Texte intégral
F. David Vous avez fait votre rentrée politique hier, à l'université d'été de votre parti à Aubagne. Vous avez critiqué la politique tiède du gouvernement. "Tiède dans ses objectifs, pâlichonne dans ses résultats". On a l'impression finalement qu'à chaque rentrée vous piquez un petit coup de gueule contre ceux qui sont vos petits camarades de jeu depuis presque cinq ans, puisque vous participez quand même au gouvernement ?
- "On continuera d'y participer, cela a été sans ambiguïté à Aubagne. Vous dites un petit "coup de gueule", mais les Français aussi sont préoccupés par cette rentrée. On voit qu'aux plans social et économique, ils s'interrogent. Je crois qu'il y a de bonnes choses de fait dans le cadre de la politique gouvernementale, nous y contribuons, mais il y a des choses qui ne vont pas. Il faut le dire en toute lucidité. Et je pense que sur toute une série de questions"
Ce n'est pas un lassant ? On a l'impression que vous ressassez, vous redites souvent la même chose ? On n'a pas l'impression que vous soyez très entendu ?
- "Sur la modernisation sociale par exemple, on l'a été. Les patrons d'ailleurs s'en inquiètent puisque certains qui savent que la loi doit venir en discussion au Sénat s'empressent de multiplier les plans sociaux pour ne pas tomber sous le coup de la loi. On a été efficace, on a été entendu. Il est important de dire qu'aujourd'hui, il y a une pression libérale très forte qui s'exerce, y compris sur le gouvernement, parfois en son sein et que cela se traduit"
...vous pensez à qui ? A L. Fabius ?
- "Il y a un budget, L. Fabius, ministre des Finances, il doit conduire une politique budgétaire. Je considère que cette politique budgétaire est trop liée aux critères de Maastricht, aux clous dans lesquels on veut absolument mettre la Banque Centrale Européenne, le budget de la France, ce qui fait qu'en terme de pouvoir d'achats, en terme de besoins, il y a des moyens qui ne sont pas dégagés. Je pense qu'il faut une autre politique à gauche, c'est ce que j'ai dit hier. Je suis dans mon rôle en disant cela. Le Parti communiste n'est pas le Parti socialiste. Le Parti socialiste domine la coalition gouvernementale, c'est un aspect qu'il faut bien prendre en compte, d'ailleurs peut-être un jour en terme de rééquilibrage parce que je crois qu'il faut une politique qui vraiment s'attaque aux grandes puissances financières beaucoup plus nettement, qui ne soit pas engluée en quelque sorte, dans une démarche qui est sociale-libérale. On le sent, la pression européenne est très forte. "
Vous dites qu'il faut finalement gauchir la politique du gouvernement actuelle, qu'elle est trop libérale. Vous allez faire quoi concrètement sur le budget ? Vous allez encore une fois menacer éventuellement de ne pas le voter, pour finir par vous abstenir ?
- "On va jouer notre rôle. Quand on menace de ne pas voter, je viens de le dire sur la modernisation sociale, c'est efficace parce qu'on a une loi qui est meilleure. Si des aspects du budget ne conviennent pas, ce sont les députés communistes, les sénateurs naturellement qui en décideront, mais"
... on en discute quand même au sein du parti
- "Hier, j'en ai parlé dans mon discours à Aubagne. Il est évident que le budget tel qu'il est aujourd'hui - je pense à la question de la santé, par exemple, je pense à d'autres questions comme la Corse - ne convient pas : il faut dégager des moyens supplémentaires. Pour le moment, si on en reste plombé par la politique européenne, par les contraintes maastrichiennes, on n'a pas le budget qui convient. "
Les résultats des élections municipales n'ont pas été bonnes pour le Parti Communiste. On a vu une poussée d'extrême gauche. L'extrême gauche est assez présente en ce moment dans le paysage politique, même par le biais d'organismes comme ATTAC ou par la question des OGM. Vous avez l'impression de courir derrière ceux qui sont plus à gauche que vous ?
- "Vous ne me sentez pas essoufflé du tout ! ATTAC, ce n'est pas l'extrême gauche. Le Parti communiste a beaucoup de militants vous le savez, qui même au plus haut niveau sont à ATTAC. "
Il y a aussi des gens de la LCR et d'autres qui se reconnaissent dans l'extrême gauche.
- "Dans toutes les élections de ces dernières années, quelques mois avant les élections, les sondages font apparaître pour l'extrême gauche des positions qui ne sont pas négligeables. Je ne banalise pas les choses mais voyons les choses dans leur développement : nous sommes à huit mois des élections. Et la dernière fois, à huit mois de ces élections, on prêtait au PCF la moitié du score qu'il a fait. Je pense qu'il va surprendre à l'occasion de ces échéances futures. "
Aujourd'hui, il y a un sondage CSA qui sort dans Marianne. Vous êtes crédités de 6 %, Arlette Laguiller de 6,5 et J.-P. Chevènement de 7 % ?
- "Je vous ai dit que huit mois avant 95, j'ai été crédité de 4 % mais j'ai terminé à 8,5 %. A huit mois, cela n'a pas une grande signification. Le problème, c'est comment les Françaises et les Français apprécieront la politique des communistes comme étant de nature à infléchir à gauche la politique française. Je crois qu'ils peuvent compter sur les communistes. On est vraiment résolument offensifs dans cette rentrée. Nous l'avons montré, je l'ai fait dans le tour de France des entreprises en lutte. Il y a des plans sociaux qui arrivent, nous pouvons dire que nous avions anticipé cette situation. Dans le gouvernement et dans les mouvements sociaux, nous serons présents pour résister à cette offensive néolibérale, forte, lourde où le - qu'on n'entend pas beaucoup ces temps-ci va reprendre toute sa place. Il a de la place pour résister et pour proposer. "
Vous rencontrez régulièrement L. Jospin en tête à tête. Vous semble-t-il réceptif à ce que vous dites?
- "Ce que je dis devant vous et les téléspectateurs, je le lui dis. Je le sens réceptif, mais cela dit, nous n'avons pas la même politique. On est ensemble au gouvernement mais L. Jospin est socialiste, il a une politique sociale-démocrate qui refuse de s'attaquer délibérément à la logique capitaliste. Je ne suis pas dans cette situation."
Pourtant au second tour de l'élection présidentielle, vous appellerez à voter pour lui, forcément ?
- "Ceux qui disent aujourd'hui qu'ils n'appelleront pas ou qu'ils ne se prononcent pas... Vous évoquiez J.-P. Chevènement. J.-P. Chevènement, il est évident qu'il fera comme toujours, le retour au bercail socialiste, au moment venu.... Ce n'est pas notre position. Nous disons qu'en tout état de cause, nous ne voulons pas que la droite revienne. Nous nous battrons dans ce sens, pour qu'elle ne revienne pas. "
Vous ne prenez pas d'engagement aujourd'hui ?
- "Nous n'avons jamais manqué le deuxième tour en faveur de la gauche. C'est une discipline républicaine que nous avons toujours appliquée. Il reste que si on veut que la gauche gagne ces élections, et ce n'est pas joué d'avance, il faut que le Parti communiste fasse un score très important au premier tour . C'est ce que nous allons essayer de faire et surprendre. "
D'ici quelques semaines, vous vous lancerez dans le tour de France, il y aura la fête de l'Huma avant. Un duo peut-être à la tête du PC ? M.-G. Buffet et vous, c'est pour bientôt ?
- "Je souhaite une direction collégiale. M.-G. Buffet, c'est une bonne proposition auprès de moi, à la direction du parti. Mais ce sont les communistes qui en décideront. "
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 28 août 2001)
- "On continuera d'y participer, cela a été sans ambiguïté à Aubagne. Vous dites un petit "coup de gueule", mais les Français aussi sont préoccupés par cette rentrée. On voit qu'aux plans social et économique, ils s'interrogent. Je crois qu'il y a de bonnes choses de fait dans le cadre de la politique gouvernementale, nous y contribuons, mais il y a des choses qui ne vont pas. Il faut le dire en toute lucidité. Et je pense que sur toute une série de questions"
Ce n'est pas un lassant ? On a l'impression que vous ressassez, vous redites souvent la même chose ? On n'a pas l'impression que vous soyez très entendu ?
- "Sur la modernisation sociale par exemple, on l'a été. Les patrons d'ailleurs s'en inquiètent puisque certains qui savent que la loi doit venir en discussion au Sénat s'empressent de multiplier les plans sociaux pour ne pas tomber sous le coup de la loi. On a été efficace, on a été entendu. Il est important de dire qu'aujourd'hui, il y a une pression libérale très forte qui s'exerce, y compris sur le gouvernement, parfois en son sein et que cela se traduit"
...vous pensez à qui ? A L. Fabius ?
- "Il y a un budget, L. Fabius, ministre des Finances, il doit conduire une politique budgétaire. Je considère que cette politique budgétaire est trop liée aux critères de Maastricht, aux clous dans lesquels on veut absolument mettre la Banque Centrale Européenne, le budget de la France, ce qui fait qu'en terme de pouvoir d'achats, en terme de besoins, il y a des moyens qui ne sont pas dégagés. Je pense qu'il faut une autre politique à gauche, c'est ce que j'ai dit hier. Je suis dans mon rôle en disant cela. Le Parti communiste n'est pas le Parti socialiste. Le Parti socialiste domine la coalition gouvernementale, c'est un aspect qu'il faut bien prendre en compte, d'ailleurs peut-être un jour en terme de rééquilibrage parce que je crois qu'il faut une politique qui vraiment s'attaque aux grandes puissances financières beaucoup plus nettement, qui ne soit pas engluée en quelque sorte, dans une démarche qui est sociale-libérale. On le sent, la pression européenne est très forte. "
Vous dites qu'il faut finalement gauchir la politique du gouvernement actuelle, qu'elle est trop libérale. Vous allez faire quoi concrètement sur le budget ? Vous allez encore une fois menacer éventuellement de ne pas le voter, pour finir par vous abstenir ?
- "On va jouer notre rôle. Quand on menace de ne pas voter, je viens de le dire sur la modernisation sociale, c'est efficace parce qu'on a une loi qui est meilleure. Si des aspects du budget ne conviennent pas, ce sont les députés communistes, les sénateurs naturellement qui en décideront, mais"
... on en discute quand même au sein du parti
- "Hier, j'en ai parlé dans mon discours à Aubagne. Il est évident que le budget tel qu'il est aujourd'hui - je pense à la question de la santé, par exemple, je pense à d'autres questions comme la Corse - ne convient pas : il faut dégager des moyens supplémentaires. Pour le moment, si on en reste plombé par la politique européenne, par les contraintes maastrichiennes, on n'a pas le budget qui convient. "
Les résultats des élections municipales n'ont pas été bonnes pour le Parti Communiste. On a vu une poussée d'extrême gauche. L'extrême gauche est assez présente en ce moment dans le paysage politique, même par le biais d'organismes comme ATTAC ou par la question des OGM. Vous avez l'impression de courir derrière ceux qui sont plus à gauche que vous ?
- "Vous ne me sentez pas essoufflé du tout ! ATTAC, ce n'est pas l'extrême gauche. Le Parti communiste a beaucoup de militants vous le savez, qui même au plus haut niveau sont à ATTAC. "
Il y a aussi des gens de la LCR et d'autres qui se reconnaissent dans l'extrême gauche.
- "Dans toutes les élections de ces dernières années, quelques mois avant les élections, les sondages font apparaître pour l'extrême gauche des positions qui ne sont pas négligeables. Je ne banalise pas les choses mais voyons les choses dans leur développement : nous sommes à huit mois des élections. Et la dernière fois, à huit mois de ces élections, on prêtait au PCF la moitié du score qu'il a fait. Je pense qu'il va surprendre à l'occasion de ces échéances futures. "
Aujourd'hui, il y a un sondage CSA qui sort dans Marianne. Vous êtes crédités de 6 %, Arlette Laguiller de 6,5 et J.-P. Chevènement de 7 % ?
- "Je vous ai dit que huit mois avant 95, j'ai été crédité de 4 % mais j'ai terminé à 8,5 %. A huit mois, cela n'a pas une grande signification. Le problème, c'est comment les Françaises et les Français apprécieront la politique des communistes comme étant de nature à infléchir à gauche la politique française. Je crois qu'ils peuvent compter sur les communistes. On est vraiment résolument offensifs dans cette rentrée. Nous l'avons montré, je l'ai fait dans le tour de France des entreprises en lutte. Il y a des plans sociaux qui arrivent, nous pouvons dire que nous avions anticipé cette situation. Dans le gouvernement et dans les mouvements sociaux, nous serons présents pour résister à cette offensive néolibérale, forte, lourde où le - qu'on n'entend pas beaucoup ces temps-ci va reprendre toute sa place. Il a de la place pour résister et pour proposer. "
Vous rencontrez régulièrement L. Jospin en tête à tête. Vous semble-t-il réceptif à ce que vous dites?
- "Ce que je dis devant vous et les téléspectateurs, je le lui dis. Je le sens réceptif, mais cela dit, nous n'avons pas la même politique. On est ensemble au gouvernement mais L. Jospin est socialiste, il a une politique sociale-démocrate qui refuse de s'attaquer délibérément à la logique capitaliste. Je ne suis pas dans cette situation."
Pourtant au second tour de l'élection présidentielle, vous appellerez à voter pour lui, forcément ?
- "Ceux qui disent aujourd'hui qu'ils n'appelleront pas ou qu'ils ne se prononcent pas... Vous évoquiez J.-P. Chevènement. J.-P. Chevènement, il est évident qu'il fera comme toujours, le retour au bercail socialiste, au moment venu.... Ce n'est pas notre position. Nous disons qu'en tout état de cause, nous ne voulons pas que la droite revienne. Nous nous battrons dans ce sens, pour qu'elle ne revienne pas. "
Vous ne prenez pas d'engagement aujourd'hui ?
- "Nous n'avons jamais manqué le deuxième tour en faveur de la gauche. C'est une discipline républicaine que nous avons toujours appliquée. Il reste que si on veut que la gauche gagne ces élections, et ce n'est pas joué d'avance, il faut que le Parti communiste fasse un score très important au premier tour . C'est ce que nous allons essayer de faire et surprendre. "
D'ici quelques semaines, vous vous lancerez dans le tour de France, il y aura la fête de l'Huma avant. Un duo peut-être à la tête du PC ? M.-G. Buffet et vous, c'est pour bientôt ?
- "Je souhaite une direction collégiale. M.-G. Buffet, c'est une bonne proposition auprès de moi, à la direction du parti. Mais ce sont les communistes qui en décideront. "
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 28 août 2001)