont jamais demandé lautorisation, et même le ministre de lEconomie de lépoque, monsieur Thierry BRETON, du gouvernement de Jacques CHIRAC, sen était ému, et a soutenu ma position. Donc je voudrais vous dire, Madame, que les dégâts causés aujourdhui sur mes propos, cest surtout sur le moral de monsieur MITTAL, qui ne peut pas aujourdhui se comporter nimporte comment. Jajoute que la Commission européenne, le ministre luxembourgeois, le ministre belge qui, eux aussi, ont des installations de MITTAL sur leurs territoires, maintenant, font un front uni avec la France, avec les organisations syndicales
CAROLINE ROUX
Et vous avez envoyé un Tweet hier en disant : MITTAL est sur la sellette, vous le pensez vraiment ?
ARNAUD MONTEBOURG
Eh bien, il létait en tout cas à Bruxelles, et cest la première fois que la Commission européenne commence à défendre les intérêts industriels des Européens. Je rappelle que MITTAL a détruit 35.000 emplois depuis 2006. Si vous pensez que ça peut passer comme ça, je crois quon a quand même des choses à dire, nous, les Etats. Je lutte vous le voyez, Madame ROUX je lutte contre le renoncement et le sentiment dimpuissance.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 20 février 2013